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·15 janvier 2020

Angleterre 1966, une victoire contestée

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Le football est de retour au bercail, là où il est né sous sa version moderne un siècle plus tôt. Pays inventeur de ce sport dans la seconde moitié du XIXème siècle, il a donc fallu attendre 1966 pour voir une phase finale se dérouler outre-Manche. Il faut dire que la sélection nationale n’est pas au plus haut point pendant la période d’après-guerre. Ridiculisée au Mondial 1950 par les Etats-Unis, elle est ensuite humiliée sur son propre sol par la Hongrie deux ans plus tard, puis éliminée en phase de poules durant la Coupe du Monde 1958. L’Angleterre veut donc redorer son blason footballistique.

L’événement commence pourtant au plus mal quand, le 20 mars 1966, soit quatre mois avant le coup d’envoi du Mondial, un gardien s’aperçoit que le trophée de la Coupe du monde – conservé lors de l’exposition « La Philatélie et le Sport » au Westminster Central Hall de Londres – a disparu. Un vol peu ordinaire, qui nous ferait presque rappeler celui de la Joconde, cinquante-cinq ans plus tôt, au Louvre. En effet, la coupe est déposée dans une vitrine de verre et surveillée jour et nuit par des gardiens. Scotland Yard est sur le coup et des détectives sont envoyés sur les lieux.


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Les détectives de Scotland Yard estiment que plusieurs malfaiteurs ont participé au vol : l’un deux montait probablement la garde pendant que l’autre s’emparait de la coupe. Et six jours exactement après le vol de la coupe Jules Rimet, un des voleurs, en la personne d’Edward Walter Bletchley, un manœuvre de 47 ans, est arrêté.

Toutefois, si le voleur est écroué, la Coupe du monde, elle, n’est toujours pas retrouvée. Plusieurs immeubles de la banlieue sud de Londres sont fouillés… en vain.  Et c’est par hasard que celle-ci est finalement retrouvée. En effet, la trouvaille a été faite par un Londonien qui promenait son chien dans le quartier de Norwood, au sud de la capitale. C’est en essayant de rattraper son chien qui s’était enfui renifler avec insistance un buisson que le promeneur retrouva la coupe. Son maître s’approcha et trouva un paquet de vieux journaux entouré de ficelle. Le chien, désormais le plus célèbre d’Angleterre, s’appelle Pickles, un petit corniaud noir et blanc. « Je l’ai ramassé et j’ai déchiré le haut du paquet, et j’ai pu voir quelque chose en or à l’intérieur. J’ai lu les mots « Brésil 1962 » » raconte son maître, David Corbett.

Cette découverte est la conclusion de l’un des vols les plus sensationnels commis en Angleterre. Quant au voleur, Edward Bletchers, il est condamné à deux ans de prison ferme. Avant le verdict, il prononce cette phrase : « Quelle que soit ma peine, j’espère que l’Angleterre gagnera la Coupe du Monde ». Un vœu exaucé par la suite.

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Un mondial marqué de suspicions

Après avoir manqué la Coupe du monde 1962, l’Équipe de France est de retour. Cette dernière est versée dans le groupe 1, avec les hôtes de la compétition. A Wembley, face au Mexique, les Tricolores de Henri Guérin décrochent un décevant nul 1-1. Ensuite, les Français sont battus par l’Uruguay (2-1).  Puis, en dernier match, la France retrouve le tant attendu adversaire anglais, qui l’emporte 2-0. Le premier but entaché d’un hors-jeu criant de Hunt, qui récidive à la 75ème… après que le boucher de MU, Nobby Stiles, eut démoli Jacques Simon. Ce n’est pas son premier fait d’arme, puisqu’à la 8ème minute, il avait attenté au genou de Herbin, forçant les Bleus à jouer la rencontre quasiment à dix contre onze. Stiles s’en sort sans prendre le moindre avertissement et la France termine dernière de son groupe.

Côté anglais, tout semble sourire au pays hôte. La sélection joue tous ses matches au stade londonien de Wembley. Le système de jeu mis en place par Alf Ramsey est de faire évoluer son Angleterre dans un 4-1-3-2 sans ailier. Celle-ci s’impose, en jouant un football très physique et peu emballant, qui ne fait pas vraiment chavirer les romantiques. Des succès qui firent très vite l’objet de controverses et de soupçons.

Le Brésil, tenant du titre, est l’un des grands favoris du tournoi. Mais la Seleção qui subit le jeu dur des équipes adverses n’est pas épargnée durant ce Mondial . Cette Coupe du monde anglaise est restée célèbre pour son agressivité. Pelé en fait les frais. La star brésilienne est martyrisée par le joueur bulgare Jetchev lors du premier match. La Seleção remporte cette rencontre 2-0 mais perd sa star sur blessure. Pour leur deuxième match, les Auriverde, privés de Pelé, s’inclinent face à la Hongrie 3-1, et se voient refuser deux buts. Ce dernier revient pour le troisième match face au Portugal mais trouve sur son chemin un nouveau joueur dur sur l’homme en la personne de Morais. Pelé est victime d’attentat tôt dans le match par Morais une première fois avant d’être achevé par ce même joueur. Morais s’en sort sans aucun avertissement. Une nouvelle défaite 3-1, et le Brésil sort au premier tour par la petite porte.

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Et que dire de l’Argentine ? À leur arrivée, les joueurs découvrent qu’il n’y a pas de buts sur leur terrain d’entraînement. Ils louent donc les services d’un charpentier local qui leur taille des poteaux. Puis les Argentins se voient obligé d’emprunter deux barres transversales, l’une à Aston Villa et l’autre à West Bromwich Albion ! En quart de finale, Angleterre et Argentine s’affrontent dans un match resté célèbre pour son déroulé. Ce n’est pas pour rien si les Argentins le surnomment « El robo del siglo » ( « Le hold-up du siècle » ). L’expulsion à la 35ème minute du capitaine de l’Albiceleste Antonio Rattin, après un second avertissement est le fait de jeu qui va déclencher la colère de tout un peuple. L’arbitre Rudolf Kreitlein aurait sévi car il n’aurait pas apprécié le comportement du capitaine argentin, ce dernier l’aurait insulté. D’après les images, il lui montre son brassard, pour signifier qu’en tant que capitaine, il est habilité à dialoguer avec lui. Rattin refuse cependant de quitter la pelouse et reste de longs instants sur le terrain avant d’être sorti par Ken Aston, alors superviseur des arbitres, et déjà présent quatre ans auparavant lors de la sanglante « bataille de Santiago » (voir aussi). Rien n’y fait et au lieu de regagner les vestiaires, Rattin s’asseoit longuement sur la piste de Wembley sous les « Off ! Off ! » ( « Dehors ! » ) des fans anglais… Le jeu met huit minutes avant de redémarrer. À onze contre dix, l’Angleterre finit par l’emporter 1-0 grâce à une tête de Hurst à la 78ème. Un but contesté par les Argentins pour un hors-jeu probable. La fin de match est toujours aussi électrique et le sélectionneur anglais, Alf Ramsey, empêche même ses joueurs d’échanger leur maillot avec ces adversaires qu’il qualifie d’« animaux ».

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Ce que les observateurs retiennent surtout de ce match, ce sont les trois cartons jaunes plus un rouge contre les Argentins et zéro pour les Anglais. Aux yeux de beaucoup, les accusations dénonçant un arbitrage-maison grandissent, surtout après les autres faits contestables du premier tour. Brésil et Argentine sont ainsi écartés du Mondial. Reste l’Uruguay, dernier adversaire sud-américain redoutable et susceptible d’entraver la marche glorieuse des nations européennes, l’Angleterre la première. Le large score final de 4-0 de la RFA sur l’Uruguay ne semble pas correspondre à la réalité sur le terrain. Les Allemands n’inscrivent leurs trois buts que dans les 20 dernières minutes, après que deux « Charruas » furent exclus, le capitaine Horacio Troche, puis Héctor Silva. La RFA était certainement supérieure et méritait sa victoire face à des Uruguayens peu entreprenants, mais la sortie sous escorte policière d’Hector Silva révèle une grande frustration des Sud-Américains, convaincus que le foot européen s’est ligué contre eux. Cette Coupe du monde semble incarner la victoire de la rudesse du football européen face à la virtuosité technique et plus fragile du jeu sud-américain. L’Europe devait reprendre le pouvoir, par tous moyens.

Dans une Coupe du monde défensive et marquée par quelques coups bas, Eusebio demeure néanmoins l’un des seuls rayonnements du tournoi. Auteur de neuf buts le « Pelé européen » termine meilleur buteur de la compétition et emmène le Portugal jusqu’à la troisième place.

La surprenante Corée du Nord

À l’époque, la FIFA, choisit de mettre les sélections africaines, asiatiques et océaniennes dans un seul et même groupe éliminatoire avec une unique place qualificative pour la phase finale de la Coupe du monde. En guise de protestation, les sélections d’Afrique, qui revendiquaient un quota qualificatif à part entière pour leur continent, protestent unanimement et se retirent de la compétition. Il ne reste alors plus que la Corée du Nord et l’Australie qui doivent s’affronter en barrages pour obtenir le dernier ticket pour l’Angleterre.

C’est sur un terrain neutre diplomatique, au Cambodge, faute de reconnaissance entre les deux pays, que la confrontation aller-retour se déroule. A la surprise générale, les Coréens, forts d’un collectif redoutable en faisant preuve de bonne coordination et d’une grande discipline, détruisent des Australiens pourtant plus expérimentés en la matière. Avec des victoires 6-1 et 3-1, les Chŏllimas (leur surnom, en référence au cheval ailé, symbole de la puissance nord-coréenne) obtiennent leur première qualification pour un Mondial de football.

Néanmoins, le Royaume-Uni ne reconnaît également pas la Corée du Nord et refuse dans un premier temps d’accorder des visas aux Moustiques, l’autre surnom de la sélection nord-coréenne. De 1950 à 1953, la guerre de Corée fit quatre millions de morts. C’est dans une Angleterre qui a combattu aux côtés de la Corée du Sud, que la délégation de l’équipe nationale de Corée du Nord débarque. « On savait que la Grande-Bretagne avait participé à la guerre. En d’autres termes, on était l’ennemi », témoigne Pak Do It dans The Game of Their Lives. Tandis que la FIFA menace de déplacer l’événement si le gouvernement britannique ne change pas d’avis, un compromis est finalement trouvé. La Corée du Nord participera, mais pas sous son nom officiel de « République populaire démocratique de Corée ».

La Corée tombe alors dans le groupe 4, composé de l’Italie, l’un des favoris au sacre, de l’URSS, finaliste de l’Euro 1964, du Chili, troisième de l’édition 1962. C’est dans la cité ouvrière de Middlesbrough, que se déroule la phase de poules. Les soutiens ne manquent pas, pratiquement toute la ville est derrière les outsiders Chŏllimas. Leur premier match contre l’URSS se solde sur une défaite 3-0. Un résultat qui ne surprend personne. Mais, ce qui retient l’attention du public, c’est le jeu de dédoublement de passes de cette équipe qui séduit son monde. Contre le Chili, la Corée arrache un match nul inespéré à la 88ème minute grâce à Pak Seung-jin, 1-1. Avec un point en deux rencontres, tout n’était pas perdu pour cette vaillante équipe de Corée qui pouvait encore espérer se qualifier lors du dernier match.

C’est pour ça que le 19 juillet 1966, des millions de Nord-Coréens se lèvent et allument la radio à 3h du matin pour suivre la confrontation face à l’Italie à l’Ayresome Park de Middlesbrough. Une date qui résonne encore aujourd’hui comme l’un des plus grands exploits de l’histoire de la Coupe du monde. La Squadra Azzurra est emmenée par son duo d’attaquants Sandro Mazzola-Gianni Rivera, alimenté en ballons par Giacomo Bulgarelli. L’Italie compte alors une victoire contre le Chili, et une défaite contre l’URSS lors du second match de poule. La Nazionale est donc dans l’obligation de s’imposer. L’affrontement a lieu au Ayresome Park de Middlesbrough devant plus de 18 000 personnes majoritairement à fond derrière les Coréens et qui connaissent par cœur le nom des attaquants vedettes Pak Doo-ik et Pak Seung-jin.

Sans surprise, ce sont les Italiens qui se procurent les meilleures occasions. Mais le meneur de jeu Bulgarelli doit quitter ses partenaires sur blessure après une demi-heure de jeu. À l’époque, pas de remplacement possible, les Italiens doivent donc batailler à 10 contre 11. À la 41e minute, Pak Doo-ik surprend la défense transalpine et trompe le portier Albertosi d’une frappe croisée. Les Italiens tentent bien de revenir dans la partie, mais se heurtent à l’impeccable Lee Chang-myung, tandis que les infatigables joueurs nord-coréens multiplient les allers-retours à grande vitesse.

La Corée du Nord résiste et l’emporte 1-0. De retour au pays, cette défaite inattendue, doublée d’une élimination prématurée dans une compétition qui lui était destinée sur le papier, est vécue comme un drame national. À leur arrivée à l’aéroport de Gênes, les joueurs sont accueillis à lancers de tomates. Le Giorno, lui, assassine en Une : « C’est la plus grande honte de notre histoire, non seulement celle du football, mais aussi celle du sport transalpin tout entier. » En Italie, une expression aujourd’hui dans la langue courante naîtra de cette débâcle : « È Corea », qui signifie « C’est la honte » !

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Le retour du football européen

Les quatre demi-finalistes sont donc tous européens. L’Angleterre devait affronter le Portugal au Goodison Park de Liverpool mais un changement de dernière minute relocalise la rencontre à Wembley. Avec le soutien de ses 100 000 supporters, les Three Lions se défont du Portugal sur le score de 2-1, mais là encore, des défiances. Si Eusébio avait réduit la marque sur penalty en fin de match, le coup de pied de réparation était constitutif d’une main archi volontaire de Jacky Charlton qui repoussa le ballon sur sa ligne. Même si la double-peine du péno et du carton rouge n’existait peut-être pas, Charlton ne prit même pas un jaune.

Dans l’autre demi-finale, on envoya en revanche l’URSS et la RFA jouer dans le Nord de l’Angleterre, au stade Goodison d’Everton. A la 44ème minute, alors que l’Allemagne vient d’ouvrir le score par l’intermédiaire d’Helmut Halle, Tchislenko, lancé en profondeur se prend les pieds avec Sigfried Held et se blesse. Les Soviétiques doivent alors finir la rencontre à dix. Et même presque neuf en réalité. En effet, la direction générale de la fédération soviétique n’avait pas prévu que l’URSS aille si loin. Celle-ci avait alors acheté des tickets retour pour Moscou juste après les quarts de finale et certains joueurs étaient déjà rentrés au pays. Il ne restait donc plus que quelques joueurs disponibles pour la rencontre. Yozhef Sabo était l’un d’entre eux et, blessé à la jambe droite, dût participer à la rencontre pour faire le nombre. Ainsi, malgré la performance divine de Lev Yashin ce soir-là (élu meilleur gardien du tournoi), les Soviétiques sont néanmoins battus 2-1 après un deuxième but de Beckenbauer, et un signé Porkuyan pour l’URSS.

Une finale et un but fantôme en point d’orgue

L’Angleterre parvint donc en finale de sa Coupe du monde. Elle joue son sixième match dans son jardin de Wembley.  Hormis l’Uruguay en 1930 (mais pour manque d’infrastructures), jamais un pays hôte du Mondial et finaliste ne disputa tous ses matchs dans un stade unique. Les Three Lions d’Alf Ramsay restèrent ainsi à Londres, sans avoir à se déplacer dans le reste du pays, et en pouvant compter sur un public très majoritairement acquis à leur cause. Sous les yeux du célèbre boxeur Mohamed Ali présent dans les tribunes et de près de 97 000 spectateurs, le coup d’envoi est donné par l’arbitre Gottfried Dienst. C’est la RFA qui ouvre le score à la 12ème minute. Geoffrey Hurst égalise six minutes plus tard, puis l’Angleterre pense avoir fait le plus dure quand, à la 78ème minute, Martin Peters marque le but du 2-1. C’est sans compter sur l’égalisation allemande de Weber à la 90ème minute. Pour la première fois de l’histoire, une finale de Coupe du monde va se jouer aux prolongations. De plus, le règlement ne prévoit pas encore de tirs aux buts en cas d’égalité à la fin des trente minutes de temps supplémentaires. La finale pourrait alors être rejouée trois jours plus tard. La suite est connue de tous… Les deux équipes doivent départager leur sort aux prolongations. C’est là que le but le plus discuté de l’histoire est inscrit par Hurst. A la 101ème minute, son tir en force heurte la transversale avant de rebondir à proximité de la ligne de but et d’être dégagé en corner par la défense allemande. Le ballon a-t-il oui ou non franchi la ligne ? L’arbitre suisse hésite, consulte son juge de doute, et valide finalement après d’interminables secondes. Les Allemands protestent, mais les joueurs anglais exultent juste après la barre de Hurst. L’arbitre estime en tout cas que le ballon est entré dans les cages et donne un avantage de 3-2 pour les Anglais. Ils creuseront ensuite l’écart à 4-2 et remporteront cette finale.

L’Angleterre gagne sa première Coupe du monde. C’est la consécration pour Bobby Charlton. Le meneur de jeu de la sélection anglaise et joueur de Manchester United a survécu à un accident d’avion en 1958, mais a perdu sept de ses coéquipiers dans ce crash (voir aussi). L’émotion est donc palpable au moment de la remise de la coupe par la reine Elizabeth II.

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Geoff Hurst, auteur de ce troisième but tant controversé estime qu’il n’y a pas débat : « Je dirai à toute personne connectée au monde du football que le ballon a franchi la ligne d’au moins un mètre, point ». L’attaquant anglais admet toutefois lui-même qu’après avoir frappé le ballon, il n’avait pas le meilleur angle de vue pour juger de façon efficace du résultat de cette action. « J’ai frappé le ballon en pivot, puis je suis tombé. J’avais une très mauvaise vision des choses et le ballon a rebondi derrière Hans Tilkowski, donc je ne l’ai pas vu. Mais vous voulez tellement croire que le ballon a franchi la ligne que vous en donneriez votre vie. J’y crois à fond depuis 50 ans. Je donne toujours comme preuve la célébration de mon coéquipier Roger Hunt. Il s’est tout de suite retourné pour aller célébrer, alors qu’il aurait pu pousser lui-même le ballon au fond des filets. Il a crié : ‘Il y est’. Pour moi, le débat s’arrête là. »

Cette explication est loin de convaincre Tilkowski. À ce jour, le portier allemand n’en démord pas : « Encore aujourd’hui, je suis certain à 100 % qu’il n’y a pas eu but. J’ai regardé par-dessus mon épaule gauche et j’ai clairement vu que le ballon n’était pas derrière la ligne. Il a rebondi sur la ligne ».

Car pour ce qui est du visionnage « scientifique » réalisé plus tard le verdict est sans appel : le ballon n’a jamais franchi la ligne entièrement. Reste que ce « but fantôme » fut le scandale de trop de ce Mondial 66 qui valida à peu près toutes les théories du complot.

Cette édition n’a donc pas été mémorable pour le spectacle, marquée par beaucoup trop de fautes d’antijeu et de gestes violents. Mais la Coupe du Monde commence vraiment à susciter un engouement planétaire grâce au développement des médias. On assiste aux premières images en couleur. Pour l’Angleterre, 1966 avait été une sorte de miracle, rendu possible par la ferveur du public de Wembley, la présence de quelques joueurs d’exception, comme Gordon Banks, Bobby Charlton et, le temps d’un tournoi, Alan Ball, plus le génie tactique de Ramsey. Une telle conjonction ne s’est pas revue depuis. Quant au « but fantôme », cinquante ans plus tard, l’Angleterre en fit cette fois-ci les frais, quand au Mondial 2010, la frappe de Frank Lampard, ironie de l’histoire, contre l’Allemagne, qui avait complètement franchi la ligne ne fut pas accordée par l’arbitre et scellera le sort des Anglais.

Crédit photos : Iconsport

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