Foot National
·30 septembre 2025
Entretien – Xavier Collin : « J’aime me présenter comme un bâtisseur »

In partnership with
Yahoo sportsFoot National
·30 septembre 2025
Des nouvelles de Xavier Collin. Ancien entraîneur de l’AS Béziers (2012-2015), du SAS Épinal (2016-2021) et de l’US Orléans (2021-2022), le technicien de 51 ans est aujourd’hui sans poste depuis son départ d’Andrézieux-Bouthéon (National 2) en mars dernier. Après quasiment deux années dans le Forez, le natif de Charmes (Vosges) s’est séparé des Faucons d’un commun accord avec la direction. Mais ce n’est pas pour autant que joueur d’Ajaccio ou Montpellier s’est éloigné du rectangle vert. Bien au contraire ! En attendant de retrouver un banc de touche, Xavier Collin se confie auprès de Foot National sur sa fin d’aventure à Andrézieux, ses occupations depuis et surtout ses ambitions et sollicitations. Entretien.
Xavier, on ne t’a plu revu sur un banc de touche depuis mars et la fin de ton expérience à Andrézieux-Bouthéon en National 2. Ton départ a-t-il été compris et digéré depuis ?
Ce fut un moment difficile sportivement parce que je ne m’y retrouvais pas sur le plan humain et le projet sportif, donc il valait mieux ça s’arrête là. J’avais aussi besoin de voir autre chose et de couper.
Ces derniers mois, tu as pourtant eu des sollicitations, notamment en National 2 et National 3 dans le Grand-Est. Pourquoi ça ne s’est pas fait ?
Tout à fait. Il y aurait pu avoir quelques opportunités sur cette dernière intersaison. J’avais pour ambition de retrouver le championnat de National ou un projet très ambitieux de National 2. Ça, c’était ma première volonté. Tout en sachant bien que très peu de places allaient se libérer sur les bancs de N1 ou N2 puisque les coachs en question étaient en place. J’ai donc préféré patienter plutôt que de m’engager pour un projet dans lequel je ne me serais pas totalement retrouvé. Depuis quinze ans que j’entraîne, c’est la première fois que je ne démarre pas une saison. C’est un peu particulier et difficile de voir les autres démarrer et pas toi. Mais encore une fois, c’était une volonté de ma part pour retrouver le projet idoine.
À l’hiver 2025, lorsque tu étais encore en poste à Andrézieux, il y a eu des intérêts de Châteauroux (N1) et Ajaccio (L2) à ton égard. Tu as des regrets que ça ne se soit pas concrétisé ?
Il y a eu des opportunités, des contacts et des entretiens effectués avec Châteauroux, Ajaccio et d’autres clubs. Ça n’a pas abouti. Châteauroux s’est orienté vers un autre coach, plus jeune avec une autre philosophie (Valentin Guichard, ex-Jura Sud) et ça marche très bien. C’est aussi la dure loi du marché, il y a beaucoup d’entraîneurs à la recherche d’un banc. Le projet d’Ajaccio aurait été une opportunité exceptionnelle pour moi. Il y a eu des contacts, des entretiens réalisés. Mais Thierry Debès, qui n’avait pas les diplômes, a réalisé un intérim exceptionnel et a finalement été conservé. Ce fut un choix de la direction de l’ACA, car même s’il n’avait pas le diplôme, « Titi » a eu d’excellents résultats, connaissait bien l’effectif, … À Andrézieux, il y a aussi eu une sollicitation de QRM (N1) pendant la précédente intersaison estivale. Le club ne souhaitait pas me laisser partir libre et demandait des indemnités pour me libérer. C’est toujours un peu frustrant de passer à côté d’opportunité comme ça mais on sait que c’est compliqué aujourd’hui de retrouver des projets ambitieux. Ça fait plaisir aussi parce qu’il y a un intérêt réel. Ça, c’est hyper positif. Et l’objectif, c’est de retrouver un projet ambitieux rapidement.
Quand on voit la destinée tragique de l’ACA, rétrogradé en Régional 2, il n’y a peut-être pas tant de regrets que ça, si ?
C’est toujours dur à accepter. Je savais que le club était en difficulté, mais on ne le pensait pas autant en difficulté que ça. On ne connaissait pas non plus cette issue-là à cette période. Il n’y a pas de regrets mais c’est triste de voir un club comme ça être relégué en Régional 2 ou disparaître.
Justement : un projet similaire à celui de l’AC Ajaccio en Régional 2 ou comme d’autres ont pu connaître (Niort en R2, Sedan en R3, …), ça pourrait t’intéresser ?
Si on m’avait appelé, je pense que j’aurais réfléchi parce que je suis accroché à ce club-là, j’en garde une profonde affection (il y a été joueur de 2002 à 2008, ndlr) et qu’il y a un projet à relancer. Repartir d’une feuille, ça aurait pu m’intéresser, oui.
Tu parlais également de projets ambitieux en National 2, tu penses à Cannes, Bordeaux, Créteil, … ?
Tout à fait, je pensais à ces clubs-là quand on parlait de projets ambitieux. Ce sont des clubs qui ont le projet de retrouver le National le plus rapidement possible. Je ne suis pas fermé à bâtir un projet dans la durée, comme je l’ai fait à Épinal ou Béziers précédemment. Ce n’est pas une question de statut du club. Je suis allé à Andrézieux car il y avait cette ambition-là aussi. C’est avant tout une question de projet humain. J’ai envie de travailler avec des gens qui me font confiance, avec qui on est capable de faire un bout de chemin. Je me suis toujours inscrit dans la durée avec mes clubs, c’est ce que je recherche avant tout.
Tu te définis comme un bâtisseur ?
Tout à fait ! Je l’ai fait avec Béziers pendant trois ans (2012-2015), avec Épinal ensuite (2016-2021), à construire, à lancer ou relancer des joueurs qui n’ont pas signé pros. J’ai en tête pas mal de joueurs qu’on a lancé ou relancé à Béziers et Épinal et qui ont découvert le monde professionnel par la suite. C’est le domaine dans lequel je m’épanouis le plus : être capable de révéler certains jeunes joueurs, de bâtir quelque chose avec une équipe, construire un groupe … Pour moi, l’état d’esprit reste la priorité pour former une équipe compétitive. J’aime me présenter comme un bâtisseur, comme quelqu’un qui aime construire sur la stabilité, la durée et sur un projet humain et collectif.
On dit que dans le foot, il faut sans cesse se renouveler. Qu’es-tu prêt à changer dans ta manière de travailler par rapport au Xavier Collin d’il y a dix ou cinq ans ?
C’est vrai qu’on progresse tout le temps. Aujourd’hui, je suis bien entendu quelqu’un de différent parce que le foot change, évolue. Donc on est obligé de s’adapter. Des projets sur le long terme, il n’y en a plus beaucoup et on est donc jugé sur des résultats immédiats. Ça aussi c’est à prendre en compte. Il faut donc trouver les leviers qui permettent d’avoir de suite des résultats et gagner des matchs. Mais je ne changerais pas ma philosophie, mon idée et mon projet qui est d’avoir une équipe avec la possession et dotée de joueurs doués sur le plan technique. C’est ma philosophie et je n’ai pas envie de la changer. Et ce n’est pas parce que ça s’est mal terminé à Andrézieux que je vais la changer non plus. On s’adapte au foot qui évolue et on se sert de toutes les expériences pour éviter de refaire certaines erreurs. Mais je ne regrette rien de ce que j’ai pu proposer là-bas. Et si on avait eu un peu de temps, on aurait pu y construire quelque chose de très intéressant.
Tu l’as dit, tu as participé à l’émergence de certains joueurs précédemment. Quelles sont tes fiertés ?
À Épinal, j’ai eu la chance d’avoir des joueurs qu’on a lancé et relancé comme Jean-Philippe Krasso (Paris FC) ou Mickaël Biron (Nuremberg), qu’on a découvert à la Réunion. Mais aussi comme Boubacar Fofana (Sochaux) qu’on avait été rechercher à Torcy en U19. Je pense aussi à Esteban Lepaul qui est à Rennes aujourd’hui. J’aime bien aller chercher ces garçons qui sont un peu dans l’échec du centre de formation, qui n’ont pas signé pro ou qui sont à relancer. J’en ai eu pas mal sous mes ordres et ça c’est quelque chose qui me plaît. Ce sont des joueurs qui possèdent une bonne formation – comme Esteban à Lyon ou JP à Lorient –, qui ont du talent mais qui ont loupé l’opportunité de signer pro et qui se retrouvent dans le monde amateur par défaut car ils ont les qualités. Ça, c’est une vraie fierté pour mon staff et moi. On s’est toujours attaché à recruter ce genre de profil, partout où nous sommes passés.
En attendant de retrouver un banc, comment occupes-tu tes journées ?
C’est vrai que c’est très bizarre de voir les autres démarrer la saison (sourire). Ça a vraiment été une première pour moi. Ça n’a pas été simple à digérer. Mais j’en ai profité pour aller voir pas mal de matchs, pour m’imprégner de ce qui peut se faire ailleurs, à des niveaux inférieurs comme supérieurs. Je suis resté au contact pour anticiper le futur recrutement que je pourrais faire ailleurs. Donc pas mal de matchs de National 2 ou U19 notamment, que ce soit en Corse où je réside actuellement et sur le continent.
Retrouvez l'actualité du monde du football en France et dans le monde sur notre site avec nos reporters au coeur des clubs.