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·9 October 2025
Bouanga : "J'ai le choix entre Rennes et l'ASSE, je choisis le public"

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·9 October 2025
Denis Bouanga s'est longuement confié dans une interview sur la chaîne Youtube Colinterview. Il revient sur son arrivée à l'AS Saint-Étienne et sur des moments particulièrement difficiles vécus à l'ASSE, avant son départ quelques temps plus tard.
Denis Bouanga évoque d'abord son arrivée à l'ASSE. Le Gabonais avait le choix entre l'ASSE et Rennes et a choisi le meilleur public : "J'ai Jean-Louis Gasset au téléphone avec Ghislain Printant. C'est pas qu'il me convainc de signer, il y a Saint-Étienne qui arrive, qui vient de terminer quatrième avec une équipe de fou. Au final, je me dis que je vais jouer avec Yann M'Vila, Cabella, qu'avec des stars au final. En plus il y a le public. J'avais le choix entre Saint-Étienne et Rennes, et j'ai choisi le public alors qu'ils allaient tous les deux en Europa League. Mon père adorait Saint-Étienne donc sa voix allait pour Saint-Étienne. J'ai choisi Saint-Étienne. C'est simple de convaincre un joueur, Saint-Étienne arrive, gros club français, j'y vais direct. (...)
J'ai joué avec Nîmes là-bas (à Geoffroy-Guichard), il manquait une tribune quand j'y ai joué mais ça faisait un bordel ! Après il y avait Marseille aussi, quand j'ai joué au Vélodrome, laisse tomber ! Après moi, je suis supporter de Marseille depuis que je suis petit. Ça m'a causé des problèmes à Lorient. Moi j'aime bien joué dans des stades pleins, où ça crie dans tous les sens. J'ai joué contre Saint-Étienne et j'ai vu ça, avec la foule descendre aussi. J'en ai parlé à Pierre-Emerick Aubameyang qui m'a dit que Saint-Étienne c'était le feu, que quand tu marquais la foule criais ton nom et descendait dans les tribunes. Pour moi ça a été logique, supporters de ouf, il suffit que je joue comme à Nîmes, ça va crier mon nom tout le temps, ça va descendre. Je me dis 'pourquoi je ferais pas comme Pierre-Emerick ?' Il a mis je ne sais pas combien de buts et il est parti dans un gros club (Dortmund, ndlr). Je me suis dis que j'allais faire la même chose."
Par la suite, Denis Bouanga revient sur un souvenir douloureux à Saint-Étienne quand il est visé par des propos racistes dans une vidéo à la veille d'un match contre Nîmes avec l'ASSE : "Ça m'a fait mal. C'est une minorité, je ne mets pas tous les supporters dans le même sac. Je suis dans une vidéo qu'on envoie dans un snap public avec des supporters racistes. Moi ça me touche parce que je ne vais pas mettre tous les supporters dans le même panier, il y en a quatre ou cinq qui m'insultent de singe (sic), qui me dise de retourner chez moi, qui me disent 'sale noir' (sic), 't'es nul'. Ça, ça se passe la veille d'un match. J'ai la haine, j'avais envie d'insulter, j'insultais à mort. Ça m'énervait tout ça. Au début je ne voulais pas en parler. J'ai joué avec une haine, en plus c'était contre Nîmes, mon ancien club. Je me dis que je vais jouer avec la haine et on verra. Au final, je marque et c'est là où je décide de le dire à l'agent de sécurité. Il me dit : "t'es fou ou quoi ? Viens on va le dire tout de suite." Moi je ne voulais pas en faire tout un plat, ça m'a touché de ouf, je l'ai dit à mes parents mais je ne voulais pas mêler Saint-Étienne, déjà qu'on était dans une mauvaise passe, alors que ce n'était que quelques individus. Au final, le chef des Magic Fans m'a envoyé un message, m'a dit qu'il me soutenait totalement que ce n'était qu'une bande d'individus (...). Comme je l'ai dit ça m'a touché, j'aurais pu dire je ne joue pas, mais je n'ai pas lâché l'équipe parce qu'on avait besoin de points et on devait gagner et je ne pouvais pas lâcher tout le monde. J'ai vu plusieurs joueurs apporter leur soutien dont Kylian (Mbappé), j'ai dû faire un message sur Instagram, je l'ai fait sur Twitter aussi. Beaucoup de personnes m'ont aimé pour ce que je suis, ça m'a touché. (...)
La relation que j'ai eue avec les supporters de Saint-Étienne reste forte. Je mets de côté ces individus parce que je ne peux pas mettre tout le monde dans le lot. Je ne pouvais pas détruire un stade comme ça. Toute la ville attend le samedi pour jouer, pour aller au stade. J'en fais une minorité. Et si ça tenait qu'à moi j'aurais répondu : "viens devant le centre, viens me le dire en face". Il y a des choses que tu ne peux pas faire dans le foot. Ça me touchais tellement. J'étais chaud bouillant. Pour moi les choses comme ça, c'est impardonnable. C'est impossible."
Denis Bouanga a aussi vécu deux cambriolages à Saint-Étienne sur lesquels il revient : "Le premier, ça touche que mes affaires. Je mets de la sécurité et je me dis que ce sont que des affaires. La deuxième, j'étais à la maison. Ma femme était enceinte. C'était la veille de son accouchement. Elle était stressée. Ce sont des choses qui ne devraient pas exister. Mon fils était choqué aussi. (...) C'était le deuxième cambriolage. La suite a été compliquée, je ne dormais pas trop, les veilles de match quand on allait à l'hôtel, je n'étais pas tranquille. (...) Mon cambriolage arrive un an et quelques avant mon départ. Je reste la saison suivante. Ma femme ne veut pas partir de Saint-Étienne, elle a ses copines, elle s'y sent bien. On a déménagé dans une maison plus sécurisée, elle se sentait bien. Elle ne se voyait pas spécialement partir alors que moi j'avais des envies de partir. Je n'étais pas à l'abri qu'ils viennent une troisième fois. Si je devais rester, je reste, je me donne pour mon club, sur le terrain je vais faire abstraction de tout ça mais en dehors je n'allais pas être bien."
Denis Bouanga revient sur sa dernière saison à l'ASSE et la relégation en Ligue 2 ainsi que sur son départ : "Jouer le maintien, chaque semaine c'est la bagarre. Comme j'ai eu un parcours où j'ai dû me battre tout le temps, ça ne me faisait rien. Pour moi, c'était sans problème. Tous n'étaient pas prêts. Il y en a qui ont joué toute leur vie les premiers rôles. Certains n'étaient pas préparés à ça. Quand j'arrive à l'ASSE, c'était d'ailleurs pour jouer les premiers rôles mais au final ce n'est pas ce qu'il se passe. (...) Les derniers six mois, quand Pascal Dupraz arrive, il me donne tout ce dont j'avais besoin, je mets but sur but mais ça ne suffit pas. Il y a eu des échanges et de la confiance. Il m'a dit que j'étais un joueur qu'il voulait quand il était à Toulouse. Je le porte dans mon cœur, c'est lui qui m'a relancé. (...) On descend sur un barrage, ça m'a fait du mal de descendre, de voir tout le monde sur le terrain. Ça m'a vraiment fait mal au cœur mais d'un autre côté je ne voulais pas jouer en Ligue 2. Je voulais penser à moi aussi. J'ai demandé à partir, j'ai pensé à moi. (...) Je ne pense pas que les supporters m'en veuillent car après mon départ, j'ai parlé avec le chef des Magic Fans qui m'a félicité pour ce que j'ai fait à Saint-Étienne et qu'ils allaient retenir mon nom et ce que j'avais donné. Ils ont vu que je n'ai jamais triché. (...) J'ai beaucoup de clubs qui s'intéressent à moi, je voulais aller dans un club qui me voulait vraiment. Ça se fait sur la fin du mercato. Je reprends avec Saint-Étienne mais je ne veux pas jouer en Ligue 2. Ça avance avec Los Angeles, je commence à regarder qui est là-bas : je vois Carlos Vela, Chiellini, Gareth Bale. C'est sûr que ça attire. Je me pose beaucoup de questions. Je décide de partir. J'avais Strasbourg, Augsbourg mais je décide de partir à Los Angeles avec ma famille, d'aller conquérir Los Angeles tout simplement."