L’Amiens SC rattrapé par la suffisance et ses insuffisances à Annecy ? | OneFootball

Au lendemain de l’émission la Tribune, animée par Mathieu Dubrulle sur les antennes de France Bleu Picardie, Le11amiénois vous (re)plonge dans le débat autour de la défaite de l’Amiens SC à Annecy.

L’Amiens SC a souffert face à l’intensité d’Annecy

Quinze jours après une solide prestation contre Lorient, avec à la clé une victoire de prestige contre un prétendant à la montée, l’Amiens SC s’est écroulé à Annecy, passant littéralement à côté de son match. La faute à un manque de détermination selon Romuald Lemaire, l’ancien attaquant de Longueau.

« On n’a pas été conquérant, on n’a pas été dans la bagarre. On savait très bien qu’on allait se faire rentrer dedans dès le début du match, avec un pressing haut, beaucoup d’intensité dans les duels. Et on s’est entêté à jouer, à essayer de retirer au pied au lieu de sauter une ligne, sachant qu’il y avait (Frank) Boya et (Andy) Carroll devant et qu’il y avait possibilité de prendre appui sur eux et de trouver des espaces dans le dos des défenseurs. Au final, il n’y a jamais eu de répondant dans le défi physique.«

Une défaite qui résulte tout simplement d’un manque d’envie pour Pascal Manteau, l’entraîneur de Chaulnes. « Cela avait bien commencé et Amiens a littéralement sombré au bout de 10 minutes. L’envie d’avoir envie n’était pas là, en plus d’erreurs techniques assez incroyables. » « Le football, ce n’est pas toujours une question d’envie, tempère Antoine Caux, animateur des soirées sport sur France Bleu Picardie. Il y a aussi une réalité technique. Tout le monde voyait Amiens favori de ce match et finalement pas du tout. C’est d’autant plus gênant qu’il n’y a pas de noms ronflants à Annecy. C’est fâcheux qu’Amiens ait subi la loi de cette équipe.«

Un manque de lucidité des joueurs et du coach

Une fois ce constat établi, c’est une autre faille de l’Amiens SC sur ce match qui a particulièrement agacé Romain Pechon, consultant pour France Bleu Picardie : « Se faire bouger à Annecy, on s’y attendait tous, c’est la manière de jouer de cette équipe. Amiens avait le sentiment de pouvoir y répondre sur le plan technique. Et il y a eu un entêtement pendant tout le match, alors que la qualité pour ressortir de derrière n’était pas présente sur ce match. Il y a eu plusieurs sorties de balles où Amiens, qui était déjà en difficulté, pressé, contenu dans son camp, a pris trop de risques et favorisé le plan de jeu de son adversaire. On a également retrouvé cet entêtement dans les discours d’après-match, où les acteurs ont tenté de relativiser l’ampleur de la défaite, parlant même d’adversaire à sa portée. Comme si Amiens n’était pas capable d’assumer le fait d’être totalement passé à travers.«

La faute aussi à un projet de jeu qui n’a pas vraiment été compris par les observateurs et supporters. « Mettre Boya pointe haute du milieu à trois… A la rigueur, tu le mets pointe basse, pour essayer de gagner des duels », juge Romuald Lemaire. Dans un vrai milieu à trois, il aurait pu permettre à Amiens de répondre au défi physique dans le coeur du jeu, pour répondre à l’intensité proposée par Annecy. Là, aussi haut sur le terrain et sans jamais allonger le jeu, il n’a pas servi à grand-chose, abonde Romain Pechon. Sur ce match, il était nécessaire d’avoir l’intelligence de laisser passer l’orage, d’accepter de renier ses principes pendant quelques minutes pour retourner dans le camp adverse et se sortir de la pression.«

Un mal assez profond ?

De quoi penser qu’Amiens se croit un peu plus beau qu’il ne l’est, notamment face à des adversaires moins réputés du championnat ? « En partie. Il y a un manque de culture du haut niveau dans ce club au quotidien. La motivation est naturellement là contre les gros morceaux du championnat et on laisse la pression retomber par la suite, poursuit Romain Pechon. Hormis Omar Daf, qui incarne un pouvoir ou une autorité au quotidien dans ce club ? Et ça ne vient pas du directeur sportif ou du président, qui ne sont pas présents. Il y a une vacance du pouvoir qui favorise cela, sans même parler d’un déficit de leadership au sein du groupe, tout simplement parce qu’Amiens ne recrute jamais ce genre de profil de joueur. »

« Il manque effectivement 2-3 leaders capables de prendre le jeu à leur compte, d’insuffler l’état d’esprit au reste de l’équipe, constate Romuald Lemaire. Ce groupe n’a-t-il pas aussi été rattrapé par une forme de suffisance ? En mode tu gagnes contre Lorient et derrière tu te dis ça va passer facilement contre Annecy ? » Un problème récurrent depuis plusieurs saisons que ni les changements d’entraîneurs et de coaches n’ont permis de solutionner. Preuve que le mal est sans doute assez profond à l’Amiens SC et que la défaite à Annecy en est une preuve supplémentaire plutôt qu’un simple accident de parcours.

Le programme complet de l’émission :

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Crédits photo : Sandra Ruhaut/Icon Sport