Entretien - Wilfried Lukoki (Racing FC Union Luxembourg) : "À Nantes, j'ai connu l'exigence d'un club professionnel" | OneFootball

Formé pendant dix ans au FC Nantes, Wilfried Lukoki a fait le choix cet été de s'engager avec le Racing FC Union Luxembourg. Entre la découverte du football senior, l'exigence du haut niveau et l'expérience inoubliable de la Youth League, le jeune latéral revient sur les étapes clés de son début de parcours et ses ambitions dans son nouveau club.

Après dix ans au FC Nantes, que retiens-tu concrètement de ta formation à la Jonelière ?

Effectivement, j’ai passé 10 années au FC Nantes de U8 à U17. Avoir la chance d’y passer la majorité de ma formation m’a permis de connaître l’exigence d’un club professionnel, de devenir autonome et mature plus vite dans le sport comme dans la vie. Sur le plan technique, j’ai appris combien la qualité de ma première touche de balle est importante pour me mettre dans les meilleures conditions avant d’entamer une action. Les coachs insistent beaucoup sur les exercices comme les toros ou les jeux à touches réduites pour améliorer le jeu sous pression. Tactiquement, étant donné que je peux évoluer sur tout le flanc droit, j’ai appris à assimiler rapidement mon rôle en fonction de mon positionnement sur le terrain. Au FC Nantes, l’objectif est toujours de faire fonctionner rapidement le cerveau dans diverses situations de jeu, pour effectuer les meilleurs choix avec ou sans ballon. Nantes est un club historique, et humainement cela se ressent tous les jours à travers les valeurs du club et la volonté de faire de nous des compétiteurs dès le plus jeune âge.

Qu'est-ce qui a été l'élément déclencheur dans ta décision de quitter Nantes cet été pour rejoindre le Racing FC Union Luxembourg ?

J’arrivais en fin de contrat lors de la saison dernière en U17 et il y avait peu de possibilités pour moi d’obtenir la chance de monter en pro au FC Nantes. Cela n’a pas été facile à digérer car c’est mon club de cœur. D’ailleurs, j’ai passé plus d’un mois sans savoir où j’allais jouer la saison suivante. Plusieurs clubs belges, dont le KV Courtrai, avaient contacté mes agents mais je n’aurais pas pu continuer mes études sereinement. Finalement, j’ai pu trouver un projet au Luxembourg. Cette opportunité m’a fortement intéressé dès le départ car toutes les conditions étaient réunies pour concilier pour le football et la poursuite de mon parcours scolaire. Je partais un peu dans l’inconnu mais je savais que changer de pays serait sûrement une bonne chose pour ma progression, alors j’ai saisi cette opportunité.

Comment s'est déroulée ton arrivée au Luxembourg, et ton intégration au sein du Racing FC Union ?

Mon arrivée dans la région s’est très bien passée, d’autant plus que mon grand frère s’est également installé ici. Kevin a également fait toutes ses classes à Nantes et a signé en D2 luxembourgeoise en toute fin de mercato. Nous sommes frontaliers côté français, et proches de différents pays comme le Luxembourg, la Belgique ou l’Allemagne. Je continue d’aller à l’école en France. C’était plus simple pour passer mon BAC. Luxembourg-Ville est une capitale dynamique et paisible à la fois. Mon intégration dans le club s’est aussi très bien déroulée. Le staff et les coéquipiers m’ont très bien accueilli et la plupart d’entre eux parlent français, donc cela a été facile de créer des liens. J’ai démarré la préparation avec les U19 et après quelques bonnes performances, j’ai pu rejoindre le groupe professionnel quelques semaines après mon arrivée. Avec les pros, j’ai notamment été titularisé contre la RAAL (club de D1 belge) où j’ai affiché une bonne prestation. Ensuite, je suis définitivement devenu membre de l’équipe professionnelle. C’est donc une première partie de saison plutôt positive pour moi.

Tu as déjà disputé 3 matchs de Youth League. Quelles sont les principales différences que tu as notées entre cette compétition européenne et les matchs de championnat de jeunes ?

L’intensité des rencontres en Youth League est similaire à ce que j’ai connu en France. Au Luxembourg, il y a de très bons joueurs en championnat U19 même si le niveau est généralement un peu moins élevé qu’en France ou qu’en Youth League. Les meilleurs joueurs que tu croises en U19 sont très souvent internationaux luxembourgeois et ne restent pas longtemps ici. La différence majeure est également l’ambiance des matchs, car c’était la première fois de ma vie où je disputais des rencontres devant 1000 à 6000 supporters. C’était un réel plaisir. Avoir un public qui te pousse pendant 90 minutes comme lors du match retour à domicile face au FC Larne, où nous devions réaliser une remontada. Au tour suivant, contre Cologne, à domicile comme à l’extérieur, il y avait plus de 5000 supporters. C’était une belle expérience. Je ne regrette pas du tout mon choix d’être venu ici cet été.

"Mon profil est similaire à celui des latéraux modernes"

Tu t'entraînes régulièrement avec l'équipe première professionnelle. Quel est l'impact de ces séances sur ta progression de jeune joueur ?

Le club fait partie des meilleurs clubs de BGL Ligue (D1) au Luxembourg mais traverse une période compliquée concernant les résultats sportifs. Nous avons récemment eu un changement de coach pour cette raison. Le nouveau coach, Sébastien Grandjean, a dirigé de nombreux clubs de l’élite belge et a également lancé de nombreux jeunes comme Thomas Meunier. Pour ma première expérience en senior, j’ai vite compris l’importance d’être performant à chaque séance ou en match car l’exigence et les attentes sont très élevées ici. Cela nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes à chaque séance. Je prends beaucoup de plaisir tout en travaillant sérieusement. Certains de mes coéquipiers ont également connu le haut niveau et leurs conseils m’aident énormément au quotidien. Nul doute que tous ces ingrédients me permettront de poursuivre ma progression.

Comment décris-tu ton style de jeu et tes principales qualités sur le terrain en tant qu'attaquant ?

Mon profil est similaire à celui des latéraux modernes. Je suis un joueur très polyvalent et je peux évoluer ailier droit, piston ou latéral droit dans divers systèmes. Je prends autant de plaisir à attaquer qu’à défendre. J’aime prendre les espaces avec ma vitesse, ou provoquer mon adversaire direct en un contre un. J’ai une bonne qualité de centres, domaine sur lequel j’ai beaucoup travaillé. Ce qui m’a valu de tirer les corners en Youth League (rires). Défensivement, je sais être agressif sur mon adversaire quand il le faut.

Y a-t-il des joueurs ou des coachs, que ce soit à Nantes ou au Luxembourg, qui t'ont particulièrement marqué ou inspiré ?

À Nantes, il y a deux coachs qui m’ont marqué. Le premier, c’est Laurent Marraud. Je l’ai eu lorsque j’étais en U9. Ça remonte, mais c’est le coach qui m’a le plus fait prendre conscience de l’exigence du football. Durant toute une saison, il a été comme un père qui éduque son enfant. Jusqu’à aujourd’hui, je garde en tête des conseils qu’il m’a donnés alors que je n’avais que 9 ans. Le second, c’est Julien Le Pape. Il a été préparateur physique des professionnels puis s’est ensuite occupé de la rééducation des joueurs en post-blessure. J’ai connu une blessure qui m’a beaucoup freiné en U16 et pendant ma rééducation, il m’a donné les conseils dont j’avais besoin pour devenir un véritable athlète, sur et en dehors du terrain. Le travail invisible compte énormément et c’est à cette période que je l’ai appris.

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