Le Petit Lillois
·25 July 2025
Portrait : Nathan Ngoy (LOSC) dans le Standard des grands défenseurs modernes

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·25 July 2025
Ce jeudi, le LOSC a officialisé l’arrivée de Nathan Ngoy, défenseur central belge de 22 ans. Entre promesses, espoirs et blessures, portrait de la cinquième recrue estivale lilloise.
L’hiver dernier, l’arrière-garde lilloise était ciblée par Bruno Genesio comme un secteur à renforcer, et, ce jeudi, le LOSC a offert au tacticien français l’une des pièces manquantes de son puzzle en la personne de Nathan Ngoy (22 ans). Le défenseur belge a paraphé un contrat de 4 ans, scellant un transfert estimé à 4,5 millions d’euros (bonus compris).
Né le 10 juin 2003 à Bruxelles, Nathan Ngoy se familiarise rapidement avec le ballon rond, comme il l’explique durant son entretien avec le média QU4TRE : « Ma passion pour le football est présente depuis tout petit. Je suis issu d’une famille de footeux, mon père y jouait, pas en professionnel, mais principalement pour s’amuser. » En 2003, alors âgé de 5 ans, il rejoint le FCM Brussels, aujourd’hui le RWD Molenbeek : « J’ai fait 3 ans là-bas, c’est là où j’ai pris de la graine, même si j’étais petit. C’était un bon endroit pour commencer. » Après un passage jugé formateur dans la capitale, il est temps, pour Nathan Ngoy, d’intégrer une institution à la hauteur de son talent. C’est ainsi qu’il rejoint le RSC Anderlecht, en 2011, malgré une tentative de dissuasion familiale : « Mon père ne voulait pas trop que j’y aille, je vous avoue que je ne me souviens plus trop pourquoi (rires), mais au final, j’y suis allé, car c’était proche de la maison et ça facilitait aussi les choses pour l’école. »
En 2019, après 7 ans chez les Mauves, Nathan Ngoy prend son envol, quitte la capitale et atterrit à Liège, au Standard. Alors âgé de 15 ans, c’est dubitatif qu’il rejoint les « Rouches » : « Au début, j’étais pas trop pour. Quand tu grandis à Bruxelles, t’as envie de rester chez toi avec tes amis. Mais mon agent et mon père m’ont dit que c’était la bonne étape pour progresser rapidement et intégrer l’équipe première. Aujourd’hui je les en remercie. » Seulement deux ans auront suffi pour que le souhait de son entourage devienne une réalité.
C’est ce que nous explique le gérant d’Au Coeur du Standard sur X : « Il a disputé son premier match professionnel en 2021, donc à seulement 17 ans. Il a toujours été considéré comme un talent. » Cette perception est partagée par Pascal Croughs, coordinateur ACFF et intervenant pour le média QU4TRE durant l’entretien avec le défenseur belge : « Lors de mon premier rapport en 2019, je concluais que c’était un joueur en devenir, on y est. Aujourd’hui, c’est un joueur d’avenir avec d’énormes qualités. »
« Il se reblesse coup sur coup. C’est la poisse »
Lors de la saison 2021-22, il commence à intégrer le groupe professionnel durablement, comme l’évoque Basile, 28 ans, rouche depuis plus de 20 ans : « Il commence la saison doucement avec seulement 7 minutes de temps de jeu sur les 7 premiers matchs. 8eme match contre… Anderlecht. Après une défaite contre Malines, notre bête noire, où il est titularisé, s’ensuit ensuite une quinzaine de matchs où il n’est pas dans l’effectif. » Le supporter liégeois poursuit en abordant la polyvalence dont a fait preuve le défenseur au début de sa carrière : « Il revient dans le groupe début février, où il sera replacé sur la droite de la défense, notre latéral droit étant blessé. »
L’exercice 2022-23 est synonyme de galères, des blessures répétées pour Nathan Ngoy, comme le précise le supporter de 28 ans : « Lors de la saison 2022-23, il joue le premier match en tant que défenseur droit, se blesse et loupe trois quarts des matchs. » Il enchaîne en insistant sur l’inconstance physique dont a fait preuve le Bruxellois : « Après sa blessure, il redevient titulaire en tant que défenseur central pendant 3 matchs et se reblessera coup sur coup au cours de la saison. Il ne rejouera plus avant 3 petites apparitions avant la fin de saison, une soixantaine de minutes en tout en fin de play-off… La poisse. »
C’est dans l’inconstance que Nathan Ngoy se montre régulier, puisqu’il oscille entre grandes performances et pépins physiques. Basile décrit cette irrégularité qui semble le poursuivre : « Il débute par 2 rencontres sur le banc avant d’enchaîner comme titulaire jusqu’en décembre. Malheureusement, il se blesse encore et est out jusqu’à la fin de la saison. » Le natif de Bruxelles maintient des performances en dents de scie lors de l’exercice suivant : « La saison dernière, il commence une nouvelle fois sur le banc, puis joue 2 matchs et demi et se reblesse. Il revient en fin de saison, vers la mi-mars, et parvient à disputer les play-offs au complet (10 matchs). »
Ainsi, le passage de Nathan Ngoy au Standard de Liège est au carrefour entre promesses, performances, blessures et déceptions. Auteur de 53 matchs en 4 saisons, il manque 70 matchs pour blessures, ce qui illustre une fiabilité incertaine. Malgré tout, le Bruxellois est parvenu à marquer les esprits au sein de la Cité ardente. Basile se souvient de son but dans le « clasico » belge : » Le moment marquant, c’est sans aucun doute son but contre Anderlecht. J’ai eu la chance d’être au stade ce jour-là. Après avoir été menés 2-0, nous sommes revenus à 2 partout. Puis, à la 61e, sur un centre repoussé par la défense anderlechtoise, Ngoy récupère la balle, enchaîne un contrôle de la poitrine dans les airs, le ballon rebondit… Et là, il envoie une reprise du droit directement en lucarne. Un but magnifique ! »
En se remémorant cet instant, le supporter liégeois revit les émotions comme s’il était au stade : « C’était sans doute le match le plus fou vécu à Liège depuis des années. L’ambiance au stade était incroyable. Rien que d’y repenser, j’en ai encore des frissons ! » Un moment inoubliable pour les supporters comme pour le principal intéressé qui raconte cette parenthèse enchantée au micro de QU4TRE : « C’est mon plus beau moment foot, largement. Ce premier but, je l’attendais depuis longtemps. Je vois que le ballon arrive sur moi, je ne me pose pas de questions, c’était à l’instinct. »
À l’été 2024, le défenseur central est très courtisé, notamment en Angleterre, du côté de Luton. Alors qu’un accord est trouvé entre les deux clubs à hauteur de 5 millions d’euros, la formation anglaise fait machine arrière. Un moment difficile à encaisser pour le Bruxellois : « Je vais être honnête, Luton me suivait depuis longtemps (décembre 2023). On a eu des discussions, ça devait se faire, au final ça ne s’est pas fait. J’étais très déçu au début, mais on avait un match qui arrivait directement avec le Standard, donc j’ai pas eu le temps de cogiter. » Il déclare avoir été accompagné par son entourage pour passer outre cette déception : « J’ai eu le soutien du coach, de mes coéquipiers et de ma famille. En deux jours c’était oublié, je n’y pensais plus. »
Cette fois-ci, c’est la bonne, puisque Nathan Ngoy s’est engagé au LOSC pour 4 ans, le liant au club jusqu’en juin 2029. Basile dresse un bilan positif de son passage en Rouche : « Il a laissé une excellente impression. C’est un très bon joueur, avec un énorme potentiel. » Il insiste sur l’impact de ses blessures dans sa progression : « Honnêtement, sans ses blessures à répétition, je suis convaincu qu’il serait aujourd’hui en équipe nationale… et capitaine du Standard. »
Belgo-congolais, Nathan Ngoy gravit les échelons un à un chez les Diablotins. U15, U16,U17 et U19, il compte près de 18 matchs au sein de ces différentes catégories. Néanmoins, il n’a pas encore franchi le cap des espoirs et encore moins celui de l’équipe première. Même si ce n’est pas encore arrivé, ça ne saurait tarder pour Pascal Croughs, qui insiste sur le fait que « c’est vraiment un garçon dans lequel on croit en équipe nationale. »
Malgré cette présence systématique dans les équipes nationales du plat pays, le défenseur affirme son indécision autour de sa future sélection. Lorsqu’est évoqué l’objectif de la Coupe du monde 2026, le Bruxellois rétorque : « Avec quel pays ? (rires) » Il poursuit simplement : « J’espère y être, mais le Congo reste une option. »
Le natif de Bruxelles marche aujourd’hui dans les pas d’un certain Thomas Meunier, attaquant devenu défenseur : « Au début, j’étais attaquant. On s’entrainait, on faisait des un contre un. Un jour, le coach des U13 avait vu que je défendais plutôt bien. On avait un tournoi le week-end même et, à ma grande surprise, j’étais tout derrière (rires). » Il évoque une transition compliquée : « Au départ, je n’aimais pas trop, je préférais rester devant, mais petit à petit je m’y suis fait. »
Cette formation offensive est une chance pour Pascal Croughs : « L’avantage que ces joueurs ont, c’est qu’ils voient le jeu vers l’avant ; Nathan, c’est l’un de ses points forts. Quand il peut sortir de zone, il le fait avec plaisir et le fait très bien, il s’infiltre dans les lignes. »
Cette habileté offensive lui permet d’avoir des qualités essentielles dans le football moderne, comme l’explique Basile : « Il est très à l’aise avec le ballon, je me souviens de certaines actions où il partait balle au pied de très loin, dribblait un ou deux joueurs, et se retrouvait presque dans la surface adverse. » C’est également dans cette lignée que s’inscrit le gérant du compte X Au Coeur du Standard : « Il est très bon offensivement, il lui arrive assez souvent de faire des longues courses tout seul et de dribbler plusieurs joueurs pour créer une occasion. Il dispose également d’une bonne relance surtout au niveau du jeu long. Cette année, il était notre meilleur défenseur central. »
Sa modernité, il la concentre également au travers d’autres qualités. En effet, Au Coeur du Standard insiste sur le fait que « sa plus grande qualité est de défendre en avançant. Par ailleurs, il est rapide et couvre bien les espaces, ce qui permet de jouer plus haut. » Nathan Ngoy se démarque également par sa » polyvalence. Il peut jouer à tous les postes de la défense, même si sa meilleure place est central droit. »
Malgré tout, l’inconstance provoquée par les pépins physiques est au cœur des questionnements et constitue son principal défaut selon les suiveurs du club de la cité ardente : « Gros problème : les blessures et je ne pense pas que ça ira spécialement mieux le reste de sa carrière parce que c’est assez régulier, malheureusement », déclare Au Coeur du Standard. Basile poursuit dans cette lignée en affirmant que « son principal point faible, malheureusement, c’est son corps. Il a du mal à enchaîner les matchs sans se blesser. Il a subi trois grosses blessures qui l’ont tenu éloigné des terrains pendant de longs mois. »
Face à cette récurrence dans l’inconstance, Nathan Ngoy a tenu à prendre les choses en main : « J’ai appris énormément, notamment dans l’hygiène de vie pour laquelle j’ai rencontré beaucoup de spécialistes. À Liège, beaucoup de kinés m’aident, je reste plus avec eux, je fais attention à ma récupération et je reste aussi plus souvent en salle. » De ces obstacles, le Bruxellois parvient à extirper une force mentale qui le caractérise aujourd’hui selon Basile : « Après chaque pépin, il est revenu au même niveau, voire meilleur. Mentalement, c’est très fort. »
Outre le rectangle vert, le bruxellois est également apprécié en dehors des terrains, c’est ce que nous confie le supporter de 28 ans : « C’est aussi un vrai leader. Il a déjà le charisme et la personnalité pour être capitaine. » L’aspect humain, tant apprécié par Olivier Létang, est également souligné par Pascal Croughs : « Il est très apprécié du staff, c’est un top joueur doté d’une top mentalité. »
Avec l’arrivée de Nathan Ngoy, le LOSC officialise une arrivée qui apportera profondeur et concurrence au sein de l’effectif de Bruno Genesio. Disposant de toutes les qualités du défenseur central moderne, il pourrait avoir un rôle important à jouer au cœur de la prochaine saison puisqu’il pourrait devenir le premier remplaçant de décembre à janvier, durant la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) à laquelle l’Algérie d’Aïssa Mandi participe.