Entretien - Charly Jan (Bourg-Péronnas) : « On est des compétiteurs, si on doit aller chercher plus haut, on ira ! » | OneFootball

Une première saison en tant que titulaire en National plus que réussie, pour l’instant. Après 24 matchs disputés, Charly Jan s’est imposé comme l’un des meilleurs à son poste. Auteur de sept clean-sheets et avec seulement 21 buts encaissés, le gardien de but a permis à Bourg-en-Bresse Péronnas (22 buts concédés) d’être la deuxième meilleure défense du championnat, derrière le leader Nancy (21). Passé par Nantes puis Martigues, le dernier rempart est également sur le podium des Talents Foot-National après 27 journées, lui qui compte plus du double de nominations que son principal concurrent à ce poste. À 25 ans, Charly Jan espère terminer la saison en beauté avant de, pourquoi pas, s’implanter dans le monde du football professionnel. Entretien avec un gardien qui sait où il veut aller, et tout juste nommé parmi les quatre meilleurs joueurs du mois de mars en National.

Charly, comment te sens-tu avant la dernière ligne droite du championnat ?

Franchement, bien. Notamment avec le maintien qui est quasiment acquis avec Bourg. Je ne peux que me sentir bien, parce que je pense que personne n’aurait mis une pièce sur nous pour être aussi haut avant cette dernière ligne droite. Je sens que je monte en puissance, tout comme l’équipe. On a trouvé nos automatismes et un cycle de travail très régulier, donc je ne peux que me sentir bien.

Tu connais ta première saison dans la peau d’un titulaire en National, qu’est-ce-que cela te procures ?

Je suis toujours content d’avoir eu cette première année en tant que tel en National. Il y a eu des péripéties où j’aurais dû évoluer à ce niveau mais je n’ai pas joué. En fin de compte, cela m’a forgé un caractère. Cela m’a appris que tout n’est pas acquis non plus. Cette année se passe bien, je pense. Faire partie de l’une des meilleures défenses du championnat est toujours galvanisant. Je suis assez content de mon année pour l’instant.

Tu n’as encaissé « que » 21 buts en 24 apparitions cette saison en National, avec sept clean-sheets. Es-tu content de ton bilan à l’instant T ?

À l’instant T, je suis content. Mais il y a aussi ce côté perfectionniste, où il y avait peut-être quelques buts qui étaient évitables. Mais avec un bilan comme cela, tu ne peux qu’être content de ta première saison à ce niveau à sept matchs de la fin.

Est-ce grâce à ta « lecture du jeu », comme a souligné ton entraîneur des gardiens (Pascal Landais) à plusieurs reprises à ton sujet ?

Tous les gardiens de but sont différents. Moi, mon style n’est pas comme les autres. Je suis un gardien qui joue vachement et qui aime bien proposer du jeu. Pour moi, un gardien ne fait pas que des arrêts. Il fait partie des onze joueurs. Si on peut se servir de moi pour sortir le ballon ou même casser le rythme… Un gardien fait partie des onze joueurs selon moi.

Quels sont tes points forts, d’après toi ?

Hmm (Il réfléchit)… Si je devais en nommer trois, je dirais ma lecture de trajectoire, mon jeu au pied et mes sorties aériennes.

Et tes points faibles ?

Cette question est difficile (rires). J’ai des points faibles, bien évidemment, mais en ce qui concerne ma marge de progression, ce ne serait pas à moi de les citer. Je vais t’en trouver, oui, mais peut-être que d’autres clubs ou coachs les apprécient et ne les considèrent pas comme des points faibles. J’ai logiquement des choses à améliorer, avec une marge de progression qui est sur la pente montante donc ce ne serait peut-être pas à moi de te répondre sur ça.

"Je pense que c'est le moment d'aller chercher plus haut"

Charly Jan

Tu es aussi présenté comme un gardien… un peu fou, est-ce que c’est vrai ?

Ça dépend ce que tu entends par « fou ». Tout le monde dit que pour être gardien, il faut être un peu fou. Donc je pense que je le suis aussi (rires). C’est sûr que j’ai un caractère qui me pousse à vouloir m’imposer à partir du moment où le coup de sifflet est donné. Pour moi, tous les matchs doivent être joués pour être gagnés. Quant au côté « foufou », je n’ai pas peur de me casser le nez face à un attaquant. Est-ce que c’est ça, être fou ? C’est possible.

Quelles sont tes ambitions personnelles, alors que tu seras en fin de contrat à l’issue de la saison ?

Je suis en fin de contrat, ouais. On peut espérer une belle fin de saison, en encaissant très peu de buts et en restant la meilleure défense. Ce serait super. Pour moi, comme pour les défenseurs et toute l’équipe. On veut terminer avec la même régularité et constance comme celle montrée depuis le mois d’août.

Et les ambitions avec ton équipe ?

Comme personne ne nous attendait avec Bourg, aujourd’hui il y a plusieurs individualités qui ressortent. C’est toute une équipe qui travaille correctement pour se mettre en valeur et pousser tout le monde vers l’avant. Dans un grand collectif, tu as toujours de bonnes individualités. Mais là, c’est vraiment l’équipe qui est costaud. On était tous aussi un peu revanchard, avec notamment les problèmes financiers pour monter en National en début de saison. On voulait prouver que l’on pouvait exister dans ce championnat. Quand tu as ce budget, et ce total de points à sept journées de la fin, maintenant tu peux te projeter. 90% du travail a été réalisé. Maintenant, nous sommes des compétiteurs. Si nous devons aller chercher plus haut, nous irons. Il faut finir sur une belle image, comme ce qu’on a montré depuis le début de saison.

Tu as 25 ans, bientôt 26, c’est le moment pour aller chercher plus haut ?

Je pense que c’est le moment au vu du passé que j’ai eu avec le FC Nantes et le FC Martigues. Le petit trou d’air que j’ai traversé m’a permis de gagner en maturité et de prendre du recul sur certaines choses. Même sur moi-même. J’ai compris que rien n’était acquis et que rien ne m’était dû. Qu’il fallait que j’aille chercher ce que je veux. Ça te fait grandir et tu sais ce qu’il y a à faire ou pas. À 25 ans, je me sens en pleine maturité et confiance pour, pourquoi pas, aller chercher au-dessus.

Des performances remarquées par les entraîneurs adverses... et pas que

Tu impressionnes les entraîneurs adverses depuis le début de saison, qui t’ont désigné à 7 reprises Talent Foot-National, qu’est-ce que cela te fait ?

C’est très bien. Dans un grand collectif, on voit quelques individualités qui ressortent. Je suis flatté, personnellement. J’espère que le travail réalisé au quotidien se reflète en match. Quand les entraîneurs adverses parlent de toi, tu ne peux qu’être flatté. C’est une récompense du travail effectué jusqu’ici. Des fois, c’est long pour que ça tourne. Mais je ne joue pas pour ça. Le principal objectif était le maintien du club, l’équipe. On est tous dans le même projet. Mais avoir obtenu 7 Talents Foot-National, c’est sûr que je suis très très content. Il faut continuer jusqu’en fin de saison.

N1 : le classement des Talents Foot-National

Le deuxième gardien de but le plus distingué est Kayne Bonnevie (QRM) avec 3 nominations. Tu as fait le break déjà...

Il reste sept matchs (rires). À moi de faire une saison pleine. On sait comment cela se passe. Je suis peut-être premier aujourd’hui, mais si j’enchaîne sept matchs à l’envers, je peux vite passer derrière. Quoi qu’il arrive, j’ai déjà réalisé 75% de ma saison. Maintenant, il faudra confirmer pour montrer que j’ai mûri et que je peux durer dans le temps en restant solide toute une année. Une saison c’est long. Si je suis toujours le premier à la fin, ce sera une superbe victoire et j’estime que je l’aurai méritée aussi. Mais il y a de très bons gardiens en National. C’est aussi grâce à eux que tu repousses tes limites, quand ils sont performants et que toi tu es un peu moins bien, cela te permet de te remettre à l’endroit. Nous les gardiens, on est une confrérie. Chacun fait progresser l’autre, que ce soit de loin ou de près.

Est-ce que c’est le plus dur désormais ?

Bien sûr. C’est ce que je leur ai dit dans le vestiaire. À un moment donné, personne ne nous attendait comme je l’ai déjà répété. Maintenant, il faut finir comme on a joué toute la saison. En jouant notre football, sans surjouer, pour ma part, car je sais qu’on parle désormais de moi. L’important, c’est de vraiment rester focus sur l’objectif : finir proprement. Et on verra où le destin nous et me mènera.

Es-tu plus craint maintenant par les attaquants adverses ?

Je sens que mon jeu est maintenant observé, oui. Cela se voit sur les positionnements, à la relance ou même sur les sorties aériennes. Mais cela fait aussi partie de la progression. Cela permet de prendre du recul ou alors plus de risques. C’est pour ça que mon jeu est porté dessus, car j’aime bien participer au jeu avec mes coéquipiers. Il m’arrive même de me surprendre moi-même dans ma réflexion sur le football.

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