Le Journal du Real
·7. Februar 2025
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Carlo Ancelotti manie l’art du paradoxe avec brio. Celui qui se fait le chantre du bricolage depuis le début de saison, parfois de manière contrainte, en plaçant Aurélien Tchouaméni régulièrement en défense centrale ou Fede Valverde au poste de latéral droit ne peut se résoudre à reculer l’Uruguayen d’un cran. C’est en tout cas ce qu’il a annoncé récemment en conférence de presse : « les options sont Jacobo Ramon, Tchouaméni et Asencio. Valverde ne peut jouer qu’arrière-droit en défense ». Ce refus catégorique de mettre son numéro 8 dans cette position illustre une réalité crue : Ancelotti a besoin de son couteau suisse ailleurs qu’en charnière. Et tant pis si les doublettes Tchouaméni-Asencio ou Jacobo-Asencio sont aussi inédites qu’inexpérimentées. Le quart de finale de Copa face à Leganés, où Ramon a bu la tasse, constitue pourtant la preuve que Jacobo n’est sans doute pas encore prêt pour le très haut niveau. Alors, le technicien italien a-t-il fait le bon choix ? La rédaction du JDR en débat.
En l’absence de recrues défensives au mercato estival, puis hivernal, et alors que de nouvelles blessures longue durée se sont rajoutées avec celles d’Eder Militao et Dani Carvajal, victimes des ligaments croisés, Carlo Ancelotti doit changer de postes certains joueurs pour continuer à être performant. Mais ça se complique encore. Avec la petite rechute de David Alaba et l’absence d’Antonio Rüdiger, qui manquera les chocs contre l’Atlético et Manchester City en Ligue des champions, les médias espagnols ont suggéré à Carlo de placer Federico Valverde en défense centrale. Car il faut se le dire, il ne reste plus que trois centraux de métier au tacticien transalpin : la bonne surprise Raùl Asencio, l’inexpérimenté mais prometteur Jacobo Ramon (20 ans) et Jesus Vallejo, dont la présence au Real Madrid pourrait faire l’objet d’un documentaire sur les phénomènes paranormaux tant il ne joue jamais.
Le quatrième, c’est Aurélien Tchouaméni, milieu de terrain de métier qui dépanne déjà à ce poste depuis la blessure d’Eder Militao. Mais quand bien même. Federico Valverde ne doit pas jouer défenseur central. D’une part, parce que si un nouveau milieu descend en défense, il n’y en aura plus assez pour jouer dans l’entrejeu. Puis, Carlo Ancelotti n’a pas un autre joueur avec son profil dans l’effectif, capable d’avaler les kilomètres et de frapper à l’entrée de la surface dans n’importe quelle position. D’autre part, et c’est la plus importante, parce que l’Uruguayen fait déjà le pompier de service en tant que latéral droit dans les gros matches. Et on va être honnête, ce poste lui sied à merveille.
Fede Valverde lors de la victoire 5-1 du Real Madrid contre Salzbourg, en Ligue des champions le 22 janvier dernier, alors qu’il a joué latéral droit (Photo by Angel Martinez/Getty Images).
Grâce à son énorme volume de jeu, l’ancien de Peñarol multiplie les courses sur son aile et permet à son équipe de développer un jeu vertical. Il sait aussi se montrer impérial défensivement grâce à sa bonne lecture du jeu et sa capacité à rattraper l’ailier adverse avec sa pointe de vitesse. Contre Manchester City, on pense que l’Uruguayen sera bien plus précieux en tant que latéral à la place de Lucas Vazquez, trop friable défensivement et à qui on envisage le pire face à des flèches comme Jérémy Doku, Omar Marmoush ou Savinho. Carlo Ancelotti devra trouver une nouvelle formule pour performer.
Si les latéraux madrilènes aimantaient jusqu’ici les critiques des Madridistas, la récente blessure d’Antonio Rüdiger a remis la question de la charnière centrale au centre des débats. De véritables failles nécessitent des changements au sein de la hiérarchie, quitte à entendre cette nouvelle mélodie : celle d’un Valverde défenseur central.
Attaquant droit, milieu excentré, latéral… Bien que décrié par certains, ce rôle de couteau suisse, presque inné chez l’international uruguayen, représente une arme presque unique au sein de la planète football. D’ailleurs, cela n’a pas échappé à l’œil de Don Carlo, qui l’utilise régulièrement comme un joker de luxe afin de rééquilibrer son onze titulaire. Et au final, qu’importe sa position, Federico Valverde répond constamment présent, grâce à une mentalité au service de l’effectif, couplée à une palette technique plus que complète.
En outre, qualifier de « contraste » la différence de profondeur d’effectif entre milieux et centraux se rapproche de l’euphémisme. L’on parle ici des Raùl Asencio, David Alaba, voire Jesus Vallejo; face à des Ceballos, Modric, Tchouaméni ou encore Bellingham. Que dire de plus, à part que les prétendus remplaçants à ce poste de numéro huit excellent match après match, contrairement à certains centraux.
De surcroît, le natif de Montevideo détient le profil presque parfait au sein de ce marasme défensif. Véloce, dur sur l’homme, puissant; des qualités atypiques à Madrid permettant aux Bancos de pouvoir fermer une bonne fois pour toutes la boutique derrière. Un potentiel soulagement qui permettrait aux milieux merengues de davantage se préoccuper de l’organisation offensive, sans spécialement s’inquiéter d’un potentiel contre adverse.
Car oui, comme nous l’a une nouvelle fois illustré la récente défaite contre l’Espanyol, Tchouaméni ne détient pas la vitesse nécessaire pour stopper les tentatives de transition rapides. A contrario, la célérité ainsi que la lucidité sont deux compétences parfaitement à propos pour Fede Valverde depuis son arrivée à la Casa Blanca en 2018. User de ses qualités propres, tout en s’adaptant aux conseils tactiques du banc, telle est la marque de fabrique de l’Uruguayen. Ce nouveau défi en charnière centrale pourrait démontrer ce constat.
Coralie Salle (oui) et Alexis Gallot (non).