Stade Rennais Online
·24 de febrero de 2025
ENTRETIEN / Léo Rouillé : « J’ai besoin de passer par plusieurs étapes »

In partnership with
Yahoo sportsStade Rennais Online
·24 de febrero de 2025
Après 6 ans passés au centre de formation du Stade rennais, Léo Rouillé a vu son aventure s'arrêter en fin de saison dernière. Revenu dans ses Côtes d'Armor natales, le joueur (…)
Après 6 ans passés au centre de formation du Stade rennais, Léo Rouillé a vu son aventure s’arrêter en fin de saison dernière. Revenu dans ses Côtes d’Armor natales, le joueur de 21 ans s’est engagé avec le Stade Briochin, et se retrouve embarqué dans l’incroyable épopée de l’équipe bretonne qui défiera le Paris Saint-Germain mercredi, au Roazhon Park. SRO s’est entretenu longuement avec Rouillé, qui concilie désormais vie de joueur de N2, et vie d’étudiant en alternance. Entretien réalisé jeudi dernier, après l’entrainement… mais aussi après une réunion de boulot.
Est-ce que tu as regardé PSG - Brest (7-0), et comment on se prépare à jouer une telle équipe ?
J’ai regardé Real Madrid - Manchester City, mais je me suis fait le résumé et on a pu voir que c’était du lourd en face. Franchement, avec ce qu’il se passe en coupe de France, comme le coach nous le dit, on essaye de ne pas y penser et de se focaliser sur le championnat. On essaye de regarder le PSG forcément, c’est sûr que c’est impressionnant. On essaye de s’y préparer avec le moins de peur possible. On est arrivés là, ce n’est pas pour gâcher notre plaisir.
Avoir éliminé des équipes de Ligue 1, ça vous donne une confiance supplémentaire, ou le PSG c’est encore autre chose ?
Je pense que c’est complètement différent. On savait que quand on jouait à Fred-Aubert, tout était différent. C’est de la coupe, tout peut se passer. Sur notre terrain contre Le Havre et Annecy, on savait qu’on avait plus de chance que contre Nice et Paris. Si on faisait un très gros match, on avait de fortes chances de passer et c’est ce qu’on a réussi à faire. Mais en huitièmes de finale contre Nice, on a tout de suite senti la différence de niveau, individuellement et collectivement, contre un Top 5 de Ligue 1. On a réussi à passer avec un scénario incroyable. Là c’est complètement différent, on a passé tous ces tours au Fred-Aubert, et là on joue au Roazhon Park, sur une pelouse parfaite, des grands vestiaires, tout le contraire du Fred-Aubert. Là, Paris on va dire qu’il y a tout pour eux. ` C’est un désavantage de jouer au Roazhon Park ?
Non ! On ne pouvait plus jouer à Fred-Aubert, et nous les joueurs on voulait jouer au Roazhon Park. Moi formé au Stade rennais, et on a plein de joueurs sont fans du Stade rennais. Boubacar Diakhaby et Antoine Nugent sont formés au Stade rennais aussi. Ça sera un désavantage comme un avantage. Ce sera un meilleur terrain et on pourra proposer le meilleur jeu possible.
Quelle a été votre réaction au moment du tirage ?
Pour la plupart, fiers et contents car on joue la meilleure équipe de Ligue 1 et sûrement une des meilleures équipes européennes. Il y en a pas mal qui étaient mitigés, car ils voulaient plus de chances de continuer dans ce parcours. Pas mal voulaient taper l’AS Cannes à domicile. Moi, j’en avais aucune idée, arriver en quart de finale c’était déjà improbable pour moi. Le PSG ça rajoute forcément quelque chose. C’est magnifique.
Quelle est la plus grosse émotion de ce parcours pour toi ?
C’est le but contre Nice. On n’a pas connu des émotions devant un stade aussi plein, le scénario est incroyable. On perd 1-0 à la 88e, revenir à 1-1 déjà c’était exceptionnel, et là sorti de nulle part, Hugo Boudin qui met le doublé, c’était n’importe quoi. Absolument incroyable, vraiment.
Forcément un peu tous les jours. Hugo est un peu devenu la star de notre équipe, on le charrie énormément là-dessus.
« J’ai été déçu forcément, mais j’ai été soulagé »
On réalise cet entretien à la sortie d’une réunion de travail pour toi. Est-ce qu’on peut appeler ça une nouvelle vie ?
Franchement, oui. À Rennes j’ai continué mes études après le BAC (un diplôme en Gestionnaire d’Unités Commerciales, sur deux ans) mais c’était juste des cours et l’entrainement. Là je suis tous les jours au boulot sauf le vendredi où je suis en cours. J’ai un emploi du temps complètement différent, je commence tôt le matin, je termine à 11h30 et je file à l’entrainement, je mange ma petite barquette, je repars au boulot et je termine à 18h15. C’est un rythme de vie complètement différent, je rentre dans le monde du travail. Mais ça me convient très bien.
Comment on s’adapte à ça après une vie en centre de formation pendant 6 ans ?
C’est comme le foot. Au Stade rennais, le rythme de travail est assez conséquent. C’est 6 ans avec entrainement presque tous les jours, tu t’imprègnes de ça. Les premiers jours forcément c’est compliqué, il faut s’adapter, mais ensuite le rythme est pris.
Un petit coup de barre, mais je bois de l’eau et ça va bien (rires).
Comment as-tu su que ton aventure au Stade rennais allait s’arrêter ?
Au mois de mars, lors de la réunion avec Pierre-Emmanuel Bourdeau (alors coach de la réserve) et Denis Arnaud (directeur du centre de formation). Ils nous donnent leur décision et pourquoi. Je m’y attendais un peu, je n’étais plus trop avec les pros, et le but est d’être avec les pros. C’était une décision que je connaissais, je n’ai pas été vraiment surpris. C’était un peu un soulagement, je pouvais vraiment me consacrer à mon futur, mon prochain club, mes études.
Si c’est un soulagement, comment vis-tu la période précédant l’annonce de la décision, d’incertitude on imagine ? Quand as-tu compris que ça ne passerait pas ?
Je me doutais, mais je me disais « on ne sait jamais ». J’attendais ce moment pour être soulagé. On jouait pour être performant et monter avec les pros. Parfois on allait s’entrainer, parfois non. Parfois ça se passait très bien. J’étais mitigé. J’ai été déçu forcément, mais j’ai été soulagé. Les années d’avant, quand tu sais que tu as 3 ans de pré-formation devant toi, tu joues différemment. Tu joues pour progresser, évoluer. Moi je m’étais fait opérer mais j’avais réussi à signer stagiaire pro. Plus tu te rapproches, plus tu réfléchis. Parfois tu vas jouer avec les pros, parfois non. J’étais de plus en plus frustré. Je commençais à sentir qu’on ne me faisait pas confiance pour les pros. Donc au fil des semaines, c’est différent, je me doutais. Au début c’était de la frustration, puis de l’incertitude, et après un soulagement.
Comment as-tu vécu tes derniers moments au Stade rennais jusqu’en fin de saison ?
Je voulais profiter au maximum avec les gens que j’ai pu côtoyer pendant ces années, les gars de ma formation. J’ai fait 6 ans avec eux et du jour au lendemain je savais que je ne les verrai plus. Les coachs que j’ai pu côtoyer, les kinés et docteurs car j’ai eu pas mal d’opérations. C’était aussi pouvoir profiter de ces infrastructures car le centre de formation c’est vraiment des installations exceptionnelles. Sur le moment, on ne se rendait pas compte de la chance qu’on avait.
Qu’est-ce qui fait que ça n’a pas marché ?
(Il réfléchit) Je dirais que sur le moment venu, je n’avais pas le niveau pour jouer au haut niveau au Stade rennais. Je ne suis pas un joueur qui allait jouer directement en Ligue 1. J’ai besoin de passer par plusieurs étapes. Là je suis arrivé en National 2, et mon objectif est d’années en années gravir les échelons.
Avec expérience. Grappiller un maximum de matchs à mon niveau, puis viser plus haut. Être un joueur performant à son niveau au moment venu. Être un joueur fiable, collectif et apporter à mon équipe.
Tu estimes que tu n’as pas été décisif quand il le fallait ?
J’essaye d’être le plus constant possible. À Rennes, j’ai eu pas mal de périodes où je n’étais pas constant. Pour un joueur c’est hyper important. C’est ce que j’essaye de faire au Stade Briochin.
Estimes-tu que tu as tout fait pour passer pro au Stade rennais ?
Oui, franchement j’ai tout donné pour ce club. Après, mon attitude sur le terrain, parfois grincheux ou perfectionniste, ça m’a un peu pénalisé je pense. Mais à côté, j’ai tout fait pour réussir. Malheureusement, je sais que je ne suis pour l’instant pas un joueur de Ligue 1, et que je n’aurais pas réussi. C’était une marche trop haute pour moi. J’ai tout donné et je n’ai aucun regret au Stade rennais.
Quand on ne passe pas suite au centre de formation, est-ce qu’on regrette la vie de sacrifices vécue en centre ?
Franchement, pas du tout. Le football c’est ma passion. N’importe quel joueur aimerait être à ma place. On était 10-15 de ma génération, on a une chance incroyable. Je ne regrette jamais mon train de vie de footballeur. Être payé pour jouer au football c’est juste extraordinaire. On ne réalise pas la chance qu’on a en tant que joueur.
« Je rêvais de jouer au Roazhon Park avec le maillot du Stade rennais »
Que retiens-tu de tes années au Stade rennais ?
Du travail, énormément de travail, de la discipline. Du plaisir. Et du collectif, une famille. C’était vraiment un centre où on était là pour progresser, et même à côté on a appris. Sur le plan humain, je pense qu’on a tous évolué.
Quel est ton meilleur souvenir au Stade rennais ?
Le groupe professionnel que je fais contre Strasbourg (1er février 2023), avec Bruno Genesio. C’était une période plus que parfaite. Le match était le mercredi. Je fais le groupe avec deux gars de ma génération, Gabriel Tutu et Alan Do Marcolino. Le Roazhon Park, la victoire (3-0), franchement pour nous en tant que joueurs du centre de formation… Je n’y ai pas joué, peut-être que j’y jouerai mercredi, mais c’était incroyable, inoubliable.
C’est un regret de ne pas avoir joué en pro au SRFC ?
Oui forcément, je rêvais de jouer au Roazhon Park avec le maillot du Stade rennais. Mais c’est un souvenir inoubliable et j’en ai profité à fond.
Tu as joué avec Djaoui Cissé, aujourd’hui dans le onze. Est-ce une surprise pour toi de le voir là ?
(Rires) Non, pas du tout. Il fallait qu’il soit mis dans le bain, dans cette rotation. Je savais que Djaoui, n’importe quel niveau il se serait adapté. Ça ne m’étonne pas qu’il fasse de bonnes performances avec les professionnels, je suis content pour lui.
Pourquoi n’y est-il pas arrivé plus tôt, selon toi ?
Le contexte je pense. Plein de choses. Ça peut être le coach, peut-être qu’il arrivait à un moment où des joueurs étaient plus performants que lui, ou qu’il avait de mauvaises périodes. Peut-être qu’avec le nouveau coach, Habib Beye n’avait plus rien à perdre et a fait joué Djaoui. Il fallait juste le faire jouer, je savais qu’il avait ce niveau.
C’était peut-être plus évident que Jérémy Jacquet atteigne les pros plus vite ?
Oui je pense, Jérémy a eu de meilleures périodes, c’est un poste différent. Il est monté très vite, a été en équipe de France jeunes, ça a joué. Ensuite il a été prêté à Clermont et a vite montré son niveau et ça ne m’étonne pas, il a toujours été au-dessus des autres. Il a pris de l’expérience en Ligue 2 et ça a porté ses fruits.
Quels types de coéquipiers sont-ils ?
Djaoui est discret sur un terrain, c’est sa façon d’être. C’est un gars timide. Quand on le connait non, mais d’extérieur c’est un gars timide et réservé. Sur le terrain c’est un peu le cas sauf quand il a le ballon. Djaoui parle avec le ballon. Jérémy parle avec le ballon et la voix. Jérémy parlait beaucoup, c’est important et c’est pour ça qu’il avait le brassard dans les équipes jeunes. C’est un rôle important Jérémy dans une équipe.
Comment as-tu rebondi au Stade Briochin ?
J’y étais avant le Stade rennais, je connaissais un peu là-bas. Ils m’ont appelé et m’ont proposé de venir. Je connaissais pas mal de joueurs en National 2, j’ai pu être conseillé par le capitaine James Le Marer que j’ai eu en coach quand j’étais petit. Ça s’est très bien passé. Je voulais trouver un club avant la prépa pour bien la faire avec l’équipe.
Très bien, c’est un collectif avec des plus vieux, des plus jeunes. Moi en tant que jeune, je connaissais pas mal d’autres jeunes. Les anciens savent nous installer dans un groupe, l’adaptation a été parfaite.
C’était un plus, j’habite à Loudéac à côté, et j’ai des frères à Saint-Brieuc. Je pouvais continuer à voir la famille et je pense que c’est important en tant que joueur.
Oui, oui. Devenir pro à ma façon. On a l’exemple de Justin Bourgault (19 ans, ancien joueur du Stade Briochin), passé par Concarneau et qui est maintenant à Brest. Des carrières comme ça, passer de championnat en championnat. Mais l’objectif est toujours de passer professionnel.
Je ne me rends pas forcément compte. Je me dis que je vais jouer au Roazhon Park, mais pas vraiment. Le moment venu, la veille, je pense que ça va commencer à monter. Être parti du Stade rennais, et maintenant jouer au Roazhon Park contre le PSG, c’est juste incroyable. C’est ce que je voulais quand j’ai appris qu’on jouait contre le PSG.
En vivo