FerveurLyonnaise
·6 March 2025
Le FCSB prépare un guet-apens, à l’OL de ne pas tomber dedans

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·6 March 2025
L’Olympique Lyonnais retrouve la Coupe d’Europe ce jeudi soir à 18h45. Les Gones se rendent dans la capitale roumaine, à Bucarest, pour le huitième de finale aller de la Ligue Europa contre le FCSB. Une équipe méconnue pour le peuple tricolore, mais qui possède tout de même une riche histoire et un glorieux passé. Ferveur Lyonnaise a contacté Alexandre Lazar, spécialiste du football roumain, pour en savoir plus sur ce coriace adversaire.
Un immense merci à Alex pour sa gentillesse et sa disponibilité (compte X ‘Foot Roumain’)
Salut Alex. Peux-tu te présenter quelques mots et nous présenter ton compte X
« Salut tout le monde. Alexandre Lazar, fondateur du média @FootRoumain sur X (ex-Twitter), journaliste chez SO FOOT, collaborateur de la Fédération roumaine de football et co-auteur du livre À l’ombre du Big Five, les nations perdues du football, aux éditions Amphora. J’ai créé le compte, il y a environ cinq ans avec l’envie de promouvoir le football roumain et la culture roumaine. Je possède la double nationalité franco-roumaine et je parle les deux langues. Via So Foot ou d’autres confrères, il m’arrive de travailler avec différents médias français pour faire découvrir un joueur ou même une équipe, comme dans cette interview. »
Tu suis de près le championnat roumain et le FSCB (prononciation Fétché Cébé ndlr), anciennement Steaua. Peux-tu nous raconter un peu l’histoire et la spécificité de ce club ?
« C’est le club historiquement le plus titré de Roumanie. Club fondé par l’armée roumaine et soutenu par le régime communiste durant la période noire. Une équipe qui a phagocyter pendant des années les trophées et le club a connu son apogée dans les années 80, avec la victoire en Coupe des clubs champions (ancêtre Ligue des champions) face au FC Barcelone. Club controversé au pays avec ses méthodes et son célèbre actionnaire et homme d’affaires, George Becali. En 2006, le Steaua a disputé une demi-finale en Coupe de l’UEFA contre Middlesbrough.
Suite à une décision devant les tribunaux, le club a été contraint de changer de statut et a perdu son nom historique, Steaua pour s’appeler désormais FCSB et laisser place à deux entités différentes. C’est une histoire très complexe et on considère que la LDC remportée en 86 appartient à l’histoire du Steaua et non le FCSB qui évolue et stationne en deuxième division roumaine et qui n’est pas autorisé à monter en première division. Pour parler poliment, c’est un beau bordel. Pour moi, le véritable club a sans doute perdu son âme à cause de cette histoire ‘politique’. Le vrai, club est-il mort ? C’est une question que l’on peut se poser. »
Quel est le niveau du championnat roumain ?
« Le FCSB est en tête d’un championnat avec un niveau de jeu moyen. La donne a changé : il y a beaucoup moins d’argent et d’investissements en Roumanie qu’en Turquie ou en Grèce. Il y a du potentiel et quelques projets intéressants, notamment ceux du Dinamo et du Rapid Bucarest. Il y a aussi de bons joueurs, des talents, comme on a pu le voir avec les belles performances de la sélection roumaine lors du dernier Euro 2024. »
Quel est le style de jeu prôné par le FCSB et son entraîneur Elías Charalámbous ?
« Le FCSB se bat avec ses armes. Il y a beaucoup de discipline tactique et une vraie cohésion d’équipe. L’aspect physique est primordial. Cette tradition date de plus de dix ans, grâce à un ancien préparateur physique (Thomas Neubert ndlr) de retour au club. On peut dire que c’est une équipe de gladiateurs, capable de tenir facilement 90 voire 120 minutes. Le FCSB mise beaucoup sur les longs ballons et un pressing intense, même si l’équipe doit faire face à de nombreuses absences sur cette double confrontation — ce qui n’est pas étonnant vu le nombre de matchs joués. À la fin de la saison, l’équipe devrait approcher les 64 matchs joués, ce qui est énorme à ce niveau. »
Quels sont les forces et faiblesses du FCSB et les joueurs à surveiller malgré les absences ?
« Il y a quelques individualités intéressantes, même si, comme je l’ai dit, il y a beaucoup de blessés. Darius Olaru, le capitaine habituel, et Daniel Birligea sont les deux gros dangers… Mais ils sont malheureusement forfaits pour l’aller et le retour. Les joueurs à surveiller seront donc Adrian Șut, milieu de terrain très bon de la tête et dangereux sur coups de pied arrêtés et qui fait aussi le lien entre la défense et l’attaque. En défense, Mihail Popescu réalise une très belle saison et il devraitêtre titulaire. À gauche, attention à Radunovic : un joueur méconnu, mais très complet, que vous allez sûrement découvrir et il est redoutable.
Enfin, il faudra surveiller Juri Cisotti, arrivé au mercato. Il joue en numéro 10 pour remplacer Olaru et s’est très vite adapté à l’équipe. Pour moi, c’est un joueur frisson. Dernier atout : le gardien Ștefan Târnovanu, 24 ans, en grande forme. Il est le troisième gardien de la sélection roumaine et a brillé en Coupe d’Europe. Grand (1,97 m), imposant, il prend de la place dans sa cage… Même si son positionnement peut parfois être douteux. »
Quel est l’avis des Roumains sur l’OL et ce tirage ?
« Les Roumains ne connaissent pas très bien l’OL. En France, l’OM et le PSG sont beaucoup plus médiatisés. Cela dit, certains se souviennent quand même du match de Ligue des champions entre l’OL et le Steaua il y a quelques années. Globalement, les Roumains abordent ce tirage avec sérénité. Ils y croient et sont surtout soulagés d’avoir évité Francfort, un club réputé pour sa rigueur typiquement allemande qui fait toujours un peu peur. En France, les clubs ont souvent tendance à sous-estimer les équipes moins connues, ce qui n’est pas du tout le cas en Allemagne.
Mais, honnêtement, avec toutes les blessures côté FCSB, je pense que ce sera très compliqué de passer. Personnellement, j’ai peu d’espoir. Quoi qu’il arrive, ce sera le match de l’année en termes de couverture médiatique en Roumanie. »
À quel genre de match peut-on s’attendre et quel est l’objectif du FCSB ?
« J’imagine un match très fermé, et je parierais même sur un 0-0. Difficile d’imaginer un beau spectacle. Je vois plutôt un combat physique, avec des contacts parfois à la limite du « bucheronnage ». Les Lyonnais risquent d’être surpris par l’intensité, mais il y aura peu d’occasions à cause des nombreuses absences côté FCSB. Le FCSB jouera pour la victoire, mais un match nul ne serait pas un mauvais résultat, histoire d’entretenir l’espoir. En Roumanie, les supporters croient vraiment à une victoire possible. Le FCSB a surpris tout le monde cette saison, donc attention à ne pas les prendre à la légère. Ils ont dépassé toutes les attentes et il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. »
À quelle ambiance peut-on s’attendre à l’Arena Națională de Bucarest ?
« Attendez-vous à une ambiance européenne avec un stade plein et près de 55 000 personnes derrière le FCSB. Ce n’est pas la meilleure et l’ambiance la plus intimidante de Roumanie loin de là, mais c’est une ambiance sympa et intense en Coupe d’Europe. Le kop ultra du virage nord répondra présent, c’est certain, et ils pousseront leurs joueurs à se surpasser. »
Concernant le match retour, penses-tu que le FCSB pourra compter sur des fans en nombre ?
« Comme je l’ai expliqué un peu plus tôt, je m’attends à un match retour très compliqué. En revanche, le parcage visiteurs au Groupama Stadium sera plein à craquer. Il faut dire qu’il existe une immense diaspora roumaine en Europe et en France, notamment à Paris, Marseille ou Lyon. Ce match, ce n’est pas seulement le FCSB qui joue, c’est la Roumanie entière qui est représentée, car le FCSB reste, malgré tout, le club vitrine du pays aujourd’hui, mais pas le plus populaire.
Bien sûr, les Roumains sont divisés sur leur soutien au FCSB, mais il y a toujours ce petit élan patriotique qui pousse beaucoup de gens à les encourager, par principe et par fierté nationale. D’ailleurs, il devrait y avoir pas mal de drapeaux de la Roumanie dans le parcage car c’est un peu peuple fier et patriote. Globalement, la relation entre les fans et les joueurs est plutôt bonne, donc le soutien sera massif, c’est une certitude. »
Interview exclusive Ferveur Lyonnaise ! Merci encore à notre ami et confrère Alex
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