Coupe du Monde 2022 – Zone AmSud : la honte et le football | OneFootball

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Icon: Lucarne Opposée

Lucarne Opposée

·6 septembre 2021

Coupe du Monde 2022 – Zone AmSud : la honte et le football

Image de l'article :Coupe du Monde 2022 – Zone AmSud : la honte et le football

Un énorme scandale pour ouvrir la soirée, quelques vertiges, des buts et des illusions perdues pour certains, la deuxième session d’éliminatoires sud-américains a été des plus animées.

La honte pour débuter

Ce devait être la grande affiche de la soirée, ce fut un énième fiasco en mondovision. Un horaire habituellement réservé aux matchs de la Bolivie mais qui permet à l’Europe de regarder en direct un choc sud-américain, les retrouvailles entre Neymar et Messi, la revanche de la dernière finale de Copa América et un nouvel épisode du clásico : tous les ingrédients étaient réunis pour vivre une nouvelle folie sud-américaine. Sur le plan du football, l’affaire n’a duré que cinq minutes et dix secondes. Car une autre histoire avait débuté quelques heures avant la rencontre.


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Tout débute en effet dans la journée quand l’ANVISA, l’agence de vigilance sanitaire brésilienne, ouvre une enquête sur quatre joueurs argentins, Dibu Martínez, Cuti Romero, Emiliano Buendia et Giovani Lo Celso, au motif que ces derniers auraient violé le protocole sanitaire par de fausses déclarations alors qu’ils avaient résidé en Angleterre (l’un des quatre pays placés sur liste rouge par les autorités brésiliennes) dans les deux semaines précédant la rencontre. Un motif, selon une loi promulguée en juin dernier – et qui écarte donc tout parallèle avec la tenue de la Copa América – suffisant pour requérir que les joueurs soient placés à l’isolement et expulsés du pays. C’est ainsi que les Argentins ont vu la police débarquer en pleine causerie d’avant match pour bloquer le transfert des joueurs vers le stade et lancer la séquences palabres entre les instances. L’Argentine ayant été autorisée par la CONMEBOL à se rendre au stade, tout semblait donc être rentré dans l’ordre.

C’était donc sans compter sur l’ANVISA qui a envoyé ses hommes et quelques policiers armés stopper la rencontre et offrir une nouvelle séquence honteuse à la planète football. Bien évidemment, les lois se respectent, évidemment, en cas de fausse déclaration, les Argentins sont coupables de les avoir enfreintes. Reste que le réveil de l’ANVISA à trois heures du match quand l’Argentine était à São Paulo depuis trois jours pose évidemment des questions qui ne cessent d’exciter toutes les théories du complot. Dans les faits, le match n’a pas eu lieu, toujours aussi prompte à se laver les mains, la CONMEBOL a rapidement dégainé un communiqué/tweet dans lequel elle renvoie clairement la patata chaude à la FIFA qui devra se débrouiller avec. Mais une fois encore, l’Amérique du Sud est la risée du monde.

Le football pour oublier

Si nombreux sont ceux qui en resteront à commenter cette terrible séquence, et pendant que tout ce petit monde va tranquillement se renvoyer la balle des responsabilités (alors qu’ils sont tous coupables), il y avait tout de même du football en Amérique du Sud, et du beau. Car le choc des outsiders entre Équateur et Chili, disputé à la Casa Blanca, n’a été que vertige. D’un côté, une Tri équatorienne toujours aussi joueuse et ne cessant d’attaquer, de l’autre un Chili parfaitement organisé, emmené par un Arturo Vidal en mission et avec deux hommes clés placés par Martín Lasarte, Claudio Baeza au milieu aux côtés d’Aranguíz et Vidal, et Jean Meneses devant aux côtés d’Edu Vargas. L’un de Toluca, l’autre de León, deux « mexicains » habitués à l’altitude. Le Chili a donc d’abord résisté à la pression initiale, Moisés Caicedo faisant notamment briller un Claudio Bravo parfait dans ses cages au quart d’heure, le duo Cifuentes – Sornoza causant bien des tracas à la Roja. Mais une fois la pression passée, le Chili a posé le pied sur le ballon et surtout cherché à exploiter les failles défensives d’un Équateur qui laisse des espaces. Une Tri pas épargnée par les coups durs : la blessure d’Hernán Galíndez à dix minutes de la pause, l’exclusion de Sornoza peu après l’heure de jeu alors que les dynamiteurs Byron Castillo et Gonzalo Plata venaient d’entrer. En supériorité, le Chili a peiné à trouver de la justesse et finalement à se montrer dangereux. Pire, la Roja est passé à un rien de s’incliner sur une tête à bout portant de Michael Estrada malheureusement pas cadrée. Mais le Chili rentre de Quito avec un point, chose qui n’était plus arrivé depuis 1997. Et si sur le plan comptable, c’est encore insuffisant, cela semble satisfaire Martín Lasarte.

Le Paraguay jouait gros après sa défaite, logique, en Équateur sous peine de voir leur adversaire du soir, la Colombie, creuser un petit écart. Faute de victoire l’Albirroja a au moins mis un terme à la série de cinq défaites consécutives à Asunción contre son adversaire du soir. Ce score de parité laisse un goût un poil amer à une équipe paraguayenne qui a eu deux occasions dans les dernières minutes mais qui a été mise en difficulté une grande partie du match. Profitant d’un ballon bêtement perdu par un Davinson Sánchez complètement aux fraises en première période, l’attaque paraguayenne a été à deux doigts d’ouvrir le score. En mode diesel, sans numéro dix et avec deux pointes, Santos Borré et Borja, la sélection cafetera a eu trois grosses occasions en vingt minutes, Cuadrado et Uribe sont tombés sur un excellent Silva et Borja a trouvé le poteau. Avant le geste de cette première période. À gauche de la surface, Ángel Romero a mystifié Davinson Sánchez avant de trouver Antonio Sanabria au point de pénalty pour l’ouverture du score. Sonnés, les joueurs de Rueda ont été sauvés par le VAR. Une première fois juste avant la pause où sur une action confuse, Barrios a eu un mauvais geste sur Ángel Romero. Initialement expulsé, l’arbitre central a été appelé par ses assistants vidéo et a finalement donné un avertissement aux deux joueurs. Une deuxième fois juste après la pause où sur un corner un défenseur paraguayen a dévié de la main un corner de Cuadrado. Une nouvelle fois appelé par ses assistants, M. Claus a accordé le penalty, logique, transformé par un Cuadrado bien mieux inspiré que contre la Bolivie. La fin du match a été hachée entre une équipe paraguayenne qui a multiplié les fautes et une équipe colombienne qui a semblé satisfaite de ce score de parité. Avec le traditionnel avertissement recherché. En sursis et assuré de ne pas jouer le match de jeudi, Davinson Sánchez, encore lui, a obtenu l’avertissement qu’il voulait. Ce nul permet à la Colombie de garder sa cinquième place, à deux points de l’Uruguay, mais avance à un rythme de tortue. Les deux points pris à l’extérieur devront être bonifiés à la maison contre le Chili sous peine de voir les critiques commencer à pleuvoir. Même constat pour le Paraguay qui partage les points pour la cinquième fois en huit rencontres et qui devra absolument s’imposer contre le Venezuela sous peine de dire adieu définitivement à la qualification.

La belle affaire est donc pour l’Uruguay. Un Uruguay qui avait un peu peur avant ce match. Peur de revivre un match comme celui contre le Paraguay, un match fermé, avec une équipe en face qui joue bas et qui attend, un autre match de coupe. La Bolivie est a priori l'adversaire le plus facile de la zone, surtout hors de ses terres, mais bon, le football étant le football, et l'Uruguay ayant du mal à marquer, cela peut tourner vinaigre. Étrangement, à rebours de ce qui était « planifié », la Bolivie s'est installée haut sur le terrain et a joué le jeu. Au bout de trente minutes, l'Uruguay mène 2-0 et s'est procuré une dizaine d'occasions franches. Le football est parfois étrange. Giorgian De Arrascaeta ouvre la marque sur un bon centre de Brian Rodríguez, lui même bien servi par Agustín Álvarez Martínez, dans un triangle amoureux qui fonctionnera durant tout le match. Brian Rodríguez par sa vélocité et sa qualité de conduite de balle met au supplice la défense bolivienne. À la demi-heure de jeu, Federico Valverde trompe un Lampe attentiste sur un coup-franc à l'angle de la surface. Dès le retour des vestiaires, Álvarez Martínez marque le troisième sur un centre d'un Joaquín Piquerez formidable. Alors qu'on pense que l'Uruguay peut écraser la Bolivie, le match prend une tournure étrange avec un but offert à l'heure de jeu par Matías Vecino sur une passe en retrait mal assurée. Godín et Muslera ne s'entendent pas et Marcelo Martins peut placer une frappe et réduire l'écart. L'Uruguay ne doute pas longtemps puisque l'arbitre siffle penalty sur une faute d'un Marc Enounba au supplice tout le match (il sera d'ailleurs sorti rapidement pour éviter un rouge qui lui pendait au nez). Penalty transformé par De Arrascaeta. Tabárez fait tourner l'effectif et la Bolivie commence petit à petit à montrer le bout de son nez jusqu'à une faute peu évidente de Nández qui offre le penalty du 4-2 à Marcelo Martins, qui aura définitivement fait une bonne opération au classement du meilleur buteur des éliminatoires. Pour la Bolivie, la défense a été à l'agonie et le prochain match jeudi en Argentine pourrait signer la fin des espoirs pour une équipe qui avait été chercher des points à l'extérieur au Chili ou au Paraguay. Trop de problèmes défensifs sur ce match pour pouvoir prétendre à quoi que ce soit. Le quotidien Pagina Siete parle d'une « grande différence footballistique, entre une Celeste à l'attaque et une Bolivie qui n'a jamais réussi à contrôler le ballon ». Côté uruguayen, le match est très positif mais teinté par la faiblesse de l'adversaire. Cela tombe bien, puisque le troisième match des éliminatoires arrive jeudi et affronter l’Équateur sera l'occasion de mesurer les vrais progrès de l'Uruguay. Sur ce match, la triplette offensive a été très bonne, avec enfin un attaquant qui sait permuter et jouer avec notamment un De Arrascaeta qui a semblé revivre dans ce schéma et avec ce joueur (Álvarez Martínez). Le milieu a bien contrôlé les attaques boliviennes faisant ressortir le ballon proprement (encore un bon match de Vecino et de Bentancur, on a moins vu Valverde malgré son but). Les latéraux ont aussi eu tout loisir de monter et d'apporter le surnombre. Le Maestro va maintenant devoir choisir pour jeudi entre Maxi Gómez, qui dispose de plus d'expérience avec la sélection, ou confirmer Álvarez Martínez. Ou les deux, le dernier étant capable de jouer autour et de combiner comme il l'a prouvé hier. On ne verra dans tous les cas pas Nicolás De la Cruz, qui s'est fait porter pâle pour la sélection mais qui a joué avec River contre Independiente. Le Maestro, sans critiquer, a bien fait comprendre hier qu'il s'en était rendu compte.

Dans tous les cas, le match restera à jamais dans la mémoire de deux joueurs : Agustín Álvarez Martínez et Manuel Ugarte, les deux ayant fait leurs débuts avec la sélection majeur. Le joueur de Peñarol, auteur du troisième but et d'un très bon match dans le jeu (même s'il manque de réalisme) a déclaré avoir vécu un jour de rêve et ne pas avoir de mots pour décrire ce qu'il a vécu. Manuel Ugarte a vécu une journée plus étrange, étant un peu absent absorbé par la pression durant les dix premières minutes. Il a ensuite pris les commandes et a apporté de la stabilité en fin de matchs. Il est sorti en larmes, pris par l'émotion de jouer avec la Celeste. Il a déclaré après le match sur les réseaux sociaux : « j'en ai rêvé depuis tout petit. De ces rêves qu'a un gamin avec un ballon. Le vivre à 20 ans est toucher le ciel de mes propres mains. »

Si les espoirs de la Bolivie s’amenuisent de jour en jour, il en est de même pour le Venezuela. Après avoir servi de sparring-partner à l’Argentine, la Vinotinto se rendait à Lima pour y jouer l’une de ses dernières chances. Et malheureusement pour elle, elle semble envolée. La faute à deux cadeaux : une horrible relance de Villanueva tranquillement exploitée par Cueva à dix minutes de la pause et une expulsion pour Tomás Rincón trois minutes plus tard. Pour le reste, ce Pérou – Venezuela a été décevant : la Blanquirroja a manqué de justesse et parfois (souvent) d’idées pour véritablement se mettre à l’abri, même en supériorité numérique, quand elle ne butait pas sur un Fariñez toujours parfait dans ses cages alors que la Vinotinto a gâché les quelques situations qu’elle s’est créée. Au final, le Pérou se contentera de cette courte victoire, pas forcément rassurante dans le jeu, mais précieuse au classement puisqu’avant de jouer le Brésil cette semaine, la Blanquirroja est revenue à deux points de la cinquième place.

Classement

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