Lucarne Opposée
·4 mars 2023
In partnership with
Yahoo sportsLucarne Opposée
·4 mars 2023
Si vous cherchez un football qui ne cesse d’avancer sur le continent, tant au niveau des clubs que des sélections, l’Équateur devrait attirer vos regards. Alors que la saison 2023 vient juste de commencer, en voici son guide.
Si vous êtes des habitués de Lucarne Opposée, vous savez déjà à quel point le football équatorien ne cesse de croître, au point de s’imposer comme la troisième force au niveau des clubs, la seule capable de suffisamment bousculer les clubs brésiliens et les clubs argentins dans les compétitions continentales. C’est dans ce contexte de croissance continue que son championnat poursuit son développement, sa médiatisation, et surtout, voit de nombreuses formations venir lutter désormais avec les historiques et les nouveaux géants.
Avant de plonger dans le premier tournoi de la saison, procédons à un petit rappel quant au format d’une saison équatorienne. Celle-ci se divise en deux temps, deux tournois nommés Primera et Segunda Etapa de quinze journées chacun à l’issue desquels un vainqueur est désigné et se qualifie pour la finale du championnat qui détermine alors le champion de l’année en match aller-retour. Ces deux vainqueurs décrochent également une place en Copa Libertadores, le reste des accessits continentaux étant déterminés par la table annuelle qui offre la troisième place en Libertadores au mieux classé, les quatre suivantes étant qualificatives pour la Copa Sudamericana alors que le vainqueur de la Coupe nationale décroche également un ticket pour la Libertadores. Cette table sert également à déterminer les relégués qui sont au nombre de deux.
Après Delfín en 2019, l’émergence de l’Universidad Católica, jusqu’ici souvent placée, jamais titrée, la confirmation de l’intronisation d’Independiente del Valle dans le club fermé des géants locaux, le dernier tournoi a vu Aucas venir décrocher sa première étoile en près de huit décennies d’histoire. Cette performance, el Papá la doit à un homme : César Farías. Le Vénézuélien, fraichement débarqué de la sélection bolivienne, a totalement professionnalisé le club au niveau de sa logistique, mais aussi au niveau des exigences. La révolution a remarquablement porté ses fruits : cinquième de la Primera Etapa après avoir pris les commandes du club au soir de la huitième journée, gagnant cinq des sept matchs qui lui restait à disputer (pour un nul et une défaite, au Capwell face à Emelec), Farías a construit une formation invincible sur la Segunda Etapa, en s’appuyant notamment sur une défense totalement imperméable. C’est à ce prix qu’Aucas a décroché une place en finale pour le titre, s’imposant au Monumental face à Barcelona à l’aller et tenant le 0-0 au retour, pour ainsi décrocher son premier titre et sa première qualification à la Libertadores.
Pour décrocher le titre, Aucas s’était également appuyé sur un recrutement et un groupe intelligemment construit : Hernán Galíndez récupéré de la U chilienne pour muscler les cages, d’ancien glorieux de Delfín 2019, Luis Cangá et surtout la légende Roberto la Tuka Ordoñez en étant quelques exemples. Ce recrutement malin s’est poursuivi à l’heure d’aborder une année 2023 historique avec le recrutement massif de joueurs confirmés : Wilker Ángel, ancien pilier de Táchira se pose en défense ; le milieu se renforce de talents avec les arrivées de Jordan Rezabala, magnifique vainqueur du Sudamericano U20 et troisième mondial en 2019, de Christian Alemán ancienne promesse de Barcelona à l’immense talent s’il parvient à être canalisé, ou encore de Michael Carcelén ; l’attaque se muscle également avec les arrivées du feu follet Stiven Plaza et des talentueux et expérimentés Jefferson Montero, Erick Castillo, Michael Ranger ou encore Jhon Jairo Cifuente qui devrait apporter son lot de buts. En d’autres termes, cet Aucas 2023 entend bien assoir sa domination sur la deuxième partie d’année 2022 et se montrer dangereux sur le continent.
Derrière le champion, la concurrence s’annonce terrible. À commencer par la machine à titre qu’est devenu Independiente del Valle depuis l’arrivée de Martín Anselmi. Championnat 2021, Copa Ecuador 2022, Copa Sudamericana 2022, Supercopa Ecuador 2023 et Recopa Sudamericana 2023, les Negriazules ne laissent plus rien passer. En s’appuyant sur sa base, son incroyable école de foot dont le dernier joyau, Kevin Páez, quinze ans, fait déjà parler tout le pays et sur un groupe « d’étrangers » pour certains présents au club depuis plusieurs années, pour d’autres venus renforcer et apporter l’expérience nécessaire à décrocher des titres. IdV ne s’est pas montré hyperactif sur le marché, il n’en a jamais vraiment besoin, et a donc procédé à quelques retouches, l’arrivée de Jordy Alcívar après une année en MLS, le rapatriement de Anthony Landazuri, formé au club et en manque de temps de jeu à Fortaleza au Brésil, l’expérience de Michael Hoyos devant ou les promesses portées par Kevin Rodríguez étant quelques-unes de celles-ci.
Du côté du finaliste, Barcelona, Fabián Bustos a également cherché à renforcer les troupes en même temps qu’un ménage a été effectué. Pour muscler les rangs, plusieurs valeurs sûres du football local sont arrivées : citons Fernando Gaibor ou Jonatan Bauman, deux anciens glorieux d’IdV ou encore Fracisco Fydriszewski, l’un des hommes clés du titre d’Aucas. Les Toreros ont ajoute de l’expérience avec l’arrivée d’un autre ancien d’IdV, Christian Ortíz, qui a vécu une année 2022 à trois clubs (Tijuana, Charlotte et Defensa y Justicia) ou un grain de folie, avec encore un ancien negriazul, Gabriel Cortez, de retour au club après une année de prêt à 9 de Octubre. Ajoutez-y l’arrivée de Leonai Souza, auteur de deux très belles saisons à Plaza Colonia en Uruguay et vous comprendrez que l’ĺdolo n’est pas décidé à faire de la figuration.
Ce sera le cas aussi pour les deux autres géants. Du côté de la Liga de Quito, Luis Zubeldía a procédé à une large revue d’effectif et modifié bien des choses. Se retrouvant désormais avec trois gardiens en pleine possession de leurs moyens, le technicien argentin récupère quelques retours de prêts intéressants comme celui de Jhojan Julio, véritable dynamiteur de défenses, conserve l’immense Alexander Alvarado, auteur d’une saison des plus réussies, et attirer deux joueurs qui pourraient rapidement être clés en attaque : Renato Ibarra et l’ancien diamant d’IdV, José Angulo. Là encore, un effectif riche et très dense pour une formation qui disputera la Copa Sudamericana avec un premier tour face à Delfín. Du côté d’Emelec, le grand changement est arrivé sur le banc de touche avec l’arrivée de Miguel Rondelli, auteur de deux belles saisons à la tête de la Católica (troisième puis deuxième de la table annuelle). Elle s’accompagne de quelques mouvements, peut-être moins ronflants que chez les concurrents même si on se délecte du retour de Miller Bolaños, rentré de Chine, de l’arrivée de Samuel Sosa, vice-champion du monde U20 avec le Venezuela, Jhon Jairo Sánchez, ancien d’IdV de retour au pays après deux années passées à Vasco, ou encore l’autre retour, celui de Bryan Angulo après des années passées au Mexique et au Brésil, alors que l’on suivra l’ascension du jeune gardien Gilmar Napa. Reste désormais à voir si les recettes appliquées par Rondelli ces deux dernières saisons peuvent être synonymes de succès au Capwell.
Derrière ces locomotives, plusieurs formations méritent que l’on y prête attention. À commencer bien évidemment par Universidad Católica, qui nomme sur son banc un entraîneur qui jusqu’ici n’avait dirigé que des équipes de jeunes et même le centre de formation d’Independiente del Valle, l’Espagnol Igor Oca. Mais on s’intéresser aussi à la présence suffisamment rare pour être signalée de joueurs africains : le Nigérian Jimmy Evans, dont la belle histoire vous était racontée lors de son séjour à Danubio et qui débarque à Mushuc Runa, et le Sénégalais Ousmane N'Dong qui, du haut de ses vingt-trois ans, va découvrir son troisième pays sud-américain après ses passages à Lanús en Argentine et à Albion en Uruguay en posant cette fois ses valises à Gualaceo, auteur l’an passé d’une bonne saison pour sa première saison dans l’élite équatorienne.
Que retenir des première quatre-vingt-dix minutes de la saison ? Qu’Independiente del Valle, déjà large vainqueur d’Aucas en Supercopa est déjà prêt. Les Negriazules ont tranquillement contrôlé Muschu Runa et Kevin Páez, toujours quinze ans, a célébré sa première titularisation en pro par un but d’une classe folle. Qu’Aucas n’est quant à lui pas encore prêt, tombant chez lui face à El Nacional, déjà plus en rythme avec les tours préliminaires de Libertadores. Que Barcelona et la LDU débutent par une défaite, face à Cuenca est à dix pour la Liga, face à Gulaceo pour les Toreros. Enfin, Emelec initie parfaitement sa nouvelle ère par une victoire rapidement acquise face à Libertad, avec des buts signés Sosa et Bolaños.