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·12. August 2025
[Entretien] Pierre Sage : « Ce serait une erreur professionnelle de passer à côté de cette génération »
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·12. August 2025
Après avoir abordé les principes de jeu en première partie d’entretien, place désormais à la politique de développement des jeunes joueurs, chère à Pierre Sage.
Lensois.com : Pierre Sage, la formation, ça vous colle un petit peu à la peau. Et vous débarquez au moment où la génération « Youth League » arrive à une certaine maturité, ne plafonne pas comme les précédentes générations. Est-ce que c’est une histoire de confiance ? Pour moi, il y a deux aspects majeurs. Le premier aspect, c’est eux, parce que certains considèrent qu’à partir du moment où ils sont arrivés là, ils ont planté le drapeau sur la Lune. Malgré tout, il y a encore beaucoup de choses à faire. Il faut jouer et puis, après, il faut s’installer et il faut performer. Il y a déjà cette décision-là qu’ils doivent prendre tous les jours. Et ça se joue dans une forme d’endurance. Il y a une endurance dans leur projet, dans leur projet de professionnalisation.
Et ensuite, il y a aussi la manière dont le club gère ça. Pour prendre un exemple, si on libère Goduine Koyalipou, c’est aussi parce qu’il y a Rayan Fofana au club. Et, à un moment donné, si on ne lui crée pas les conditions… Si on attend que les conditions ne se jouent qu’en externe… Parce qu’il va aller faire des matchs en R1, et il va même sûrement faire des matchs amicaux de haut niveau, comme ils ont fait avec Liverpool. Mais, à un moment donné, le meilleur moyen d’être un joueur de Ligue 1, c’est de jouer en Ligue 1. Et c’est ça la différence entre ceux qui réussissent et ceux qui ne réussissent pas. Ce n’est pas qu’une problématique de talent, c’est plutôt la manière de gérer ce moment-là, qui est charnière, entre : j’ai l’opportunité, je reste dans l’effectif, je commence à jouer régulièrement et je m’impose.
Et on se rend compte que le premier vecteur de développement, c’est le temps de jeu. Avant l’entraînement, c’est le temps de jeu. Et donc, une nécessité absolue pour aider ces jeunes à aller au bout, c’est de leur créer des conditions qui leur donnent du temps de jeu.
Donc il faut jouer sur son effectif aussi ?Il y a une relation économique qui l’impose souvent, aujourd’hui ce n’est pas notre cas. Aujourd’hui, c’est vraiment une décision politique. Et qui est aussi liée peut-être au profil de ces joueurs-là. Ce n’est pas fait à n’importe quel moment, avec n’importe quel joueur. De cette génération de joueurs, il y a bien un noyau de garçons qui a franchi un cap en termes de maturité, de jeu.
Le problème, c’est l’après. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, ils ont fait 7 ou 8 matchs de Youth League. C’est sûrement une très belle expérience pour eux, mais qu’est-ce qui se passe après ? Aujourd’hui, tous les jours, ils sont confrontés à des joueurs qui ont 100, 200, 300 matchs de Ligue 1, et donc qui ont un niveau qui est supérieur au leur, normalement. Du coup, ils ont l’occasion tous les jours de progresser. Mais c’est aussi comment, tous les jours, ils décident de gérer ça. C’est-à-dire que s’ils décident de gérer ça en attendant qu’on leur donne du temps de jeu, effectivement, il ne risque pas de se passer grand-chose. Par contre, s’ils vont chercher leur temps de jeu, il viendra.
Vous les sentez à l’écoute ?Oui, oui, à ce niveau-là, c’est plutôt positif. Désormais, il faut qu’ils passent d’un football qui a été théorisé, qu’on leur expose, qu’on leur a enseigné, à une mise en pratique à haut niveau. Et pour moi, le meilleur des entraînements, c’est le jeu. C’est pour ça qu’on fait beaucoup de jeux en séance. Ça leur permet d’être dans les conditions de la progression, les conditions de match, confrontés à des difficultés qui sont supérieures, vu qu’ils s’entraînent avec des pros tous les jours. Maintenant, il faut qu’ils s’entraînent comme des pros. Et demain, il faut qu’ils deviennent des joueurs pros.
Que vous apporte Éric Sikora dans votre staff ?Quand je rentre dans le centre d’entraînement, je m’aperçois que le Dôme est à son nom. Je m’aperçois qu’il y a une salle à son nom. Je me dis que c’est vraiment la légende du peuple. Je le savais, mais je ne pensais pas que c’était à ce point-là. Et quand je le rencontre pour la première fois, je vois quelqu’un de super humble, qui ne dit pas un mot plus que l’autre, qui est vraiment très accueillant, très empathique. Je me dis que c’est ça, avoir un comportement légendaire.
Et ce qui est intéressant, c’est que quand tu as ce rôle-là, et qu’en plus tu as une fonction très importante, comme il a justement, d’assurer cette transition entre les jeunes et les pros, forcément, tu peux être écouté. Parce qu’il faut que les gamins se souviennent qu’il y a six mois en arrière, ils s’entraînaient sur un terrain qui porte son nom. Il accompagne ça de compétence, de disponibilité auprès des jeunes. Et son rôle dans le développement des jeunes est essentiel, au vu du projet qu’on a affiché et qu’on met en pratique maintenant. Mais surtout, au vu du talent que ces jeunes ont. Parce que ce qui serait grave, c’est que le club passe aussi à côté de cette génération. Pour moi, ce serait une erreur professionnelle de la part du club. Donc aujourd’hui, on crée les conditions pour que ça se passe bien pour eux. Charge à eux maintenant de saisir cette opportunité-là.
Entretien mené par Eloïse De Mester.
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