Athletic / Unai López, un échec à tous les niveaux, sauf sportif | OneFootball

Depuis la fin mai, bien avant le début de la présaison de l’Athletic, il est confirmé qu’Unai López ne comptera pas dans les plans de Marcelino. Pour le coach, le milieu de terrain doit trouver une porte de sortie ou passer la saison sur le banc. Une décision incomprise chez les supporters, encore moins lors de la signature quasiment gratuite du joueur au Rayo Vallecano.

« Les doubles Unai du futur » aimaient dire les socios zuri-gorriak lors des rares fois où Unai Vencedor et Unai López jouaient ensemble en pivot. Les deux milieux de terrain, de respectivement 20 et 25 ans, sont le symbole d’un Athletic qui cherche à trouver ses cadors au centre de la pelouse. Depuis que Beñat Etxebarria et Mikel San José ne sont plus au niveau – le premier a pris sa retraire en juillet après un passage en Australie, le second vient d’arriver au SD Amorebieta en Segunda –, les différents coachs font face à un casse-tête ; qui doit accompagner Dani García ? La question se pose d’autant plus lorsque l’ancien pilier de la SD Eibar voit ses performances se dégrader.

Les deux Unai semblaient être la solution toute trouvée ; jeunes, prometteurs, sûrs d’eux et déjà adaptés au jeu du club basque. Vencedor est d’ailleurs titulaire lors des trois premiers matchs de cette saison 2020/21, accompagnant donc Dani García. Mais la situation est finalement bien différente pour Unai López qui cherche encore son nom dans les convocations. Le natif de Donostia est mis au placard, tel un employé qu’on pousse à partir pour recruter un stagiaire. Une situation difficilement compréhensible, encore moins au niveau sportif.

Un seul objectif : être titulaire en équipe première

Unai López a fini par s’aguerrir et cela s’est rapidement ressenti sur le terrain. D’une chevelure négligée et d’une barbe toujours naissante, il affiche désormais un dégradé à la mode et un visage bien poilu. Du haut de son petit mètre 70, il ne veut pas se faire marcher dessus. D’un jeu physique mais contrôlé – sept cartons jaunes la saison passée –, il présente surtout une bonne conduite de balle et une intéressante réactivité en défense. Mais il devient passionnant lors des phases offensives, lorsqu’il faut savoir à qui envoyer le ballon pour ouvrir le jeu.

Blessé au genou gauche, il ne participe pas aux premiers matchs de Marcelino en janvier dernier. Sa place se trouve donc en tribune lors du remarquable parcours victorieux en Supercopa. Unai López n’est pas le passeur décisif par excellence. Rarement assez haut dans le jeu, il se donne pour mission d’être à l’origine de l’action qui finira au fond, ce qui ne l’empêche pas, lors d’un match amical en juillet, d’offrir un très bon ballon à Iñaki Williams. L’Athletic s’impose ainsi contre le Dynamo Kiev (1-0), mais c’est insuffisant pour que le coach asturien revienne sur sa décision.

Unai López a marqué trois buts avec l’Athletic la saison dernière [Photo de IconSport]

Le milieu s’était pourtant illustré dès le début de la saison dernière avec un doublé contre Eibar, offrant à l’Athletic sa première victoire (J2, 1-2 à Ipurua). Mais les mois suivants sont compliqués et le niveau d’Unai est à l’image du reste de l’équipe : sans régularité. Une déception pour ce joueur arrivé à l’Athletic à 16 ans, après un petit passage dans la formation voisine et rivale de la Real Sociedad. Dès lors, il grimpe les échelons jusqu’à atteindre l’équipe première en 2014. Prêté avec succès à Leganés puis au Rayo Vallecano, il s’installe définitivement à San Mamés en 2018, sous les ordres d’Eduardo Berizzo.

Apprécié par les supporters

Unai López a le type de parcours que plébiscitent les supporters de l’Athletic. Un joueur piqué dans les canteras voisines, qui s’impose dans toutes les catégories de Lezama (le centre de formation) avant de progressivement gagner sa place dans l’équipe première. Dans certains cas, comme celui-ci, le joueur confirme l’espoir placé en lui à travers un prêt. À 22 ans et de retour de Mirandés, le défenseur central Dani Vivian – titulaire depuis cet été – en est l’une des meilleures illustrations. Unai López avait suivi ce modèle et cela n’avait fait qu’augmenter l’attachement des supporters à son égard.

Son premier but avec les Leones n’est d’ailleurs pas de ceux qu’on oublie. Lors du dernier match avant la « trêve COVID » de mars 2020, après seulement quelques minutes de jeu, les Basques obtiennent un coup franc qu’Unai López transforme magnifiquement. L’Athletic n’avait pas marqué un tel but depuis 11 mois. Fidèle au poste, très bon passeur et parfois adapte du jeu technique, Unai López poursuivait son chemin dans le cœur des supporters. Ces derniers n’hésitaient d’ailleurs pas à lui pardonner ses quelques boulettes, notamment celle offrant l’égalisation d’Eibar (1-1) en mars dernier.

Unai López a joué son premier match avec l’Athletic en 2014 [Photo de IconSport]

L’annonce de sa mise au placard intervient à la fin d’une saison décevante, où les objectifs n’ont pas été remplis. Malgré le titre en Supercopa, Marcelino est déçu de son effectif et souhaite faire un grand ménage. Alors que nombreux sont ceux à espérer un départ de Mikel Vesga – qui joue également en pivot –, le natif de Gasteiz a renouvelé en janvier et ne compte pas tenter sa chance ailleurs. Marcelino l’a montré en début de saison : il veut conserver Vesga sur le banc et maintenir López en tribune.

Une volonté de réduire l’effectif

Il est difficile de comprendre cette décision du technicien. Sportivement, cela n’a aucun sens. Il n’est pas interdit de penser que les deux hommes font face à un différend personnel, un grand classique avec Marcelino. Rien d’autre ne semble justifier son départ aujourd’hui. L’Asturien déçoit quelques supporters, mais pas de quoi l’inquiéter pour autant. L’institution passe avant toute individualité.

Mais tout risque de lui retomber dessus si les performances au milieu de terrain ne suivent pas. Pour le moment, le début de saison semble donner raison à Marcelino. Dani García s’est réveillé et Unai Vencedor impose son physique de gagnant match après match. Vesga le remplace en cours de jeu, sans étinceler mais sans se ridiculiser. Seules trois rencontres ayant été disputées, tout peut être amené à changer.

[Photo de IconSport]

Le départ d’Unai López alimente cependant les critiques envers le directeur sportif. Bien qu’ancien de la maison, Rafa Alkorta – qui a joué plus de 260 matchs avec l’Athletic – est durement critiqué depuis son arrivé en janvier 2018. Les socios pointent sa passivité dans la gestion des transferts. Paradoxalement, ils l’accusent de ne pas avoir réduit l’effectif, comme l’avait publiquement demandé Marcelino en présaison. La perte d’Unai López aurait pu être pardonnée par les supporters, à condition qu’elle soit compensée financièrement. Or, difficile de convaincre un club de faire un chèque pour un joueur lorsque son départ arrange tous les parties. L’Athletic demandait plus d’un million d’euros mais aucun club ne s’est aligné, pas même le Rayo Vallecano, seul véritable intéressé.

Un départ quasiment gratuit

Unai López y signera finalement le 31 août, pour trois saisons. Alkorta se devait de trouver une destination au milieu de terrain. Et surtout par respect pour un joueur qui s’est donné à fond pour obtenir sa place ici. Aux ordres d’Andoni Iraola, qui était son coéquipier à ses débuts avec les Leones, le milieu devra se battre pour obtenir une place. La concurrence sera dure avec un Santi Comasaña au meilleur de sa forme et un Pathé Ciss qui vient lui arriver d’arriver et a tout à prouver. Unai López a l’avantage de connaître Vallecas, où il a gagné les faveurs des supporters lors de son prêt en 2017/18.

De son côté, l’Athletic ne recevra pas un euro pour ce transfert. Des compensations économiques devraient cependant arriver en fonction des « objectifs » remplis par le milieu. Sachant visiblement que ce transfert peut être regretté, une clause de rachat a également été signée par Rafa Alkorta avec le Rayo. On n’en connait pas le montant, mais on devine les intentions. À Unai López de montrer que la direction du club basque a fait une nouvelle erreur, qui pourrait être utilisée par les rivaux d’Aitor Elizegi lors de l’élection présidentielle de 2022.

Jérémy Lequatre-Garat @Euskarade