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·7. Mai 2025
Saint-Brieuc en National : le coup de baguette magique des Griffons d'Or

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·7. Mai 2025
Une saison de rêve. Quart de finaliste de la Coupe de France, le Stade Briochin s'est offert un "doublé" pas plus tard que ce samedi 3 mai, en bouclant sa montée en National. Le tout, devant des calibres comme Bordeaux ou Saint-Malo. Retour sur la fabuleuse aventure 2024-2025 des Griffons d'Or.
Peu de monde l'aurait cru. Encore moins après six journées passées dans la poule B de National 2. Mais quelques mois plus tard, force est de constater que le Stade Briochin a déjoué tous les pronostics. Le samedi 3 mai dernier, soit au lendemain de sa victoire obtenue contre Avranches (3-2), le club breton a suivi de près la prestation de son dauphin Saint-Malo contre Blois, dans l'espoir d'assister à un nul ou une défaite de leur voisin. Et ce qui devait arriver arriva : battu sur ses terres, l'USSM a laissé filer pour de bon l'équipe de Guillaume Allanou vers le National, deux ans seulement après en être descendu. Le tout, au cours d'une saison où Christophe Kerbrat et ses partenaires ont aussi fait parler d'eux en Coupe de France. Retour sur le coup de baguette magique des Griffons d'Or.
Remontons le fil du temps bien au-delà du samedi 3 mai 2025. Nous sommes le 31 août 2024, et Saint-Brieuc s'apprête à disputer la troisième journée de la saison. Un exercice qui a débuté par une défaite à Saint-Pryvé Saint-Hilaire (0-2) puis un nul à la maison contre Saint-Malo (0-0). Alors pour ce troisième rendez-vous, les joueurs de Guillaume Allanou comptent enfin démarrer le moteur contre Châteaubriant. Même si l'état d'urgence est loin d'être déclenché dans les Côtes-d'Armor. "Il faut juste ne pas tomber dans le doute et vite débloquer le compteur, note l'entraîneur-président briochin auprès du Télégramme. On est costaud défensivement, il n’y a pas d’inquiétude".
"Le but, c’est d’être focus sur nous-mêmes plutôt que sur les autres. Ne pas compter sur les équipes adverses pour nous laisser des cadeaux", ajoute le technicien. Ça tombe bien, les Voltigeurs n'en font pas. Ou presque. Le Stade Briochin repart de Loire-Atlantique avec un deuxième nul dans son escarcelle (1-1), avant d'enchaîner avec - enfin - un premier succès sur la pelouse de La Roche (3-1). La machine est lancée ! Ou pas. Lors des cinquième et sixième journées, Les Herbiers (3-0) et Granville (3-2) prennent à leur tour le dessus sur des Bretons pas si irréductibles. "On va travailler, corriger nos défauts", promet alors Guillaume Allanou, dont l'équipe est déjà à la traîne au classement. Les paroles sont prises au mot près par son groupe.
Les deux journées suivantes, Saint-Brieuc retrouve la victoire contre deux promus, Saint-Colomban Locminé (1-0) puis Le Poiré-sur-Vie (2-0). Les recrues adaptées, la solidité défensive affirmée, la saison est cette fois-ci lancée. De début novembre à fin janvier, les Briochins restent invaincus pendant six rencontres (3 victoires, 3 nuls). De quoi leur permettre de se replacer convenablement dans une poule où un mano à mano entre l'ovni bordelais et le voisin malouin se profile pour la montée en National. Un objectif qui n'occupe pas franchement l'esprit de Griffons qui tracent leur route en Coupe de France. Et de quelle manière ! En lice depuis le 4e tour au mois d'octobre, les Bretons font tomber coup sur coup Saint-Malo (N2), Le Havre (L1), Annecy (L2) puis Nice (L1) pour atteindre pour la première fois de leur histoire les quarts de finale.
Sportivement, le tirage au sort ne gâte pas franchement le pensionnaire de quatrième division, qui hérite de l'ogre Paris Saint-Germain. Pour le souvenir, en revanche, la fête est totale : explosion de joie au moment de découvrir l'adversaire, match programmé au Roazhon Park de Rennes et confrontation avec l'une des meilleures d'Europe. Qui joue le jeu, d'ailleurs. En Ille-et-Vilaine, le Stade est (logiquement) balayé par les coéquipiers de Gonçalo Ramos, auteur d'un triplé (0-7). Mais l'essentiel est ailleurs. L'épopée est mémorable pour tout un club tenu d'une main de maître par l'homme à tout faire. À Saint-Brieuc, "j'ai tout fait sauf les frites", glisse Guillaume Allanou auprès de Ouest-France. L'entraîneur-président peut se frotter les mains. Car l'épopée est aussi juteuse financièrement que sportivement.
En National 2, les Griffons montrent les dents et sortent les crocs. Le 21 février, soit quatre jours avant le prestigieux duel face au PSG de Luis Enrique, les Costarmoricains lancent sans encore le savoir une impressionnante série en surclassant Granville au stade Fred-Aubert (6-2). Dans la foulée, Blois mord la poussière. Puis Locminé. Puis Le Poiré, Poitiers, Châteaubriant, Dinan-Léhon, Bourges, Bordeaux, Saumur et enfin Avranches. Soit onze victoires de rang, record de Sedan (toujours) dans le viseur (13 victoires consécutives en 2019-2020). Une dynamique qui rebat totalement les cartes dans la course à la montée. Pendant que Bordeaux et Saint-Malo enchaînent les faux-pas, Saint-Brieuc fonce à toute allure, et chipe la première place dans la dernière ligne droite pour ne plus la lâcher. Efficace offensivement comme défensivement, le Stade Briochin acte définitivement son retour en N1 le samedi 3 mai.
Une merveilleuse issue pour la plus grande saison de son histoire. "Sans aucune contestation, affirme Guillaume Allanou dans les colonnes de L'Équipe. On n'a volé la place à personne, mais c'est une vraie montée surprise. Par rapport à l'état des forces en présence en début de saison, notre budget, le 9e ou 10e de notre groupe de N2, le fait qu'il y avait de grosses écuries comme Bordeaux ou Bourges, l'ambition première était d'assurer un maintien serein après deux saisons compliquées. (...) On a réussi ça avec un effectif pas pléthorique, c'est extraordinaire." Un effectif "pas pléthorique" mais doté de quelques éléments d'expérience : il y a le gardien de but Franck L'Hostis (35 ans), le capitaine James Le Marer (34 ans), les défenseurs centraux Hugo Boudin (32 ans) et Benjamin Angoua (38 ans). Et, bien sûr, celui qu'on surnomme le Menhir : l'éternel Christophe Kerbrat (38 ans).
À 38 ans, le vainqueur de la Coupe de France 2014 avec Guingamp va toujours en avant. Cadre parmi les cadres, le Breton pur jus est le joueur de l'effectif le plus récompensé de la saison au classement des Talents Foot-National (7 récompenses). C'est dire ! Mais cette saison "unique" qui "restera à vie" dans l'histoire des Griffons est la toute dernière de sa remarquable carrière. Disons qu'il y a pire comme baroud d'honneur. Christophe Kerbrat ne sera sûrement pas loin du stade Fred-Aubert dans quelques mois, où ses futurs ex-partenaires vont se frotter à du lourd.
"On sera avec Caen, Dijon, Sochaux, on sera dans la peau du tout petit poucet avec une ou deux autres équipes, relève Guillaume Allanou, récemment récompensé du diplôme BEPF. On est une forme d'anomalie dans ce monde qui se professionnalise. On sera un peu le village d'Astérix contre les Romains. Mais on a toujours été le plus petit. C'est un cadeau improbable, même si on a eu une expérience récente de cette division-là", termine par rappeler le coach-dirigeant. Au troisième échelon, ses Griffons d'Or devront à nouveau sortir quelques bottes secrètes de leur chapeau pour espérer s'y maintenir.
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