Le Fussball
·17 de abril de 2025
DOSSIER – La chute du SV Sandhausen : de leader de 3.Liga à relégable

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·17 de abril de 2025
Le SV Sandhausen traverse une saison 2024-2025 dramatique. Avec l’ambition claire de retrouver rapidement la 2. Bundesliga, le club du Hardtwald a débuté fort, s’installant même en tête du championnat… avant de s’effondrer progressivement. En quelques mois, Sandhausen passe du rêve de montée à la peur de tomber en Regionalliga. Retour sur un effondrement sportif et institutionnel aussi brutal qu’inattendu.
Dès l’été 2023, après la relégation, Sandhausen affiche ses ambitions sans détour. Le président Jürgen Machmeier restructure profondément l’effectif, fait confiance à Sreto Ristić pour relancer la machine et veut frapper fort.
Les premiers mois donnent raison à cette stratégie. Sandhausen impose un football solide, structuré, pragmatique. Après 14 journées, le club occupe la tête du championnat avec 26 points et impressionne par sa rigueur défensive et sa capacité à être efficace dans les moments clés. Le 4-0 infligé à l’Alemannia Aachen en novembre envoie un message clair : le SVS est de retour parmi les favoris.
Crédit photo : Andreas Schlichter/Getty Images for DFB
À ce moment-là, la confiance est totale. Les supporters croient à une remontée express. Les dirigeants commencent à parler d’avenir en 2.Bundesliga. Pourtant, dans les coulisses, certains observateurs commencent déjà à évoquer un jeu peu spectaculaire, des victoires souvent tirées par les cheveux… et une équipe qui pourrait manquer de solutions en cas de pépin.
À partir de la 15e journée, tout s’effrite. Sandhausen, jusque-là si solide, devient fragile, fébrile, incapable de gérer les matchs. Le club encaisse des buts en fin de rencontre, perd des avantages au score, multiplie les erreurs de concentration.
Le scénario se répète semaine après semaine. Contre l’Erzgebirge Aue, Sandhausen mène trois fois… mais s’incline 4-6 dans un match totalement fou. Contre le Dynamo Dresden, même problème : une avance envolée. Face à Osnabrück, rebelote. L’équipe perd, même après avoir ouvert le score.
Crédit photo : Andreas Schlichter/Getty Images for DFB
La dynamique positive s’écroule, et la confiance avec elle. En seulement 12 matchs, le SVS ne ramène que 5 points. Le président limoge d’abord Matthias Imhof, le directeur sportif, puis finit par remercier Sreto Ristić quelques jours avant Noël, accablé par l’enchaînement des défaites.
Pour tenter de sauver la saison, Machmeier fait appel à une vieille connaissance : Kenan Kocak. Ancien coach du club, habitué aux contextes tendus, il semble l’homme de la situation.
Mais rien ne change. Sous ses ordres, Sandhausen continue de sombrer. Une seule victoire en 12 rencontres. Des prestations sans âme, sans révolte. La descente aux enfers continue inexorablement.
Crédit photo : Maja Hitij/Bongarts/Getty Images
Début avril, après une nouvelle défaite à domicile contre Verl (1-3), Kenan Kocak préfère démissionner. Sandhausen glisse alors à la 18e place, plongé en zone de relégation directe. L’urgence est absolue.
Le duo Gerhard Kleppinger – Dennis Diekmeier est nommé pour tenter un miracle sur les dernières journées. Un pari désespéré pour sauver ce qui peut encore l’être.
La malchance n’épargne pas Sandhausen non plus. Dès septembre, Nicolai Rehnen, gardien titulaire, se blesse gravement au genou. Remplacé par Timo Königsmann, le club semble tenir bon… jusqu’à ce que Königsmann, lui aussi, se rompe les ligaments croisés en décembre.
Sans autre choix, le SVS lance Dennis Gorka, 22 ans, inexpérimenté au niveau professionnel. La fébrilité dans les cages devient un problème majeur. Sandhausen encaisse des buts évitables, perd des matchs sur des erreurs grossières.
Mais ce n’est pas tout. Jonas Weik, pilier défensif, est victime d’une rupture des ligaments croisés en août. Richard Meier, prometteur milieu de terrain, se blesse sérieusement au genou en novembre. L’infirmerie se remplit, l’effectif s’épuise.
La défense, auparavant solide, se transforme en passoire. Sandhausen encaisse 56 buts en 33 journées, soit près de 1,7 but par match. Surtout, l’équipe craque dans les dernières minutes : 7 buts encaissés dans les arrêts de jeu, un chiffre catastrophique pour une équipe en quête de points.
Le SVS paie aussi ses propres erreurs de stratégie. Depuis deux saisons, le club multiplie les recrutements massifs : 18 joueurs en 2023, 13 en 2024, encore 6 en janvier 2025. À chaque mercato, l’effectif est bouleversé.
Résultat : pas d’ossature, pas d’automatismes, pas de cohésion. Chaque match ressemble à une improvisation. L’équipe change d’identité en permanence, incapable de construire une dynamique collective.
Crédit photo : Marco Büsselmann/HEIDELBERG24
Sur le banc, la valse des entraîneurs empire la situation. En moins de deux saisons, Sandhausen utilise quatre coachs différents. Machmeier reconnaît que virer Danny Galm si tôt fut une erreur, mais cela n’empêche pas le club de continuer à naviguer à vue.
Le mercato hivernal 2025, censé sauver la saison, n’apporte rien de concret. Les recrues expérimentées n’arrivent pas à changer le visage de l’équipe. La descente se poursuit.
Au-delà des faits de jeu, le mental du SVS explose en plein vol. Habituée à jouer les premiers rôles, l’équipe n’arrive pas à basculer en mode “lutte pour le maintien”.
Les signes de fébrilité se multiplient : erreurs de relance, paniques en fin de match, incapacité à tenir un score. Kenan Kocak, dépité, parle d’« offrandes » en défense.
Taylan Duman, lucide, admet que ce que son équipe montre “n’a rien à voir avec du football professionnel”. Les joueurs doutent, se crispent, perdent tout repère.
Machmeier en rajoute une couche, en parlant de « mauviettes » dans le vestiaire. Un coup de poing médiatique censé provoquer une révolte… mais qui fragilise un peu plus une équipe déjà au bord de la rupture psychologique.
Malgré tout, les supporters de Sandhausen restent fidèles. L’ambiance dans les tribunes est tendue, mais l’unité reste de mise. Le slogan “Zusammenhalten” devient le cri de ralliement d’un club qui refuse de lâcher.
Crédit photo : Andreas Schlichter/Getty Images for DFB
Machmeier, pourtant si ambitieux au départ, commence à préparer le terrain : « Si on descend, ce ne sera pas la fin du monde », souffle-t-il. Un changement de ton radical, révélateur de la gravité de la situation.
Les statistiques achèvent de dresser un tableau accablant. 32 points en 33 journées. 16 défaites. 56 buts encaissés pour seulement 45 marqués.
Sandhausen n’a gagné qu’un seul match depuis février. Le club a perdu 19 points après avoir mené au score. Il n’a quasiment plus mené à la pause depuis des mois. Le Hardtwald, autrefois forteresse, devient une terre de désillusions. Toutes les dynamiques sont au rouge. Et la 18e place occupe désormais la triste réalité du classement.
Ce qui devait être une saison de reconquête tourne au fiasco total. Le SVS symbolise aujourd’hui tout ce qu’un club ambitieux doit éviter : précipitation, instabilité, mauvaise gestion de crises et manque de cohésion.
La descente en Regionalliga semble proche. À moins d’un miracle dans les dernières journées, Sandhausen quittera le football professionnel Allemand.
Quoi qu’il arrive, cette saison 2024-2025 marquera durablement l’histoire du club. Comme l’exemple tragique d’une ambition mal maîtrisée, qui a transformé un leader d’automne en relégable quelques mois plus tard.
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Crédit photo : Christian Kaspar-Bartke/Getty Images for DFB