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·7. Februar 2025

Entretien – Iwan Postel (président du FC Rouen) : "Je me suis pris de passion et d'amour pour ce club"

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À la tête du FC Rouen (National) depuis l'été dernier, Iwan Postel fait face à un début de saison mouvementé. Entre résultats sportifs contrastés, changement d'entraîneur et tensions avec l'association, le président du club normand s'exprime sans détour sur les défis actuels et ses ambitions pour l'avenir. Entretien.

Iwan, comment allez-vous après avoir récupéré un club dans une situation aussi délicate et proche du dépôt de bilan il y a quelques mois ?


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Je suis épuisé (rires). Malgré tout, je suis très heureux d’être à la tête d’un club historique du football français. Je me suis pris de passion et d'amour pour ce club. Je souhaite que le FC Rouen se stabilise, se pérennise et aille vers le haut. Il vit, il vibre. Il y a des rebondissements. C’est Netflix ! Je vais devenir actionnaire. Je ne peux plus travailler, je perds environ 100.000 euros de revenus par mois. Je m’occupe exclusivement du FC Rouen, même lorsque je suis en Turquie. Je suis aussi perdant sur le plan personnel, car je ne peux plus avoir une relation avec ma famille.  Il faut vraiment être passionné. Mais, les joueurs et les supporters me le rendent tellement bien. Ça vaut le coup. C’est une expérience extraordinaire. Je suis honoré et fier. En revanche, on traverse une période délicate avec un conflit avec l’association. On devrait être dans un état positif et heureux d’aller de l’avant. C'est une perte de temps, mais aussi financière, alors que ça n’aurait pas lieu d'être.

Pouvez-vous nous parler de votre relation avec la DNCG et des efforts fournis pour répondre à leurs exigences ?

Je vais vous en parler mais sans toutefois oublier de refaire encore la connexion avec le conflit nous opposant à Jean-Baptiste Fiscel (président de l'association, qui vient tout juste de démissionner). Il a tout fait pour que le club soit lourdement sanctionné par le gendarme financier du football français. Lors de notre dernière audition, il a pris la parole afin d’exprimer une réserve sur le budget présenté. Il est mal tombé. Contrairement à nos prédécesseurs, on a tout fait dans les règles de l'art. La direction s’est entourée de plusieurs avocats, comptables ou encore d’experts-comptables. C’est facile de critiquer la DNCG. Personnellement, je pourrais avoir certaines critiques sur leur fonctionnement ou sur le fait qu’elle soit rattachée à la Fédération Française de Football (FFF). Mais j’estime que son rôle est primordial. Dès notre arrivée à la tête du FCR, nous avons voulu construire une relation de confiance avec cet organe. Je trouve que le football manque de spectacle. Les règles de jeu sont archaïques et demanderaient vraiment à être revues afin d’avoir plus de personnes qui le regardent à la télévision. Personnellement, la crise des droits TV que traverse le monde professionnel pourrait être arrangée par une multitude d'idées que j'aurais moi-même à soumettre.

Quelles sont aujourd'hui les dettes du club et où en est la situation financière du FC Rouen ?

Toutes les dettes du club ont été payées. Un travail titanesque a été réalisé pour permettre au club de retrouver une situation financière saine. Mais les dépenses inutiles à cause de M. Jean-Baptiste Fiscel commencent à être élevées. Ça commence à vraiment fatiguer les investisseurs. Je ne peux pas vous donner un chiffre, mais le manque à gagner est important. Une grande restructuration a été opérée. Une vingtaine de personnes travaille au club au quotidien.

Comment avez-vous vécu les critiques et la défiance des supporters depuis votre arrivée ?

Ils ont eu entièrement raison. J’ai rencontré l’ensemble des groupes de supporters. J’ai tenu absolument toutes mes promesses. Je suis allé bien au-delà. Personnellement, je souhaite que tout le monde soit mis à la même enseigne et au même niveau d'importance. Je n’hésite pas à prendre leur défense. Et ça me coûte beaucoup en termes de crédibilité.  Il y a beaucoup de gens qui me le reproche. À l’inverse, je n’hésite à leur dire quand ils font des conneries. Dans tout groupe, il y a du bien et du mauvais. Je leur ai toujours ouvert ma porte. J'ai toujours écouté leurs messages. J'ai toujours essayé de tout faire pour les aider en gardant le plus possible un rôle neutre et indépendant. Sans les supporters, il n’y a pas de club.

Le conflit avec l'association du FC Rouen semble particulièrement tendu, notamment avec la récente décision de saisir le tribunal pour résilier la convention qui la lie à la SAS. Comment en est-on arrivé là et quelle est votre position sur ce dossier ?

Je me dois d’apporter une précision. Ce n’est pas l’association qui est à l’origine du conflit. C’est Jean-Baptiste Fiscel et quelques-uns de ses lieutenants. Il est parti plusieurs semaines sans donner des nouvelles. Personnellement, je n’ai aucun problème avec l’association. Certains me disaient qu’ils avaient des meilleures relations avec moi qu’avec leur ancien président. Il a géré l’association d’une manière unilatérale. Ce n’est pas normal. Les personnes de l’association et les membres du conseil d’administration sont scandalisés. C'est quand même dramatique comme situation quand vous avez quelqu'un qui, désespérément, reste en place. De mon côté, je ne peux pas faire de l’ingérence. Il réclame 100.000 euros d’une convention antidatée. Si j’accepte de verser une telle somme, quelle va être la réaction des autres associés ? Il va falloir faire un énorme ménage dans toutes les conventions, une fois que l’association sera dirigée par une personne qui souhaite le bien du club. Je mets en place une structure pour le professionnalisme. Et le remerciement c'est que je me fais tirer dessus toujours par le même petit minuscule groupe qui répand des fausses vérités auxquelles il faut répondre en permanence.

"En fin de cycle avec Maxime d'Ornano"

Votre décision de vous séparer de votre entraîneur Maxime d’Ornano au début du mois de novembre 2024 pour nommer Régis Brouard a marqué un tournant. Pourquoi avoir fait ce choix si rapidement et quelles étaient vos attentes ?

Je pense qu'on est arrivé en fin de cycle avec Maxime d'Ornano. C’est une personne que j’apprécie énormément. Depuis son départ, je n’ai pas eu l’occasion d’échanger avec lui. J'aimerais le faire un jour parce que j'en garde un très bon souvenir. C’est un excellent entraîneur. Grâce à lui, le club a réussi à survivre la saison dernière. C’était la décision la plus difficile à prendre depuis que je suis arrivé en Normandie. Malgré tout, je ne regrette pas mon choix. Maintenant, il faut se concentrer sur le présent. Régis Brouard a été nommé à la tête de l’équipe. Nous avons une excellente relation. On est tous les deux perfectionnistes. Des objectifs élevés ont été fixés. De mon côté, je ne vais jamais lui apprendre le football puisqu’heureusement je n’y comprends rien. À l’inverse, il ne va pas interférer dans mes prérogatives.

Vous avez déclaré vouloir disputer la Ligue des champions dans sept ans. Cette ambition reste-t-elle intacte malgré les défis actuels ? Et pensez-vous que cette déclaration était judicieuse alors que le club était en grande difficulté financière ?

Je maintiens, c'est mon ambition. Tant que je serai à la tête du FCR, ce sera mon objectif. Je pense que c’est réaliste. Je n’ai pas besoin d'amis. J'en ai déjà pas mal. Je n’ai pas besoin de plaire aux autres tant que je plais à ceux pour qui je travaille. Les amoureux du club aiment cette ambition. On remet l'église au milieu du village. Vous savez les gens qui laissent indifférents ne sont pas intéressants. La France a un problème avec l’ambition. La population aime critiquer.

Le partage du stade Robert-Diochon avec QRM semble également être une contrainte. Est-ce que la construction d’un stade moderne exclusivement pour le FCR est toujours une priorité pour vous ?

La mairie et la métropole ont en tête un projet absolument nécessaire pour construire un stade. En tant qu’homme d’affaires, je suis en train de mettre en place un projet exceptionnel où l’on pourra retrouver deux stades superposés à l’intérieur d’une sphère. C'est une première mondiale. Je travaille là-dessus. Dès qu’il sera fignolé dans les détails, je compte m'envoler aux États-Unis pour rencontrer quelques groupes d'investisseurs. Il est colossal. J’aime l’innovation. Ce sera une machine à produire des milliards de revenus. Outre le football, il pourrait notamment y avoir un match de tennis devant 60.000 personnes. Pour l’heure, je vais faire quelque chose pour les enfants. Nous allons prochainement installer une garderie au stade Robert-Diochon où ils pourront s’amuser pendant que leurs parents regardent le match.

Quelle est votre relation actuelle avec QRM ? Voyez-vous une possibilité de fusion entre les deux clubs pour créer un unique et grand club dans la région ?

Pour être honnête, je n’ai pas de relation avec les dirigeants de QRM. Quand je suis arrivé à Rouen, j'ai été ultra clair. S'ils viennent vers moi, il y aura peut-être moyen de discuter. Je ne suis pas contre une fusion, mais cela sera un projet FCR. Les couleurs et le numéro d’affiliation du Football Club de Rouen 1899 seront utilisés. De son côté, Quevilly peut jouer un rôle important dans la formation et la relation avec les partenaires. S’ils font un pas vers moi, j'en ferai deux vers eux.

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