Le Journal du Real
·8 avril 2025
Défense placée, projection rapide, coup de pied arrêté… Les clés tactiques d’Arsenal – Real Madrid

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·8 avril 2025
Ces équipes aux philosophies de jeu antinomiques abordent ce quart de finale poussé d’une dynamique du moins sinusoïdale, certes. Mais pour sûr, dès ce soir, une formidable bataille tactique s’annonce pour le plus grand bonheur des passionnés du ballon rond.
Défait à une seule reprise depuis l’incipit de cette campagne de Champions, cet obstacle séparant les Merengues du titre suprême apparaît particulièrement ardu. Et cette phase allée au cœur de Londres, à l’Emirates Stadium, représente un défi d’autant plus complexe à négocier. Car, après avoir éliminé coup sur coup Manchester City ainsi que l’Atlético, le Real Madrid semble pourtant plus que jamais naviguer en eaux troubles.
Un constat sûrement partagé par les fans des Gunners au vu de cette récente avalanche de blessures. Mais tel son ancien supérieur Guardiola, l’équipe d’Arteta repose davantage sur une organisation millimétrée que sur des individualités, contrairement à un certain club madrilène. Si au sein de ce 4-4-2 sans et 3-2-5 avec ballon les forces prédominent, certaines failles se baladent tout de même.
Meilleure défense de Premier League, second dans l’exercice en Champions League. Parfois, les statistiques parlent d’elles-mêmes, et ici, c’est bien le cas ! N’importe les phases, n’importe les secteurs, Arsenal semble détenir une boîte à outils capable de boucher le moindre trou derrière. Cette formidable lecture du jeu, d’abord, leur permet de couper à la source les tentatives de transitions antagonistes. Un repli défensif intelligent, qui impose aux adversaires de jouer particulièrement juste.
Et un cran plus bas, les Manchester City, Liverpool ou PSG peuvent en témoigner : lorsque cette ligne de cinq décide de fermer boutique, plus personne ne rentre. Bloquer le demi-espace, repousser les centres, contenir la profondeur… Que faire ? Ce bloc médian bas possède sûrement la meilleure défense de surface d’Europe. Et si les Valverde ou encore Bellingham pensaient que cela leur permettrait de pilonner de loin, ils se trompent. Cette capacité à sortir promptement sur le porteur de balle, comme slogan des Londoniens accompagnant leur marque de fabrique.
Et comment parler de ce club sans évoquer sa qualité tant de contre-pression que de pressing ? Une arme dont Ødegaard demeure le garant. Marquage individuel sur les milieux, agressivité sur les centraux, décrochages des attaquants constamment suivis… Avec toujours cette même idée de créer un carré autour du porteur de balle. En résumé, les Madrilènes vont devoir faire preuve de créativité à la relance tant le rideau des rouges et blancs est épais.
Une intelligence de jeu sans ballon, comme reflet de leur aisance en période de possession. Car oui, si jusqu’ici la défense s’apparente au mot d’ordre, cette équipe aime avant tout la possession. Et mauvaise nouvelle, cet entre-garde détient ce profil type qui met constamment en difficulté le milieu blanc. À savoir une plaque tournante nommée Partey, associée au métronome Rice travaillant pour l’électron libre Ødegaard. Depuis les prémices de la saison, cette triplette flexible trouve constamment la solution face aux consignes tactiques adverses. Ajoutez à cela une remarquable qualité de frappe de loin et les coéquipiers de Bellingham n’auront d’autre solution que de verrouiller le cœur du jeu.
Enfin, devant, qui dit attaque placée, insinue une qualité de percussion dans les espaces resserrés, mêlée à des mouvements sans ballon incessants. Spécialistes quand il s’agit d’accélérer le jeu à l’aide de triangles appui-profondeur, les Anglais ne délaissent pour autant les côtés. Par l’intermédiaire d’un jeu horizontal, fruit d’une ligne de cinq bien distincts, les repiquages, mais aussi centres fusent. Ces derniers se savent puissants dans les airs et le montrent à chaque sortie. Symboles de ce principe, les coups de pied arrêtés incarnent sûrement la plus puissante arme d’Arsenal, quand le Real apparait fragile dans la défense de cet exercice.
Mais, bien qu’impressionnante, Arsenal détient des brèches au sein desquelles les Merengues ont largement les capacités pour s’y engouffrer. D’ailleurs, même au vu de ces six buts encaissés la semaine antérieure, la défense blancos bénéficie d’un certain traitement de faveur. Eh oui, en réalité, si les hommes d’Arteta tiennent tant à mettre en place des phases de possession, c’est que ces derniers manquent d’efficacité en transition.
À contre-courant de la mode footballistique contemporaine, ce jeu relativement lent représente un atout pour le Real Madrid. Ce bloc haut, périodiquement pris de vitesse, pourrait cette fois-ci échapper à la sentence des contres. D’autant plus que le manque d’un véritable serial buteur donnera de l’air à l’arrière-garde madrilène.
Offensivement amoindri, les failles londoniennes se prolongent aussi un cran plus bas. Amputés d’un pivot de métier comme énoncé précédemment, les Gunners ressortent le ballon par l’intermédiaire d’un jeu court. Bien que généralement maîtrisé, obligé d’admettre que ces derniers prennent des risques, induisant de fait l’erreur. Parler d’un pressing serait ambitieux, mais tenter occasionnellement des tentatives d’interception se révèle plus que possible. Car, une fois récupérés, ces ballons se transformeront en occasion de trouer ce bloc dégarnis, du fait que les locaux ont tendance à s’avancer rapidement.
Toujours sans ballon, la supériorité physique des Valverde ou encore Bellingham peut être utilisée pour une mission « anti-Odegaard ». Depuis son départ de la Maison Blanche, il ne vous aura échappé que le norvégien n’a cessé de prendre du galon. Une progression constante couronnée par un rôle central dans l’organisation d’Arteta.
C’est simple : les clés du camion appartiennent au numéro huit. Tous les circuits de balle, toute la construction passent à un moment ou à un autre par ses pieds. Il s’agit du centre névralgique de la création rouge et blanche. Réussir à réduire son influence, revient à amputer Arsenal de son principal canal. Cette saison, des écuries, à l’instar de l’Inter de Milan, sont parvenues à l’éteindre grâce à une agressivité de tous les instants. Un exemple dont les Espagnoles seraient bien inspirées de reproduire ce soir.
Finalement, même les colosses ont un pied d’argile, et la défense londonienne ne déroge à la règle. Certes, Arsenal excelle dans l’interception à la source des tentatives de contre antagonistes. Mais comme toute équipe possédant un bloc haut en phase offensive, les coéquipiers de Saliba s’exposent. Ces longues diagonales en profondeur récurrente, ces ballons verticaux, cette qualité d’appel-contre-appel des flèches blanches… LA principale force offensive du Real Madrid cette saison s’appuie sur LA principale faiblesse d’Arsenal. City en a fait les frais en barrage, tout comme l’Atletico en huitième. Cette fougue brésilienne, française, voire anglaise made in Real connait parfaitement la recette de la gagne. À eux de l’illustrer une nouvelle fois ce soir !
Alexis Gallot