Les Pailladines anéantissent Guingamp ! | OneFootball

Au sortir de la journée précédente de Première Ligue féminine, ponctuée par une victoire solide mais courte de nos Pailladines contre Le Havre (1-0), un constat se dessinait clairement concernant l’équipe dirigée par Yannick Chandioux : plutôt hermétique en défense, ce MHSC devait encore progresser en attaque, où un regain d’efficacité paraissait indispensable pour continuer de s’affirmer collectivement.

Une trêve internationale plus tard, la réception de l’En Avant Guingamp, avant-dernier du classement, semblait l’occasion parfaite de faire monter pour de bon ce maudit compteur but. Pour autant, peu auraient parié sur le décollage offensif aussi soudain que spectaculaire survenu samedi : maîtrisant leur sujet de bout en bout, les coéquipières de Marion Torrent ont en effet pulvérisé leur adversaire du soir, enregistrant une victoire au score fleuve (7-0) comme on en a rarement vu à Grammont ces dernières saisons !

Vu le nombre de fois où le MHSC a fait tremblé les filets dans ce match, sans compter les multiples occasions qui ont failli rendre l’addition encore plus salée (dont une barre de Sonia Ouchene et un but refusé pour Kethna Louis), il serait difficile de faire un résumé concis de chaque action notable. Commençons plutôt par mettre en avant chaque buteuse : une réalisation à l’actif d’Ifeoma Onumonu (9′), un doublé pour sa comparse en attaque Nina Ngueleu (30′, 63′), un autre doublé signé Léa Khelifi (38′, 41′), un but pour la latérale Kethna Louis (75′) et enfin une réalisation pour la prometteuse Rose Kadzere (81′).

Pour s’offrir un tel déluge offensif, les Montpelliéraines auront avant tout dû faire preuve d’une vraie cohérence dans leur jeu, en se reposant en partie sur les secteurs qui ont fait leur force jusqu’ici. Au milieu, Ella Palis et Marion Torrent ont été débordantes d’activité, aussi bien pour gratter des ballons que pour orienter les actions. Associées à la récupération dans un 4-4-2 assez mouvant, les deux joueuses ont su imprimer leur marque dans des registres différents. Palis, pour sa part, est plusieurs fois redescendue aux côtés des défenseuses centrales pour faire glisser ponctuellement le schéma en 3-5-2, permettant à Louis et Levasseur de prendre le large sur leurs côtés. Torrent, elle, a davantage contribué aux attaques en multipliant les passes longues vers l’avant.

Un entrejeu solide donc, aidé par l’activité débordante d’une Sonia Ouchene en grande forme. Très juste techniquement, elle fut peut-être la Pailladine capable de faire le plus de différence balle au pied. Une performance à saluer dans un contexte particulier pour la native de Valence, forcément affectée par le désastre naturel qui vient de frapper sa région d’origine. Les latérales Marie Levasseur et Kethna Louis ont elles aussi apportées leur pierre à l’édifice, avec un allant offensif remarquable. L’une comme l’autre semblent trouver depuis quelques semaines une constance qui leur avait fait défaut la saison passée.

Mais ce qui a fait la différence par rapport aux matchs précédents, c’est l’efficacité décuplée du duo de pointe Ifeoma Onumonu / Nina Ngueleu. La joueuse américano-nigériane a enfin marqué son premier but sous les couleurs du MHSC, et c’est mérité tant elle se donne en décrochant autant que possible pour venir aider ses coéquipières à la construction. Idem pour Ngueleu, qui ne ménage pas non plus ses efforts quand il s’agit de redescendre d’un cran pour défendre. L’alchimie naissante entre les deux buteuses, qui se sont trouvées sur les deux réalisations de l’internationale U20 camerounaise, ouvre des perspectives très intéressantes pour l’attaque montpelliéraine. L’entrée fructueuse de la dynamique Rose Kadzere, buteuse dès ses premières minutes sous le maillot orange-et-bleu (et passeuse sur le but de Louis), aura été la cerise sur le gâteau.

Léa Khelifi a elle aussi débloqué son compteur avec un doublé express, dont une superbe frappe sous la barre depuis l’extérieur de la surface. Moins influente dans le jeu qu’une Ouchene sur ce début de saison, l’ancienne Parisienne avait besoin de se rassurer en montrant qu’elle pouvait toujours être décisive. C’est maintenant chose faite.

Ce festival offensif inattendu (rappelons que le MHSC n’avait inscrit que 3 buts sur les 5 premiers matchs) ne doit pas non plus éclipser le bilan défensif toujours solide, avec un 4ème clean-sheet en 6 journées de championnat. Peu sollicitée, la charnière Boureille/Deslandes a tout de même concédé quelques occasions, mais derrière elles, Justine Lerond a de nouveau su s’imposer comme une présence rassurante dans les cages, avec 4 arrêts.

Il pourrait être tentant de relativiser l’ampleur du score au regard des difficultés rencontrées cette saison par un EAG candidat à la descente, mais une victoire 7-0 n’est jamais totalement anodine. Il faut d’ailleurs remonter jusqu’à l’hiver 2020, peu avant l’interruption de la saison par la pandémie de COVID-19, pour retrouver trace d’un match de D1 où le MHSC avait inscrit 7 buts (victoire 7-1 à Reims le 08/02/20). Ce succès récompense les Pailladines de leur excellent état d’esprit depuis la reprise et montre à quel point l’effectif actuel, lorsqu’il est au complet, a les capacités de jouer un bon football et ce, malgré les départs de plusieurs cadres cet été. Le fait que, sous les recommandations de Chandioux, le groupe se focalise désormais moins sur le classement et sur la course au haut de tableau aide peut-être aussi à jouer avec moins d’inhibition. La crispation qui avait polluée tout l’exercice 2023/24 paraît évacuée, et on croise les doigts pour que ça dure.

Si la plupart des voyants semblent donc être au vert, reste que le MHSC demeure pour l’instant une écurie de milieu de tableau, avec encore pas mal de choses à prouver. 6ème d’une Première Ligue très homogène, Montpellier n’a connu la victoire que contre les trois derniers du championnat (Reims, Le Havre et Guingamp) et doit encore se mesurer à ses concurrents directs.

Que ce soit face à des valeurs sûres du haut de tableau, comme le Paris FC ou Fleury, ou bien contre des équipes surprises de cette phase aller telles Nantes ou Dijon, le calendrier à venir permettra de situer davantage le niveau de nos féminines. La marge actuelle sur la zone rouge devrait en tout cas leur permettre d’aborder cette nouvelle phase avec l’esprit libéré.

Le prochain match sera donc un déplacement extrêmement relevé chez le Paris FC, incontestable troisième force du football féminin français depuis maintenant plusieurs saisons. En prime time sur Canal+ Foot samedi soir (21h), les Languedociennes tenteront de contester cette hiérarchie, face à un club qu’elles n’ont plus battu depuis octobre 2020. Une affiche qui donne envie, mais qui pourrait très bien se muer en brutal retour sur terre si jamais les joueuses de Yannick Chandioux omettent d’y mettre les mêmes ingrédients que sur leur dernière sortie.

LA COMPO

Lerond – Levasseur, Boureille (Rastocle, 46′), Deslandes, Louis (Rambaud, 80′) – Khelifi (Chaine, 80′), Torrent, Palis, Ouchene (Coquet, 70′) – Ngueleu, Onumonu (Kadzere, 70′).

Crédits photo : mhscfoot.com