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·19 septembre 2024

#2 Der Zakarian, un fusible –  un peu trop – idéal ?

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Michel Der Zakarian peut-il rester l’entraîneur du Montpellier Hérault alors que le club occupe la dernière place du classement ?

« Un possible changement de coach à suivre ». C’est la petite phrase lâchée par Gilbert Brisbois dans l’After Foot après la défaite à Rennes dimanche dernier (3-0). Compte tenu du capital sympathie de l’émission aux yeux du président Laurent Nicollin depuis le « running gag » du restau à 30 euros, on doute que la bande à Riolo soit dans le secret des Dieux. L’Équipe, par la plume de Baptiste Chaumier et Benjamin Henry, se montre bien plus affirmatif : « Michel Der Zakarian tient sur un fil ». Le boss a dû jouer les funambules dans Midi Libre : « Quand je sentirai que les joueurs ont lâché le coach, le club ou moi, on agira pour rétablir les choses ».


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Se poser la question de l’avenir du coach, c’est déjà y répondre un peu. Voici le pouls des supporters les plus fidèles sur X : « Der Zak doit partir, c’est le seul levier qu’il reste au club pour essayer de remotiver les troupes », affirme Boulou l’Aimarguois. Pour Payadino : « Der Zak va se faire virer sous peu ou partira de lui-même. Les joueurs l’ont lâché, ça se voit trop ». Notre bon vieux Mika n’y va pas par 4 chemins : « Ce groupe est mort, Der Zak est apathique ». Alex34 lisse le propos : « Il doit partir, mais seulement parce qu’il ne mérite pas de descendre avec ce club ». C’est une première grille de lecture : le génie arménien a joué 9 ans au club (1988-97) avant d’entraîner les jeunes 8 saisons de plus (1998-2006). Et d’entamer sa 6ème chez les pros en août 2024. Qui pourrait supporter de voir l’homme aux 700 matches TTC sous les couleurs pailladines être le visage de la descente l’année des 50 ans ? Mais si « MDZ » mérite une meilleure sortie que la Ligue 2, se faire dessouder fin septembre après une défaite à Auxerre ne serait pas exactement la carte postale idéale.

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Avec le recul, nous aurions aimé que « Mich’ » parte en seigneur en mai dernier. Un maintien bien assuré, malgré une place de barragiste au coup d’envoi du match de Nice – preuve qu’il sait redresser un navire en perdition, après l’avoir déjà fait en 2022/23 quand « ODO » puis Romain Pitau étaient à court de solutions -. Der Zakarian aurait gardé une image immaculée, à l’instar d’un René Girard qui refuse de revenir au club pour conserver intacte l’aura du titre de champion de France 2012. Il restera, pour très longtemps sans doute, le seul à avoir offert 4 « Tops 10″ consécutifs au MHSC parmi l’élite (2018 -> 2021). Mais l’une de ses principales forces, ne pas être un « lâcheur » pourrait se retourner contre lui. Car cette saison est bien celle « de tous les dangers ». De l’arrêt brutal de 100% Paillade au deuil familial de notre vaillant soldat suisse Bećir Omeragić (force à lui !) en passant par l’interview Lamparo de Laurent ou le feuilleton Derrick du mercato de Joris Chotard, c’est comme si tous les vents contraires s’acharnaient pour pousser l’institution MHSC à rejoindre Annecy, Laval et Amiens à l’étage du dessous. L’œuf ou la poule : ces coups durs ont-il alimenté la sinistrose ou est-ce la morosité ambiante qui provoque la poisse ? Avant même la campagne désastreuse de matches amicaux, le pessimisme faisait rage.

L’usure est palpable : Laurent Nicollin en a marre du dossier « Nouveau Stade » et on peut le comprendre. Le manque de moyens et un budget exsangue pour le football moderne limite les emplettes et oblige le groupe à s’amincir et s’affaiblir à vue d’œil d’année en année. Ainsi, par contagion, les cadres, usés, ne jouent plus leur rôle de leaders et ne croient plus vraiment à un quelconque « projet ». Dans ce contexte, Jocelyn Gourvennec, Sabri Lamouchi, Philippe Montanier ou Jean-Louis Gasset feraient-ils mieux que Der Zakarian ? Montpellier, ce club si familial que même les pistes du futur entraîneur ont le goût du déjà-vu.

Néanmoins, il faut agir. Surtout dans un championnat à 34 journées qui limite les jokers. Der Zak apparaît comme le fusible idéal et ses soutiens se font de plus en plus rares à Grammont. En interne, l’humeur est plutôt au changement de cap. Trois pôles « historiques » ont pris ce parti : les joueurs, le secteur médical et la formation.

Comme révélé dans L’Équipe, le « Conseil des Sages » a livré le ressenti du vestiaire au « Prez ». Si le point de non-retour est atteint depuis longtemps avec Jordan Ferri et Wahbi Khazri, c’est nouveau pour Benji Lecomte et plus sinueux pour Téji Savanier. Quand de nombreux joueurs s’étaient ligués contre « MDZ » après l’altercation avec Mamadou Sakho l’an dernier, « TJ » avait soutenu le technicien : « On ne touche pas au coach ! ». Le respect et l’affection sont mutuels. Mais pris entre le marteau et l’enclume, fatigué de devoir rabibocher tout le monde, l’éternel meneur de jeu pailladin a de plus en plus de mal à prendre position. Ironie du sort : quand Der Zak avait frappé à la même porte en juin dernier pour demander le départ des 2 « indésirables », il avait reçu une réponse positive. Mais la promesse n’avait pas pu être tenue en raison du contexte économique global. Comment cohabiter désormais ? L’entraîneur arménien est-il léger tactiquement, comme l’indique l’article de L’Équipe ? Un ancien joueur passé sous ses ordres nous répond : « Si on va par là, c’est sûr que ce n’est pas Ancelotti ou Guardiola. La méthode Der Zak est basée sur une défense de fer. Il est très pointilleux sur les détails défensifs : repli, positionnement, distance de marquage. Il va laisser beaucoup de libertés aux offensifs tant que ça fonctionne. C’est pour ça que ça avait marché avec Delort, Mavididi, Mollet, Laborde et Savanier. Là, il a moins de matos et ça se voit. Tactiquement, il est plutôt dans le style Deschamps : il s’adapte aux blessés, aux adversaires. C’est un pragmatique. Par exemple, si un titulaire est absent, il ne va pas forcément le remplacer poste pour poste mais il cherche une solution qui bouleversera moins l’équilibre de l’équipe, quitte à changer de système sur un match. Il insiste toujours sur les fondamentaux : la rigueur, gagner les duels, l’intensité, la justesse technique ».

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Des éléments de langage que l’on retrouve très souvent dans des conférences de presse monosyllabiques qui, à l’image de son surnom, manquent de voyelles. « MDZ » n’est pas un bon communicant. On ne va pas se mentir : ça l’emmerde. Mais à l’heure de la Super Ligue des Champions 2024/25, d’autres, plus à l’aise sous la lumière des caméras, savent mieux se servir des médias pour faire passer les messages. Pour décrypter ceux de Der Zakarian, pas besoin d’avoir fait Saint-Cyr. C’est cash : « Les mecs à la VAR, c’est un scandale ! ». « Certains joueurs pensent plus à la CAN qu’au club ».  Et puis il y a les blessés : « Je fais avec les moyens du bord ». « L’infirmerie est toujours pleine ». Une litanie récurrente qui irrite le staff médical. À Rennes, 9 absents. Les deux camps se renvoient la balle. Les « docs » reprochent au coach de faire reprendre les joueurs trop tôt et de mettre les corps à l’épreuve aux entraînements. Sans oublier l’obsession de la pesée quasi-quotidienne. La rechute d’Issiaga Sylla, titulaire contre Nantes et sorti à la 10ème minute, a été mal vécue. De même que la gestion de Joris Chotard et Mousa Al-Tamari, « pétés » quelques heures après des transferts avortés. Michel Der Zakarian se défend en privé, accusant les médecins de surprotéger les joueurs et de noyer le poisson sur des délais de retour nébuleux. Sur Kiki Kouyaté : « Ça fait 6 mois que ce n’est pas grave ». Sur Birama Touré : « Pas opérationnel avant un mois ? ». Sur les jeunes : « Ils ne sont pas prêts. On les envoie à l’abattoir ».

Pour autant, l’équipe de Rennes ne ressemblait pas franchement à un EHPAD de grabataires Parkinson : Enzo Tchato (21 ans), Khalil Fayad (20 ans) Rabby Nzingoula (18 ans) puis Théo Chennahi (19 ans) et Yanis Issoufou (17 ans). À ce stade, difficile de savoir si « MDZ » lance des jeunes parce qu’il leur fait confiance ou pour prouver par l’absurde son point de vue à ses détracteurs : le board (sur le mauvais mercato & le manque de profondeur de banc) et les formateurs (sur le réel niveau des gamins & le fait qu’il n’hésite pas à en faire jouer beaucoup). Néanmoins, ce « bras de fer » ne mène nulle part. Si, perdu pour perdu, les supporters préfèrent voir « un jeune qui se bouge le c** qu’un cadre embourgeoisé », le mouton à 5 pattes n’existe pas. Souvent, les jeunes se blessent (Maamma, Ngosso, Mincarelli, Issoufou), surnagent (Fayad, Tchato) ou disparaissent de la circulation (Delaye, Guermouche, Sérigné Faye, Junior Ndiaye) quand les meilleurs partent sans laisser de trace durable et profonde (Wahi, Estève).

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Isolé, moins combattif et entraîneur de la plus mauvaise formation de Ligue 1, Michel Der Zakarian apparait donc comme le fusible idéal à faire sauter pour rallumer la lumière : « La direction ne m’a rien dit mais dans le football, tout peut arriver. Je n’ai pas vingt ans. Quand on est entraîneur, que l’on ne gagne pas un match et que ça dure, tous les coachs sont en danger. C’est la loi du foot ». Après 23 saisons passées dans l’Hérault, cet amoureux du club mérite bien une dernière chance. Les dirigeants la lui laissent contre Auxerre. L’AJA, juge de paix pour « MDZ » ? Plus que jamais, une victoire dimanche à la Mosson est essentielle à la survie du coach. Plus qu’à celle du club ?

Cédric DROUET

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