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·12 octobre 2024

Batlles revient longuement sur son passage à l'ASSE

Image de l'article :Batlles revient longuement sur son passage à l'ASSE

L'ancien entraineur de l'AS Saint-Étienne, Laurent Batlles, s'est longuement confié dans le podcast Dessous de Verts. Le projet qu'il a voulu mettre en place, son éviction, la montée en Ligue 1 de l'ASSE ou encore ce qu'il a appris de ses années à Saint-Étienne, Batlles se confie sans détour.

Laurent Batlles commence par expliquer ce qu'il a voulu mettre en place à l'ASSE : "L'idée c'était de construire une équipe de la même façon que je l'avais fait à Troyes mais tout en sachant que pour pouvoir assimiler un système comme ça, il faut du temps. Quand j'arrive à Saint-Étienne, il y a des paramètres qui ne sont pas évidents. J'arrive après un moment très compliqué, la relégation, ce qui s'est passé avec les supporters c'était très difficile pour certains joueurs. J'avais pris le temps de les rencontrer tous un par un à la reprise de l'année, sur les 24 ou 25 joueurs, il y en avait entre 15 et 16 qui voulaient partir. Des fois parce qu'ils voulaient jouer en Ligue 1 et ailleurs, d'autres parce qu'avec ce qu'il s'était passé, certains avaient eu peur. Il fallait reconstruire quelque chose et tu pars avec moins trois points, des matchs à huis clos. Il y a l'aspect financier qui rentre en compte, tant que tu n'as pas vendu, tu ne peux pas acheter ou trouver que des joueurs libres. Les six premiers mois ont été très compliqués. On fait les cinq premiers matchs mais les trois quarts s'en vont. Tu essaies de composer mais tu composes avec des jeunes qui n'ont pas vraiment le niveau pour l'ASSE mais tu ne peux pas vraiment faire autrement. Les résultats sont en dents de scie et la seule chance que j'ai eue c'est qu'il y a eu la Coupe du Monde (ndlr, l’hiver au Qatar) et donc ça nous a fait couper pendant un mois et demi et nous a permis de travailler et de repartir avec des joueurs concernés."


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À la trêve, le recrutement est à la hauteur de ses attentes et il peut enfin jouer comme il le souhaite à Saint-Étienne : "On attend la trêve, je me rends bien compte que si je continue dans un fonctionnement où on change toujours sans donner de repères aux joueurs, on va s'y perdre. Je prends la mesure de dire à Jeff (Soucasse), Loïc (Perrin) et Samuel (Rustem) : "Maintenant ça va être très clair : je pars dans ce système-là, je veux des joueurs dans ce système-là et il faut faire des points." On était dernier, si on veut se maintenir, il faut faire des points. On fait un recrutement à la hauteur de ce que je voulais et on perd deux matchs sur la deuxième partie de saison dans un système qui était appréhendé. Les joueurs se régalaient, on mettait des buts, oui on en prenait mais il fallait aller chercher des points. On ne pouvait pas laisser ce club en National. On a assumé notre statut. (...) J'avais recréé le fonctionnement que j'avais fait à Troyes : par exemple, Ibra' (Wadji) je lui avais dit comme j'avais dit à Touzghar : "Toi tu n'es pas concerné par le jeu, je veux que tu prennes la profondeur, que tu sois devant le but et que tu finisses." Alors bien-sûr, selon l'adversaire, des changements intervenaient : deux six, un dix ou un six, deux huit selon comment jouait l'adversaire, s'il y avait une pointe basse en face ou pas par exemple."

Lors de l’été 2023, Laurent Batlles évoque des dysfonctionnements dans le mercato estival avec la perte de plusieurs cadres comme Krasso et Nkounkou ce qui l'a forcé à changer de façon de jouer : "Ça s'était très bien passé mais après on repart dans le fonctionnement de Saint-Étienne, c'est à dire qu'on perd quasiment nos deux meilleurs joueurs (Krasso et Nkounkou). Après il faut recruter, et les joueurs n'arrivant pas. J'ai eu aussi le virus, je repars dans un système totalement normal, un 4-3-3, on n'a pas les joueurs pour jouer dans mon système donc je me dis qu'on va repartir dans un système beaucoup plus rationnel et jouer avec les qualités de nos joueurs, contres, vitesse. On est parti là-dedans, on n'a pas perdu pendant dix matchs, on était deuxièmes au mois d'octobre et après il s'est passé ce qu'il s'est passé. Gautier (Larsonneur) se fait mal, j'ai six ou sept blessés dans la semaine avant le match d'Angers, on se dit que c'est compliqué. Finalement, on le gagne, on est deuxièmes et après on enchaîne les défaites et ce qui devait arriver arriva parce qu'à un moment donné on ne maitrise plus certaines choses, l'équipe non plus. Il y a des choix, j'aurais peut-être dû faire différemment. C'est comme ça. J'avais besoin de joueurs à stats, je sais que la Ligue 2 se jouait à ça, je ne les avais pas ou je ne pouvais pas les avoir donc à un certain moment il fallait que ça change, c'est comme ça, ça fait partie de ce qu'il s'est passé à Saint-Étienne."

Laurent Batlles revient plus spécifiquement sur son éviction du club stéphanois : "À la sortie du match contre Guingamp, je savais très bien qu'après autant de défaites ce n'était plus possible. C'est normal, ça fait partie de notre métier. J'ai annoncé au groupe, tous les joueurs sont venus, beaucoup pleuraient, on ne voulait pas lâcher tout le monde avec mon staff, c'étaient des moments compliqués. Après, j'ai eu beaucoup de messages de mes joueurs. Il y en oui, d'autres non parce que ceux que tu les faisais moins jouer, ça fait partie du truc. Pour autant, je les ai tous accompagnés dans leur vie de tous les jours, à la fois sur le terrain et en dehors parce que tu crées des choses aussi avec leur famille. Il n'y avait pas de colère. La seule chose qui me dérangeait, c'est que je savais qu'à un moment donné, le fonctionnement allait payer. Il me fallait un peu de temps. On est cinquième quand je m'en vais et il me fallait deux ou trois joueurs qui pouvaient me faire des différences parce que je savais que derrière on avait la capacité à être solides. La première année on l'était moins donc c'est pour ça qu'on était allé chercher Batu', qui apportait de la valeur athlétique. Je savais que des choses allaient marcher mais quand ça ne marche pas au niveau des résultats, ça doit s'arrêter et ça fait partie du métier."

L'ancien coach des Verts confie qu'il est très content d'avoir vu l'ASSE remonter en Ligue 1, lui qui garde des liens très forts avec certains de ses anciens joueurs : "Bien-sûr que j'étais devant ma télé (pour les barrages contre Metz, ndlr). Je souhaitais qu'une chose : c'est que ce club remonte. J'ai tout vécu dans ce club, j'ai travaillé à beaucoup de postes. Quand je suis parti à Troyes, je leur avais dit que je n'avais pas fini mon cursus à Saint-Étienne. Le but, c'était que je réussisse à Troyes pour peut-être un jour réussir à Saint-Étienne. Entrainer l'équipe fanion de Saint-Étienne me faisait rêver et je l'ai fait. Avec des joies : la première année quand on finit contre Valenciennes, on avait une équipe qui tenait vraiment la route pour prétendre pouvoir écraser la Ligue 2. Je le savais. Quand on perd Niels (Nkounkou), Krasso et Kader Bamba et qu'il faut reconstruire quelque chose, ce n'est pas facile. J'étais devant ma télé et j'étais très content que ça monte. Ces joueurs-là (Tardieu, Chambost etc, ndlr), comme d'autres qui m'ont envoyé des messages, j'ai vécu des choses avec eux, notamment à Troyes, de très fortes. Je connais tout de Flo' (Tardieu). Sa vie, notamment extra-sportive. Il n'y a pas que le football dans la vie, je lui envoie encore des messages, lui aussi, ce qu'on a vécu est ancré jusqu'à la fin de nos jours."

Enfin, Laurent Batlles explique qu'il sort grandi de cette expérience dans le Forez : "Ça a été très enrichissant en terme de vie d'entraineur. Un club comme Saint-Étienne, où il y a beaucoup de pression, tu apprends à parler aux journalistes. (...) J'ai appris beaucoup dans le fonctionnement d'un club. À Saint-Étienne, le coeur a parfois pris la raison par rapport à ce que j'ai fait à Troyes. J'ai pris énormément de décisions à Troyes que j'assumais, ici j'en ai moins pris parce qu'il y avait le fait que j'étais d'ici, ma famille aussi. Je ne me posais pas de question à Troyes quand je devais dire quelque chose à qui que ce soit, là par moment tu es un peu plus conciliant pour des raisons qui te sont propres, ça je ne le ferai plus. Je dirai certaines vérités à certaines personnes ce que je n'ai peut-être pas fait."

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