Le Journal du Real
·12 March 2025
De la frilosité à l’ambition : les clés tactiques d’Atlético – Real Madrid

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·12 March 2025
La semaine dernière, le Real Madrid a parfaitement su exploiter les mauvais choix défensifs de Diego Simeone. Un maigre but en guise d’avantage pour le club merengue dans ce derbi à la sauce européenne, dont le récital final débutera ce mercredi à 21 heures. Plus précisément, au cœur d’un Métropolitano où les Colchoneros restent invaincus depuis plus de deux ans face à leur voisin de la capitale.
Ce huitième de finale est encore très loin d’être joué. D’ailleurs, si les clés tactiques de l’aller restent toujours d’actualité, cette première joute nous a offert de nombreux enseignements. La principale surprise résidait dans le système offensif du Real Madrid, qui différait de d’habitude. Une certaine adaptation tactique à ces Rojiblancos qui s’est révélée payante. Mais elle pourrait pourtant ne pas être reconduite.
Opposé à des Colchoneros usant à la perfection de leur rapidité, tant dans la course que dans les transmissions, le Real Madrid ne pouvait laisser autant d’espace dans son dos. Comme évoqué en avant-match, Don Carlo devait trouver des solutions face à la multiplication des tentatives de transitions adverses, véritable pan de ce jeu offensif rojiblanco appuyant sur le talon d’Achille de son équipe. Un aspect primordial comme source d’un important ajustement tactique, le Real s’étant avancé avec un système offensif… particulièrement défensif.
On parle ici d’un oxymore qui s’est matérialisé par une surprenante organisation en 4-2-4, conservant des latéraux bas. Une véritable volonté de ne pas aventurer ce bloc au cœur du camp adverse dans l’optique de maintenir un équilibre entre attaque et défense. Cette ligne éditoriale a poussé les Merengues à employer un jeu davantage restrictif, basé autour de rampes de lancement reculées qui distillaient de longs ballons. Que cela soit au service de l’horizontalité avec des diagonales en profondeur palliant le manque de présence axiale, ou bien de la verticalité en recherchant perpétuellement l’intervalle afin de lancer les flèches blanches de devant.
Et si ce choix s’est rapidement avéré payant avec le but de Rodrygo dès la 3e minute, au fil des actions, les failles de ce plan de jeu n’ont cessé d’apparaître. Car si l’Atlético Madrid s’est véritablement sabordé défensivement, lorsque ces derniers exécutaient leur habituel mécanisme sans ballon, Los Blancos étaient tout bonnement… inoffensifs. Autrement dit, dès que les hommes de Simeone ont commencé à anticiper « la passe » qui créerait le décalage en la bloquant avec agressivité, accompagné d’un important travail de compensation, le Real Madrid n’a pas su exister balle au pied. Cela s’explique notamment parce que ce 4-2-4 ne dispose pas d’une grande flexibilité. Ce système n’est finalement pas capable de s’adapter aux changements adverses.
En réalité, ce n’est pas ce système tactique qui a vaincu l’Atlético, mais les talents individuels qui se sont parfaitement engouffrés dans les brèches rouge et blanche. D’ailleurs, cela ne découle du hasard si, après la 60e minute, les coéquipiers de Vinicius Jr sont revenus à un dispositif davantage protagoniste…
Ce Real Madrid dangereux, ce Real Madrid percutant en fin de match mardi dernier, était un Real Madrid en 3-2-5, voire 2-2-6 ! À savoir, l’organisation préférentielle ces derniers temps de Carlo Ancelotti, celle qui est venue à bout de Manchester City. Un système que devrait employer ce mercredi soir le technicien italien en phase offensive, tant celui-ci répond parfaitement aux problèmes posés par des Colchoneros ordonnés.
Nous le savons : les Merengues cherchent les intervalles, la verticalité, la profondeur coûte que coûte. Même situé au sein des trente derniers mètres adverses, qui rend par définition ardu le jeu aérien, Los Blancos ne dérogent à leur méthode de destruction si efficace jusqu’ici. La principale force de ce concerto offensif réside dans l’exécution de multiples prises de profondeur au milieu d’un demi-espace trop souvent négligé par l’Atlético. Et c’est justement cette ligne de devant qui permet d’exécuter au mieux ce point fort, car le Real se retrouve constamment en supériorité numérique face à cette défense à cinq. Du côté droit, le latéral occupe justement ce couloir intérieur, libérant Rodrygo de tout marquage. Celui-ci peut, dès lors, dédoubler voire déborder à sa guise. Et à gauche, son homologue colle régulièrement la ligne de touche, afin d’étendre le bloc rojiblanco, offrant ainsi de l’espace pour les Vinicius ou Mbappé, à l’instar du second but de Brahim Diaz.
De plus, ce dispositif apporte une présence axiale importante. Au-delà de croître considérablement le nombre de joueurs pouvant faire parler leur qualité de frappe lointaine, un aspect se révèle primordial contre une équipe qui a, par séquences, tendance à s’agglutiner derrière. En effet, cette organisation apporte surtout une flexibilité tactique. Les coéquipiers de Bellingham peuvent varier d’approche. Appels dans les pieds ou en profondeur, passes dans l’intervalle ou entre les lignes… Une incertitude balle au pied est créée, rendant plus compliquée la tâche défensive adverse.
Bien sûr, un tel bloc induit une recrudescence de possibilités en contre-attaque pour l’Atlético. Mais les hommes de Carlo Ancelotti ne cessent de progresser dans ce domaine, l’ayant d’ailleurs parfaitement exposé en fin de match à l’aller avec un contre-pressing efficace. Et finalement, même si nous ne l’avons pas évoqué dans cette analyse, il paraît évident que la carte blanche des transitions rapides se trouve particulièrement redoutée par des locaux en perte de confiance depuis une semaine. Alors, au Real Madrid de ne pas se contenter des errances tactiques adverses, mais bel et bien de prendre son destin en main en se montrant davantage ambitieux offensivement.
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