Assumant « totalement » l’action contre Sochaux, les groupes de supporters du VAFC jugent « la saison terminée » | OneFootball

Un peu plus de dix jours après l’arrêt prématuré de la rencontre VAFC – Sochaux, suite à des incidents survenus en tribune, un responsable de supporters du club nordiste a choisi de sortir du silence. A l’occasion d’un entretien qu’il a souhaité accorder à notre site, il revient sur les événements et surtout les conséquences à court et moyen terme. Entretien.

Que s’est-il passé à la fin du match contre Sochaux ? Quel était l’objectif de cette action ?

Il faut savoir que c’est une action qui n’était pas préparée et qui s’est faite de manière spontanée. Pour ce match, nous avions prévu de sortir des messages décalés, mais plus directs qu’à l’habitude. Ces banderoles reprenaient un slogan utilisé par la communication du club, « VA ne renonce jamais », auquel nous ajoutions des fins de messages plus ou moins explicites. Concernant cette action précise, l’idée était de créer un électrochoc, une véritable prise de conscience. Nous avions déjà tout essayé ces derniers mois, et même ces dernières années, sans réel résultat.

Comprenez-vous les réactions suscitées et notamment les réactions très diverses chez les supporters ?

Évidemment. D’abord parce que le match a été arrêté définitivement, et ensuite parce que la bousculade provoquée par ce mouvement n’était pas réellement voulue. La majorité des supporters partage notre frustration. Aujourd’hui, on assume totalement cette action, même si on regrette la manière dont cela s’est terminé. On comprend que ce niveau de contestation puisse surprendre, d’autant plus que nous avons fait preuve de beaucoup de patience par le passé. Mais c’est le résultat d’un cocktail devenu explosif.

C’est-à-dire ?

Le premier ingrédient, c’est une communication du club qui manque d’humilité et qui n’est pas en adéquation avec le niveau de l’équipe et du championnat dans lequel nous évoluons. Cela a généré beaucoup d’espoirs en début de saison, et la frustration est aujourd’hui bien plus forte que par le passé.

Le deuxième ingrédient, c’est le manque d’envie et de talent affiché par les joueurs. Ce qui est encore plus frustrant pour nous, c’est que le recrutement paraissait pourtant intéressant sur le papier : c’est donc une seconde grande déception.

Le troisième ingrédient : l’absence du président au quotidien. Nous n’avons pas l’habitude de ce mode de fonctionnement, au point que certains supporters ont quasiment découvert son nom cette semaine à travers un article publié sur le site du club. Le club est donc aujourd’hui géré par un directeur général, accompagné de son directeur de la communication. Même si nous reconnaissons un travail globalement correct depuis leur arrivée, leurs compétences dans le domaine sportif apparaissent toutefois plus limitées.

Enfin, dans les tribunes, une majorité des supporters est aujourd’hui composée de jeunes qui n’ont pas connu les belles années entre 2005 et 2013. Leur frustration est très forte et leur patience probablement moindre que celle des supporters plus anciens.

Une réunion a récemment eu lieu avec les dirigeants du club. Qu’en ressort-il ?

Depuis plusieurs mois, nous travaillions avec le club sur un tableau de sanctions. Les règles et les conséquences de certains actes n’étaient pas suffisamment claires. Nous avions également demandé au club de revoir sa position concernant les plaintes systématiques pour des faits qui, selon nous, ne dépassaient pas la ligne rouge. Sans entrer dans les détails, nous avons été force de proposition et avons accepté et validé ce tableau quelques semaines avant le match contre Sochaux. Dans ce document, nous avions demandé au club de s’engager à convoquer les supporters en cas de non-respect du règlement intérieur. Cette réunion avait donc pour objectif que le club nous demande des explications et nous informe des suites qu’il souhaitait donner.

Quelles suites craignez-vous alors que le club aurait porté plainte contre les personnes ayant accédé au terrain contre Sochaux ?

C’est en tout cas ce qui nous a été annoncé : des plaintes nominatives pour les personnes identifiées, des plaintes contre X pour les autres, le tout accompagné d’une interdiction commerciale de stade de six mois. Des courriers que certains supporters pourraient recevoir dès la semaine de Noël… une bien triste habitude que ces notifications en pleine période de fêtes.

On peut comprendre la volonté de fermeté du club, mais on perçoit surtout une crainte vis-à-vis de la réaction de la commission de discipline. Comme évoqué précédemment, le tableau des sanctions — certes imparfait — était justement censé clarifier les choses. Or, le club nous a annoncé vouloir le modifier et y ajouter des lignes après cette fameuse « ligne rouge ».

Le désaccord est là aujourd’hui : pour nous, cette descente au bord de la pelouse correspond à la ligne 2, voire 3 du tableau, soit une sanction de trois mois de blocage d’abonnement, sans dépôt de plainte, dans le cas d’une première infraction. Que le club estime après coup que le tableau n’est pas complet et souhaite y apporter des ajustements, pourquoi pas, nous restons ouverts au dialogue. En revanche, nous n’acceptons pas que les sanctions appliquées ne soient pas celles prévues au moment des faits.

Dans votre communiqué, très cinglant, vous avez également pointé du doigt la responsabilité du club. Pour quelles raisons ?

Le club ne peut pas rejeter l’entière responsabilité sur nous, ce serait trop facile. Nous sommes responsables et nous assumerons les conséquences de cette action. Mais il faut aussi reconnaître que le club a très mal géré la préparation de ce match et l’organisation le jour J. Depuis 2014 et la descente en Ligue 2, le club n’a plus réellement de Directeur Organisation et Sécurité (DOS).

Ce rôle a été ajouté aux missions du directeur des services généraux, avec qui le dialogue est quasiment inexistant. Nous avons eu plusieurs accrochages par le passé, et certains propos, comme « pseudo-supporters » tenus sur ses réseaux sociaux, n’ont jamais été acceptés de notre côté. La semaine du match, malgré une forte tension autour de cette rencontre, ni la direction ni lui ne nous ont contactés.

Nous reprochons également au club d’avoir, une fois de plus, changé de société de sécurité. La sécurisation d’une tribune active est complexe, et la société actuelle, comme ses employés, ne dispose ni de l’expérience ni des compétences nécessaires. Nous sommes convaincus qu’avec un véritable DOS, une préparation sérieuse en amont, une présence réelle auprès des leaders de tribune, ainsi que des stadiers connus et respectés, cet événement n’aurait jamais eu lieu, ou en tout cas pas de cette manière. C’est une certitude.

Comment appréhendez-vous la deuxième partie de saison alors que le club n’est pas tiré d’affaire sur le plan sportif ?

En ce qui nous concerne, sauf changement majeur, la saison est terminée. Nous ne pouvons pas retourner au stade dans ces conditions et sans une grande partie de nos membres. Nous allons donc nous préparer, avec notre avocat, aux suites juridiques. Sur le terrain, nous espérons une réelle prise de conscience des joueurs, mais aussi de profonds changements dans l’organigramme, avec l’arrivée d’un véritable directeur sportif, un mercato à la hauteur, et une fin de saison correcte permettant d’assurer le maintien le plus rapidement possible, afin de préparer au mieux la prochaine saison.

Propos recueillis par Romain PECHON et Enzo PAILOT

Photo d’archive : Daniel Derajinski/Icon Sport