Amiens SC – EA Guingamp : « On n’a pas le niveau », la réaction de Paul Bernardoni | OneFootball

Un peu plus d’une heure après la défaite de l’Amiens SC contre Guingamp (1-2), samedi à l’occasion de la 15e journée de Ligue 2, Paul Bernardoni a pris le temps de réagir en longueur sur la mauvaise passe actuelle des Amiénois. Et le gardien de but a fait preuve d’une lucidité suffisamment rare pour être soulignée. Entretien.

Paul, comment expliquez-vous cette défaite alors que c’était quand même bien embarqué en première période ?

Oui, mais au final, c’est que 20 minutes. Il y a un moment où il faut être honnête avec nous-mêmes, ce n’est pas suffisant. Si on en est là au bout d’autant de matchs, c’est la réalité de notre niveau. Notre niveau, c’est qu’aujourd’hui, on va jouer le maintien. Et pour jouer le maintien, il faut donner beaucoup plus. Et croyez-moi, j’en ai joué beaucoup (de maintiens). Là, il va falloir envoyer d’autres signaux, parce qu’on ne peut pas faire ça, dans beaucoup de domaines. Dans les replacements, en attaque. En fait, on n’est pas ensemble, surtout. On est trop espacés. Et puis, à un moment, il faut se faire mal.

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Et pour le moment, vous ne ressentez pas ça ?

Pour le moment, non. Je pense que tout le monde va commencer à ouvrir les yeux, parce qu’à un moment, c’est comptable. On est dans le wagon d’en bas. Et c’est tout. Il faut vite se mettre dans la tête que c’est notre saison qui est comme ça. Ça ne va pas être comme les saisons d’avant où Amiens pouvait se maintenir assez tranquillement, avait toujours des petites baisses de régime.Là, je pense qu’il va falloir durer et qu’il va falloir être costaud sur tout le long. Parce qu’un maintien, ça se joue sur une saison entière.

Or, ça fait 7 défaites sur les 9 derniers matches, avec des scénarios qui se répètent un peu…

On est bon une mi-temps. Après, on est moins bon, ou inversement. Il va falloir qu’on arrive à être plus régulier, plus consistant. Moi, je rejoins le coach qui me dit qu’il faut qu’on se fasse beaucoup plus mal.Il a totalement raison.

Baptiste Fernandez/Icon Sport

Certains ne sont pas au niveau aujourd’hui.

On n’est pas au niveau, en tout cas. En tout cas, on n’est pas au niveau qu’on espérait être et je pense ce qu’on attend de nous. Mais ça démarre sur la semaine, où il faut se faire encore plus mal. Il faut saisir les opportunités. On a la chance de jouer jeune. À un moment, il faut aussi se regarder soi-même. Avant de penser à « oui, non, mais moi, je pense que… » Non, non. Aujourd’hui, la réalité, c’est qu’on prend zéro point depuis quelques matchs. Ça, c’est la réalité. Et sur certains matchs, on aurait dû en prendre trois.

Est-ce qu’il n’y a pas un peu de résignation qui s’installe ?

Je ne sais même pas. Quand c’est dès l’entame de match, on ne peut pas être résigné. Et puis bon, tout n’est pas dans la jeunesse, mais à 18, 19, 20 ans, on ne peut pas être résigné. Je n’espère pas. Sinon, à 24, ils arrêtent (rires). Je ne pense pas que c’est de la résignation. A un moment, il faut se reconnecter et se dire que le haut niveau c’est ça.

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Et puis ne pas avoir peur de le dire aujourd’hui. Amiens est en danger…

La saison est longue, mais si ça continue comme ça, oui. Et puis on joue le maintien, c’est tout. C’est qu’on joue le maintien. À un moment, il ne faut pas se leurrer. Au bout de 15 matchs, quand on en est là, c’est qu’on joue le maintien. Mais en soi, ce n’est pas un problème de jouer le maintien. C’est juste ce qu’on dégage.Je suis persuadé que les gens te suivront, même si tu joues le maintien. Tu peux être moins bon techniquement, mais je suis persuadé que des courses, des duels de gagnés, les gens nous suivent. J’en suis sûr et certain.

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Encore faut-il que tout le monde prenne conscience de cela. Or, si on vous écoute, ce n’est clairement pas le cas ?

C’est mon sentiment. Et je pense que mon sentiment est partagé par beaucoup. Et aussi par le coach. Je ne parle pas à la presse en disant que je ne vide pas mon sac. Tout ce que je dis là, je leur ai déjà dit. Après, c’est entre nos mains. De toute façon, dans tous les cas, c’est entre nos mains. On peut dire tout ce qu’on veut, qu’on joue jeune. Si on a un contrat professionnel, c’est qu’on a le niveau. Il faut mettre ce coup de dent un peu plus par moment.

Vous appelez tout le monde à prendre ses responsabilités…

Tout le monde. Je suis persuadé que c’est un petit truc à faire. Parce qu’on a fait de grands matchs, mais il y a aussi eu de très mauvais matchs. Il faut trouver un juste milieu. Quand je vois les 20-25 minutes, où on doit limite en mettre trois. Je ne comprends pas pourquoi on n’est pas réguliers comme ça. Parce qu’en soi, on ne fait rien de fou. On respecte juste le plan de jeu. C’est surtout ça. Dès qu’on respecte le plan de jeu, bizarrement, ça marche.

Il y a aussi des aléas et des mauvais signes, avec beaucoup de blessures…

C’est la vérité. Rafii a du mal à revenir de sa cheville, Kandil, ça met un peu plus de temps que prévu. Messy (Manitu) se fait la malléole, Vic (Victor Lobry) les croisés, Appiah le tendon d’Achille. Abou (Aboubacar Lô) fait une petite réaction allergique. C’est beaucoup quand même, mais c’est comme ça. Ce sont des choses qu’on ne maîtrise pas malheureusement. Contrairement à eux, on peut jouer. C’est la réalité. C’est bien quand même de jouer au football.

Propos recueillis par Romain PECHON

Crédits photo : Christophe Saidi/FEP/Icon Sport