Ancelotti : "Pour moi, Mbappé est un avant-centre" | OneFootball

Dans une interview accordée à France Football, Carlo Ancelotti a fait le point sur le poste de sélectionneur et évoqué son passé d'entraîneur du Real Madrid et du PSG.

Ancelotti a accordé une interview à France Football depuis le siège de la CBF (Confédération brésilienne de football), dans laquelle il a analysé sa nouvelle aventure en tant que sélectionneur, la saison dernière avec le Real Madrid, ainsi que divers sujets d’actualité comme sa relation avec Vinicius ou l'arrivée de Mbappé à Madrid l'été dernier.

L'adaptation au Brésil : "Pour moi, c'est facile de s'adapter. C'est un autre rythme. Je dois m'imprégner de la culture du pays, c'est pourquoi je me suis installé à Rio. Ici, j'ai trouvé une fédération très bien organisée. Du président de la CBF au directeur, tout le monde est fantastique, enthousiaste. Nous travaillons dans une excellente ambiance, avec sérieux. Je suis venu avec mes assistants, mais je n'avais besoin de rien d'autre. La structure est parfaite."

Si remporter la Coupe du monde est une obligation comme la Ligue des champions pour le Real : "C'est une obligation d'essayer. Personne n'a l'obligation de gagner. Qui, dans le football, a l'obligation de gagner ? Même celui qui pense être le meilleur n'a pas cette obligation. Tant de choses peuvent se passer qui changent le résultat. J'ai passé six ans au Real Madrid et je n'ai pas remporté six Ligues des champions. J'en ai remporté trois."

Est-il difficile d'être italien et d'entraîner un autre pays ? "Non, ce n'est pas difficile."

Que se passerait-il si le Brésil affrontait l'Italie ? "(Rires) Ce serait très compliqué. (Rires). Mais que le Brésil gagne..."

Est-il facile d'entraîner Vinicius ? "Bien sûr. J'ai une relation fantastique avec Vini, il fait ce que je lui demande. Je n'ai jamais eu de problèmes avec lui. Mais dans une sélection, au final, vous n'avez pas à faire face à ces problèmes aussi souvent. Si un joueur n'est pas satisfait de son rôle, ce n'est pas grave, j'en appelle un autre. Je n'ai plus l'obligation que j'avais dans un club de gérer le joueur pendant toute une saison."

La non-sélection de Neymar et si ça a posé problème : "Une sélection doit réunir les joueurs les plus talentueux. C'est évident, non ? Mais un joueur talentueux doit également être en bonne condition physique. Il doit être à 100%, pas à 80%. Neymar améliore sa condition physique. C'est sans aucun doute le joueur brésilien le plus talentueux. Il a eu un petit problème physique et s'est remis assez rapidement. Mais je veux qu'il soit vraiment en forme pour pouvoir jouer. Il pourra participer à la Coupe du monde s'il est en bonne condition physique. D'un point de vue technique, il n'y a pas de discussion possible. Son objectif doit être d'être prêt en juin. Peu importe qu'il soit ou non sur la liste en octobre, novembre ou mars."

Quelle équipe remportera la Coupe du monde : "Je pense que le prochain champion du monde sera l'équipe qui défendra le mieux, pas celle qui attaquera le mieux. C'est comme ça, le football."

Sa dernière saison au Real Madrid : "Elle a été compliquée. Nous n'avons pas obtenu les succès que nous voulions. Nous avons également eu trop de blessés en défense, et il a été difficile de constituer une équipe solide et de soutenir la qualité offensive dont nous disposions. Militão, Rüdiger, Alaba, Ferland Mendy, Carvajal... Ce sont beaucoup de joueurs importants. Il y a eu des matchs où nous n'avions que deux défenseurs de formation et l'un d'eux, Raúl Asencio, venait tout juste de sortir du centre de formation, même s'il s'en est bien sorti.

Si le Brésil sera son dernier poste d'entraîneur : "La seule équipe que je pourrais entraîner après le Brésil serait le Real Madrid. Non, je ne pense pas que cela arrivera. Bon, j'ai un contrat d'un an ici. Après, tout peut arriver. Je peux rester deux ans de plus. Ou quatre ans de plus. Préparer une autre Coupe du monde. J'ai signé pour un an parce que je pense que c'était la meilleure chose à faire en vue du prochain tournoi. Mais je suis très heureux ici."

Si c'était facile d'entraîner Mbappé : "Très facile. En un an, Mbappé ne m'a jamais rien demandé, ni de tirer les penaltys, ni de jouer, ni de ne pas jouer, ni de tirer les coups francs... Rien. Il s'est toujours très bien comporté, avec beaucoup d'humilité. Et il a signé une saison de très haut niveau sur le plan personnel, avec 44 buts. Je pense que sa deuxième saison sera meilleure car il est adapté et ses coéquipiers le connaissent bien.

Si le fait de le placer en 9 a été décidé après en avoir discuté avec lui : "Pas du tout. Pour moi, Mbappé est un avant-centre. C'est là qu'il exprime le mieux ses qualités. Il est rapide, technique, habile, capable de faire des combinaisons fulgurantes dans des espaces réduits. C'est pourquoi il doit être près du but. Sur un côté, il aurait les mêmes qualités, bien sûr, mais je pense qu'il marquerait moins. L'intensité du football a augmenté ces dernières saisons, et les exigences physiques pour ceux qui jouent sur les ailes sont beaucoup plus élevées qu'il y a quelques années. On demande de plus en plus d'efforts à ceux qui jouent sur les côtés. Pour Mbappé, il vaut mieux être en pointe."

Pourquoi Mbappé n'aime pas défendre : "Ce n'est pas qu'il n'aime pas défendre. C'est juste qu'un joueur avec ses caractéristiques doit avant tout marquer des buts."

Qu'est-ce que le style ? "Le style ne dépend pas de vous. Il dépend des joueurs dont vous disposez. Pep Guardiola a imposé un style avec Xavi, Andrés Iniesta, Sergio Busquets et Lionel Messi. Je pense que Jürgen Klopp a également imposé un style, un football intense, basé sur la pression, car il disposait de joueurs présentant ces caractéristiques. À l'inverse, Guardiola n'aurait pas réussi à imposer son style avec les joueurs de Klopp, et Klopp, s'il avait voulu mettre la pression avec Xavi, Busquets, Iniesta et Messi, n'y serait pas parvenu."

C’est difficile de faire comprendre aux dirigeants de clubs qu'une équipe ne se compose pas uniquement de stars ? "Je pense que le transfert de Mbappé était une très bonne chose. Après le départ de Benzema, le Real a recruté Joselu, qui a bien joué quand il a joué. Mais un club comme le Real a besoin d'un avant-centre comme Mbappé. Comme l'était Benzema. Comme l'était Butragueño. Un avant-centre du Real Madrid. J'insiste, mais au début de la saison dernière, personne n'imaginait que nous allions perdre pendant si longtemps des joueurs aussi indispensables que Carvajal. Vous pouvez le remplacer d'un point de vue technique, oui. Mais vous ne pourrez jamais remplacer ce qu'il représente dans le vestiaire."

Son passage au PSG a-t-il été amer ? "Non. Il y a peut-être eu des problèmes à un moment donné, mais je reste en très bons termes avec Nasser (al-Khelaïfi). J'étais très heureux que le PSG remporte enfin la Ligue des champions. Ils le méritaient car ils pratiquaient un football de très haut niveau : technique, physique, organisé. Je garde un très bon souvenir de mon année et demie à Paris. J'en ai parlé récemment avec Marquinhos."

Son départ du PSG : "Je voulais partir. Le PSG ne voulait pas me licencier. Nasser voulait même renouveler mon contrat. D'accord, l'attitude du club après une défaite à Nice, en décembre, n'était pas bonne (le PSG lui a donné un ultimatum avant le match contre Porto en LDC). Mais si j'avais voulu rester, j'aurais pu le faire."

La Ligue 1 : "C'est un championnat qui a besoin de plus de concurrence. Il faut que des équipes comme Marseille, Lyon ou Nice se développent pour offrir plus de compétitivité."

S'il y a trop de matchs : "Trop de dommages pour les joueurs. Trop de blessures. Et une moins bonne qualité des matchs."

Ce qu'il a pensé de la Coupe du monde des clubs : "Il y a eu des dommages incroyables pour les joueurs. L'idée de cette compétition est plutôt bonne. Mais il faudrait la placer dans un calendrier autre que celui-ci. Cependant, la FIFA veut toujours plus de matchs, l'UEFA veut une Ligue des champions avec plus de matchs, la plupart des ligues ne veulent pas réduire les championnats de 20 à 18 équipes, et certaines fédérations veulent même plus de matchs."

Pensez-vous que le foot international a perdu de son importance ? "En raison de l'augmentation du nombre de compétitions, oui, le football international a perdu un peu de son importance. Mais pas la Coupe du monde ! C'est la seule compétition que le monde entier regarde."