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·2 février 2019
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Remplaçant à Dijon en début de saison, Bobby Allain a profité de la mauvaise passe traversée par son concurrent direct Rúnar Alex Rúnarsson pour obtenir du temps de jeu, faire ses preuves, et s'imposer dans les buts. Mais au-delà de son ascension sportive, Bobby Allain se distingue par son histoire. Né de parents sourds, il a accordé une interview à L'Equipe dans lequel il évoque son enfance et souligne la capacité d'adaptation de ses parents. "On ne dit pas langage des signes, mais langue des signes, parce que c'est une langue parmi tant d'autres, différente selon les pays. Les gens pensent qu'il n'y en a qu'une seule, comme si on disait : le français est la seule dans le monde. C'est blessant pour les sourds et malentendants qui se sont battus pour qu'elle soit reconnue (en 2005 en France). C'est comme le concept sourd et muet, il ne faut pas associer les deux. Mon père parle comme vous et moi, ma mère le peut mais... Il y a deux courants : ceux qui veulent parler et ceux qui ne le veulent pas. Un peu comme la droite et la gauche en politique, c'est assez drôle", a indiqué Bobby Allain.
"Comment je communiquais avec mes parents ? De la même manière que vous avez appris à parler. Mes parents me faisaient des signes et, pour moi, tout le monde communiquait ainsi. À l'école je me comportais comme un sourd, et les profs disaient à mes parents : "Mais il est sourd votre fils !". Alors que je ne voulais pas parler, je détestais ça. Les profs me prenaient pour un extra-terrestre. J'ai commencé à m'exprimer à cinq ans quand mon frère a pleuré parce que je ne lui parlais pas", a ajouté le gardien de Dijon.
Bobby Allain refuse d'entendre le mot handicap : "Ce qui blesse les sourds ? Penser que c'est un handicap alors que pour eux c'est un super pouvoir ! Ils développent d'autres sens comme la vue, les vibrations, c'est incroyable. Les appareillages, par exemple, je ne suis pas pour car on n'a pas dans ma famille. Mes parents sont très heureux comme ça. Avec ma copine, on est d'accord, notre enfant, s'il est sourd, n'aura pas d'implant ou d'appareil car ce n'est pas un handicap".
"Ma carrière une revanche ? Ne pas être passé par un centre de formation parce qu'on me trouvait trop petit m'a donné la niaque mais je ne me pose pas la question de savoir si ça aurait été différent avec une famille entendante. En y pensant... Mon père, qui a été attaquant en Division 3, a été freiné par son "handicap". Son rêve, c'était de jouer en L1, il le vit à travers moi, il m'a donné son côté compétiteur, bosseur. Il m'a toujours dit : "Toi, tu vas réussir car tu as la chance d'être entendant", a conclu le gardien titulaire de Dijon. Un témoignage touchant à retrouver dans L'Equipe.