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·24 December 2025

Jude Bellingham, le faux problème d'un joueur victime de sa propre excellence

Article image:Jude Bellingham, le faux problème d'un joueur victime de sa propre excellence

Jude Bellingham se retrouve aujourd'hui dans une situation paradoxale qui est le lot des très grands joueurs : même lorsqu'il est décisif, on en attend toujours plus de lui. Au lendemain de la victoire contre le Séville FC (2-0), où il a débloqué la situation d'une tête rageuse sur un service millimétré, les murmures au Santiago Bernabéu ne se sont pas totalement tus.

Le "problème" Bellingham, si tant est qu'il existe vraiment, n'est pas une question de niveau intrinsèque ou de talent pur, mais une question complexe d'utilisation tactique et de définition de rôle. Depuis l'arrivée de Kylian Mbappé et la prise de fonction de Xabi Alonso, Jude Bellingham a dû réinventer totalement son football. Il est passé du statut de "buteur providentiel" (comme lors de sa première saison record à 23 buts) à celui de "moteur total" du milieu de terrain.


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Ce changement de paradigme a pu donner l'impression d'une baisse d'influence statistique, alors qu'il s'agit en réalité d'une mutation nécessaire pour l'équilibre précaire de l'équipe.

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Jude Bellingham face au défi du nouveau système

Il faut analyser froidement la tactique pour comprendre. Sous Carlo Ancelotti, le système en losange était construit pour Jude Bellingham, faisant de lui le point final des actions. Sous Xabi Alonso, dans un système plus rigide positionnellement, Bellingham doit couvrir plus de terrain défensivement et toucher le ballon dans des zones beaucoup plus basses. Il est moins souvent à la réception des centres dans la surface, car il est souvent à l'origine du décalage initial ou au pressing pour récupérer le ballon haut.

Cette position plus reculée, souvent en tant que relayeur gauche ou dans un double pivot hybride, l'éloigne mécaniquement de la "zone de vérité" où il avait brillé par le passé. Pourtant, dire que Jude Bellingham est moins influent serait une erreur d'analyse grossière : il touche plus de ballons (environ 80 par match ces dernières semaines), mais ce sont des ballons de construction. Il est devenu le lien indispensable entre la défense et l'attaque, sacrifiant sa gloire personnelle pour que le système fonctionne.

Ce sacrifice est physique autant que mental. Les cartes thermiques de ses derniers matchs montrent une activité incessante sur tout le front gauche, compensant souvent les montées des latéraux ou les espaces laissés par les attaquants. Xabi Alonso lui demande d'être partout, et Bellingham s'exécute, même si cela émousse sa lucidité dans le dernier geste.

L'équation complexe avec Arda Güler

L'autre volet de ce "cas" tactique concerne sa relation technique naissante et parfois complexe avec le prodige turc, Arda Güler. L'émergence de Güler, que Xabi Alonso utilise de plus en plus pour apporter de la créativité face aux blocs bas, a posé la question de la compatibilité spatiale entre les deux hommes. Sur le papier, les deux joueurs affectionnent les mêmes zones : l'interligne, ce demi-espace gauche ou central où ils peuvent se retourner et attaquer la défense.

Lors des séquences où ils ont évolué ensemble, notamment lors des matchs de rotation, on a parfois senti un embouteillage, les deux cherchant le ballon au même endroit. Cependant, les derniers matchs ont montré les prémices d'une complémentarité redoutable, à condition que la hiérarchie soit claire. Quand Güler joue, Bellingham doit accepter de jouer plus bas, dans un rôle de "box-to-box" pur, laissant la baguette de la création immédiate au Turc.

Cette répartition des tâches permet au Real Madrid d'avoir deux créateurs sur le terrain, mais demande à l'Anglais un sacrifice physique encore plus important. Il doit être le garde du corps de Güler, compensant ses montées et assurant l'équilibre à la perte du ballon. On l'a entrevu par séquences lumineuses : Arda Güler fixe la défense par ses dribbles, Bellingham perfore par ses appels tranchants.

Si Xabi Alonso parvient à huiler ce mécanisme, le Real tiendra un duo aussi créatif que puissant pour la Ligue des Champions.

Des statistiques récentes qui font taire les critiques

Enfin, il est urgent de remettre l'église au milieu du village concernant l'apport concret de l'ancien joueur de Dortmund. On parle d'un "problème" Bellingham alors que ses performances récentes sont celles d'un leader technique absolu qui porte l'équipe à bout de bras quand les vents sont contraires.

Regardons les faits de cette semaine "critique" : face au Deportivo Alavés, dans un match bourbier où l'équipe souffrait mille maux pour créer du danger, c'est lui qui a délivré la passe décisive pour l'ouverture du score. Une ouverture qui a transpercé deux lignes adverses, preuve que sa vision reste intacte.

Contre Séville ce samedi, c'est encore lui qui surgit pour sauver les meubles. Alors que le match était verrouillé par le système défensif de Matias Almeyda, il a fait parler sa puissance athlétique pour marquer d'une tête imparable, rappelant qu'il reste une menace aérienne de premier plan sur coup de pied arrêté ou centre. Et que dire de sa prestation référence face à Manchester City plus tôt ?

Dans un match d'une intensité folle, il a été l'un des joueurs ayant parcouru le plus de distance, harcelant Cherki et Bernardo Silva sans relâche pour empêcher la relance des Citizens. C'est là que réside le malentendu : on juge Bellingham sur ses stats de buteur de l'an passé, alors qu'il réalise des performances de milieu de terrain complet de classe mondiale. Il colmate les brèches, assure la transition vers Mbappé et Vinícius, et trouve encore le moyen d'être décisif.

Le "problème" n'est pas Bellingham. Le problème, c'est peut-être que l'équipe est devenue tellement dépendante de son volume de jeu qu'on remarque le moindre signe de fatigue humaine chez lui. Car oui, Jude est fatigué, jouant avec des bandages visibles, mais il reste le cœur battant de ce Real Madrid.

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