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·9 de enero de 2025
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Notre historien maison se penche sur les entraîneurs qui ont marqué l’AS Saint-Etienne. Depuis sa création en 1933, l’ASSE a connu 44 entraîneurs différents, mais certains ont laissé une empreinte plus déterminante que d’autres. Voici le portrait des 15 entraîneurs qui ont le plus marqué l’histoire du club. Par souci d’équité, ils sont présentés par ordre alphabétique. Premier épisode, Frédéric Antonetti (120 matches de 2001 à 2004)
L’ASSE est redescendue en D2 en 2001 après seulement deux saisons parmi l’élite, dont la dernière plombée par l’affaire des faux passeports. Les dirigeants confient alors la direction de l’équipe première à Alain Michel, un entraîneur s’étant illustré avec Grenoble, qui avait perdu son statut de club professionnel. Une équipe qu’il a fait remonter en deuxième division en quatre ans avec un titre de champion de National en 2001. Mais la mayonnaise ne prend pas dans le Forez. Après une préparation estivale catastrophique (une seule victoire en dix matches) et douze rencontres officielles, il est remercié au soir d’une défaite humiliante à Beauvais (0-3) le 5 octobre 2001 qui laisse les Verts à la 18ᵉ place, mais à égalité de points avec le 20ᵉ et dernier du classement.
Pour lui succéder, le président de l’ASSE, Alain Bompard veut miser sur un coach charismatique avec du caractère, un « véritable chef de guerre », selon son expression, pour réveiller un effectif encore traumatisé par la descente en L2. Il a jeté ainsi son dévolu sur Frédéric Antonetti, dont le tempérament volcanique est bien connu. Après plusieurs jours de réflexion qui mettent les nerfs du board stéphanois à rude épreuve, le Corse accepte la proposition ligérienne et devient, le 8 octobre 2021, le 29ᵉ entraîneur de l’histoire de l’AS Saint-Etienne.
Dès sa prise de fonction, Antonetti se rend compte de l’immensité de la tâche qui l’attend. Avec un effectif qu’il n’a pas choisi, il débute par une défaite au stade Geoffroy-Guichard face au Havre (0-1). Lors de la réception suivante, contre Martigues, il décide de changer la place de son banc de touche pour conjurer le mauvais sort. Bien lui en a pris, puisqu’il enregistre sa première victoire grâce à son capitaine Patrice Carteron qui inscrit son troisième but de la saison, devenant, par la même occasion, le meilleur buteur du club (1-0).
On pense même que l’entraîneur forézien a déjà trouvé la bonne formule puisqu’il poursuit avec cinq victoires consécutives, toutes compétitions confondues, mais l’embellie sera de courte durée. Il termine l’année 2001 par cinq défaites de rang avec les éliminations en coupe de la ligue (Guingamp 0-4) et en coupe de France (Louhans-Cuiseaux 0-1). Il parvient néanmoins à maintenir son équipe en D2 à une anonyme et peu convaincante 13ᵉ place à l’issue de la saison 2001-02. Des heures sombres pour les Verts.
Même avec des moyens financiers contraints, l’ASSE arrive à attirer des joueurs de qualité à l’intersaison comme Vincent Hognon ou Lilian Compan pour aider le club dans sa quête de remontée en D1. Avec ces éléments d’expérience, Frédéric Antonetti a décidé de s’appuyer sur des jeunes tels Jérémie Janot ou Julien Sablé, capables de le suivre les yeux fermés. Il n’hésite pas à laisser de côté des joueurs qui ont pourtant marqué le club, à l’image d’Alex, de retour de prêt du PSG, ou de Patrick Guillou, avec qui le management passe mal.
Toutefois, les résultats tardent à venir et les Verts se retrouvent dans une situation délicate pendant l’hiver 2002-03 avec en point d’orgue une humiliation subie face à Gueugnon à Geoffroy-Guichard (0-3), le 29 janvier 2003, dans des conditions dantesques. Les hommes du capitaine Carteron, se permettent le luxe de rater deux penalties dans une rencontre qui sera l’un des pires souvenirs de l’histoire de l’ASSE. Elle est 20ᵉ et dernière, mais avec deux matches en moins. Antonetti n’a alors plus qu’un seul objectif : « sauver le club et partir… ».
Pour arriver à ses fins, le coach corse insuffle un véritable esprit commando à son groupe et malheur à ceux qui resteraient sur le bord du chemin comme Patrick Guillou, prié de rejoindre définitivement la réserve après un énième clash avec son entraîneur. Dans un premier temps, il parvient à stopper l’hémorragie avec quatre matches nuls consécutifs. Par la suite, avec seulement trois défaites jusqu’en juin, dont une honorable contre l’OM d’Alain Perrin en quart de finale de la coupe de la Ligue (0-2), il arrive à redresser la barre avec finalement une 9e place. Encore insuffisant, mais qui pourrait être fêtée comme une victoire et porteuse d’espoirs solides pour la saison suivante.
Cette saison, le mot d’ordre est clair. C’est marche ou crève. Et ceux qui n’adhèrent pas à cette philosophie sont invités à se trouver un nouveau challenge comme le fantasque brésilien Alex qui a d’ailleurs failli en venir aux mains (voire aux couteaux) avec Antonetti et qu’il a fallu séparer lors d’un stage d’avant saison. Exit donc les Alex, Guillou, Casagrande, … sur lesquels le coach ne compte pas. En revanche, les recrues, à l’instar d’Hérita Ilunga, Nicolas Marin, Laurent Morestin et Damien Bridonneau s’inscrivent parfaitement dans cet état d’esprit nécessaire pour réaliser la montée en D1, objectif toujours avoué du club.
Après un départ poussif (cinq défaites lors des dix premières journées), l’ASSE s’installe sur le podium de la D2 dès la 18ᵉ journée à la faveur de sa victoire à Gueugnon (1-0). Le 10 janvier 2004, face à Nancy à Geoffroy-Guichard (0-0), Frédéric Antonetti enregistre son 100ᵉ match sur le banc stéphanois qu’il fête dignement quatre jours plus tard avec une belle victoire contre Nice, club de D1, en quart de finale de la coupe de la Ligue (2-0).
Le 31 janvier, face à Créteil (3-2), Antonetti se permet même d’interdire l’accès à son vestiaire à Bernard Caïazzo pour lui signifier qu’il s’agit de son domaine réservé. Il n’admet aucune ingérence de la part de la direction. Il ne le sait pas encore, mais il va le payer très cher ! Cependant, le 4 février 2004, l’ASSE a failli créer un authentique exploit face à Sochaux en demi-finale de la coupe de la Ligue (2-3) devant plus de 33 000 spectateurs et un tifo extraordinaire venu du Kop Sud qui demandait de faire vibrer un cœur « gros comme ça » jusqu’à Paris. Alors qu’ils menaient 2-0 contre le 4ᵉ de D1, les Verts ont cédé en prolongations.
Dès lors, on ne peut plus arrêter les hommes de Julien Sablé, devenu le capitaine d’une équipe irrésistible. Ils prennent la tête du championnat à partir de la 28ᵉ journée grâce à une victoire face à Caen à domicile (1-0). Ils valident même leur montée dès la 35ᵉ journée grâce à un but de Frédéric Mendy à Niort (1-0).
Le titre de D2 se joue toutefois à la 38ᵉ et dernière journée le 22 mai 2004. L’ASSE compte deux points d’avance sur Caen et reçoit Châteauroux qui n’a plus rien à espérer de ce championnat, mais qui reste un adversaire redoutable comme le prouve sa qualification en finale de la coupe de France. Patrice Carteron, titulaire à la place de Damien Bridonneau, transforme un penalty en première mi-temps, mais Châteauroux égalise en seconde période. À cet instant, Caen, menant face à Troyes, est champion virtuel grâce à une meilleure différence de buts. C’est sans compter Geoffroy-Guichard qui, selon les dires d’Antonetti lui-même vingt ans plus tard, a fait marquer le but vainqueur par Bridonneau (il avait remplacé Carteron) d’une reprise de volée improbable. La terre a tremblé dans les sous-sols du Chaudron avec une communion rarement vu entre le public et ses joueurs qui fêtent le troisième titre de D2 de l’histoire du club après 1963 et 1999.
Frédéric Antonetti ne pourra pas longtemps savourer son bonheur car un psychodrame se joue dans les couloirs de la direction stéphanoise. Avec Bernard Caïazzo, nouveau propriétaire de l’ASSE aux manettes, elle refuse de renouveler le contrat du directeur sportif, Christian Villanova qui a toute la confiance du coach. L’entraîneur lie son avenir dans le Forez au maintien de son ami à ses côtés et quitte le navire en juin 2004, ne pouvant pas profiter d’une montée durement acquise. Certains joueurs comme Julien Sablé en ont pleuré et cette décision a le don de scandaliser le Peuple vert. Près de 1000 supporteurs stéphanois se réunissent devant le stade Geoffroy-Guichard le 5 juillet afin de protester contre le départ de leur entraîneur, devenu une icône.
Antonetti en gardera une rancune tenace vis-à-vis de son remplaçant, Elie Baup, et surtout de Bernard Caïazzo et il refusera par la suite de répondre aux sollicitations de l’ASSE en 2022 et 2023 lorsqu’elle recherchait un nouvel entraîneur. Avec 120 matches sur le banc de l’AS Saint-Etienne de 2001 à 2004, Frédéric Antonetti a laissé une trace indélébile dans le cœur des Stéphanois, qui continuent à le vénérer plus de vingt ans après son passage au club.
Par Albert Pilia