EXCLU - Stomy Bugsy : « Le Real aurait dû vendre Vinícius » | OneFootball

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·19 January 2025

EXCLU - Stomy Bugsy : « Le Real aurait dû vendre Vinícius »

Article image:EXCLU - Stomy Bugsy : « Le Real aurait dû vendre Vinícius »

22 ans après le succès de « 3 Zéros », la suite de ce film culte est au cinéma depuis le 23 octobre. Toujours réalisé par Fabien Onteniente, « 4 Zéros » profite d’un casting XXL : Kaaris, Gérard Lanvin, Didier Bourdon, Paul Pogba mais aussi Stomy Bugsy. Lors de la journée presse organisée au Parc des Princes, le célèbre rappeur français a développé ses idées footballistiques avec un franc-parler déroutant. Interview.


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« On était tous amoureux de Cristiano Ronaldo, il nous a rendu fous ce joueur »

Quel est ton rapport au foot ?

Il est un peu mitigé (il coupe). Quand je vois des matchs de foot ou quand je suis sur un terrain, je sais que j'aurais pu faire une carrière. Je sais que j'aurais pu être un bon numéro 9. J'ai le sens du but, je sais où me placer, j’ai cette intelligence et cette vivacité. Aujourd’hui, j’ai 52 ans, je commence à… (il coupe). Mais à la base, j’avais tout ça. J'ai ce sens du but, j'ai cette gnaque, je n'aime pas perdre. On ne m’a pas inscrit au foot quand il fallait. Je voulais que mes parents m'inscrivent au foot, ils ne l’ont pas fait. J’aurai toujours ce goût d’inachevé. Pareil pour la boxe. Quand je rentre dans une salle, je ne peux même pas prendre les gants…  Les seuls mecs qui m'ont battu sont devenus champions d’Europe par la suite. Donc j’ai la rage ! Pour revenir au foot, je sais, j'aurais pu faire un truc…

Tu as commencé le foot à quel âge ?

Trop tard ! J’ai commencé à 16 ans. Je suis arrivé au club de Garges, les mecs étaient déjà là depuis l’âge de 5 ans. Ils ne passaient pas le ballon. En plus, les parents apportaient le goûter, ils ramenaient les crampons, ils faisaient des travaux dans le club. Je n’avais pas ma place dans le club, j’étais arrivé beaucoup trop tard. Je n’ai fait qu’un club dans ma vie, Garges. Mais à la base, je voulais jouer à l’AS Sarcelles, c’était un super club. Après, j’ai déménagé à Porte de la Chapelle, et je me suis mis à la boxe.

Dès que tu as commencé, tu savais que ton poste était attaquant ?

Je n’avais même pas de poste, l’entraîneur me baladait un peu partout sur le terrain. Mais je sais que je suis attaquant.

Tu joues encore avec tes amis ?

Parfois, lors des matchs de Gala. Et je montre que j’ai toujours ce truc.

Tu as des petites anecdotes en tant que joueur ?

Ce que je peux te dire, lors de chaque gros événement, je marque ! On avait fait un match : le Secteur A contre l’équipe de France. On avait gagné et j’avais marqué deux buts. Thierry Henry, Bernard Lama et les autres étaient là.

Et ton anecdote en tant que spectateur ?

Moi, ce qui me fait vraiment kiffer, ce sont les Coupes du Monde. Pour moi, la plus belle, c’est celle de 2006 quand la France arrive en finale, avec le coup de tête de Zizou. En plus, c'est la première fois que je supportais vraiment l'équipe de France. Avant ça, je n'ai jamais été pour l'équipe de France. J'ai toujours été pour le Brésil, même en 98. Quand on a grandi, on n'était pas pour l'équipe de France. J'étais même pour l'Allemagne. Moi, c’est les joueurs qui me faisaient kiffer. Je kiffais Karl-Heinz Rummenigge. J’ai un autre beau souvenir : l’Euro 2000. Quand Wiltord délivre la passe à Trezeguet en finale. Ce match-là, je l’ai regardé dans un aéroport, au Portugal, je crois. J'avais raté mon avion. J'ai tout cassé dans l’aéroport. Parfois, je pars en vrille devant le foot, c’est trop excitant, c’est trop bon.

France-Brésil en 2006, tu supportais qui ?

La France. Pourtant, toute ma vie, j'étais pour le Brésil. En fin de compte, je suis pour la France quand tout le monde est contre eux. Lorsqu’ils ont le statut d’outsider. Ils s’étaient cassés la gueule en 2002, avec la méforme de Zizou. Après ça, tout le monde a dit : ils sont finis. Et d’un coup, on a le retour de Zizou, et ça redevient les meilleurs. Ils étaient libres, ils n’avaient plus cette pression, ils prenaient du plaisir, ils jouaient mieux. La finale contre l’Italie m’a fait mal, avec le coup de tête de Zizou. J’avais été leur rendre visite au Crillon. Ils pleuraient, il fallait que j'aille les applaudir dans la foule. Tout le monde était en larmes.

Que penses-tu de l’équipe de France actuelle ?

Je supporte l'équipe de France. Mais des choses me dérangent et d’autres choses me font kiffer.

Qu'est-ce qui te dérange ? Qu'est-ce qui te fait kiffer ?

En vrai, ce qui me dérange, c'est les trucs qui me font kiffer aussi (sourire). C'est cette jeunesse, cette insouciance, Ils sont dans leur truc de fashion. En même temps, ils sont jeunes. Et nous, on devient con. À 52 ans, on dit : « Et pourquoi il s'habille comme ça ? ». Et en même temps, ça nous fait kiffer. Il ne faut pas les juger, il faut les laisser kiffer entre eux. L’équipe répond toujours présent, les joueurs font leurs preuves, ils font le boulot. Mais il y a un « mais ». Le foot de maintenant… (il coupe). Il n’y a pas de prise de position. On ne les entend pas assez. Ou quand on les entend, on les entend mal. J'ai l'impression qu'on est en décalage avec eux. J'ai l'impression qu'on n'arrive pas à les comprendre. Ils sont mal filmés, ils sont mal mis en valeur. Je ne sais pas, il y a un problème.

Tu as une certaine expérience, tu n’aimerais pas intervenir ?

Non, ce n'est pas mon métier. En tout cas, ils assurent, ils font le job. La dernière Coupe du Monde, ils nous ont régalés. La dernière finale, c'était un truc de fou. Ils ont sorti le meilleur match de l’histoire de la Coupe du Monde. Mbappé a cartonné. Que veux-tu lui demander de plus ? S’il part s’amuser à Stockholm, il faut le laisser. Après une telle finale, tu veux lui demander quoi ? C’était merveilleux. Il nous a procuré de la joie. C’était le meilleur scénario possible. C’était un film ! Tu sais, parfois, la défaite, c’est même mieux. La finale de 2006, quand Zidane sort devant le trophée, c’était un truc magnifique. Pour moi, on l’a gagnée cette Coupe du Monde. On se souvient de la Panenka, du coup de tête et de la sortie de Zidane. Le reste, on l’a oublié. C’est un film où le héros meurt et tu pleures à la fin, c’est tout. Pour moi, on a gagné le match. C’est un film tragique, c’est tout. Pour revenir à la finale du Mondial 2022, j’ai envie de te dire, heureusement qu’on a perdu. Il fallait que Messi prenne une Coupe du Monde. Pourquoi Messi n’aurait pas le droit à sa Coupe du Monde ? Ok, les Français auraient été contents, et Messi ? Celui qui aime le foot, il ne peut pas accepter que Messi soit toujours dans l’ombre de Maradona. Il en fallait aussi pour Messi, le plus grand joueur au monde. Il faut des malheureux et des heureux, c’est le football. Pourtant, j’ai toujours critiqué Messi. Je disais : Messi est bon en club, mais avec son pays, il ne fait pas le taf. Et là, il a fait le taf. Il s'est surpassé. Il a tout donné et pris sa Coupe du Monde, c’est trop beau.

Quels joueurs te faisaient kiffer avant ?

J’'ai grandi avec un poster de Pelé dans ma chambre. Mon père me parlait de Pelé, j'avais des cassettes vidéos avec actions de Pelé. Après, je peux aussi te citer :  Maradona, Zico, Karl-Heinz Rummenigge, Docteur Socrates, Tigana, Rocheteau, Platini, Giresse… Même s'ils ont perdu en demi-finale, ce n'est pas grave. On les a kiffés ces joueurs.

Et sur la génération actuelle ?

On était tous amoureux de Cristiano Ronaldo, il nous a rendu fous ce joueur. Il a un mental de dingue. Il y a aussi d’autres anciens comme Okocha, Raï, Georges Weah, Roberto Baggio, des prodiges du foot.

« Des gens me prennent parfois pour Anelka »

Tu as une équipe préférée ?

J’ai deux clubs : le PSG et le Real.

Comment as-tu vécu le changement de club de Mbappé du coup ?

Pour moi, c'est ce qu'il fallait faire. Il aurait dû le faire deux ans avant. Il l'a fait trop tard. Il n’aurait pas dû re-signer avec le PSG. Il fallait bouger. Le Real Madrid, c'est le Real Madrid. Un club comme ça, c'est une institution. Paris, le problème, c’est qu’il nous manque ce gros trophée pour attirer les grands joueurs. Par exemple, avoir fait venir Messi, c'était une erreur. Tu ne fais pas venir Messi ici. Tu n'as même pas une Champions League, tu fais venir Messi. C'est n'importe quoi. Tu vas amener qui après ? Tu ramènes Beckham, Zlatan, l’autre, c’est n’importe quoi. Messi n’avait rien à faire là. Messi n'appartient pas à ce club-là, même si c'est mon club. L'argent ne doit pas tout acheter. La preuve, il est venu pour rien. Faites vos preuves, gagnez des titres avec des bons joueurs du cru…

Que penses-tu du projet actuel ?

C'est bien. Maintenant, il faut garder l'entraîneur ! Le problème, dans ce club-là, c'est qu'il change d'entraîneur tous les deux ans. Dès qu'il n'y a un petit problème, le coach saute. On ne construit pas un club comme ça. Un entraîneur doit rester cinq ans. Même Laurent Blanc, quand il était là, il ne fallait pas le jeter. Ça change trop vite. Ils ont même jeté Carlo Ancelotti. Ce sont des fous. Le coach doit rester cinq ans, les joueurs doivent savoir que le coach est en place, que c’est lui le boss. Les joueurs connaissent le manège, ils se disent entre eux : « Mais lui, il va sauter dans un an » ou « Il raconte quoi ce coach, il ne sera plus là bientôt ». Quand le coach parle, il faut que sa parole soit respectée. Il faut laisser les entraîneurs faire leur travail. Si on nomme un entraîneur au PSG, c’est qu’il a déjà fait ses preuves auparavant. Donc laissez-le faire, donnez-lui les moyens. Ne vous mêlez pas de tout. Je ne suis pas un professionnel du foot. Mais pour moi, un entraîneur doit être là sur la durée. Déjà, tu arrives dans un autre pays, avec un nouveau climat, c’est une autre vie. En plus du foot, tu as des problèmes personnels. Tu dois t’adapter au club, à la mentalité du pays, tu as plein de choses à penser. Il faut laisser l'entraîneur prendre ses repères, ses marques, apprendre la langue, comprendre la psychologie du club, comprendre la culture du pays.

Que penses-tu des débuts de Mbappé au Real ?

Il y a tellement de talents au Real… Mbappé arrive de France, il était Jésus ici. Et là-bas, il devient un petit apôtre comme un autre. Il faut qu’il prenne ses marques, qu’il crée des automatismes. Ce n'est pas un numéro 9. Il faut qu’il se réinvente, qu’il trouve sa position, il aime jouer à gauche, mais il y a Vinicius. Le Real aurait dû vendre Vinicius (sourire).

Il y a 22 ans, tu jouais dans le film « Trois Zéros » où tu interprétais le rôle du joueur star du Paris Saint-Germain. Que conserves-tu de ce rôle ?

On m’en parle tout le temps. Cette phrase sur mon numéro, le 9, le 29 ou le 39 (rires). Ce film est assez culte. On va dire que j’avais le rôle de Nicolas Anelka à l’époque. Mais pour éviter les comparaisons, je m’étais laissé pousser les cheveux pour ne pas trop lui ressembler non plus. Parce que déjà, Anelka et moi, on se ressemble un petit peu. Des gens me prennent parfois pour Anelka, et lui, les gens le prennent aussi pour Stomy Bugsy.

Vous avez déjà échangé à ce sujet ?

Évidemment. Je lui ai dit: « Les gens me fatiguent avec toi », il m’a répondu : «  T'inquiète pas, les gens me fatiguent aussi avec toi » (rires).

Tu gardes de bons souvenirs de ce film ?

C'est une bénédiction d’avoir joué dans ce film. Pour « Trois Zéros », on avait tourné au Camp des Loges,  on avait accès partout, on fouillait dans les placards. On voyait ce que les mecs bouffaient. Je me rappelle, ils bouffaient des trucs bizarres comme des ailerons de requin. Je disais : « Mais c’est quoi ça ? C’est pour courir plus vite ou quoi ? ». Un préparateur de la Juve était venu aussi, je fouillais, je regardais les cachets qu’ils prenaient pour être meilleur. En plus, c’était l’année de l’arrivée de Ronaldinho. On a vu ses premiers entraînements. C'était un phénomène. On a même tourné une scène avec lui. On a tourné au Parc des Princes, sur la pelouse, on l’a déchiquetée. Maintenant, va sur la pelouse, tu vas voir ce qu’il va t’arriver (rires). C’est impossible ! Le football a changé, comme on dit.

22 ans après, il y a une suite avec « Quatre Zéros », ne sort-il pas trop tard ?

Ça a son charme aussi, même 22 ans plus tard. C'est dur de produire un film comme ça. Fabien Onteniente donne tellement dans les films, il a besoin de moyens. C'est un grand enfant. Il aime tellement le foot, il aime tellement les comédies. Il est toujours à fond. Il faut lui donner les moyens et du temps. C'était un régal.

Quel est ton rôle dans ce nouveau film ?

Mon personnage, c'est une ancienne star du PSG qui a été en prison. Il a fait faillite à la suite de mauvais placements financiers avec sa famille. Maintenant, il essaie de s'en sortir. Il est pigiste sur La Chaîne L’Équipe, il a son petit générique. Il se prend encore pour une star. Il vit toujours sur ses illusions du passé, mais il reste attachant…

Beaucoup de joueurs vivent cette situation : la gloire puis les galères financières…

C'est la vie. C'est ce qui est beau aussi. C’est bien de montrer que tu es toujours là, toujours marcher la tête haute. Un proverbe arabe dit : « Ton estomac n'est pas fait de vert, ils ne savent pas ce que tu as dans le ventre ». Il faut toujours lever la tête et toujours rester fier. Ils ne savent pas si tu as mangé à midi ou pas. Ce n'est pas leur problème.

Le métier d’agent a également évolué dans le film…

Le foot est à l'image de notre société. On montre le foot business, mais aussi le charme du foot, avec le football féminin. Avec le personnage de Shym, on montre qu’une femme peut s’imposer avec ses armes dans ce monde de machos. Il y a plein d’agents femme dans le football actuel. On montre également la réalité du football amateur avec Isabelle Nanty. Voilà la beauté des films de Fabien Onteniente, il y a toujours plusieurs couches dans ses scénarios : la satire, la comédie, et derrière, les petites vannes et les rires,  il y a un truc très social et très dramatique.

Penses-tu qu’il y aura un « Cinq Zéros » ?

Bien sûr. Il faut ! Je vais embêter Fabien pour ça. Il est obligé de faire « Cinq Zéros ».

Quel serait ton rôle ?

Bonne question. Cette fois-ci, je serai agent, ou directeur de la prison.

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