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·28 December 2025

René Domingo, l'homme-record

Article image:René Domingo, l'homme-record

Cinq-cents-trente-trois. C’est un nombre qui sera toujours accolé à René Domingo. D’ailleurs, écrire son prénom lui aurait sans doute semblé incongru, lui que tout le monde surnommait « Bill » en raison de passion pour les westerns américains dans lesquels ce prénom était souvent utilisé. « L’homme-record » aurait également fait l’affaire puisque le natif de Sourcieux-les-Mines est à part dans l’histoire de l’ASSE : 533 matches disputés sous le maillot Vert, le seul qu’il n’ait jamais porté dans sa carrière, en-dehors du Bleu de l’Équipe de France. Personne n’a fait mieux pour le moment, et il sera sans doute difficile d’effacer un record qui vaut mille mots.

Le quartier du Soleil comme terrain de jeu

Domingo, c’est aussi une histoire qui témoigne de son époque. Le patronyme espagnol en dit déjà beaucoup : né dans le Rhône, le petit René vit dans une famille d’immigrés espagnols, venus peupler les villes ouvrières. Bien qu’habitant en Auvergne, le futur milieu de terrain devra son éclosion à un quartier populaire de la cité stéphanoise, le Soleil, coincé entre Châteaucreux et Montreynaud. Là, la communauté espagnole y est nombreuse et le football se pratique en nombre.


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René Domingo (en haut, troisième en partant de la gauche) et ses coéquipiers

C’est là que, pour un match de sélection juniors, Bill Domingo va se révéler. En 1949, une délégation du club menée par Ignace Tax, rallie même La Combelle, le village auvergnant où il réside. Le père, Jacky, est atteint de la Silicose, la maladie du mineur, qui touche les vaillants qui sont descendus au bout de la terre. René hésite, mais il finit par signer son premier contrat professionnel. Le 23 octobre de la même année, face au FC Sochaux, il dispute sa première rencontre en Vert. La première pierre du record est posée.

Le capitaine des premiers titres

Lui-même en conviendra : ses débuts ne sont pas fameux. Un doublé victorieux face au RC Lens, au tout début de l’année 1950, agira tout de même comme un détonateur. L’ASSE est alors exsangue et, avec le retour de Pierre Guichard aux commandes, doit s’en remettre au conseil municipal de Saint-Étienne, qui épongera les dettes.Un mouvement décisif puisque les fifties vont marquer les premiers succès stéphanois : le 3 juin 1955, le capitaine René Domingo soulève la Coupe Drago après avoir battu le CS Sedan à Paris (2-0) et, deux ans plus tard, cette jeune génération de talents conquiert le premier titre de champion de France. Avec, comme récompense, une première participation à la Coupe d’Europe des Clubs Champions face aux Glasgow Rangers.

Une blessure qui change tout

En 1962, malgré un succès en Coupe de France contre l’AS Nancy-Lorraine, la première dans son histoire, l’ASSE est reléguée en deuxième division. Une blessure vite guérie : dès l’année suivante, les Verts retrouvent l’élite. Mieux, tout en étant promu, ils remportent le titre en 1964. Une performance jamais égalée. Comme un symbole, cet exploit ne sera pas sans conséquence pour Domingo. Le 19 janvier 1964, au cours d’un match face à Valenciennes, le capitaine est victime d’une double fracture de la jambe.Opéré sur place, il joue ensuite de malchance. Durant le retour à Saint-Étienne, la fracture se déplace. Une deuxième opération est donc nécessaire, rendant une guérison complète peu probable. Il n’en faudra pas plus pour que « Bill » ne mette un terme à sa carrière, conclue sur une bonne note, celle du deuxième titre national remporté par les hommes de Jean Snella, revenu comme entraîneur principal après son départ en 1959.Roger Rocher vit alors ses premières années en tant que Président, lui dont le travail à la tête de l’Olympique de Saint-Étienne avait permis d’attirer l’œil de l’ASSE. Symbole du destin, l’homme à la pipe avait alors fusionné deux clubs amateurs pour créer l’OSE dont l’un situé… dans le quartier du soleil.

Quinze ans en Vert, 533 matches, les premières lignes du palmarès : voilà donc les états de fait que René Domingo laissa à la fin de sa carrière. Sans ce maudit match face au VAFC, le record aurait même pu être davantage inatteignable pour ses contemporains. Taiseux et humble, il ne s’en est jamais enorgueilli mais restera, pour toujours, un homme à part. Un homme-record.

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