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·24 novembre 2025

400 millions, le piratage a un coût hallucinant !

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Les IPTV ont pris une ampleur telle qu’elles bousculent désormais l’économie même du football français. Plusieurs réseaux illégauxn très bien organisés, ont mis la main sur ce marché noir, et les pertes sont colossales pour les acteurs principaux. L'impuissance actuelle des autorités, vis-à-vis de marché parallèle menace plus que jamais l’avenir des diffuseurs et de la Ligue 1, comme l'a longuement expliqué Philippe Dewost auprès de l'Équipe

Depuis ces dernières années, et notamment le scandale autour des prix de DAZN l'an dernier pour s'abonner et avoir accès à la Ligue 1, un phénomène a pris de l'ampleur : les IPTV. Une concurrence déloyale qui a pris des proportions inimaginables, et qui est en partie, responsable du départ anticipé de l'entreprise britannique. En novembre 2024, cette dernière avait d'ailleurs pris contact avec trois spécialistes, avant de lancer une enquête de trois mois pour chiffrer cette "catastrophe". Le bilan est affolant...


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Les IPTV aux mains de petites "mafia" !

Dans un long entretien accordé à l'Équipe, Philippe Dewost, expert technique du travail d'investigation autour de cette mission, est revenu sur les motivations qui ont poussé DAZN à claquer la porte de la Ligue 1. « L'objectif de DAZN était de comprendre, qualifier et quantifier l'étendue du piratage IPTV pour voir de quelle manière cela pesait sur leurs résultats et surtout sur la possibilité pour eux d'atteindre leurs objectifs. Mon associé, dont c'est la spécialité, a commencé à enquêter sur le terrain, en prenant vraiment des risques, et s'est aperçu que la distribution, que ce soit dans le sud de la France, dans l'Est parisien, en Seine-Saint-Denis et dans le Nord était organisée par les groupes qui font du trafic en tout genre, notamment les stupéfiants.» Mais ils étaient encore loin d'imaginer la puissance de ce business et les pertes engendrées pour les chaînes...

« Ce sont des fournisseurs auxquels vous vous connectez en ayant un identifiant et un mot de passe qui ont été installés dans la machine. Le tout par le biais d'un rabatteur, d'un vendeur ou quelqu'un vers lequel on vous a dirigé, à qui vous versez du cash et donnez votre numéro de téléphone portable. Vous récupérez un boîtier déjà préconfiguré que vous n'avez plus qu'à brancher sur votre télé et à raccorder à Internet. Vous n'avez pas de manipulation particulière. » Un moyen très facile donc de se procurer un accès à toutes les chaînes du monde entier à un moindre coût ; Absolument imbattable sur le marché, étant donné la quantité de chaînes payantes disponible en effectuant un seul paiment par an d'une cinquantaine d'euros. Celui qui est aujourd'hui consultant, précise tout de même, que cette pratique s'accompagne de son lot d'ennuis. « On vous demande votre numéro de téléphone parce que c'est ce qui servira à ces plateformes, via leurs distributeurs, pour vous recontacter au bout de onze mois pour vous proposer de renouveler votre "abonnement". Et au passage, votre numéro de téléphone va se retrouver sur le Dark Web et revendu à d'autres. Ce qui explique que quand vous le communiquez, vous vous mettez en risque de recevoir des démarchages, du phishing (hameçonnage) et tous les SMS et les appels non sollicités que l'on peut imaginer. » Sauf qu'après avoir pesé le pour et le contre, de nombreux utilisateurs qui n'ont pas les moyens, ou qui ne veulent simplement pas payer autant, se tournent tout de même vers l'illégalité comme le démontrent les chiffres.

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Le phénomène prend tellement d'ampleur, que le 7 octobre dernier, l'équipe d'enquêteurs a délivré à un signalement auprès du tribunal judiciaire de Marseille. « Les chiffres dont on dispose aujourd'hui montrent qu'il y a à peu près 8 millions de boîtiers en circulation en France et qu'on atteindra probablement les 9 millions à la fin de l'année, parce que la période de Noël favorise une vente extrêmement soutenue. Avec 8 millions de boîtiers en circulation à 50 euros par an, on parle d'un business de 400 millions d'euros annuels, c'est-à-dire du même ordre de grandeur que la valeur des droits de la Ligue 1 lorsqu'ils étaient vendus à DAZN. » Et depuis le changement de chaîne et la création de la nouvelle chaîne Ligue 1+, Philippe Dewost le rappelle, la présence massive des IPTV n'a pas disparu loin de là... « On est passé de DAZN à Ligue 1+, sans aucune modification en termes de piratage. Tout est toujours accessible. La question qu'on pourrait se poser, c'est : que font les Français par rapport à leurs homologues italiens, espagnols ou anglais, qui sont confrontés exactement au même problème ? Dans ces pays-là, les diffuseurs ont pris le sujet à bras-le-corps et travaillent évidemment avec les autorités pour qu'il y ait un cadre législatif qui leur permette d'avancer. Mais ils prennent en charge leur propre sécurité et ne se reposent pas uniquement sur les régulateurs du type de l'ARCOM en France pour faire le travail. »

Il décrit des « plateformes qui sont très organisées, puisqu'elles sont très bien financées », et qui « ont une infrastructure répartie chez plein d'hébergeurs, qu'on a retrouvés en Europe de l'Est, dans l'Union européenne, mais également en cascade, que ce soit au Laos, en Russie, en Chine... Ce qui rend leur comportement difficile à détecter. Il y a des dizaines, des centaines, des milliers de flux illégaux, le plus souvent des flux sportifs qui ont été récupérés et réencodés. (...) En faisant fonctionner les boîtiers, on a constaté que même lorsque l'ARCOM intervenait, c'était sur des bouts de flux qui ont été signalés dans des boucles Telegram ou WhatsApp, mais que les boîtiers en question, eux, ne bronchaient pas. Les plateformes qui sont derrière sont très largement insensibles à toutes les démarches d'interruption de flux qui sont engagées. La raison, c'est simplement que l'ARCOM n'a pas suffisamment de moyens. Encore une fois, de mon point de vue, c'est aux clubs d'assurer leur propre sécurité, de défendre leurs intérêts.» Un tas de difficultés, qui empêche réellement les acteurs de s'interposer et de lutter efficacement. Malgré les sommes conséquentes investies dans la bataille, et le projet de loi contre le piratage, qui doit prochainement voir le jour à l'Assemblée nationale, pour l'heure, le marché noir gagne toujours ce bras de fer.

D'après les derniers chiffres de l'ARCOM, 12 % des téléspectateurs sont concernés par le piratage, et 41 % d'entre eux, ont fait la bascule il y a moins d'un an. Des chiffres alarmants qui n'ont pas échappé à la LFP, bien consciente du soucis, et qui compte l'aborder sérieusement lors de l'assemblée générale, le 4 décembre prochain. Si Nicolas de Tavernost veut atteindre la barre des 2,25 millions d'abonnés (actuellement 1,08 million) pour Ligue 1+, il va falloir affronter et affaiblir le nouveau rival : les IPTV.

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