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·8 avril 2020

ENTRETIEN - Yoann Court (Brest) : "La santé passe avant tout"

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Si les championnats reprennent pour s'achever cet été, de nombreux joueurs en fin de contrat verraient leur bail prolongé au-delà du 30 juin. Ce serait le cas pour l'ailier brestois Yoann Court (30 ans) qui, pour Goal, a accepté de raconter son quotidien pendant le confinement. L'occasion d'évoquer les nombreuses questions qui entourent son futur ainsi que le discours tenu par Denis Le Saint, le président du SB29, qui réclame l'arrêt de la saison.

Cela fait 23 jours que les Français sont confinés, ce n’est pas trop long pour vous ?

Yoann Court : Si, c'est long, mais la santé est le plus important. On n'a pas le choix. On reste à la maison. J'ai la chance de pouvoir prendre un peu l'air dans le jardin ou pour courir. Mais pour ceux qui sont enfermés et qui n'ont pas d'espace extérieur, c'est plus compliqué.


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À quoi ressemblent vos journées ?

Les journées sont toutes les mêmes (rires). Je vais courir le matin, vers 11 heures. Après, je mange et je fais dormir ma fille. Dans l'après-midi, on sort dans le jardin s'il fait beau, pour qu'elle joue un petit peu... La pauvre, rester enfermée c'est compliqué. Le soir, à 18h, on lui fait son bain. Puis c'est l'heure de lui donner à manger. Nous, on mange après, et ça finit devant la télévision à suivre les infos.

Vous êtes plutôt petits moments en famille que jeux vidéos du coup ?

Oui, voilà. J'aime jouer avec ma fille. En plus, avec mon diabète, c'est difficile pour moi de sortir. Je ne prends aucun risque. Je suis le premier à respecter les règles. Ma femme fait les courses quand il faut les faire et moi, je sors juste pour courir autour de de la maison pendant 30 à 45 minutes. Pas plus.

De quelle manière le Stade Brestois accompagne-t-il ses joueurs pendant cette période de confinement ?

On a un groupe WhatsApp sur lequel on échange. Le staff nous a envoyé un programme sur deux semaines. On l'applique comme on peut, et après c'est au jour le jour. En fonction de l'évolution de la situation, on verra comment on reprend. Le confinement est prévu jusqu'au 15 avril, mais apparemment ça va durer un petit peu plus longtemps. On aura un autre programme je pense, et j'espère que la reprise de l'entraînement interviendra début mai, parce que le foot me manque quand même... Mais il ne faut pas nous mettre en difficulté face à la maladie non plus. Le plus important, c'est que tout le monde se soigne et prenne soin de soi.

"Aujourd'hui, on est comme tout le monde. On attend..."

Comment imaginez-vous la reprise ?

On se pose beaucoup de questions par rapport à ça, mais on sait très bien que si on doit reprendre ce sera sûrement à huis clos. Ce n'est pas le plus intéressant pour nous, pour les supporters et pour le club. Nous, on est en Bretagne, donc on peut imaginer une reprise avant les Parisiens, mais ce serait un petit peu bizarre. Ceux qui joueront à Paris auront peut-être peur aussi d'aller là-bas. Le mieux, ce serait que tout le monde reprenne ensemble, qu'on soit tous au même niveau.

Physiquement, comment vous sentez-vous à ce stade ?

Il est certain qu'on va perdre des capacités, mais il y aura sûrement une préparation pour qu'on reprenne du physique. Tout le monde est dans le même cas, et c'est là qu'on va voir qui a travaillé pendant le confinement. J'applique le programme, c'est important. J'ai 30 ans. Si je reviens à l'entraînement sans avoir couru, ça va être difficile, surtout que si ça reprend, on risque de finir tard. Il faudra enchaîner avec la prochaine saison. On n'aura pas beaucoup de vacances, donc il faut faire super attention. Les blessures arrivent vite. Ce n'est pas éliminatoire, mais une fois que tu es blessé on peut vite t'oublier. C'est le risque.

Le Président brestois Denis Le Saint a pris la parole la semaine dernière. Est-ce que ça vous a surpris et êtes-vous d’accord avec son désir de ne pas reprendre la saison ?

Je suis d'accord avec lui sur le fait qu'il faut placer le sanitaire avant l'économique. D'habitude, il est plutôt discret, même avec nous, donc ça m'a surpris. Mais s'il dit ça, c'est qu'il a ses raisons et je pense que la santé passe avant tout. Je sais que certains ne sont peut-être pas d'accord avec cette prise de position parce qu'on est 14e. Ceux qui sont 18e, 19e ou 20e, par exemple, peuvent se demander s'il aurait dit ça dans le cas inverse. Mais je pense que le débat et le degré d'importance est ailleurs.

Avez-vous parlé entre joueurs de cette prise de parole du président ?

Même pas. On a vu l'article, mais ce n'est pas quelque chose dont on a parlé. Le président ne nous en pas parlé non plus. Aujourd'hui, on est comme tout le monde. On attend les directives pour en savoir un peu plus sur la suite à donner à notre situation.

"Tout est à l'arrêt, même au niveau des contrats"

Un prolongement de la saison aurait un impact direct sur votre contrat puisque vous êtes libre au 30 juin. Comment vivez-vous cela ?

Je me pose des questions. Je me demande s'ils vont nous prolonger de deux mois, et comment ça va se passer pour trouver un club si la saison ne se termine pas. Est-ce que le mercato va être repoussé ou pas ? Je ne sais rien de tout ça...

La FIFA préconise la rallonge des contrats jusqu'à la fin effective de la saison. Cela vous paraît-il cohérent ?

Complètement. On a démarré le championnat avec un club, on doit le finir avec lui. C'est logique. Moi, en tout cas, il n'y a pas de souci. Je suis bien à Brest et si je n'ai pas d'offre d'ici-là et que je dois finir la saison avec Brest, ce ne sera pas un problème.

Si la saison devait se terminer là, n'y aurait-il pas un goût d'inachevé ?

C'est sûr que finir comme ça, ce ne serait pas l'idéal. Le maintien serait acquis avec notre 14e place, mais il reste des bons matches à jouer. Marseille, Paris, Lille, Monaco... Quand on est en Ligue 1, ce sont des matches qu'on aime disputer. Les supporters veulent aussi du spectacle. Alors, se maintenir à la 28e journée, c'est bien, mais pour moi c'est moins réjouissant que de finir la saison et de se dire qu'on a fait le job jusqu'au bout.

Quid de votre prolongation de contrat à Brest alors ? Rien de nouveau ?

Rien pour l'instant. Tout est à l'arrêt, même au niveau des contrats, et je ne me pose pas la question d'une prolongation. L'important, c'est d'abord la santé, que tout le monde aille bien. Le contrat viendra après. On doit juste attendre et voir comment ça évolue.

Propos recueillis par Benjamin Quarez