Sambafoot
·28 février 2022
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·28 février 2022
Túlio Maravilha est l’une des figures les plus irrévérencieuses du football brésilien. Idole de Botafogo depuis toujours, il a remporté le championnat brésilien en 1995 et enfilait les buts sur tous les terrains.
C’est en fin de carrière qu’il a mis fin à la saga des 1 000 buts et, selon ses calculs, il a atteint son objectif en 2014. Il a continué à jouer jusqu’à presque 50 ans et a porté le maillot de plus de 30 clubs dans le monde.
Dans cette interview exclusive avec Sambafoot, l’ancien numéro 7 parle de son histoire avec Botafogo, commente la Seleção actuelle et revient sur des anecdotes de sa carrière XXL.
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Sambafoot : Tout le monde vous connaît comme O eterno ídolo de Botafogo. Durant votre carrière, vous avez été trois fois meilleur buteur du Brasileirão, vous avez atteint la barre des 1 000 buts et bien d’autres choses encore. Commençons par vos débuts, à Goiânia ? A-t-il été difficile d’entrer dans le monde du football brésilien ? Quelles personnes vous ont marqué à cette époque ?
Túlio Maravilha : Pour ceux qui ne le savent pas, je suis originaire de Goiânia, la capitale de l’état Goiás. Je suis passé par toutes les équipes de jeunes du Goiás Esporte Clube, bien que je sois une idole de Botafogo avec qui je m’identifie en vérité. Mais c’est à Goiás que tout a commencé. Et merci à mon père, qui a été mon plus grand soutien, ma grande inspiration et ma motivation pour que je devienne un joueur de football. Il avait l’habitude de m’emmener aux matchs du Vila Nova, le rival de Goiás, pour que je puisse les regarder. Cela a duré toute mon enfance, de l’âge de huit ans jusqu’à mes douze ans. C’est ça qui a éveillé ma passion pour le football, et un jour je lui ai dit : “Papa, tu vois ces joueurs sur le terrain ? Un jour, vous serez fiers de me voir jouer au football ici, à la Serra Dourada (ndlr nom du stade où les clubs de la ville de Goiás jouent), et ce sera un bonheur inoubliable. Dieu merci, j’ai pu réaliser ce rêve alors qu’il était encore en vie et il en a été le grand responsable.
Je suis ensuite passé par toutes sortes d’épreuves dans les équipes de jeunes de Goiás. Ça n’a pas été facile pour un garçon du centre de formation de s’imposer dans une grande équipe de l’état de Goiás. Avec beaucoup de détermination, en surmontant les obstacles et en m’entraînant beaucoup, Dieu merci, je suis devenu professionnel et dès ma deuxième année en 1989, j’ai été le meilleur buteur du championnat brésilien à l’âge de 20 ans.
Sambafoot : Vous êtes passé 3 fois à Botafogo mais votre premier passage a été le plus mémorable. Quels sont les moments les plus marquants pour vous de cette époque à Botafogo ?
Túlio Maravilha : Quand je suis arrivé, en 1994, l’équipe renaissait pratiquement de ses cendres, hein ? Nous n’avions même pas de centre de formation, nous n’avions pas de véritable centre d’entrainement. Avec mon arrivée en 1994, j’étais déjà un pari pour devenir une idole et ressusciter la passion endormie des supporters de Botafogo.
Dès la première année, j’ai été meilleur buteur du championnat carioca, meilleur buteur du championnat brésilien et, malgré les difficultés financières, nous avons réussi à faire une bonne saison cette année-là.
En 1995, l’équipe a vu arriver des joueurs plus expérimentés, avec un sponsor, Seven Up, qui était une filiale de Pepsi, et ce grand contrat a tout a changé à Botafogo. En commençant par le numéro sur mon maillot. J’avais alors toujours porté le numéro 9 et j’ai commencé à jouer avec le numéro 7 à cause de Seven Up.
Tout marchait durant cette année magique, Botafogo était champion du Brésil. En fait, c’était le deuxième titre de champion du club ! Botafogo avait déjà été champion en 1968, regardez combien d’années avaient passé. J’ai été une fois encore meilleur buteur et en plus champion. C’était donc une année inoubliable et magique. Comme vous l’avez dit, ces trois premières années à Botafogo ont été fondamentales. C’est à ce moment que Túlio Maravilha est né.
Sambafoot : Après tous ces succès dès début de votre carrière, vous avez déjà dit dans des interviews que vous regrettiez d’avoir quitté Botafogo pour aller aux Corinthians en 1997. Après cela, vous avez également joué pour Fluminense et Cruzeiro, entre autres. Pourquoi pensez-vous que vous n’avez pas eu le même succès avec les autres clubs qu’avec Botafogo ? Pensez-vous que c’était au mauvais moment, les entraîneurs ou autre chose ?
Túlio Maravilha : Il y a plusieurs facteurs. J’avais été trois ans consécutifs meilleur buteur et champion à Botafogo. J’avais déjà cette réputation, cette idolâtrie. Mon image associée à Botafogo était très forte.
Quand j’avais décidé de quitter Botafogo… C’est pourquoi je dis que si je pouvais remonter le temps, car nous n’avons pas de boule de cristal. Je ne pouvais pas prédire qu’à Corinthians, à Cruzeiro et dans ces autres clubs, comme à Fluminense, je n’aurais pas le même succès qu’à Botafogo.
Là-bas, j’avais déjà mon identité. Dans les autres clubs, j’ai dû tout recommencer. J’ai dû m’imposer et gagner ma place avec de nouveaux joueurs, de nouveaux entraîneurs, qui avaient une mentalité différente. À Botafogo, tout le monde connaissait déjà mes caractéristiques. C’était de rester devant pour que l’équipe puisse jouer pour moi.
Malheureusement, dans d’autres clubs, je n’ai pas eu cette chance et ce succès, précisément à cause du fait que des joueurs se sont habitués à voir mon jeu, ma façon de jouer. C’est mon plus grand regret, mais on n’a pas de boule de cristal.
L’important est que, où qu’on soit allé, on a donné beaucoup de bonheur aux supporters.
Sambafoot : Avant de jouer à Botafogo, vous aviez joué deux saisons à Sion, en Suisse. Dites-nous comment s’est passée cette période en Europe, un endroit froid, complètement différent de ce à quoi vous étiez habitué à Goiás. Vous avez dit dans une interview que vous avez même pensé à arrêter de jouer. Comment s’est passée cette expérience à l’étranger ?
Túlio Maravilha : Imaginez, il y a trente ans, presque quarante, un jeune athlète quittant le centre du Brésil, de Goiás, pour un pays du “premier monde” (ndlr, terme brésilien désignant les pays riches, opposé à Tiers-Monde), qui était la Suisse. À cette époque, il n’y avait pas d’internet, il n’y avait pas la facilité qu’on a aujourd’hui. Quand vous allez dans un pays, vous savez ce que vous allez y trouver, les coutumes, les habitudes, la nourriture. Et, à cette époque, il n’y avait rien de tout cela.
En fait, je suis allé jouer en France et je plaisante même parfais en disant que j’ai dormi à Paris et je me suis réveillé en Suisse. Parce que le but était d’être vendu au Paris Saint-Germain, mais ils ne me connaissaient pas, il n’y avait pas d’internet. J’ai donc dû faire un test à la dernière minute pour que l’entraîneur puisse me connaître.
J’étais en vacances depuis presque un mois, sans entraînement et sans rythme. Malgré cela, ils m’ont fait jouer pendant trente, quarante minutes et je n’ai pas réussi. C’est le destin dans le football, non ?
Aujourd’hui, dans n’importe quel coin, tout le monde vous connaît et sait si vous pouvez être engagé ou non. Puis je me suis retrouvé en Suisse, un endroit qui n’avait rien à voir avec le football. À l’époque, [le football] était semi-professionnel, je ne m’entraînais que le matin et je restais dehors toute la journée. Il faisait -15, -17 degrés, l’adaptation a été très mauvaise, très difficile. Mes enfants, à cette époque, ne se sont pas adaptés à la langue. Il y avait du français, de l’italien, de l’allemand, c’était une pagaille incroyable.
Je voulais revenir la première année, mais le président m’avait dit que je devais rester et terminer le contrat. C’est pourquoi je me suis senti mal, désespéré. “Je vais retourner sur le terrain, mais quand je reviendrai au Brésil, je ne veux plus rien avoir à faire avec le football, je suis désabusé, je veux finir ma carrière”. C’était quand j’avais 23 ou 24 ans.
Mais Dieu merci, avant de terminer mon contrat, l’occasion s’est présentée de retourner au Brésil, et plus particulièrement à Botafogo. Cela a tout changé. Le Túlio de Goiás et de Suisse allait devenir le Túlio Maravilha du Brésil.
Sambafoot : Pour continuer sur le football européen, ne regrettez-vous pas de ne pas avoir fait plus d’efforts d’un côté, pour rester dans le football européen ? Par exemple, si vous aviez eu le choix, pour quelle équipe européenne auriez-vous aimé jouer ?
Túlio Maravilha : En fait, ce qui aurait dû se passer, c’est que j’aurais dû quitter Goiás et aller dans un grand club de l’époque, comme Botafogo ou un club de Sao Paulo. J’ai eu plusieurs propositions. L’Internacional Porto Alegre avait essayé de me transférer, mais à l’époque, il y avait la Lei do Passe (règlement sur les transferts des joueurs entre clubs où seuls les clubs décidaient), pas de régulation pour les joueurs. Nous n’avions droit qu’à 15%, regardez comme c’était difficile, c’était pratiquement un esclavagisme. Nous devions obéir aux désirs de l’équipe et non aux nôtres. Je voulais choisir, c’était mon objectif, le chemin normal : quitter Goiás, aller dans un grand club de Rio ou de São Paulo, puis être vendu en Europe. Mais j’ai fait le contraire ; j’ai quitté un club de milieu de tableau directement pour l’Europe, pour un plus petit club.
Si c’était au moins en France, en Italie ou en Espagne, j’aurais pu avoir plus de succès. Mais je me suis retrouvé en Suisse, où le football était moyen. Je n’ai jamais couru autant qu’en Suisse. Parce que là-bas, le football est le deuxième sport, celui qu’ils pratiquent le plus est le ski. Juste pour vous donner une idée.
Sambafoot : Parlons maintenant de votre saga des mille buts, que vous avez atteinte en 2014, selon votre décompte, en jouant pour Araxá. Pelé et Romário avaient déjà atteint cette marque auparavant. Comment est née l’idée que Túlio Maravilha atteigne lui aussi mille buts ?
Túlio Maravilha : En fait, le premier était Pelé, non ? En 1969, l’année de ma naissance. Je venais juste d’arriver au monde et Pelé marquait déjà son 1000ème but en carrière.
Mais ce n’était pas pour ça, c’était pour le but numéro 500, que j’ai marqué avec Cruzeiro, en jouant dans le championnat Mineiro, en 1999. C’est l’anniversaire de l’année où le Brésil a été découvert. Au cours des 500 années écoulées depuis la découverte du Brésil, j’ai eu la chance de marquer 500 buts dans ma carrière.
Dès lors, je me suis dit : “Qui sait, peut-être que dans dix ans, je pourrai atteindre le millième but tellement rêvé de Pelé”. C’est à ce moment que m’est venu l’idée de cet objectif. Bien sûr, on a connu beaucoup de difficultés, j’avais déjà plus de 30 ans. À l’époque, un joueur était considéré comme à la fin de sa carrière et nous n’avions pas la médecine sportive que nous avons aujourd’hui.
Cela a donc pris beaucoup de temps, c’était très épuisant pour atteindre ce cap historique en 2014, à l’âge de 45 ans. Avant ça, il y avait Romario, ce qui ne faisait que me motiver plus. J’ai dit : “Maintenant, je serai la troisième personne de l’histoire à franchir ce cap”. Dieu merci, avec toutes les difficultés, les sacrifices, les barrières et les obstacles à surmonter, on a réussi.
Je voulais le faire dans mon club préféré, Botafogo, mais ce n’était pas possible à l’époque. Puis l’opportunité s’est présentée à Araxá Esporte Clube pour m’aider à marquer mon 1000ème but.
Sambafoot : Parlons de certains de vos buts les plus marquants et les plus controversés. Impossible de ne pas parler du but contre l’Argentine, de la “Main de Dieu”, ou de celui avec votre talon contre le Chili. Mais est-il vrai que votre préféré est celui du Brasileirão 1995, contre Santos ?
Túlio Maravilha : Celui pour Botafogo en 1995 contre Santos a été le plus important, parce que c’était celui de la confirmation, la consécration de mon histoire avec le maillot de Botafogo.
J’avais été meilleur buteur dans plusieurs compétitions, mais il y avait toujours cette question : “Et Túlio, ne va-t-il pas gagner de titre ? Ne sera-t-il jamais champion ? Il est toujours meilleur buteur, mais un titre, aucun.”
Cette année-là a donc été primordiale. Ce but contre Santos, au Pacaembu, a vraiment marqué l’histoire de Botafogo et du football brésilien. C’est pour ça que je le considère comme le plus important de ma carrière, voire l’un des plus importants de l’histoire du club. Parce que cela faisait 26 ou 27 ans que Botafogo n’avait pas été champion du Brésil.
Sambafoot : Sur le même sujet, une chose dont vous avez parlé à plusieurs reprises est la façon dont la VAR gêne le football. Pensez-vous que vous auriez atteint les 1 000 buts si la VAR avait existé à l’époque, lorsque vous avez commencé à jouer ?
Túlio Maravilha : J’aurais pu y arriver et je n’aurais pu ne pas y arriver non plus. À l’époque, j’avais marqué plusieurs buts que l’arbitre de touche avait qualifiés de hors-jeu, mais ce n’était pas le cas. Ils accordaient des buts qui n’étaient pas valides. Je n’aurais pas obtenu certains pénaltys et vice-versa. D’un coup, plusieurs de mes buts étaient hors-jeu, plusieurs de mes buts n’étaient pas valides. Donc je pense que cela aurait pu aider à la hausse comme à la baisse. Mais aujourd’hui, bien sûr, la facilité d’annuler des buts qui viennent d’être marqués est sans comparaison. Donc je pense que cela pourrait arriver, oui. C’est juste une question de temps et d’adaptation.
Sambafoot : Ces histoires au sujet de vos buts et d’autres anecdotes de votre carrière sont consignées dans votre biographie récemment publiée. Elle a été écrite par Wilson Rossato avec pour titre “Mille fois Tulio Maravilha”. Dites-nous, avez-vous un spoiler, une histoire que personne ou presque ne connaît sur Túlio Maravilha ? Et dites-nous comment se procurer le livre.
Túlio Maravilha : Nous avons lancé, à la fin de l’année dernière, “Mil vezes Túlio Maravilha” (Milles fois Túlio Merveille), avec les éditions Zit, ici à Rio de Janeiro. Pour ceux qui veulent acheter le livre, il suffit d’entrer sur le site www.fokaki.com.br et vous pourrez l’acheter. De nos jours, tout est virtuel, non ? Vous l’achetez et le recevez chez vous en un ou deux jours. Une chose très moderne et pratique. Nous l’avons lancé à la fin de l’année, le jour même où j’ai joué mon jubilé avec le maillot de Botafogo, le 11 décembre.
J’y raconte plusieurs histoires, notamment sur les coulisses. Tout le monde connaît la vie d’un joueur, les voyages, les grands clubs, marquer des buts, être champion, les défaites. Mais ils ne connaissent pas la routine quotidienne, ils ne savent pas ce qui se passe en coulisses.
Je vais vous raconter un bref épisode lorsque j’ai joué pour Vila Nova de Goiás, en 2001. Je n’étais pas encore marié à ma deuxième femme, nous sortions ensemble, nous apprenions à nous connaître. Durant les mises au vert, quand il était 10 ou 11 heures du soir, le surveillant passait devant les chambres, mais mon colocataire savait déjà qu’à chaque fois, j’allais m’éclipser. C’était pour pouvoir flirter avec ma femme, sans que le surveillant le sache… Alors il fabriquait une poupée de chiffon, mettait un oreiller et une couverture dessus. Lorsqu’il (le superviseur) entrait dans la pièce, mon ami lui disait : “Tais-toi, tais-toi, il est déjà endormi. Ne le réveille pas, sinon il n’y aura pas de but demain”. Quand il partait, on faisait une corde avec des draps pour que je puisse sortir par la fenêtre et descendre de deux ou trois mètres. Je sautais par-dessus le mur et il y avait un chien qui aboyait. Les gars disaient que lorsque le chien commençait à aboyer, c’était parce que Túlio partait, il sortait pour ses rendez-vous galants (rires). Je ne rentrais qu’à 6 ou 7 heures du matin, avant tout le monde et ayant déjà pris mon petit-déjeuner, pour pouvoir me reposer ensuite. Dans le jeu, c’était deux ou trois buts “faciles, faciles” et l’affaire était réglée.
Sambafoot : Parlons de la Seleção, où vous avez eu une bonne période. Même si elle a été plutôt brève, vous avez marqué plusieurs buts. Nous sommes dans une année de Coupe du monde. Que pensez-vous de l’équipe actuelle ? Et surtout, quel est votre avis sur le numéro 9, qui n’a toujours pas de titulaire incontestable ? Depuis la Coupe du monde en Russie, nous n’avons toujours pas trouvé de numéro 9 titulaire. Et nous voulons savoir si Túlio Maravilha aurait une place dans la Seleção d’aujourd’hui !
Túlio Maravilha : C’est vrai. Après Romario, Ronaldo Fenômeno, Careca… des grands attaquants avec le maillot numéro 9…comme Reinaldo, Roberto Dinamite. Même moi, je me suis mis dans ce paquet. Je pense que le dernier était Fred, en 2014, qui n’a pas eu le succès qu’on attendait. C’était une grande déception.
Depuis 2014, cela fait presque huit ans que le Brésil a cette interrogation. Qui sera le nouveau numéro 9, l’homme chargé de marquer les buts de la victoire ? Tite, pendant cette période, a fait plusieurs expériences, plusieurs tests et n’a toujours pas trouvé ce numéro 9. On parle beaucoup de Firmino, Gabriel Jesus et Richarlison. Mais tout le monde a eu sa chance et il n’y a pas un type qui, avec Neymar, puisse déséquilibrer et, qui sait, donner un espoir d’amener le 6ème titre.
Mais aujourd’hui, avec la mondialisation du football, l’attaquant central n’existe plus. Ce sont des joueurs très mobiles. Tite essaie donc de trouver le partenaire idéal de Neymar en qualifications et en matches amicaux, la participation à la Coupe du monde étant garantie. On espère que d’ici la fin de l’année, un Aladin sorte de la lampe magique pour apporter ce “9”. Si c’était moi, c’est sûr que ma place serait déjà garantie. Ce serait moi et Neymar devant, et les autres se débrouilleraient derrière.
Sambafoot : Que pensez-vous du travail de Tite avec la Seleção ces dernières années ? Le sixième titre est-il pour cette année ?
Túlio Maravilha : Je crois que l’on ira plus loin qu’en 2018. On a perdu en quart de finale contre la Belgique alors qu’il y avait beaucoup d’attentes. On avait fait une bonne campagne de qualification en obtenant une place très tôt, comme cette année. Avant même d’avoir terminé les qualifications, on avait déjà réservé notre place.
Mais maintenant, Tite est plus expérimenté, plus mature et sait comment fonctionne la Coupe du monde. Il y a trois matchs au premier tour et ensuite il y a la phase à élimination directe. Le Brésil ne peut se permettre aucune erreur dans les phases à élimination directe. Un petit détail peut compromettre l’ensemble du projet et tout son travail.
Je pense donc que [le Brésil] aura plus de chances cette année. Je crois qu’on ira plus loin et j’ose dire qu’on peut même aller en finale. On va espérer de ne pas tirer un gros adversaire en quart de finale et en demi-finale, car on aura besoin d’un peu de chance et d’efficacité. Je pense que, cette année, le Brésil ira plus loin.
Sambafoot : Dans les années 90, à l’apogée de votre carrière, on plaisantait pour savoir qui était le “roi de Rio”, il y avait ces rivalités avec Romário, Renato Gaúcho pour rire. Quelles étaient vos relations avec ces grands joueurs qui évoluaient au Brésil ? À l’époque, ils jouaient encore ici dans notre pays, ce qui n’est plus si fréquent aujourd’hui. Pensez-vous que ce type de rivalité existe encore dans notre football ?
Túlio Maravilha : Je pense que oui. À cette époque, il y avait de grands buteurs dans toutes les grandes équipes brésiliennes, que ce soit à São Paulo ou à Rio. Si vous regardez bien, chaque équipe avait son matador, son numéro 10 qui déséquilibrait l’adversaire. Ils avaient un point de référence.
Il y avait cette rivalité saine, une joyeuse rivalité. Nous avions l’habitude d’annoncer nos objectifs, de parier des cestas básicas (ndlr panier comprenant les denrées alimentaires de base au Brésil). Le stade était plein et il n’y avait pas autant de violence qu’aujourd’hui. Ce qui gêne beaucoup, ce sont les groupes Ultras qui ne pensent qu’à la violence et oublient de supporter. Aujourd’hui, les joueurs ont même peur d’annoncer qu’ils vont marquer des buts et de dire quel type de but ils vont marquer le “Gol Urubu” ou le “Gol Bacalhau” parce qu’ils ont peur d’être humiliés. Encore plus avec les réseaux sociaux que les gens n’utilisent pas pour le bien, mais pour le mal. Fakes news…
Il y aurait de la place, mais il faudrait être très créatif, très intelligent pour pouvoir jouer comme ça sans mépriser qui que ce soit et ne pas mettre en danger les clubs. Et aussi pour ne pas subir la pression des fans et de la justice. Je pense que le football est devenu trop centré sur soi, trop politiquement correct et ennuyeux.
Sambafoot : Parlez-nous des joueurs avec lesquels vous avez joué et ceux qui vous ont le plus impressionné. Aussi bien ceux que avec qui vous avez joués que ceux que vous avez affrontés.
Túlio Maravilha : Ouah, on va avoir trop de nom je crois ? Pour commencer, à Botafogo, il y avait Donizete qui était mon partenaire en attaque en 1995. On était champions du Brésil et sur les 23 buts que j’ai marqué, il a dû être impliqué sur au moins 15 d’entre eux. Il connaissait notre positionnement parce que nous avions déjà répété les actions. C’était un type fantastique, il jouait sur les ailes droites et gauches, centrait superbement et marquait même des buts. Donizete a été le meilleur partenaire d’attaque que j’ai jamais eu.
J’ai aussi eu l’honneur de jouer aux côtés de Bebeto, à Vitória da Bahia, à Botafogo aussi. J’ai joué avec Edmundo en Seleção, lors de la Copa América 1995. Marcelinho Carioca aux Corinthians, qui était l’un des passeurs, la star Neto avec qui j’ai également eu l’occasion de jouer. A Cruzeiro, il y avait une constellation de joueurs. Muller, Valdo… Bref, il y avait juste de grands joueurs. Dans les années 90, vous pouviez fermer les yeux et il n’y avait que des étoiles avec toi.
Sambafoot : Y a-t-il un joueur aux côtés duquel vous n’avez pas joué et dont vous auriez aimé avoir l’opportunité ? Celui à côté duquel vous auriez aimé jouer.
Túlio Maravilha : Bien qu’ayant les mêmes caractéristiques, moi et Romario, je pense qu’on aurait pu former un duo de choc, non ? Comme Bebeto et Romario, Bebeto et Túlio.
J’ai aussi joué avec Ronaldo Fenômeno en 1995, il débutait et on a joué quelques matchs ensemble. À l’époque, on savait déjà qu’il allait devenir l’un des meilleurs joueurs du monde. Je pense que les bons joueurs jouent partout et avec n’importe qui à leurs côtés.
Sambafoot : À votre avis, quelle est la grande différence entre le football d’aujourd’hui et celui des années 90 ? Par exemple, pensez-vous que les joueurs d’aujourd’hui manquent d’amour pour le maillot, ou d’engagement ? Quelle est la principale différence ?
Túlio Maravilha : La principale différence réside est la technique. Soyons très clairs et très objectifs. Comme je l’ai dit, dans les années 90 et même dans les années 2000, on avait des clubs pleins de stars, pleins de joueurs de haut niveau. En attaque, au milieu de terrain et même en défense. Aujourd’hui non, vous pouvez compter sur vos doigts un ou deux joueurs qui font référence. À l’époque, on avait des idoles, aujourd’hui on n’en a pas.
Il faut mettre de côté de Palmeiras, Flamengo et maintenant l’Atletico Mineiro, les trois équipes qui ont des joueurs connus, des joueurs d’expérience qui ont déjà presque tout gagné dans leur carrière. Mais les autres doivent les concurrencer et dénicher de nouveaux talents. Mais quand ils commencent à former de nouveaux joueurs, ils les vendent à l’étranger. Les garçons n’ont aucune chance de devenir champion et meilleur buteur de leur équipe. Les supporters ne se souviennent même pas de leur nom, ce sont les grandes différences. Il y a un manque de qualité technique. Je ne parle pas d’amour du maillot, mais il faut plus de temps à la maison pour que les supporters puissent s’habituer à leur nouvelle idole.
Sambafoot : Vous avez été le seul à devenir le meilleur buteur dans les Séries A, B et C (1ère, 2èmes et 3èmes divisions nationales du Brésil). En parlant des petites équipes à la fin de votre carrière, lorsque vous avez fait une tournée quasi-marathon au Brésil, quelle est l’équipe qui vous a le plus positivement surpris ? Peut-être en termes de structure ou de qualité technique ?
Túlio Maravilha : C’était en 2000. C’était mon dernier passage à Botafogo et juste après, je suis parti à São Caetano. Imaginez, São Caetano était en deuxième division du football pauliste (ndlr 2ème division régionale) et personne n’avait entendu parler d’eux. Quand je suis arrivé à l’ABC Paulista (ndlr périphérie de la ville de São Paulo), la ville était super moderne, super développée, avec beaucoup d’entreprises autour. L’équipe était structurée, avec un terrain d’entraînement et des salles de sport. À partir de ce moment, São Caetano a commencé à être vu différemment. Cette année-là, on a été champions de Série A2, qui était la deuxième division, et j’ai été meilleur buteur avec 20 buts en 20 matchs. Pratiquement un but par match.
Puis viennent 2000 et 2001, ils sont finalistes de la Libertadores, ils sont aussi finalistes du championnat brésilien contre Vasco et Athletico-PR. Je plaisante même en disant que, si j’avais continué, je suis sûr qu’on aurait gagné un de ces titres. Le Brasileirão ou même la Libertadores. São Caetano a donc été une grande surprise.
Sambafoot : Pour continuer de parler des petites équipes et des jeunes prometteurs. Quel conseil ou message donneriez-vous à ces jeunes qui débutent dans le football brésilien et qui rêvent d’avoir une carrière à succès comme la vôtre ?
Túlio Maravilha : En premier, il ne faut jamais abandonner. Vous savez que le joueur de football, dont 95% sont salariés, est confronté à des difficultés et joue dans de petits clubs. Ils luttent pour gagner leur pain quotidien. Seuls 5% vivent dans le glamour, les salaires élevés, les grands clubs et ont tous ces avantages. Donc, si vous voulez faire partie de ces 5%, vous devez d’abord avoir foi en Dieu et croire que Dieu prendra soin de votre vie, vous protégera et vous guidera à tout moment dans votre carrière personnelle et professionnelle.
Deuxièmement, il faut se dédier totalement. Il ne suffit pas d’être un bon joueur, d’avoir du talent. Ah, je sais comment tirer, comment marquer, comment traverser. Non, tu dois te dédier totalement. Il faut 99% de transpiration et 1% d’inspiration. Ensuite, il faut être humble, car travailler en équipe, avec des êtres humains, n’est pas facile.
Il faut être très habile, il faut être humble, respectueux et simple. Parce que dans le football, il est difficile de faire les choses simples. Quand on commence à trop cogiter, ça ne marche pas.
Alors, n’abandonnez pas vos rêves. Croyez, ayez la foi. Si la première porte s’est fermée, essayez la seconde, n’abandonnez pas. Allez-y, partez à la recherche de l’endroit que vous ne pensez pas pouvoir dépasser.
C’est la grande volonté, le grand message. Et quand vous y serez, ne pensez pas que vous êtes le meilleur du monde. Parce que c’est dur de monter, mais c’est rapide de tomber.
Il faut donc être humble, respectueux, reconnaissant et savoir valoriser chaque moment de sa vie, pour arriver au succès. Ce sont des exemples de base que je donne, puisque je donne des conférences pour motiver les gens. Mon cours est 100% centré sur l’attitude, c’est ce que je transmets aux enfants qui veulent devenir des joueurs de football. Pas juste pour le football, mais aussi dans la vie professionnelle.
Sambafoot : Vous avez mis fin à votre carrière à l’âge de presque 50 ans. Si vous pouviez décrire votre carrière de footballeur en un mot, ce serait quoi ?
Túlio Maravilha : Superação (le dépassement de soi). C’est ma marque de fabrique. Tulio est comme le Dieu Phénix : quand on s’y attend le moins, il renaît de ses cendres et vole ! C’est donc mon mot, c’est mon histoire : superação !
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