Olympique-et-Lyonnais
·11 October 2025
OL : Mathys De Carvalho, celui qu’on n’attendait pas

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·11 October 2025
Au sein du club, on dit souvent de Khalis Merah qu’il est le plus fervent supporter de l’OL qui puisse exister. Dans cette catégorie, son compère Mathys De Carvalho se classe lui aussi très haut. Il faut dire que ce “Gone pur et dur”, comme le décrit son entourage, évolue sous les couleurs rhodaniennes depuis l’âge de cinq ans. Biberonné à Gerland puis au Groupama Stadium, il a suivi toutes les saisons de son équipe de cœur, avant d’en faire partie.
Le chemin vers le groupe professionnel fut tortueux, mais depuis cet été, il ne quitte plus l’effectif de Paolo Fonseca. “Ç'a toujours été sa passion et d'en être arrivé là aujourd'hui, c'est le fruit du travail. Je suis content que l’Olympique lyonnais ait gardé un joueur comme lui toutes ces années à l'Académie, nous confie un proche. Quand on était petits, il disait qu'il aimerait bien être à leur place. On regardait les matchs de Ligue Europa ou de Ligue des champions, il avait 7-8 ans.”
Et à présent, c’est lui qui a l’opportunité de vivre ces moments. Constamment convoqué sur les neuf premières sorties, il a disputé quatre rencontres, dont deux titularisations en Ligue Europa. Pourtant, peu auraient misé sur cette trajectoire aussi vite dans sa carrière. Car rappelons-le, il reprend d’abord avec la réserve le 7 juillet, sous les ordres de Gueïda Fofana. Mais parce qu’il manque du monde à l’étage au-dessus, il est appelé une semaine plus tard. Son “implication a fait la différence” et l’entrée face au Bayern Munich (2-1) “a joué”, estime-t-on dans son cercle pour expliquer la suite.
Mais rembobinons le film pour mieux connaître le garçon de 20 ans. Il faut déjà savoir que le football a très vite pris une place importante dans la vie du natif de Lyon. Mordu de ballon rond, Mathys De Carvalho voit son père agir bénévolement au sein de plusieurs clubs locaux. Lui, de son côté, franchit les étapes les unes après les autres, sans être le plus attendu de sa génération “Il évoluait en défense centrale avant d’entrer au centre de formation. Mais lui, contrairement à ce qui se fait d’habitude, est monté d’un cran, retrace Amaury Barlet, qui l’a dirigé chez les jeunes. Il a montré de très belles choses, suivant un parcours linéaire depuis les U16 alors qu’il n’était pas promis à ça les années précédentes.”
Effectivement, le déclic viendra à 16 ans, lorsque au cours d’une opposition en interne durant la période du Covid, il est appelé avec l’équipe au-dessus. Il est positionné dans l’entrejeu, et c’est la révélation. Il n’en bougera plus jamais. Dépeint comme “posé”, “charmant avec une excellente éducation” et “vif d’esprit”, il marque surtout ceux qui le fréquentent par sa “grande maturité”.
Un trait qui revient souvent dans les propos des personnes interrogées pour ce sujet. “Oui, il a vite été très mature pour son âge, que ce soit au foot, à l’école ou à la maison. Il aime l’idée de collectif, se donner pour les autres… Il a toujours eu cette mentalité de guerrier, appuie un membre de sa famille. C’est aussi un travailleur car parfois, certains ne croyaient pas en lui. On se demandait s’ils allaient le garder. Finalement, à chaque fois, il a prouvé qu’il pouvait avoir sa place de titulaire, même avec le capitanat la saison passée.”
U17, U19, National 3… Mathys De Carvalho finit toujours par s’imposer comme un titulaire, avec le brassard régulièrement. Tourné vers le collectif, il a “su ne pas s’affoler”, souligne Alexandre Dellal, préparateur physique qui le fréquente depuis plusieurs années, et qui, depuis deux ans, “l'accompagne durant les coupures, à l’intersaison”. Un travail personnel en complément de celui de l’OL qui, lui, “instaure une stratégie pour son développement individuel.”
Ancien pensionnaire du staff lyonnais de 2010 et 2012, il a suivi son évolution au fil des ans. Alors sa performance à Utrecht (2-0) pour sa première titularisation n’a pas étonné le technicien. “Ça ne me surprend pas qu’il ait tenu dans l’intensité, car il dispose de cette faculté à avoir un volume de course important. C’est sa marque de fabrique, insiste-t-il. Il est continuellement en mouvement, dans l’intervalle, ce qui lui permet d’économiser de l’énergie avec un bon placement. Forcément, si tu as cette habitude de travail au quotidien, tu peux tenir dans les matchs, voir être un peu au-dessus parfois en ayant plus de lucidité que les autres.”
S’il a “traversé des moments difficiles”, le néo-international portugais U20 a profité de ce parcours “complet” pour grandir à son rythme et se développer. “C’est un bosseur, capable de prendre sa décision très vite avec le ballon et qui sait jouer dans la verticalité. Il est très présent dans les duels, notamment aériens et défensifs, mais il peut également faire preuve de vice, détaille Amaury Barlet, désormais au CASCOL. Mathys a beaucoup bossé en réserve sur les derniers mois, et il plaît au staff de Paulo Fonseca.”
Effectivement, l’ancien coach de l’AC Milan a plusieurs fois vanté les mérites du milieu de terrain. Il l’a qualifié de “meilleur” élément de l’équipe après Utrecht. Avant d’en parler plus longuement en amont de la réception de Salzburg la semaine dernière (2-0). “Mathys a beaucoup progressé. Il est agressif défensivement, mais c’est aussi un jeune courageux, et j’aime beaucoup ça chez lui. C’est sa qualité principale. Pendant 90 minutes, il essaie de faire ce que nous demandons. C’est un joueur de qualité dans les petits espaces, qui prend de bonnes décisions rapidement. Il est peut-être celui qui a le plus progressé cette année, abonde le technicien de 52 ans. Il est totalement adapté à notre façon de jouer et il sera le futur de l’OL.”
Évidemment, il lui reste beaucoup de chemin à faire. On l’a par exemple vu perdre des ballons évitables face aux Autrichiens, des points qu’il peut gommer. Physiquement, il devra pareillement s’aguerrir. “Il est encore en post-formation, il est en plein développement. Je pense qu’il doit s’étoffer le haut du corps, gagner en densité, c’est quelque chose qu’il n’a pas encore fait, constate Alexandre Dellal. Tout cela reste du long terme. Mais il a déjà une capacité de travail et de compréhension qui est incroyable. Il intègre facilement les exercices demandés.”
En tout cas, l’Olympique lyonnais compte sur lui et veut l’intégrer, comme il le fait avec Khalis Merah. Si les discussions ont parfois été brouillées au printemps, le changement de représentant a permis d’accélérer la signature de son contrat professionnel. Désormais lié à son club formateur jusqu’en 2028, il ne lui reste plus qu’à montrer sur la durée qu’il a les armes pour s’y imposer. “Qu’il continue de grandir comme il le fait actuellement, qu’il réussisse, comme à chaque fois, à se mettre au niveau”, ajoute un membre de son entourage.
Pour cela, il peut s’appuyer sur Corentin Tolisso et Moussa Niakhaté, entre autres, qui “font office de grands frères”. Le tout au sein d’un vestiaire dans lequel il a été bien accueilli après avoir fait quelques entraînements avec les professionnels sur la fin de l’exercice 2024-2025. On rappellera qu'il était sur le banc lors de la réception de Manchester United en quarts de finale de Ligue Europa le 10 avril 2025 (2-2). Fan de tennis, sport qu’il lui arrive de pratiquer, Mathys De Carvalho vient de nous montrer une ébauche de son potentiel. À lui d’écrire la suite.