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·6 septembre 2025
ASSE : De la débâcle à la reconstruction !

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·6 septembre 2025
Le 29 mai 2022 reste une cicatrice vive pour tout le peuple vert. Après une saison cauchemardesque, l’ASSE s’écroulait en Ligue 2 au terme d’un barrage perdu face à Auxerre, dans un climat délétère sur et en dehors du terrain. Loin d’être un accident de parcours, cette descente symbolisait l’épuisement d’un modèle sportif et économique, celui de la gestion Romeyer–Caïazzo.
Trois ans plus tard, même si l’ASSE connaît une nouvelle relégation, la réalité est diamétralement opposée : sous pavillon canadien avec Kilmer Sports Ventures, le club est plus structuré, plus solide et regarde l’avenir avec une vision stratégique claire.
La chute de 2022 est d’abord l’histoire d’un effectif en bout de cycle. Wahbi Khazri, Arnaud Nordin et Denis Bouanga, symboles de l’attaque stéphanoise, étaient arrivés en fin de contrat ou sur le départ. Faute d’anticipation, le club n’a tiré que très peu de valeur de ces éléments majeurs.
Dans le même temps, le déficit structurel s’alourdissait, les droits marketing demeuraient externalisés via Sportfive et la direction, paralysée par ses querelles internes, se contentait d’éteindre les incendies sans jamais reconstruire. Une politique des « petits pansements », sans projet à long terme.
Le mercato d’été 2022 en dit long sur la situation : onze recrues pour environ 1,1 million d’euros de dépenses, parmi lesquelles Chambost, Bouchouari ou encore Briançon, quand vingt joueurs quittaient le navire, générant environ 18,5 millions d’euros de recettes. Comme un symbole, c’est encore la formation stéphanoise qui permettait de sauver les meubles, avec la vente de Lucas Gourna pour 15 M€ au Red Bull Salzbourg. Pendant que Bouanga rejoignait Los Angeles, Khazri signait libre à Montpellier, tout comme Nordin.
Le solde affichait un excédent de près de 17 millions d’euros, mais il s’agissait en réalité d’une liquidation forcée par un déficit structurel profond. L’effectif ne valait plus qu’entre 26 et 36 millions d’euros selon Transfermarkt, un effondrement historique pour un club censé figurer parmi les plus solides du football français.
Au-delà de l’ASSE, le contexte du football hexagonal accentuait la crise. Le championnat français, toujours dépendant de la vente de ses jeunes talents pour survivre, était affaibli par la faillite de Mediapro et la fragilité structurelle de nombreux clubs. Pour Saint-Étienne, descendre dans ce marasme revenait à plonger sans filet.
Si l’ancienne direction est responsable de bien des maux, il faut lui reconnaître la vente du club à Kilmer Sports Ventures en 2024, qui a ouvert un nouveau chapitre. Ivan Gazidis, ancien dirigeant d’Arsenal et du Milan AC, a pris la présidence avec une ambition claire : redonner à l’ASSE une structure moderne et pérenne.
Kilmer a injecté 67 millions d’euros en capital et racheté pour près de 10 millions les droits marketing jusque-là détenus par Sportfive. Pour la première fois depuis des décennies, le club contrôle à nouveau son image et ses revenus commerciaux, un levier décisif pour les années à venir.
Sportivement, la stratégie n’a plus rien à voir avec l’improvisation de 2022. La cellule de recrutement s’est professionnalisée, l’usage de la data s’est généralisé et le projet repose désormais sur un équilibre entre jeunes à fort potentiel et cadres expérimentés.
Fini le projet ultra-local avec des joueurs du cru recrutés à moindre coût – Petrot, Chambost, Mouton… Désormais, l’ASSE mise sur de véritables prospects européens : Chico Lamba, Strahinja Stojkovic, Joshua Duffus.
Le cas de Lucas Stassin illustre cette nouvelle politique : recruté pour environ 10 millions d’euros avec bonus, l’attaquant belge est aujourd’hui valorisé à 18 millions selon Transfermarkt, mais sa cote est en réalité bien supérieure, comme en témoignent les récentes approches de clubs comme le Paris FC. L’ASSE n’est plus contrainte de vendre ses pépites dans l’urgence : elle choisit désormais le bon moment pour maximiser son retour sur investissement.
Résultat : la valeur marchande de l’effectif atteint aujourd’hui près de 73 millions d’euros, soit presque trois fois plus qu’en 2022. Malgré une relégation, l’ASSE 2025 est un club qui investit, construit et inspire à nouveau confiance à ses partenaires.
La comparaison avec le reste de la Ligue 2 souligne l’ampleur du virage. En 2022, l’ASSE abordait la deuxième division avec un effectif appauvri, une valeur marchande proche de la moyenne basse du championnat et une direction décrédibilisée. Le club n’avait plus que son prestige historique pour lui, et devait affronter un championnat qui l’attendait de pied ferme.
Trois ans plus tard, même reléguée, l’ASSE surclasse son environnement : ses 73 millions d’euros de valeur marchande écrasent la concurrence, seul le Stade de Reims pouvant rivaliser avec ses 63 millions.
Au-delà des chiffres, c’est surtout le statut qui change. En 2022, l’ASSE était un club sinistré, subissant sa descente. En 2025, elle est une puissance en reconstruction, capable d’attirer des joueurs, de séduire des sponsors et de bâtir une stratégie cohérente avec un staff ayant fréquenté les plus grandes institutions : Manchester City, Chelsea, United ou encore la sélection U23 d’Angleterre.
Le contraste est abyssal : deux descentes, mais deux mondes totalement opposés.
De la débâcle de 2022 à la structuration de 2025, l’AS Saint-Étienne a connu en trois ans une transformation radicale. Là où la première relégation incarnait la fin d’un cycle et l’absence totale d’anticipation, la seconde illustre un projet ambitieux et une gestion assainie.
L’ASSE est passée d’un club liquidateur à un club investisseur. La question n’est désormais plus de savoir si le club peut revenir en Ligue 1, mais quand. Car pour la première fois depuis longtemps, Saint-Étienne a retrouvé le sens du mot projet.