Olivier Létang : « Volé et spolié » par le passé, le LOSC a « pour obligation de vendre pour survivre » | OneFootball

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·12 September 2025

Olivier Létang : « Volé et spolié » par le passé, le LOSC a « pour obligation de vendre pour survivre »

Article image:Olivier Létang : « Volé et spolié » par le passé, le LOSC a « pour obligation de vendre pour survivre »

Parmi les clubs ressortant du mercato d’été avec la meilleure balance commerciale, le LOSC a encore dû réaliser des ventes pour maintenir un équilibre financier. Une stratégie imputable à la situation économique actuelle du football français, mais également à certains antécédents de l’ère Gérard Lopez selon Olivier Létang. Explications.

Quand on fait le bilan du mercato du LOSC, on constate qu’il y a eu plus de recettes que de dépenses. Comment l’expliquez-vous ?

Je ne vais pas faire un cours d’économie, mais vous connaissez la situation. Il y a cinq ans maintenant il y avait 420 millions de dettes, zéro en banque, zéro à recevoir sur les transferts. Si je reprends l’exemple d'(Victor) Osimhen, qui a été vendu, les sommes avaient été factorés. Vous demandez à une société de finances de vous donner de l’argent tout de suite. Nous, on a continué à payer toutes les traites de toute le monde. Par contre, plus rien ne rentrait dans le club.


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Vous avez tous vu la décision de justice qui est tombée hier (jeudi), qui est un très bon exemple. Le club a été volé, a été spolié. Je le redis. Il y a cinq ans je le disais déjà et on me racontait que ce n’était pas possible. Il y a encore des dossiers qui sont entre les mains de la justice, qui continue à investiguer dans un contexte difficile, avec des sommes qui sont parties à l’étranger. Sur le dossier d’hier, c’était super cocasse en fait. J’étais président de Rennes quand Benjamin (André) est parti. J’ai découvert en arrivant à Lille qu’un agent, dont j’ai même pas le numéro dans mon téléphone, je connais un petit peu de monde, avait été mandaté pour discuter et négocier avec moi. Remarquable.

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Bagu Blanco / Pressinphoto / Icon Sport

Cet agent qui a été condamné, et j’espère qu’il paiera les 800 000 euros au LOSC, c’est le même qui la veille de la signature du transfert d’Osimhen à Naples, a été mandaté par le LOSC la veille pour vendre le joueur et ainsi récupérer cinq millions. On a déjà nettoyé et sauvé le club, qui aurait dû mourir à 77 ans et qui vient de fêter ses 80 ans. On est désendetté depuis le mois d’octobre 2024. Néanmoins, compte tenu de ce qui se passe, entre l’an dernier, en jouant la Champions League, en ayant toujours de l’argent du fonds CVC, et avec les droits télé, on a perdu 120 millions de revenus par rapport à l’an dernier.

La société LOSC va retrouver des capitaux propres positifs au 1er juillet 2025 pour la première fois depuis 2014. Olivier Létang, président du LOSC

Quand on ouvre les portes du club le 1er juillet, il manque 80 millions. Ce n’est pas une volonté, mais pas une stratégie, c’est une obligation de vendre pour survivre. On doit vendre beaucoup plus que ce qu’on est en capacité d’investir. Néanmoins, comme je l’ai rappelé aux supporters mercredi, je suis là, on est là, pour performer. On veut gagner. On veut écrire l’histoire du club. C’est une notion technique, mais la société LOSC va retrouver des capitaux propres positifs au 1er juillet 2025 pour la première fois depuis 2014.

On est effectivement dans ce cadre-là, qui est un cadre très complexe. Le LOSC est aujourd’hui un modèle vertueux et totalement différent de ce qui se passe dans cette activité. On en est fiers, mais on est très vigilants de ce qui va se passer. L’année prochaine sera encore plus difficile que cette année pour les clubs français au niveau des droits télés. Il faut que tout le monde se prépare ça. Malgré cela, il faut continuer à performer en France et sur la scène européenne. C’est une sacrée gymnastique.

Le quotidien que vous décrivez semble harassant. De temps en temps, ne vous dites pas : « pour ma santé perso, je vais jeter l’éponge et j’arrête tout, je suis usé, je suis fatigué » ?

Est-ce que j’ai l’air d’être quelqu’un qui abandonne ? Si moi, j’abandonne tout en haut, vous imaginez ! Je vous ai dit que je m’étais donné une date de péremption parce qu’effectivement, c’est complexe, c’est dur, mais on en parlera peut-être plus tard ou pas. Ça n’intéresse personne. Ce qui intéresse c’est le LOSC et qu’on continue à rendre ce magnifique club plus fort et plus solide, qu’il soit à l’avenir encore plus performant, dans un environnement très complexe et compétitif et dans lequel ce qu’on fait aujourd’hui est plutôt remarquable.

S’il n’y a plus autant de droits télés autant qu’avant en Ligue 1, la qualification en Ligue des Champions devient-elle une obligation ?

Pour certains, oui. Pour nous, heureusement que non. C’est ma responsabilité, ça. On a la certitude d’être qualifié en Champions League ? C’est une question que je pose. Non. Vous vous rendez compte si je disais si on n’est pas qualifié en Champions League, on met la clé sous la porte ? Je serais un président qui ne serait vraiment pas très bon quand même. Heureusement qu’on n’a pas ça. On n’a pas joué de Coupe d’Europe il y a trois ans. Le club a continué à avancer. On a joué la Conférence Ligue, qui est peu rémunératrice. On a continué à avancer. On a joué l’Europa League.

On ne peut pas partir du principe que la Champions League amène des revenus récurrents au LOSC. Sinon, je mettrais le club en danger.Olivier Létang, président du LOSC.

L’an dernier, on a joué la Champions League, on aurait pu dire All-in. On ne se qualifie pas et, un an après, on est en grande difficulté. Ma responsabilité, c’est de prendre soin du club et de le rendre plus fort. On veut se qualifier pour la Champions League, c’est la plus belle des compétitions de clubs au monde pour moi. Economiquement, je ne vais pas dire que ce n’est pas important, mais on ne peut pas partir du principe que la Champions League amène des revenus récurrents au LOSC. Sinon, je mettrais le club en danger. Et mon rôle, c’est de le protéger.

Propos recueillis par Enzo PAILOT avec Romain PECHON

Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport

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