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·11 de septiembre de 2025
[Interview G4E] Gwenaël Corbin : “J’avais bien aimé les deux matchs joués contre Bordeaux l’année dernière, je les avais trouvés riches dans l’approche tactique”
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·11 de septiembre de 2025
Avant la rencontre entre le club des Girondins de Bordeaux et celui de l’US Saint-Malo, comptant pour la 5ème journée du championnat de National 2, nous nous sommes longuement entretenus avec Gwenaël Corbin, entraîneur de cette équipe. Un entraîneur qui est passionné, sans langue de bois et pleinement dévoué à exercer sa passion. Né à Granville, il a été formé à Rennes en tant que milieu. Passé par Angoulême et la GSI Pontivy, il fut très vite entraîneur des jeunes au FC Guichen (2000/2003) et manager entre 2003 et 2022 après une blessure qui lui a imposé de raccrocher les crampons. En poste à Saint-Malo depuis le 15 Février 2022, nous avons évoqué son parcours, la progression de Saint-Malo, la dernière saison, les confrontations avec les Girondins, sa recrue Nathanaël Baï, le FCGB, et la rencontre à venir…
Pouvez-vous vous présenter et évoquer votre parcours ?
Je suis resté 20 ans à Guichen où je m’occupais de tout, je coordonnais tout au niveau de la partie technique, de tout le club en fait. J’avais la responsabilité des éducateurs, je coordonnais tout le club, toute la partie technique. J’étais arrivé très, très tôt, en 2000. De 2000 à 2003 j’étais tout jeune, je ne devais même pas avoir 25 ans. Au bout de trois ans j’ai pris en plus la responsabilité de l’équipe senior et j’ai gardé toute la partie technique des jeunes, etc, parce que c’est un club qui n’avait pas du tout les moyens. On est montés jusqu’en N3, et j’avais 100 euros à donner aux joueurs. On était un club très convivial, on a construit beaucoup là-dessus. Ce sont d’autres valeurs à développer, ce qui est très bien.
Il y a eu ce passé de joueur qui s’est vite arrêté…
Concernant la partie joueur, ça a été un peu plus compliqué pour moi parce que j’ai connu très vite des problèmes au niveau du nerf sciatique, où j’avais été arrêté deux ans. A Pontivy, je n’ai même pas joué parce que j’avais arrêté. Un pote à moi qui jouait là-bas, m’avait dit d’essayer de reprendre mais j’avais dû faire quelques matchs. J’ai été embêté très tôt, à l’âge de 20 ans quasiment. Donc ça a été un peu compliqué mais ça m’a renforcé aussi mentalement et ça m’a aussi aidé à être l’entraîneur que je suis devenu. Mentalement, le fait d’avoir beaucoup donné pour le football et d’avoir été un peu coupé dans mon élan, je commençais à toucher un peu à ce que j’espérais. Ca a été dur mentalement de passer de 10 séances par semaine des fois, à deux ans à ne plus pouvoir du tout faire un footing ou un tennis… T’es obligé de monter à Paris en mettant le pied gauche sur la pédale d’accélérateur, c’est quelque chose qui n’a pas été facile à vivre pour moi. Donc mentalement ça m’a permis de me renforcer, et plutôt que de l’avoir subi, je pense que j’ai essayé d’en tirer du positif. C’est pour ça que moi, passionné de foot, je me suis très vite mis à passer mes diplômes etc, parce que ce qui m’intéressait c’était de jouer au haut niveau. Et à partir du moment où tu es arrêté aussi longtemps, tu ne peux plus performer autant et ça devient compliqué. Donc jouer au foot pour jouer au foot, ça ne m’intéressait pas, et je ne pouvais pas de toute façon (sourire). C’est quelque chose qui n’est jamais complètement parti.
Puis la voie du coaching après avoir raccroché les crampons prématurément…
J’ai passé mes diplômes et comme je suis resté 20 ans dans le même club… D’une je voulais rester dans la banlieue rennaise parce que ma femme est d’ici, j’ai été formé 8 ans ici, on se sentait bien ici et connaissant aussi le milieu du foot je n’avais pas forcément envie… Le football est compliqué donc des fois il faut faire des choix professionnels ou des choix familiaux. J’ai choisi la voie (sourire), sinon je pense que j’aurais pu avoir des opportunités pour voir autre chose mais c’est comme ça. Donc je suis resté 20 ans à Guichen puis j’arrivais à un âge où beaucoup de personnes me disaient que c’était quand même dommage… Je suis quelqu’un de très humble, je ne vais pas dire que je n’ai pas confiance en moi, j’ai confiance en moi mais je ne suis pas du genre à marcher sur les autres pour réussir. Je ne suis pas du tout carriériste, ce n’est pas du tout mon truc. Je suis passionné de foot, j’ai quelques compétences aussi je pense, et on me disait souvent que c’était quand même dommage et à force de me le dire, peut-être que ça m’a aussi travaillé. Puis j’ai eu l’opportunité à un moment donné où je me posais peut-être aussi ces questions-là il y a trois ans et demi, après le Covid, le niveau amateur avait baissé. Je pense que ça a été une vraie réflexion pour moi de me dire que si une opportunité se présentait, avec un club intéressant – pas à n’importe quel prix – avec du potentiel…
Photo US Saint-Malo
Après 20 ans au FC Guichen, ce fut donc le temps de s’envoler pour l’US Saint-Malo.
J’avais ciblé quelques clubs, il n’y en avait pas beaucoup, et Saint-Malo s’est présenté en Février 2022 parce que le club était dernier du championnat. L’entraîneur avait été remercié, je pense qu’ils voulaient revenir à quelque chose de plus local parce que ça n’avait pas été une réussite sur les prédécesseurs, des mecs qui étaient venus d’un peu partout. Du coup, ayant peut-être une bonne image au niveau de l’Ille-et-Vilaine, comme Saint-Malo s’était un peu éparpillé, je pense que mon nom a été soufflé, et puis voilà. J’ai eu cette opportunité et finalement j’ai accepté parce que c’était quelque chose qui me plaisait, et je ne regrette pas du tout aujourd’hui parce que je suis très content d’être à l’US Saint-Malo. C’est un bon club, ça fait trois ans et demi et globalement ça se passe plutôt bien. Je pense avoir gagné en légitimité parce que finalement, je suis arrivé à l’époque en n’ayant jamais entraîné en National 2. J’étais monté en National 3 avec mon club, on était passé de R3 à National 3. Joueur, j’ai joué en National 2 très tôt, à 17 ans, mais je n’avais jamais entraîné en National 2. Aujourd’hui je pense avoir gagné la légitimité, je me sens un vrai entraîneur de National 2. A l’époque où je suis arrivé, je ne maîtrisais pas tous les paramètres d’un fonctionnement comme l’US Saint-Malo, les effectifs adverses, les joueurs adverses. Aujourd’hui je pense avoir tout ce bagage-là, je maîtrise ce qu’est le fonctionnement d’un club de National 2.
Un championnat qui est loin d’être simple et auquel il faut s’adapter…
Je maîtrise les paramètres de fonctionnement de National 2, je maîtrise les joueurs adverses donc c’est plus facile pour le recrutement, les programmations avec mes idées, mes principes. Je pense aussi avoir prouvé et gagné en légitimité donc aujourd’hui je me sens complètement légitime à entraîner en National 2, ce qui n’était pas forcément le cas il y a 3 ans et demi parce que c’était ma crainte, me dire ‘est-ce que j’en suis capable ?’ Connaître le foot, oui je pense le connaître, maintenant tant qu’on n’y a pas goûté on ne sait pas. Est-ce que demain je serai capable d’entraîner en National, aujourd’hui je suis incapable de répondre à ça. Ce n’est pas un manque de confiance ou quoi que ce soit, c’est juste que tant qu’on n’a pas fait, on ne sait pas. Mais aujourd’hui ce que je sais c’est que la National 2 je maîtrise (sourire), je suis armé pour. Je ne suis plus dans la phase de découverte et d’approche. Aujourd’hui je pense avoir gagné cette légitimité de me dire que je suis entraîneur de National 2.
Depuis votre prise de fonction, vous avez terminé 11ème, 5ème, 2ème et 3ème. Finalement on a vu une progression de votre équipe mais il a manqué ce petit plus pour monter à l’étage supérieur. Comment l’expliquez-vous ?
Comment je l’explique ? C’est assez simple. On est déjà sur une voie de progression parce que quand on a fini 11ème, il faut savoir qu’au mois de Février on était dernier du championnat. On s’était maintenu à la dernière journée parce qu’on avait fini sur trois victoires et heureusement parce que ça aurait été une cata. Après, on est globalement repartis sur une feuille blanche parce que sur 24 joueurs je n’en avais gardé que 7, dont 5 joueurs de champ et 2 gardiens. J’ai fait avec mes idées et mon état d’esprit (sourire) parce qu’avant ça ne me convenait pas du tout. Donc on est repartis sur une feuille blanche et la première idée était de reconstruire un effectif qui nous permette déjà de retrouver de la stabilité, de se faire une année assez tranquille pour ne pas se faire peur. A partir de là on allait reconstruire un effectif un peu plus solide. Donc on a fait 5ème, l’année d’après on fait 2ème en sachant qu’on n’est jamais complètement dans la course pour la montée. On finit 2ème, ce qui est bien, mais on n’a jamais vraiment titillé Boulogne. La saison dernière on est dans la continuité de ça, où on repart avec un effectif suffisamment stable. Il faut savoir qu’en 2024 on n’a perdu que deux matchs sur l’année civile, du 1er Janvier au 31 Décembre. C’est une vraie continuité puisque de Septembre à Décembre on ne perd pas. On n’a perdu que deux matchs car on est sur la continuité de l’année d’après.
Puis il y a eu ce début d’année 2025…
Puis arrive le mois de Janvier et on sait très bien que l’hiver c’est un deuxième championnat qui commence après la trêve. Sur ce mois de Janvier j’ai envie de dire qu’on manque totalement de réussite aussi. On mène 1-0 contre Saint-Brieuc le premier match de Janvier, ils sont à 10, il n’y a plus qu’une équipe sur le terrain. Je fais rentrer un joueur qui était nouveau, c’était la seule recrue que j’avais récupéré, et au bout de trois minutes il prend un rouge. Le match bascule, on est à 10, ils reviennent sur un coup de pied arrêté et nous on se met à paniquer. En plus je suis suspendu ce jour-là, comme par hasard (sourire). C’est un tournant, c’est comme ça. Là où on avait beaucoup de réussite peut-être sur la première partie, on sent un mauvais tournant et derrière ça se goupille mal de nouveau contre Saint-Pryvé. On mène 1-0, on est dominateurs puis on fait une passe en retrait. Mon gardien se tape avec l’attaquant, l’arbitre siffle peno alors qu’il n’y a pas peno, on fait un partout. Ça nous amène dans un mood qui n’est pas bon. Après on fait un bon résultat à La Roche-sur-Yon, que j’estime un bon résultat, un partout aussi. Puis on reçoit Les Herbiers et à la 88ème minute on mène 2-1. C’est un peu le dégagement du désespoir pour eux donc le gardien balance, et mon gardien se tape avec mon défenseur… Il y en a un qui dit ‘j’ai’ et là-dessus on prend l’égalisation des Herbiers. On est à la 90ème minute, on veut aller marquer le troisième but et on prend un contre (rires) et on perd 3-2 (sourire). On a pris 2 points sur 12 sur ces 4 matchs-là, ça s’est mal goupillé.
La saison dernière la bataille a été rude avec les Girondins, Les Herbiers et finalement le Stade Briochin qui a coiffé tout le monde au poteau. Est-ce rageant ?
On a quand même été 17 fois premiers, on nous ne l’enlèvera pas. C’est la première fois que le club était aussi premier donc il faut apprendre à porter ce costume-là, qui n’est pas facile à porter parce qu’on est attendus complètement différemment. Les équipes nous attendent beaucoup plus bas, on l’a vu en deuxième partie de championnat. On a eu deux championnats. Un peu comme Bordeaux ? Exactement ! On est attendus partout, les autres jouent bas, ils veulent nous contrer. Donc si on n’arrive pas à débloquer les matchs, ce ne sont plus du tout les mêmes matchs. On a souvent eu l’occasion de les débloquer, on ne les a pas débloqués. On est à 0-0 contre Poitiers à domicile, ils font bloc bas. On obtient deux penaltys parce qu’ils sont en souffrance, on rate deux penaltys et à l’arrivée on fait 0-0. Pourtant on a quasiment fait les mêmes matchs qu’avant.
Cet été vous avez reconstruit un effectif avec les départs de plusieurs joueurs importants comme Bilal et Shahin Cissé, Abasq, Duclovel, Heinry, Leroyer ou Gerbeaud, est-ce que c’était nécessaire pour tourner une page ?
On a perdu 50% de l’équipe titulaire. J’avais 5 titulaires qui sont partis, Bilal Cissé, Marvin Duclovel, Alex Leroyer, Raphaël Gerbeaud et Guillaume Heinry donc en gros, 50% de l’équipe a changé sur l’équipe à peu près type. Puis on a eu trois autres départs, 9 au total. Mais globalement on a renouvelé à 50% puisqu’on avait un groupe de 19 joueurs et 3 gardiens. Les 3 gardiens n’ont pas joué donc ça fait 50%. On a été 2ème, on a été premier, donc on sentait bien qu’on arrivait au bout de quelque chose. Après, il ne faut pas occulter aussi le fait que Raphaël Gerbeaud et Bilal Cissé ont signé au-dessus donc c’était, soit ils montaient avec nous, soit ils ambitionnaient de jouer au-dessus, et tant mieux pour eux. On a Guillaume Heinry qui avait mal à la hanche et qui a arrêté le foot parce qu’il était arrivé au bout. Marvin Duclovel a été touché au niveau du pubis… La problématique qu’on a, ça on n’en parle pas, c’est qu’on fait les entraînement quasiment sur synthétique donc on s’use ! On s’use tous les jours, le synthétique ça use. Il faut savoir qu’en deuxième partie de saison on a été très touchés par les pubalgies. Mon capitaine ne jouait pas le match retour à Bordeaux parce qu’il s’était fait opérer le 4 Avril d’une pubalgie. Marvin Duclovel n’a pas repris dans un autre club aujourd’hui… On est en train de se battre justement avec la municipalité. Il faut savoir que Novembre, Décembre, Janvier et Février la saison dernière, je n’ai jamais été sur l’herbe. Le foot se joue sur l’herbe, donc ça peut aussi expliquer notre coup de moins bien. Il y a ce qu’on voit et il y a tout ce qui est derrière.
Vous n’êtes pas le seul, plusieurs clubs ont aussi renouvelé une partie de leur effectif et notamment les Girondins à plus de 80%. Avez-vous pu suivre un peu le recrutement bordelais ?
Oui bien sûr, bien sûr. Forcément on regarde un petit peu. Ce qui m’intéresse le plus c’est quand même mon équipe et mes joueurs. Maintenant, on est bien obligés aussi de regarder ce qui se passe ailleurs, la concurrence. Si on me demande demain qui est favori… Souvent c’est ça le problème, on annonce des noms sans savoir quels sont les effectifs, quels sont les joueurs etc… Ce n’est pas simplement un nom. Si on perd la moitié de son effectif, on a beau dire que c’est l’US Saint-Malo, on a perdu cinq titulaires sur des choses qu’on avait construit depuis 2-3 ans. Donc forcément on n’a plus la même équipe, c’est pareil pour Bordeaux. Donc à un moment donné il faut bien regarder ce qu’il y a en face. Donc oui j’ai regardé. Bordeaux a pour moi, un effectif moins clinquant que la saison dernière. Mais il y a eu des arrivées comme Matthieu Villette, Ludéric Etonde et des joueurs qui ont quand même joué en National 2, National. Ce n’est pas Andy Carroll, ce n’est pas Beugré, ce n’est pas Yanis Merdji. Mais globalement c’est moins clinquant mais je pense qu’ils ont l’avantage d’avoir l’expérience de la saison dernière. Maintenant ils savent où ils mettent les pieds, ça vaut de l’or. Je pense que ça vaut quasiment plus que tout le recrutement. La deuxième chose en fonction de ça, je pense, c’est qu’ils ont ciblé des joueurs plus à même de répondre à ces attentes-là. Pour bien connaître certains joueurs, Villette, Etonde puisqu’à un moment donné j’étais même dessus.
Photo Pierrick Chassine
Est-ce que des joueurs étaient également sur votre liste hormis Nathanaël Baï et au contraire, les dirigeants ont-ils sollicité certains de vos joueurs ?
Oui exactement, en tout cas j’avais regardé Ludéric Etonde. C’est un joueur qui a un profil intéressant, qui peut jouer devant, qui peut jouer excentré. Je le suis depuis l’époque où il était à Saint-Brieuc donc forcément c’est un profil que je connais bien et qui pouvait éventuellement m’intéresser. Maintenant il a choisi Bordeaux, c’est comme ça ! Si des joueurs ont été contactés par Bordeaux ? Je pense que si le joueur a l’occasion de signer à Bordeaux ou chez nous, je pense qu’il ira à Bordeaux. Donc je ne pense pas (rires). Si Raphaël Gerbeaud avait été sollicité l’hiver dernier ? Il était sous contrat, alors que là, à l’intersaison… Mais pour moi je ne sais pas si c’est vrai. Maintenant je sais qu’en Janvier j’ai des joueurs qui ont été sollicités et je pense que pour certains – je l’ai appris après – ça les a déstabilisés. Il faut savoir par exemple que Raph Gerbeaud, à partir du mois de Janvier, il ne nous a pas mis un but dans le jeu et ça personne n’en parle. Il a marqué sur penalty mais il n’a jamais marqué dans le jeu depuis le mois de Janvier. Il n’a marqué que sur coup de pied arrêté, sur un corner et un penalty. Il n’a jamais marqué dans le jeu depuis le mois de Janvier.
Parmi vos recrues on retrouve donc Nathanaël Baï, est-ce que le joueur vous a tapé dans l’œil lors des confrontations de la saison dernière ?
Je pense que Nathanaël a fait une très bonne saison à Bordeaux la saison dernière sur ce que j’ai vu. En plus il jouait latéral droit et j’ai été un petit peu surpris parce qu’il était gaucher. Sur les matchs que j’ai vu il avait toujours su répondre. Je trouvais même déplacé quand il se retrouvait un petit peu en concurrence avec Assogba, qui pour moi, était en dessous du niveau auquel il devait être. J’ai trouvé qu’il méritait complètement sa place Nathanaël. Quand il y a eu l’opportunité, Bordeaux a laissé tous les joueurs dans la nature parce qu’ils ne savaient pas à quelle sauce ils allaient être mangés… Je devais faire un latéral gauche, ça ne s’est pas fait pour diverses raisons. Au moment où je cherchais toujours, il y a eu l’opportunité de Nathanaël. Je me suis rencardé sachant qu’avec Bordeaux ce n’était pas clair et il y a eu cette opportunité-là. Maintenant Nathanaël le sait, c’est un joueur qui a beaucoup joué en National 3 avant d’être à Bordeaux, donc il reste sur une saison bordelaise aboutie dans un contexte particulier, avec une grosse ferveur. Je pense qu’il s’était mis à ce niveau parce qu’il y avait cette ferveur-là. Aujourd’hui il faut qu’il garde ce curseur-là, c’est la première chose. La deuxième c’est qu’on ne joue pas comme pouvait jouer Bordeaux la saison dernière, c’est-à-dire que Bordeaux était une équipe très stéréotypée à travers un jeu avec Andy Carroll, de jeu long, de deuxième ballon. Il y avait peu d’apport des latéraux à part peut-être Driss Trichard sur le côté gauche. Sinon, l’assise de derrière, les joueurs ne bougeaient pas beaucoup, c’étaient beaucoup les excentrés qui percutaient et il n’y avait pas beaucoup d’aide des latéraux si ce n’était Driss Trichard. Aujourd’hui je demande quand même des choses complètement différentes et il faut que Nathanaël assimile ça. Donc il y a un peu ce côté adaptation en fait.
La saison dernière Bordeaux était venu prendre un point à Saint-Malo (1-1), et s’était imposé 1-0 au Stade Atlantique. Que retenez-vous de ces deux confrontations ?
Il y a deux choses. La première, c’est sur le premier match où on avait fait un partout. A la fin du match je pense quand même que tout le monde avait vu que Bordeaux avait une équipe très compétitive, à travers ce qu’ils avaient dégagé chez nous. Nous, on n’avait pas fait l’un de nos meilleurs matchs sur ce match-là. Malgré tout Bordeaux n’avait pas eu beaucoup d’occasions parce que si je me souviens, Bahassa met un lob de 40 mètres mais globalement ils n’avaient pas eu grand-chose sinon. C’était un match assez fermé. Je trouvais que ce match nul était un résultat plutôt logique mais j’avais quand même eu cette impression que Bordeaux était monté en puissance, à me dire “Ah ouais quand même ! Ça va être costaud quand ils vont être bien en jambes.” C’était la première impression du match aller. La deuxième c’était au match retour où on va là-bas en étant encore premier du championnat et il ne reste plus que 6 journées. Je trouve quand même que sur ce match-là, d’une on ne méritait pas du tout de perdre (rires), je trouve qu’on avait même été très performants sur 80 mètres globalement et qu’il nous avait manqué les 20 derniers mètres où on avait manqué un peu de tranchant. Un peu à l’image de notre deuxième partie de saison, avec Raph (Gerbeaud) qui a moins marqué sur cette deuxième partie de saison. Il nous a manqué un peu de tranchant sur les 20 derniers mètres mais pour différentes raisons. Je trouve qu’on avait vraiment fait un bon match. On avait pris un but sur coup de pied arrêté. Je revois encore la main de la 88ème minute dans la surface, de Yambéré, qui n’a pas été sifflée. J’ai la photo encore, et on a quand même perdu la première place là-dessus donc ça me reste en travers de la gorge. Ce jour-là, s’il y avait une équipe qui devait gagner, c’était nous. S’il y avait une équipe qui avait fait la meilleure impression, c’était nous et je pense qu’on avait vraiment pratiqué un beau football. On aurait mérité de ne pas perdre la première place ce jour-là. On l’aurait peut-être perdue, mais pas ce jour-là au regard du match qu’on avait fait. C’était un peu dur à accepter pour nous parce que je pense qu’il y a vraiment main de Yambéré. Si je me souviens bien, Beugré ne doit pas finir le match parce qu’au bout d’un quart d’heure il doit être dehors quand il met un attentat sur Sofiane Barroug alors qu’il avait déjà un jaune. Ça me reste en travers de la gorge. On aurait été mangés, dominés, Bordeaux nous aurait mis une raclée, il n’y a pas de soucis, je l’aurais accepté. Je trouve que là il y a quand même eu plein de faits qui n’ont pas tourné pour nous. Parfois il y a des choses qu’on maîtrise et d’autres qu’on ne maîtrise pas et je trouve que ce jour-là on n’a pas été aidés.
US Saint-Malo
Votre début de saison n’est sans doute pas celui espéré avec trois nuls et une défaite à Avranches. Comment expliquez vous ces difficultés ? Est-ce le temps que l’effectif trouve ses marques ou est-ce que vous avez joué de malchance par moments ?
Il y a un peu des deux. La première chose c’est qu’effectivement, on ne peut pas arriver à faire en 7 semaines ce qu’on a fait et construit en 2 ans. Ce n’est pas possible, donc forcément… L’année dernière, en début de saison au niveau des automatismes il n’y avait pas de problème, on était vraiment à régler des détails. Ça nous a permis de faire notre série etc, on était vraiment à des détails. On avait déjà construit l’année d’avant et on avait fini 2ème. En termes de possession du ballon on était souvent à 70%, on maîtrisait bien les choses, on avait un contre-pressing très intéressant, on gérait bien les temps. Avec les joueurs on était arrivés à gérer des détails, je pense qu’on était sur quelque chose de très cohérent. On était arrivés à quelque chose d’assez fort, difficile à battre, et si on était dans un bon jour, logiquement on devait gagner. C’était une construction de quasi 2 ans avec les joueurs, donc les termes qu’on emploie, ce qu’on veut mettre en place, la compréhension, à un moment donné il n’y a plus à faire de phrases. C’est juste un mot qui va faire que. Si je disais “Les gars, préventif”, tout le monde comprenait. Si aujourd’hui je dis le terme préventif, je pense qu’il y a la moitié de mon effectif qui ne comprend pas. Donc ce n’est pas la même chose, on n’est pas du tout sur les mêmes détails. Aujourd’hui, ce que je cherche déjà c’est à automatiser et les connexions les uns aux autres. Ce n’est pas parfait, il nous faudra du temps. Il y a 7 semaines les joueurs ne se connaissaient pas, ils se retrouvent aujourd’hui dans le même vestiaire. Il faut du temps pour assimiler les choses et comprendre les choses, avant d’être sur les détails pour être super bien rodés et refaire une série comme on a fait. Mais on en est loin. La deuxième chose c’est qu’aujourd’hui, ce n’est pas moi qui le dit mais ce sont les autres coachs, ceux qui nous ont joué ont dit qu’ils avaient été très chanceux (sourire). Et à l’inverse, au-delà de ne pas avoir été efficaces, puisqu’on s’est quand même fait 24 occasions et on en a concédé seulement 6. Donc on a pris 3 buts sur les 6 occasions concédées, et on a marqué 2 buts sur les 24 occasions qu’on s’est créées. Si on laisse très peu d’occasions à l’adversaire c’est qu’on fait plein de choses de bonnes. Le seul truc à un moment donné c’est qu’il faut qu’on gagne en efficacité, qu’on soit un peu plus juste et qu’on ait un peu plus de réussite. On touche des barres, on fait des poteaux, il y a eu un sauvetage sur la ligne à Avranches. On a eu des situations où on aurait pu bénéficier de penalty aussi. Tout ça fait qu’on ne marque pas, on laisse l’adversaire en vie, on y met de l’énergie donc on laisse un peu plus d’espaces à un moment donné et malheureusement l’adversaire nous a tué. Franchement, se dire qu’on n’a toujours pas gagné un match alors qu’on a fait 4 journées, et que je vois ce qu’on a fait sur les prestations, c’est dur, ça fout les boules.
Vos dirigeants ont-ils fixé des objectifs cette saison ?
Non du tout ! Non, non, non… On sait qu’on a conscience qu’on a changé 50% l’effectif et l’année dernière on arrivait certainement à l’aboutissement d’un travail. Aujourd’hui il faut qu’on reconstruise, ce qu’on a réussi à faire. On espère simplement qu’on soit récompensés pour jouer en haut du championnat.
Les Girondins vont débarquer forts de deux succès de suite et une confiance retrouvée. Comment allez-vous aborder cette rencontre ?
A ce jour (interview réalisée mardi) je n’ai pas parlé une seule fois de Bordeaux aux joueurs. Ce qui m’intéresse aujourd’hui c’est qu’on se concentre sur ce qu’on fait de bien et ce qu’on doit améliorer. Ce qu’on fait de moins bien aussi, il faut pointer du doigt un petit peu tout ça. Et qu’on essaye d’améliorer ça parce que la saison est longue, elle ne s’arrêtera pas à samedi face à Bordeaux. Pour l’avoir vécu la saison dernière, on a beaucoup parlé de Bordeaux et ça nous a pénalisés à un moment donné. La résonance médiatique de Bordeaux mine de rien, on n’était pas préparés à ça, sachant qu’on était premier. Bordeaux – Saint-Malo, Bordeaux – Saint-Malo… On était au mois de Novembre qu’on entendait déjà parler du Bordeaux – Saint-Malo du mois d’Avril donc franchement c’était usant. C’était usant… Aujourd’hui, je pense qu’au même titre que Bordeaux a pris de l’expérience l’année dernière avec le championnat N2 et savoir ce que c’était, nous Bordeaux aujourd’hui c’est Bordeaux, et puis voilà. Ce sera Bordeaux, ce sera Les Herbiers et tant mieux. C’est bien parce que ça amène du monde, c’est bien parce que ça fait parler etc… C’est très bien, on joue Bordeaux.
Bruno Irles a fait le choix de jouer la plupart du temps avec une défense à trois et deux pistons tandis que vous êtes plus sur un système en 4-3-3. Est-ce que ça change également l’approche du match ?
Non, parce que nous c’était l’inverse l’année dernière. Bordeaux jouait souvent dans un 4-2-3-1, voire un 4-4-2. Nous on jouait en 3-5-2. Puis connaissant Bruno Irles, il n’est pas à l’abri au dernier moment de me changer quelque chose et de faire quelque chose de bizarre parce qu’il aura peut-être vu des choses pour nous déstabiliser. Les systèmes ne font pas tout, aujourd’hui on le voit bien. Ce sont des systèmes où des fois on défend dans un système, on attaque dans un autre puis les matchs sont souvent débridés maintenant. Les joueurs ont de plus en plus de coffre, de volume, etc… Aujourd’hui on ne part pas que sur des bases arrêtées, tout ça se débride et après il faut juste gérer les temps forts et les temps faibles. J’avais bien aimé les deux matchs qu’on avait joués contre Bordeaux l’année dernière parce que je les avais trouvés riches dans l’approche tactique. Donc je pense que ça va être un peu la même chose. On avait été un peu surpris au match aller de ce qu’ils nous avaient proposé et on avait d’ailleurs eu du mal à s’adapter sur les 20 premières minutes. Par contre je trouve qu’on avait eu une très bonne réponse au match retour et inversement, j’avais trouvé que c’étaient eux qui avaient été un peu déstabilisés.
Quelles seront les clés selon vous ?
Comme je le disais, je pense qu’ils sont capables de marquer contre nous parce qu’ils ont quand même des arguments offensifs entre Shamal, Etonde, Mannaï, Villette… même sur coups de pied arrêtés ils ont des arguments. Donc je pense qu’ils peuvent nous poser des problèmes sur le plan offensif. Je pense que nous on peut aussi leur poser des problèmes sur le plan off’. Je pense que la clé du match sera dans le rapport de force au milieu. Aujourd’hui Bordeaux a une équipe un peu plus joueuse, je pense que nous, on l’est quand même (sourire). Donc même si on a des profils différents de la saison dernière, où on est peut-être un petit peu moins forts dans la possession, on a d’autres arguments. Le rapport de force du milieu, je ne vais pas tout déballer ce que j’ai envie de faire, va être très important.
Un GRAND MERCI à Gwenaël Corbin pour sa disponibilité, sa passion et le plaisir que l’on a d’échanger avec lui sur le football.
Photo US Saint-Malo
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