Arsenal French Club
·17 décembre 2025
Arsenal et les blessures : What the f*ck ?

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·17 décembre 2025

94, c’est le nombre de blessures dont les joueurs d’Arsenal ont été victimes depuis une saison et demi. Un total impressionnant, qui est également le deuxième le plus élevé parmi les équipes de Premier League sur la période, seul Brighton ayant eu plus d’indisponibles. Ces blessures figurent au premier rang des explications à l’heure d’effectuer le bilan des trois deuxièmes places consécutives des Gunners.
Alors au moment d’aborder la saison 2025-2026, le nouveau directeur sportif, Andrea Berta, a travaillé à étoffer le groupe en qualité comme en quantité, veillant à doubler, et parfois même tripler, chaque poste avec des joueurs de niveau très homogène. Et cela semble porter ses fruits, puisqu’Arsenal est actuellement en tête de la Premier League malgré un nombre toujours aussi impressionnant d’indisponibles.
Cette saison encore, Arsenal est la deuxième équipe à avoir connu le plus de blessures – 27 depuis le début de la saison – seulement devancé par Leeds et ses 28 blessés. Sur les 25 joueurs de l’effectif professionnel, 18 ont manqué au moins un match pour ce motif cette saison, soit 72% de l’effectif. Jusqu’aux blessures des défenseurs centraux titulaires, cela ne semblait pas porter préjudice aux hommes d’Arteta, restés sur une série de 18 matchs sans défaite. Mais les forfaits consécutifs de Gabriel, Saliba et Mosquera, tous trois au même poste, ont fini par avoir des conséquences face à Aston Villa.

Une histoire qui se répète et qui interpelle. Y-a-t-il des raisons pour expliquer cette cascade infinie de blessés, cette liste inextinguible de joueurs à l’infirmerie ?
Rien de nouveau sous le soleil, mais les joueurs de Premier League, en particulier les internationaux qui jouent en coupe d’Europe sont sursollicités. Cela fait longtemps que le football n’est plus qu’un jeu, mais aussi un business qui rapporte gros aux clubs, fédérations, diffuseurs, et aux joueurs eux-mêmes. Un business qui les pousse à faire toujours plus de matchs et de plus en plus de compétitions. Malgré les alertes tirées par les joueurs et leurs entraineurs, le rythme n’a pas ralenti lors des dernières saisons.
La nouvelle formule de la Ligue des Champions a rajouté des rencontres, la Coupe du monde des clubs a été créée, la Ligue des Nations a remplacé les matchs amicaux et les compétitions internationales intègrent toujours plus d’équipes, ce qui ajoute également des rencontres.
Arsenal vient de boucler un cycle de 7 rencontres en 21 jours – un tous les trois jours – ce qui n’est pas propice à la récupération et aux soins. C’est pendant cette période qu’ont eu lieu les blessures de Saliba, Timber, Mosquera et White, les deux derniers étant sollicités plus que d’habitude pour répondre à l’absence de Big Gabi. Même les entrainements sont devenus presque impossibles à effectuer comme le confiait récemment Arteta :
« Nous n’avons pas la possibilité de nous entrainer, donc on ne s’entraîne pas. Et évidemment le fait que nous ayons des blessés reporte la charge de travail sur les autres. C’est vraiment un cercle dangereux ».
Autre incarnation de ce cercle vicieux, Victor Gyökeres, qui a débuté 13 des 15 premiers matchs d’Arsenal cette saison car il était le seul avant-centre disponible – Jesus et Havertz étant blessés- a fini par souffrir d’un problème musculaire en novembre.
Le coach des Gunners a également exprimé sa frustration sur ce sujet, appelant la Premier League à prendre en compte le bien-être des joueurs. D’autant que cela ne risque pas de se calmer pour Arsenal, qui en battant Cystal Palace le 23 décembre s’infligerait un match de milieu de semaine jusqu’au mois de février.
Physiologiquement, les tendons ont besoin de 72 heures pour récupérer après un match de compétition, et Arsenal joue des matchs tous les trois jours. Au cours de la saison, les joueurs d’Arsenal ont donc très peu d’occasions de renforcer leurs muscles et leurs tendons à l’entraînement. Ils jouent, ils récupèrent pendant quelques jours, puis ils rejouent.
Arsenal n’est pas la seule équipe à jouer la coupe d’Europe et donc à avoir des joueurs qui jouent tous les trois jours, et le fait de jouer une compétition européenne semble peser très lourd sur les blessures. Ainsi sur les dix équipes du championnat anglais à avoir le plus de blessés, neuf jouent dans une compétition européenne, qu’il s’agisse de la Ligue des champions (Arsenal, Liverpool, Man City, Chelsea, Newcastle, Tottenham), l’Europa League (Aston Villa, Crystal Palace), ou la Conférence League (Nottingham Forest).
Un calendrier inhumain qui apparaît comme l’explication la plus plausible à l’heure de faire le bilan, mais comment expliquer que les joueurs d’Arsenal se blessent plus que les joueurs des équipes concurrentes ?
Face à un nombre si élevé et récurrent de blessés, les regards se sont rapidement tournés vers le staff médical. Est-il incompétent ? Fait-il reprendre les joueurs trop tôt ? Prépare-t-il efficacement l’effectif lors des échauffements ?
A Arsenal, l’équipe médicale est dirigée par Zaf Iqbal, ancien médecin de Crystal Palace, Liverpool et Tottenham, qui a 20 ans d’expérience dans le domaine. Des compétences éprouvées et reconnues dans toute l’Angleterre qui ne semblent pas être la source unique des pépins médicaux des joueurs d’Arteta. Le club s’est tout de même penché de manière approfondie sur la question des blessures musculaires. D’après l’analyse menée, le risque de blessure survient majoritairement lorsqu’un joueur sprinte pour atteindre sa vitesse maximale.
Bon nombre des blessures subies par Arsenal cette saison sont aussi le résultat d’accidents imprévisibles survenus pendant les matchs. Martin Odegaard a subi à lui seul trois blessures dues à des contacts cette saison, tandis que Kai Havertz et Max Dowman ont tous deux été blessés par des tacles d’adversaires. Le problème de Mosquera est venu d’un atterrissage maladroit, tandis que Timber a manqué le match contre le Club Bruges à cause d’un coup reçu contre Aston Villa. Il ne s’agit donc pas dans ces cas précis de problèmes de méthodologie mais d’une part de malchance.
Et si ce n’était pas le staff médical qui était en cause mais plutôt le système tactique mis en place par Arteta ? Dans le jeu demandé par l’entraineur basque, les défenseurs doivent jouer haut et couvrir de grands espaces dans leur dos. Les ailiers doivent effectuer des sprints à haute intensité vers les arrières latéraux adverses, tandis que les attaquants mettent en place le pressing en fermant agressivement les espaces à leurs adversaires.
Cette saison, ce sont les défenseurs centraux et les attaquants qui ont subi le plus de blessures. Les milieux centraux, qui jouent de manière moins explosive, ont été plus épargnés. Un possible début d’explication. Néanmoins, les statistiques de la saison précédente montrent qu’Arsenal est certes la quatrième équipe à avoir parcouru le plus de kilomètres mais une des quatre dernières par le nombre de sprints à haute intensité effectués. On ne s’en souvient pourtant que trop bien, la saison 2024-2025 fut riche en blessures.
Autre statistique frappante des problèmes de blessures qui surviennent pendant les matchs, en 2025, parmi les 23 équipes ayant joué en PL, Arsenal est celle qui a dû procéder au plus grand nombre de remplacements suite à des blessures : 20, contre 14 pour Bournemouth…
Une des causes du problème pourrait être non pas le système tactique mis en place mais plutôt les joueurs alignés. On le sait, Arteta est peu friand des modifications de composition et préfère assurer avec les joueurs qu’il considère comme les meilleurs à leur poste plutôt que de faire tourner pour reposer ces titulaires dans les matchs moins difficiles. Ainsi face à Wolverhampton le week-end dernier, seul Odegaard était mis sur le banc parmi le onze majeur. L’illustration parfaite de cette frilosité au changement est la répartition du temps de jeu entre Zubimendi et Norgaard.
Alors que le second a le rôle de doublure du premier, il n’a commencé aucun des 16 matchs de Premier League disputés par son équipe et n’est entré en jeu que 15 minutes cette saison. Zubimendi qui offre certes plus de garanties à presque tous les niveaux, a disputé les 16 matchs de championnat en étant 15 fois titulaire. L’Espagnol cumule 1 320 minutes sur le terrain en Premier League, il est le deuxième joueur de champ le plus utilisé cette saison, seulement devancé par Declan Rice.
Cet exemple n’est pas un cas isolé, Myles Lewis-Skelly et Ethan Nwaneri n’ont – tout comme Norgaard – débuté aucun des 16 matchs de championnat cette saison. Ils cumulent à eux deux 374 minutes en Premier League soit guère plus de 4 matchs, alors qu’ils ont déjà joué en Premier League la saison dernière et ont montré qu’ils étaient capables d’être utiles à leur équipe.
Un temps de jeu peu réparti, qui s’explique probablement par la pression mise sur les épaules d’Arteta pour gagner enfin un titre majeur cette saison. Mais à vouloir minimiser les risques en alignant toujours les meilleurs joueurs, l’entraîneur des Gunners prend celui de les blesser, les rendant indisponibles pour plusieurs matchs.

À l’heure de faire le bilan, trois causes principales paraissent expliquer le nombre plus élevé de blessures touchant les joueurs des Gunners. Le calendrier démentiel est la première explication logique – empêchant les joueurs de s’entrainer, de jouer et de récupérer – alors qu’Arsenal est encore concerné par l’ensemble des compétitions dans lequel le club est engagé. Le faible turnover d’Arteta apparait comme le deuxième facteur explicatif des blessures contractées par les Gunners. Enfin, un certain degré de malchance, illustré par le nombre important de blessures non musculaire semble continuer à toucher les joueurs de l’effectif. Mais pour cela, on l’espère, la routourne va vite tourner.
Guillaume









































