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·14 de octubre de 2025

EXCLU - Simon Ngapandouetnbu : « Il ne faut pas se voir trop beau »

Imagen del artículo:EXCLU - Simon Ngapandouetnbu : « Il ne faut pas se voir trop beau »

La Ligue 2 est un championnat qui recèle de nombreux talents. Chaque année, plusieurs pépites franchissent le cap et brillent dans l'élite. Tous les mois, Onze Mondial part à la découverte de ces cracks de l’ombre. Après 10 ans à l’Olympique de Marseille et un prêt au Nîmes Olympique en National, Simon Ngapandouetnbu lance (enfin) sa carrière professionnelle. Transféré au Montpellier Hérault Sport Club, le talentueux gardien de but réalise des débuts prometteurs. Pour Onze Mondial, l’international camerounais se confie sans langue de bois.


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Enfance

Comment s'est passée ton enfance ?

Je suis né au Cameroun, à Foumban. Je suis arrivé en France à l’âge de 7 ans. J’ai des souvenirs très lointains du Cameroun, j’étais vraiment petit. J’ai rejoint mon père qui vivait ici, ma mère était resté au pays, elle nous a rejoints plus tard. J’ai commencé le foot à l’âge de 10 ans à l’ASPTT Marseille, avant ça, je n’avais jamais joué au foot, ça ne me disait rien. Quand je suis venu en France, j’ai découvert ce sport à l’école, à force de jouer avec mes potes. Mon père m’avait déjà parlé de foot, mais ça ne m’intéressait pas. J'ai un demi-grand frère et quatre demi-sœurs. Mon père était grutier, ma mère travaillait à l’école avec les enfants, maintenant, elle est aide-soignante.

Tu te souviens de tes débuts dans le foot ?

J’ai commencé le foot après une détection à l’ASPTT Marseille. J’y suis allé un après-midi, juste pour découvrir et faire un entraînement. Ce jour-là, on était vraiment beaucoup, c’était comme une journée porte ouverte. J’ai commencé au poste d’attaquant, ce n’était pas trop ça. J’ai reculé, on m’a mis milieu de terrain, puis défenseur. Derrière, c’était passable mais compliqué quand même. Un jour, il manquait un gardien, le coach a dit : « Tout le monde va aller dans les buts, chacun son tour, qui veut commencer ? ». J’ai levé la main, et j’ai aimé ce poste. Il convenait bien à ma personnalité. À partir de là, je suis resté au poste de gardien. J’ai fait une saison et demi à l’ASPTT. Ensuite, j’ai rejoint l’ASMJ Blancarde.

Où vivais-tu à Marseille ?

Dès que je suis arrivée du Cameroun, j’ai rejoint mon père à Marseille. Au départ, on habitait au centre-ville. On a déménagé trois fois. J’ai commencé par le centre ville, j’y vivais avec mon père, ma demi-soeur et mon demi-frère. J’ai aussi vécu avec mon grand père dans les quartiers nord. Ensuite, j’ai rejoint le centre de formation de l’OM, et dans le même temps, mes parents vivaient en Suisse. Ils sont revenus à Marseille après la signature de mon contrat professionnel.

Tu étais comment à l’école ?

J’étais mauvais, je ne supportais pas l’école. J’étais avec les pros à l’OM, mais comme j’avais déjà commencé mon diplôme, je suis allé jusqu’à la fin de mon CAP commerce. Initialement, je faisais un bac pro, mais comme j’étais souvent absent à cause des entraînements et des voyages avec les pros, du coup, j’ai basculé en CAP. Ils m’ont dit : « Tu obtiens ton CAP et tu peux arrêter ».

As-tu une anecdote sur ton enfance ?

Je vais en raconter une avec mon père. Quand j'ai commencé le foot, il travaillait sur le chantier du renouvellement du Vélodrome. Pendant les travaux, il me voyait depuis la grue. Lui était en hauteur et le stade de l’ASPTT n’était pas loin. Mon père me déposait et puis il allait au travail. Et quand il a découvert que j’étais gardien de but, il n’en revenait pas. Les coachs lui ont dit : « Il faut lui acheter les équipements ». Il ne voulait pas au début, il voulait que je sois joueur de champ. Et surtout, les équipements coûtaient plus cher ! Et comme lui aussi a joué au foot, il aurait aimé que je sois milieu de terrain.

Formation

Comment l’OM t'a-t-il recruté ?

Je jouais à la Blancarde. Et là-bas, on avait fait une très bonne saison. On affrontait de belles équipes. Et à Marseille, il y a une compétition qui s’appelle le « Challenge Garau ». On avait été jusqu’en demi-finale. On avait aussi réussi un bon match amical face à Marseille. L’OM a convoqué cinq joueurs de notre équipe pour faire des détections. Et ma première détection s’est mal passée, il pleuvait, il faisait froid, j’étais trempé, je n’ai pas réussi un plongeon. Je n’ai rien fait, j’étais tétanisé. Je n’arrivais pas, j'avais froid, j’ai fait de la merde, clairement. Ils m’ont ensuite rappelé pour une autre détection, j’étais surpris. Par la suite, j’ai fait un tournoi avec eux à Nice, en fin de saison. On avait affronté plein d’équipes professionnelles, on l’avait remporté, j’avais été bon. Et j’ai rejoint l’OM à 12 ans.

Tu as directement intégré le centre de formation ?

Non, lors de ma première saison, comme j’habitais au centre ville et que mon père ne pouvait pas me déposer, le club m’a mis un chauffeur à disposition. Il me récupérait à l’école et m’amenait à l’entraînement. Ensuite, je suis passé au centre de pré-formation. Je l'ai intégré avec un an d’avance, car je n’arrivais pas à gérer l’école et le foot, les trajets étaient fatiguants. En plus, je n’aimais pas l’école, j’avais lâché, j’avais de mauvaises notes. Le club a immédiatement réagi en me proposant une solution pour m’aider à ce niveau. Je me suis retrouvé avec les joueurs nés en 2002, Yassine Benhattab, Isaac Lihadji et d’autres, nous étions au collège des Caillols.

Comment as-tu vécu ta formation à l’OM ?

Je l'ai très bien vécue. J’avais de bons accompagnateurs. Tout est allé vite pour moi. Je suis passé de rien du tout à plus de considération au club. Je n’ai pas compris ce changement soudain. J’avais surtout la confiance d'Andoni Zubizarreta à l’époque. Après mon tournoi à Montaigu en U16, et la saison suivante, on m’a convié pour le stage avec l’équipe professionnelle. Pourtant, il y avait d’autres gardiens devant moi, du coup, j’étais un peu surpris. J’ai intégré le groupe pro à l’âge de 16 ans.

Comment as-tu vécu la concurrence ? Surtout à ton poste…

À ce moment-là, il n’y avait pas de concurrence. Il y avait Steve Mandanda, personne ne pouvait le titiller, j’étais fan de lui. Petit, j’allais le regarder au Vélodrome et j’étais un admirateur. J’ai vécu des moments incroyable à ses côtés. Je ne l’ai jamais vu comme un concurrent, c’était déjà beau de m’entraîner avec lui.

Et durant la formation ?

En jeune, je ne voyais pas la concurrence, je jouais simplement pour le plaisir. Et je faisais le maximum. Mes coachs me poussaient, j’avais besoin de ça. Si on ne me poussait pas, je ne pouvais pas me montrer. J’avais besoin qu’on me pique, qu’on me pousse pour me réveiller un peu. Je pouvais être à la ramasse par moments. À l’OM, j’étais régulièrement surclassé, je m’entraînais avec les équipes au-dessus. Mes coachs m'ont même dit : « On a été obligés de recruter un gardien, car si on te laissait seul, tu ne faisais pas les efforts, tu ne bossais pas ». Mais je ne le prenais pas mal, je voyais tout ça comme du plaisir.

À ton époque, le centre de formation de l’OM n’était pas réputé. N’était-ce pas compliqué pour toi ?

Pour moi, non, parce que j'étais de Marseille. C’était la logique. En plus de ça, je ne pensais même pas à devenir professionnel. Je voulais simplement m’amuser. Si j’y arrivais, tant mieux, sinon, ce n’était pas grave. Et avec le temps, j’ai vu les opportunités et j’ai surtout compris que si je ne devenais pas footballeur, ça pouvait être compliqué pour moi. À partir de là, j’ai compris les choses et je me suis dit : « J’ai un coup à jouer ».

OM

Tu as effectué plusieurs saisons avec les pros à l’OM, que retiens-tu de ces années ?

Oui, j’ai passé six saisons avec les pros. Ma chance, c’est que j’ai connu des coachs de gardiens différents. Du coup, j’ai pu apprendre de tous. C’est ma vraie chance. Surtout que les méthodes ne sont pas toutes les mêmes. Je me suis entraîné avec un Espagnol, un Italien, un Néerlandais, des Français. Et ils m’ont tous apporté des choses différentes. Je me suis nourri de tout le monde. Et surtout, j’avais des gradins d’expérience autour de moi : Steve Mandanda, Yohann Pelé, Ruben Blanco, des bons gars. Dans le foot, on parle beaucoup de concurrence, mais il faut aussi saluer les bonnes personnes. Ils m’ont aidé dans ma progression. Ils m’ont bien conseillé. Quand ça n’allait pas, ils le sentaient directement, ils étaient à l’écoute et là pour moi. Au niveau collectif, on a fait de belles choses, j’ai découvert plein de choses. Il y avait d’autres jeunes avec moi, on vivait le truc à fond. Je m’entraînais avec des mecs que je regardais à la télé, c’était énorme. Durant mes six premiers mois, je vivais une rêve éveillé tellement c’était choquant. J’allais à l’école, ensuite, je m’entraînais avec les pros. Mes camarades me posaient plein de questions pendant les cours, ils cherchaient à savoir, tout ça. C’était ouf.

Tu étais le jeune gardien, le cobaye à l’entraînement.

C’est exactement ça. Je me suis bien fait allumer, beaucoup de joueurs m’ont choqué, il y en a trop. Mais durant ma première saison, Payet, incroyable, Bouba Kamara, incroyable… (il coupe). Eh mais, Grégory Sertic, c’est un truc de malade. Je le trouve trop fort. J’ai une image de lui incroyable. Techniquement, c’était vraiment fort, vraiment propre. Je le voyais au quotidien. Je me prenais des pétards, Payet n’est pas à présenter à ce niveau. Mais la puissance de frappe de Bouba Kamara et de Sertic, c’est quelque chose ! Je crois que c'est le truc qui m'a le plus choqué.

Tu as passé six saisons à l’OM avec les pros et tu n’as pas joué une seule minute avec les professionnels. N’as-tu pas des regrets ?

Je n’ai pas de regrets, je suis croyant, je remets tout à Dieu. Si je n’ai pas eu de chance là, ça veut surement dire que ce n'était pas le bon moment. Ce n’était pas mon moment. Chaque chose en son temps. Aujourd'hui, je suis encore plus heureux parce que je commence ma carrière. Et ça me fait plaisir. C'est vrai que j'aurais kiffé goûter à la pelouse du Stade Véodrome et porter ce maillot en match officiel avec l’Olympique de Marseille. Je suis un petit de Marseille. J’aurais kiffé parce que je suis un fan de Marseille. J'ai été formé là-bas. J’ai joué plein de saisons là-bas avec les pros, j’ai vu plein de gens passer, je me suis dit : « Et pourquoi pas moi ? ». Mais bon… C’est le foot.

L’OM est réputé pour être un club sulfureux. Tu as dû en voir de toutes les couleurs, non ?

Une saison à Marseille correspond à 10 ans dans un autre club. Marseille, c'est beau comme c’est fou, comme c'est tout. À Marseille, tu trouves de tout. Il n’y a pas de juste milieu. Quand tu es fort, on te met au niveau de Messi, de Ronaldo…  Mais quand t'es nul, on te met sous terre. À Marseille, les supporters sont fous, il y a trop d’engouement, c’est un truc de malade. C’est choquant.

Même si tu étais troisième puis deuxième gardien, tu devais être ultra-sollicité.

Grave ! Parfois, je me disais : « C’est la folie autour de moi alors que je ne joue même pas, imagine si je joue ? ». Cette folie, je l’ai connue dès mes débuts avec Bouba Kamara. Après l’un de mes premiers groupes avec l’équipe pro, comme je dormais encore au centre de formation, Bouba Kamara m’a raccompagné après un match. Avant de me déposer, on est passés au McDo pour prendre à manger. On est sortis de la voiture, on est rentrés dans le McDo… et là, tous les regards se sont posés sur nous. C’était un truc de ouf, je me sentais trop frais (rires). Et en plus, il y avait des gens de mon collège sur place, ils me regardaient tous en mode : « Waaaaouh » (sourire).

Nîmes

Tu as été prêté la saison dernière au Nîmes Olympique, dans un club en perdition, ça devait être folklorique…

À Nîmes, c'était compliqué. Quand tu passes de Marseille à Nîmes, tu retrouves directement la réalité. Tu vois la vraie réalité du ballon. Quand tu es à Marseille et que tu ne joues pas, tu peux être agacé ou te plaindre. En réalité, on est dans un monde parallèle à Marseille. Ce que j’ai vécu à Nîmes, c’est le football, dans 70% des clubs, ça se passe comme ça. C’est le monde du foot qui est comme ça. Les clubs comme Marseille, avec les supporters, les infrastructures, l’engouement, tout ça, ça n’existe quasiment pas. À Nîmes, tu sentais que le club était presque abandonné. Il y avait des personnes qui essayaient de faire vivre le club, mais c’était vraiment compliqué. J'ai vécu des trucs choquants là-bas. À Marseille, on est des chanceux, on a tout à notre disposition pour performer. Mais quand t'arrives dans un club comme Nîmes, tu es livré à toi-même. Tu dois te prendre en main et faire les choses, sinon, tu es cuit.

Tu retiens quoi de cette saison en National ?

Je retiens qu’il ne faut pas se voir trop beau, car tu peux vite redescendre et te retrouver au plus bas. Je retiens qu’il faut aimer le foot, sinon, tu ne peux pas réussir. Quand on me parle de Nîmes, je suis encore sous le choc. J’ai vécu une saison de malade. Les gens ne peuvent pas comprendre. C’est bien, j’ai pris conscience de plein de choses. Il faut que je travaille pour ne plus jamais redescendre à ce niveau-là. On faisait des trajets de 10 heures lors de certains déplacements. Parfois, on enchaînait train puis bus, c’était incroyable. Le positif dans tout ça, c’est que j’ai pu jouer, j’ai pu prendre du plaisir, j’ai pu voir à quoi ressemble le monde du football en dehors de Marseille.

Montpellier

Que s’est-il passé cet été ?

Je suis revenu à l’OM et je m’entraînas avec le groupe Pro 2.

Montpellier a mis du temps à se présenter, tu n’as pas stressé ?

J'avais confiance en mes agents à 100%. Surtout, la chance que j'ai, c'est que je travaille avec des personnes qui ne me mentent pas. Déjà, je suis en confiance avec eux, ensuite, ils ne m'ont jamais menti. Quand ils m'appelaient, ils me disaient : « C’est dur ». Je comprenais. Quand ils me rappelaient et ils me disaient : « Maintenant, il y a ça, mais il faut faire ci », je comprenais aussi. Ils m'ont toujours dit : « Dans le foot, il faut être patient, on peut aller vers les clubs, mais si demain, ils ne reviennent pas vers nous, on ne peut pas forcer les choses ». Et la chance que j'ai eue avec Montpellier, c'est que j'ai été patient. Ils ont été patients aussi. La négociation avec Marseille n’a pas été simple, mais mes agents ont été très bons avec Marseille, ils ont su débloquer les portes. Initialement, je devais être prêté, mais Montpellier souhaitait acheter définitivement un gardien. Ça me convenait.

Tu as enfin fait tes premiers pas en professionnel avec Montpellier…

J’ai disputé mon premier match pro face au Mans. Ça m'a fait bizarre. L’an dernier en National, on m’a dit : « Tu as joué ton premier match en pro ». Mais au fond de moi, je savais que ce n’était pas pro. J’ai attendu sept ans pour faire mon premier match pro, c’est fou. Parfois, je me dis : « Est-ce une bonne chose d’être rapidement avec les pros ? », car tu sais, les trajectoires ne sont pas les mêmes. En équipe de France de jeunes, la plupart des joueurs évoluaient dans des clubs Ligue 2, il n’y avait pas beaucoup de joueurs dans des clubs de Ligue 1. Mais ceux qui étaient en Ligue 2, ils avaient tous du temps de jeu. Et parfois, je me disais : « En Ligue 2, ils lancent plus facilement les jeunes ». Donc tout ça, ça ne veut rien dire.

Qu’attends-tu de Montpellier ?

J’ai envie d’enchaîner les matchs. J’ai envie de performer pour l’équipe. Je vais tout faire pour remettre le club à sa place. Je dois rendre les choses. On a fait des choses pour moi. Maintenant, je dois assumer et faire. Je veux rendre fiers ceux qui ont misé sur moi, je me dois de les remercier. Je dois leur montrer qu’ils ont fait le bon choix en me recrutant.

Zoumana Camara est comment ?

C'est un très bon coach. Il débute aussi sa carrière d’entraîneur principal dans le monde professionnel. Il a fini la saison dernière avec Montpellier et il enchaîne. On sent qu’il a joué au ballon, car il nous connaît, il connaît nos attitudes, il sait ce qu’on pense, on ne peut pas lui mentir, il a joué au ballon. Tout ce qu’on a dans la tête, il sait, il a déjà les infos. C'est un coach qui fait confiance. Il nous le répète constamment. Le seul moyen de lui rendre sa confiance, c'est sur le terrain. Moi, il m’a mis dans les meilleures conditions, en me disant : « Tu es jeune, tu peux rater des choses, donc ne lâche pas et continue à essayer. Ne te cache pas après une erreur, continue à jouer ton football ». Il me dit aussi : « L’erreur est humaine, ne t’arrête jamais de bosser ».

Montpellier est un club reconnu en France. Tu en as conscience ?

Ce n’est pas Marseille, mais moi, je suis super content d'être ici. J’ai signé dans un club pour être numéro 1, et ce club-là, c’est un club mythique. C’est un vrai club, c’est un club de Ligue 1, clairement.

Personnalité

Qui est Simon Ngapandouetnbu dans la vie de tous les jours ?

Je suis un gars joyeux, je suis heureux, très famille, calme, posé, j’aime aller au cinéma, je profite. Je vais voir toutes les nouveautés au cinéma, peu importe les films. J’ai un abonnement carrément.

Tu as toujours été considéré comme un gardien talentueux, tu n’as pas la pression ?

À Marseille, j’avais un peu de pression, ici, je n’en ai pas. Et ce n’est pas une mauvaise chose. Ça va me permettre de bien me développer dans un environnement plus tranquille.

Quels sont tes centres d’intérêts ?

En ce moment, c'est le padel. Et surtout, quand je vais Cameroun, j'aime passer du temps à l’orphelinat. Je gère un orphelinat avec ma tante. Comme ma tante parle beaucoup de moi là-bas et qu’elle me parle beaucoup d’eux aussi, quand je suis sur place, j’ai l’impression de les connaître, et eux aussi. Lors de notre première rencontre, je les ai kiffés. À chaque fois que je vais au Cameroun, je passe du temps avec eux. Même si on est loin, même si je ne parle pas tous les jours avec eux, ils pensent à moi. Je pense aussi à eux. Pour moi, c'est comme une deuxième famille.

Ton nom de famille est très, très, très, très difficile à prononcer quand même. Tu le sais ?

Oui, mon nom de famille est difficile. Lors de mon premier match, les commentateurs ne m’ont pas loupé. Ça va me suivre toute ma carrière. Mais ce n’est rien, je suis habitué depuis petit. J’ai subi plein de moqueries, du coup, ça ne me fait plus rien, car j’ai déjà vécu tout ça. Je ne suis plus choqué. Pour te dire, quand j’étais petit, j’ai galéré pour savoir bien écrire mon nom (rires). Quand je suis arrivé en France, j’avais un accent, je n’étais pas bien intégré, et en plus de ça, mon nom de famille faisait rire les gens… On se moquait souvent de moi.

Quels sont les moqueries que tu as mal vécues ?

Les autres rigolaient de mon nom de famille, ils s’amusaient à le déformer, ça me touchait un peu. Mon nom de famille, ça me représente, c’est mon histoire, ma famille. C’est une dinguerie de bafouer le nom d’une personne. Mais aujourd’hui, ça ne me fait plus rien, c’est juste idiot.

Style de jeu

Quel type de gardien es-tu ?

Je suis un gardien qui joue, je suis très offensif. Je reste au maximum debout. J'essaie d'aider mon équipe en coupant les actions. Ça m'aide et ça aide mon équipe, ça peut éviter certains efforts inutiles. Je maîtrise bien ma profondeur. Sur ma ligne, je suis quelqu'un de dynamique. Au niveau des ballons aériens, je me suis amélioré. Je me trouve mieux qu'avant. Niveau jeu au pied, mes derniers coachs m'ont bien aidé, ils m’ont fait comprendre certains trucs. Et même au niveau du jeu tout court, les coachs m'ont vraiment bien aidé à comprendre le jeu.

Qu’aimerais-tu améliorer ?

Tout, tout, tout.

Qui sont tes exemples ?

Steve Mandanda. Mais il a arrêté sa carrière. Je regarde quand même ses anciens matchs à Marseille. Au niveau des gardiens actuels, j’aime bien Jan Oblak et André Onana.

On dit souvent que pour être gardien, il faut être fou dans sa tête. Qu’en dis-tu ?

C'est vrai, il faut être fou. Il faut avoir cette part de folie. De toute façon, pour te prendre des frappes dans la tête, il faut être forcément fou.

Qu’est-ce qu’un grand gardien selon toi ?

C'est un Manuel Neuer. Il a de la personnalité, il sait se faire respecter, il est fort en tant qu'homme d'abord, avant d'être gardien de but. Selon moi, si tu n’es pas une bonne personne, tu ne seras jamais un grand joueur. Pour moi, tout va avec.

Conclusion

Tu as des rêves ?

Bien sûr, j'ai des rêves. Mon rêve, c'est de gagner des compétitions avec le Cameroun. Aujourd'hui, je rêve de monter au plus haut avec Montpellier. Mon rêve, c'est d'être le meilleur gardien africain. En dehors du foot, j'ai envie de fonder une famille. J'ai envie de prendre soin de ceux qui m’entourent, pas seulement les gens proches, j’ai envie d’aider tout le monde. Je suis issu d’un ethnie au Cameroun, les Bamouns, on a une bonne image. Mais j’ai envie de montrer une image encore meilleure de nous, bien nous représenter, nous mettre au sommet.

Il y a d’ailleurs eu un quiproquo avant ta sélection avec le Cameroun.

De base, j’étais avec l’équipe de France U19, on préparait l’Euro. Et je m’étais blessé au ménisque, mais avant ça, j’avais déjà participé à trois rassemblements sans avoir de temps de jeu. Le sélectionneur m’avait promis du temps de jeu lors du dernier rassemblement avant l’Euro. Il m’avait clairement dit : « Tu auras ta chance, tu vas jouer ». J’étais prêt, mais juste avant la sélection, je me blesse au ménisque. Je rentre donc dans mon club, je récupère, la saison reprend. Et d’un coup, on m’appelle et on me dit : « Le président de la fédération camerounaise, Samuel Eto’o, veut te parler, le coach aussi ». J’étais choqué, mais j’ai directement dit oui. Ils m’ont appelé, ils m’ont parlé et ils m’ont donné envie de venir. Sachant qu’ils m’avaient déjà appelé pour participer à la CAN. Je ne me sentais pas assez prêt. Jouer pour une équipe comme le Cameroun, c’est une lourde responsabilité, il faut être sûr de soi. Et moi, je n’avais pas totalement fini ma formation, je voulais continuer avec l’équipe de France pour me développer. Et du coup, le président me parle de la Coupe du Monde au Qatar qui allait se jouer en fin d’année. Il m’a dit : « Il y aura des renforts », il m’a parlé de Bryan Mbeumo notamment. Et deux jours avant la sortie de la liste, le directeur de l’OM me dit : « Le coach de l’équipe France m’a appelé pour toi, tu seras dans la liste pour l’Euro U19 ». Sauf qu’entre temps, le Cameroun m’avait appelé et m’avait dit que j’allais être dans la liste pour le Mondial. Et moi, je réponds directement : « Moi, j’ai déjà donné mon accord au Cameroun, je ne reviendrai pas sur ma décision ». Et j’ai vécu une Coupe du Monde, c’était une belle expérience.

Si tu pouvais bénéficier d’un super pouvoir, tu choisirais lequel ?

J'aimerais bien connaître l’avenir, tout savoir avant tout le monde.

Si tu étais journaliste, tu poserais quelle question à Simon ?

J'aurais été un journaliste très méchant, trop méchant même. J’aurais cherché à piquer Simon. Je lui aurais dit : « Sur le match au Mans, tu n’aurais pas pu faire mieux sur le but que vous encaissez ? ». Et moi, j’aurais répondu : « Tu veux ma place » (rires). Plus sérieusement, j’aurais pu mieux faire, mais c’était un premier match, ça va s’améliorer avec le temps, j’espère.

Et si tu devais terminer l'interview par une phrase qui te représente, tu dirais quoi ?

Je vais finir par un mot : « La Pantera ». Je me vois comme une panthère, une panthère noire. Et à Marseille, mon coach des gardiens, ainsi que Léo Balerdi et les autres m’appelaient : « La Pantera ».

Peux-tu te noter pour cet interview ?

Je me mets 4,5 sur 10, je dois m’améliorer et avoir un meilleur vocabulaire. Là, ce sera à l’écrit, c’est ma chance. Mais devant une caméra, j’aurais demandé à couper chaque réponse (rires).

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