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·27 décembre 2024
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Légende de l'ASSE, Jean Castaneda, dans ses cages, a marqué l'histoire du club sacré dix fois Champion de France. Désormais âgé de 67 ans, le pur produit du forez a raconté ses débuts dans le monde professionnel au micro du Podcast des Légences.
"Mon père, ancien gardien de but, m'a naturellement initié à ce sport, sans chercher à m'imposer des ambitions particulières ni à me pousser vers une carrière professionnelle. C'était simplement pour le plaisir de pratiquer.
J’ai toujours été étonné par la manière dont les événements ont façonné ma carrière. Quand je suis arrivé à l'Olympique de Saint-Étienne, mon premier club, l'entraîneur général, qui avait joué avec mon père en senior, m'a tout de suite remarqué. Il m’a regardé et m’a dit : "Toi, tu vas dans les buts et tu n’en bouges pas." C’est ainsi que j’ai été orienté vers le poste de gardien de but, presque par hasard.
(...) Je suis arrivé au club en 1972. (...) Par la suite, je me suis retrouvé à jouer en quatrième division de district. Les matchs avaient lieu le dimanche matin à 8h30, souvent avec des coéquipiers qui rentraient tout juste de boîte de nuit. C’était un autre univers.
Les circonstances ont changé lorsque nous avons joué contre le club de L’Étrat, qui avait Jean-Michel Larqué comme conseiller. Il était proche du président du club. Ce jour-là, bien qu’on ait perdu 1-0, j’ai visiblement fait un bon match. Pas un match extraordinaire, mais suffisamment bon pour attirer l’attention. Cela a marqué un tournant.
Une semaine avant la demi-finale de Coupe d’Europe contre Eindhoven, le gardien remplaçant de Curkovic, Dugalic, s’est cassé la main. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé assis dans le vestiaire, juste à côté de Curkovic. C’était irréel."
"Mon premier match professionnel a eu lieu, si je me souviens bien, lors de la quatrième journée de la saison 80-81. Saint-Étienne traversait un début de championnat compliqué : un match nul, une défaite à Bastia, un autre nul à domicile contre Metz, et une défaite à Bordeaux. On devait affronter Nancy, et quelques jours avant ce match, on a joué un amical à Rimini, en Italie, contre l’Inter Milan.
C’est là que la décision a été prise par l’entraîneur, Robert Herbin, probablement avec l’avis de Curkovic, de me faire jouer ce match amical. L’idée était de tester ma performance, et si tout se passait bien, d’envisager de me titulariser.
Finalement, Herbin m’a annoncé que je jouerais le match contre Nancy. Curkovic commençait à perdre de sa superbe, et je pense qu’il y avait aussi des tensions entre lui et Herbin. Curkovic, d’ailleurs, m’avait confié la veille que ce serait moi qui jouerais à sa place. C’était un moment à la fois excitant et lourd de responsabilité."
"C'était une relation plutôt professeur-élève, avec qui je m'entendais bien. (...) C'est le monument à Saint-Étienne. Vraiment, c'est le gardien qui a fait toutes les campagnes. (...)
Un jour, après un entraînement, on s’est assis tous les deux sur le banc de touche au stade. Là, il m’a dit : « Ça y est, c’est bon, c’est à toi. » Ce n’était pas qu’il ne pouvait plus, mais il sentait qu’il était temps pour lui de passer le flambeau. Il m’a ajouté : « Je veux le faire dans les meilleures conditions, et j’espère que nos relations resteront les mêmes. » Il m’a accompagné pendant encore un an, me conseillant, me transmettant ses astuces, ses réflexes. Tout s’est passé avec une grande élégance.
Quand je regardais un match, je ne voyais ni Rocheteau ni Zimako. Mon regard restait fixé sur Curkovic. Pendant 90 minutes, je ne faisais attention qu’à lui : ses déplacements dans ses 18 mètres, ses réactions quand le ballon était proche ou loin (etc). J’observais tout, essayant de capter sa manière de jouer, son intelligence, tout ce qui faisait sa grandeur. C’était pour moi une école à ciel ouvert."