De Rome à Bâle, l'Europe revient à Strasbourg 20 ans après | OneFootball

Septième du dernier championnat de France, le RC Strasbourg version BlueCo s'est offert le droit de disputer sa qualification pour la prochaine Ligue Europa Conference. Qualification acquise ce jeudi 28 août, à l'issue d'un barrage aller-retour remporté face aux Danois de Bröndby (0-0, 3-2). Fixé sur ses prochains adversaires, le club alsacien va retrouver un premier tour d'une compétition européenne pour la première fois depuis ... vingt ans.

"Laisse moi kiffer l’Europe avec mes potes, j’suis pas d’humeur à ce qu’on me prenne mes torches. À Copenhague, à Prague ou à Basel, laisse moi kiffer l’Europe avec ceux que j’aime !" Les supporters strasbourgeois reconnaîtront facilement cet air. Pour les autres, voici le tube des derniers mois du côté de la Meinau. Équipe surprise de la saison 2024-2025 de Ligue 1, le RC Strasbourg a effectivement fait vibrer son douzième homme jusqu'à atteindre la septième place, synonyme de qualification pour la prochaine Ligue Europa Conference. Ou, tout du moins, pour les barrages.

Strasbourg fixé

Car pour accéder à la phase régulière, la formation de Liam Rosenior a dû en découdre avec les Danois de Bröndby au cours d'une confrontation aller-retour. Tenu en échec en Alsace (0-0), le RCSA est finalement aller chercher son ticket gagnant au Danemark ce jeudi 28 août (3-2), avant de découvrir ses six prochains adversaires le lendemain.

À l'issue du tirage au sort effectué par l'UEFA à Monaco, les partenaires du buteur et capitaine Emanuel Emegha savent désormais qu'ils croiseront le fer avec le Slovan Bratislava (Slovaquie), Crystal Palace (Angleterre), Jagiellonia (Pologne), le BK Häcken (Suède), Aberdeen (Écosse) et Breidablik (Islande). De quoi raviver les souvenirs de belles soirées continentales vécues il y a tout juste vingt ans par le RCSA.

Le Racing démarre fort

Pour trouver trace d'une participation du Racing à un premier tour d'une compétition européenne, il faut effectivement remonter à la saison 2005-2006. À l'époque, l'effectif dirigé par l'illustre Jacky Duguépéroux venait tout juste de remporter la Coupe de la Ligue contre le SM Caen au Stade de France (2-1). C'est donc en qualité de vainqueur de la compétition aujourd'hui disparue que Strasbourg s'est offert le droit de disputer, déjà, un barrage d'accession à la Coupe de l'UEFA. Une étape franchie aisément par les partenaires de Mickaël Pagis face aux Autrichiens du Grazer AK (2-0, 5-0).

Le menu proposé en phase de poules est, en revanche, d'un tout autre calibre : le FC Bâle, champion de Suisse en titre, l'Étoile Rouge de Belgrade, vice-champion de Serbie-et-Monténégro, la modeste formation norvégienne de Tromsø et surtout l'AS Rome. Mais c'est donc en octobre 2005 à Bâle, situé à une grosse centaine de kilomètres de la capitale alsacienne, que l'aventure continentale démarre pour Stéphane Cassard et sa bande. En difficulté en championnat, le RCSA, qui occupe l'avant-dernière place, oublie tout sur la scène européenne et croque son adversaire helvète au Parc Saint-Jacques. Le futur héros du Paris Saint-Germain Amara Diané a le plaisir de lancer les hostilités (14e) avant d'être imité par Arthur Boka (24e, 0-2). En supériorité numérique pendant une majeure partie de la rencontre après l'expulsion de Patrick Müller (31e), Strasbourg et ses 2000 supporters présents frappent fort d'entrée.

Les yeux dans les yeux avec Totti et Mexès

Alors pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Début novembre, la qualification se rapproche déjà quand Pagis et Salim Arrache donnent la victoire à leur équipe contre Tromsø à la Meinau (2-0). Vient ensuite le choc tant attendu contre l'AS Rome, futur vice-champion de Serie A (après mise à jour du classement en raison du scandale du Calciopoli, ndlr). En face ? Totti, Panucci, Mexès, Aquilani, Dacourt, Cassano, Nonda, De Rossi ou encore Taddei. Du lourd. Mais sans complexe au Stadio Olimpico de Rome, le RCSA, toujours autant à la dérive en Ligue 1, tient tête aux stars romaines. Mieux : porté par un Nicolas Puydebois en grande forme dans ses cages, la jeune garde strasbourgeoise (23 ans de moyenne d'âge ce soir-là) ouvre le score par l'intermédiaire d'Habib Bellaïd (52e). Stupeur dans la capitale italienne, où Antonio Cassano joue les sauveurs pour égaliser et éviter une défaite embarassante aux locaux (72e, 1-1).

Pour Jacky Duguépéroux et les siens, le plus dur est fait : il ne manque plus qu'à valider la qualification dans le courant du mois de décembre contre l'Étoile Rouge de Belgrade à domicile. Le 15 décembre 2005, plus précisément, la Meinau assiste à l'avènement d'une future idole. Du haut de ses 18 ans, le tout jeune attaquant Kévin Gameiro démarre pour la première fois dans le onze titulaire et permet à sa formation, menée 2-0, de terminer la phase de groupes invaincue et de confirmer sa qualification pour les seizièmes de finale grâce à deux premiers buts en professionnel (2-2). Sorti en tête et avec brio de sa poule, Strasbourg fonce défier les Bulgares de Litex Lovech en février 2006. Le boulot est fait dès le match aller sur un terrain à la limite du praticable, grâce à des réalisations d'Ulrich Le Pen (2e) et Diané (83e, 2-0), tandis que Puydebois détourne un penalty en fin de match. La manche retour en Alsace se conclut sur un score nul et vierge (0-0), mais l'essentiel est fait.

La désillusion de Bâle

De plus en plus proche de la relégation en Ligue 2, le RCSA est bel et bien au rendez-vous des huitièmes de finale où se profile des retrouvailles avec ... le FC Bâle. Pour l'aller, le représentant tricolore se rend en Suisse, là même où l'aventure a débuté quelques mois plus tôt. D'entrée, les locaux affichent un esprit revanchard et ouvrent le score grâce à un coup-franc direct de l'Argentin Delgado (8e). Inoffensif ou peu inspiré au stade Saint-Jacques, Strasbourg a fini par être suspris une deuxième fois dans les dernières minutes sur une réalisation de Kuzmanovic (89e, 2-0). De quoi l'obliger à un exploit pour le retour en Alsace. Pari tenu ? Pas vraiment. Trois minutes ont suffi aux visiteurs helvètes pour refroidir encore un peu plus l'ambiance par Eduardo (3e, 0-1). Si Rudy Carlier (11e) a pensé relancer le suspense, Eduardo, à nouveau, est venu calmer les ardeurs avant la demi-heure (26e, 1-2).

L'égalisation de Diané dans les derniers instants du match s'est alors avérée anecdotique. Battus une seule fois durant leur parcours européen, les coéquipiers des frères Farnerud (Alexander et Pontus) ont refermé cette parenthèse enchantée pour lutter tant bien que mal en championnat.  En vain, puisque la relégation en Ligue 2 a bien été actée quelques semaines plus tard. Pour les fans strasbourgeois, passés par toutes les émotions possibles les années suivantes (liquidation, championnats amateurs, retour en Ligue 1, ...), il a fallu attendre la saison 2019-2020 pour retrouver leur équipe fétiche en Coupe d'Europe. Mais cette fois-ci, l'aventure fut de courte durée : vainqueur de la Coupe de la Ligue à nouveau, le RCSA s'était arrêté en barrage de Ligue Europa contre Francfort (1-0, 0-3) après des qualifications contre le Maccabi Haifa (3-1, 1-2) et le Lokomotiv Plovdiv (1-0, 1-0) les tours précédents. En 2025-2026, le fidèle douzième homme alsacien aura un peu plus le temps de "kiffer" l'Europe avec ceux qu'ils aiment.

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