Amiens SC : faut-il encore miser sur Gaël Kakuta ? | OneFootball

Une quinzaine de jours après le clap de fin de la saison 2023/2024 de l’Amiens SC, l’heure est venue de se poser certaines grandes questions en lien avec l’exercice écoulé et celui qui approche déjà. Aujourd’hui, il est question de l’avenir de Gaël Kakuta. Amiens doit-il encore construire avec le milieu offensif de 32 ans ? Débat.

Non, il est temps de tourner la page

Aussi talentueux soit-il, Gaël Kakuta est-il encore un atout de choix pour l’Amiens SC ? Si cette question peut surprendre le suiveur moyen de la Ligue 2, elle est plus que jamais d’actualité pour le club picard. Et ce pour de multiples raisons. Sportivement déjà, le meneur de jeu de bientôt 33 ans (ndlr : le 21 juin prochain) sort d’une saison très moyenne, encore une fois plombée par les blessures. D’abord en septembre avec un souci au tendon d’Achille, avant une douleur à la cheville en février et, enfin, une gêne aux adducteurs en avril.

Résultat des courses, Gaël Kakuta a manqué pas moins de 16 rencontres cette saison en incluant sa période d’indisponibilité début janvier en raison de sa présence à la coupe d’Afrique des nations (5 matches), compétition au cours de laquelle il a fini par se blesser. Depuis deux ans, l’ancien Lensois semble progressivement être lâché par son corps, avec dizaine de blessures différentes depuis avril 2022. Et cela concerne toutes les parties du corps, du mollet au genou, en passant par la cuisse, la cheville et les adducteurs.

Dès lors, difficile pour lui d’entretenir une quelconque dynamique de performance. S’il y a bien eu des coups d’éclat depuis le retour de Gaël Kakuta en octobre 2022, comme son but contre Dijon, son bon match à Laval, sa splendide frappe contre Auxerre en août dernier ou, plus récemment, son excellente seconde période à Grenoble, c’est trop peu pour un joueur de son calibre. Le numéro 10 a également connu de gros trous d’air (janvier-avril 2023, décembre 2023-mars 2024), incarnant une équipe de l’Amiens SC incapable de bien négocier les tournants importants d’une saison.

Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport

En résumé, Gaël Kakuta n’est plus suffisamment fiable, notamment physiquement, pour être l’élément central du projet sportif de l’Amiens SC, même en Ligue 2. Or, le meneur de jeu ne peut pas se contenter de jouer les seconds rôles ou d’être un intermittent du spectacle, rôle qu’il a endossé bien malgré lui depuis de longs mois. Premièrement, parce qu’il pèse lourd dans la masse salariale du club. Dans un contexte de réduction des coûts, afin de réduire le déficit structurel du club, l’investissement fait sur lui devient de plus en plus discutable au regard de sa disponibilité et de son rendement. Pour simplifier, le rapport qualité-prix n’est plus au rendez-vous.

Et alors que les années passent et que les blessures se multiplient, l’espoir de retrouver le Gaël Kakuta de 2017/2018 ou même de sa première saison à Lens (2020/2021) s’amenuise chaque jour un peu plus. Symboliquement, l’international congolais représente aussi une période révolue, avec laquelle Amiens doit très certainement rompre. Relique d’une Ligue 1 encore rêvée mais toujours plus illusoire, il représente aussi le profil de joueur qui a amené le club picard à vivre au-dessus de ses moyens (économiques) et à s’écarter des vertus à l’origine de son succès passé.

A tout miser sur un supposé « messie », Amiens en a oublié que le football est un sport collectif et que ne surpasse un effectif soudé, cohérent et complémentaire. Qui plus est en Ligue 2, où des équipes comme Laval, Rodez, Pau, avec des moyens bien inférieurs et sans « star », ont clairement tracé le chemin à suivre. Et pour y parvenir, il faudra sans doute que ceux de Gaël Kakuta et de l’Amiens SC se séparent.

Romain PECHON

Oui, il est encore au niveau

Les critiques visant Gaël Kakuta, tant sur son niveau moyen sur toute une saison que sur ses indisponibilités au vu de l’investissement qu’il représente, sont légitimes. Pour autant, des explications et donc des solutions peuvent être mises sur la table. Sportivement, son profil créatif convient peu au projet de jeu efficace mais restrictif prôné par Omar Daf pour sa première année sur le banc de l’Amiens SC. Si une profonde révolution n’est pas à attendre, une évolution vers un jeu davantage protagoniste, après une saison dirigée et un mercato peut-être plus à la guise du technicien sénégalais, est clairement envisageable et offrirait à Gaël Kakuta un terrain de jeu convenant plus à ses qualités.

Trop souvent esseulé sur le plan créatif, l’ancien Lensois est aussi ciblé par l’arrière-garde adverse dans l’optique de couper à la source le maître à jouer amiénois. Mieux entouré, il bénéficierait de nouvelles libertés lui permettant d’exprimer au mieux son jeu et sa capacité à créer des décalages. À bientôt 33 ans, l’international congolais (24 sélections, 3 buts) a prouvé qu’il avait encore du talent à revendre lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations en étant, lorsqu’il est disponible, le meneur de jeu attitré d’un demi-finaliste d’une des CAN les plus relevés de l’histoire. Dans un contexte collectif seyant davantage à ses qualités, Gaël Kakuta n’a fait aucun débat.

C’est aussi à cause de cette CAN que sa saison a été entachée sur le plan physique. Livré à un climat radicalement différent de celui de la Somme avec, en Côte d’Ivoire, une humidité et une chaleur étouffantes en hiver, le tout conjugué à un enchaînement de matches usant au possible, le corps abîmé de l’Amiénois n’y a pas résisté. Qui sait si, sans cette coupure continentale, le Congolais aurait été aussi souvent touché. La saison passée, il n’avait manqué qu’un mois de compétition sous les couleurs amiénoises – d’avril à mai 2023.

Dans un exercice 2024/2025 plus “normal” en termes de calendrier, sans compétition continentale et avec un passage de 20 à 18 équipes réduisant de quatre le nombre de matches à disputer en Ligue 2, Gaël Kakuta peut s’inscrire sur la durée d’une saison. Si l’Amiens SC ambitionne de retrouver la Ligue 1, le milieu offensif de 32 ans peut en être son leader technique tout en assurant une certaine continuité dans un club promis à un nouvel été mouvementé. D’autant que le principal intéressé avait fait part en avril de son désir de rester. Le départ de Gaël Kakuta ne ferait que renforcer ce sentiment d’instabilité, incompatible avec un objectif top 5. Si tant est que le board amiénois avance avec l’aspect sportif au centre de son attention.

Enzo PAILOT

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Crédits photo à la une : Daniel Derajinski/Icon Sport