Euro 2024 - L'élimination des Bleus, les choix et l'avenir de Didier Deschamps... L'analyse de Benoît Pedretti après France - Espagne | OneFootball

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·10 juillet 2024

Euro 2024 - L'élimination des Bleus, les choix et l'avenir de Didier Deschamps... L'analyse de Benoît Pedretti après France - Espagne

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L'équipe de France a été éliminée, ce mardi soir, par l'Espagne du côté de l'Allianz Arena de Munich. Les Bleus ont été dépassés dans tous les compartiments du jeu, notamment au milieu de terrain. Benoit Pedretti, qui nous a fait l'honneur d'être notre consultant durant tout l'Euro pour les matchs des Bleus, a analysé la dernière prestation amère des Tricolores en Allemagne.


MadeInFoot : Benoît, pour commencer, quelle est ton analyse générale du match ?


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Benoit Pedretti : "Le résultat est logique, finalement, dans un match où tu as bien débuté les 15 premières minutes et puis après je pense que tu as été dominé techniquement et physiquement par cette équipe d'Espagne."

Comme on pouvait s'y attendre, il y avait une voire deux classes d'écart entre les deux équipes. L'Espagne a accéléré pour marquer les deux buts et a ensuite géré le score. Est-ce que ça t'a surpris ?

"Oui, c'est une équipe qui aime bien avoir la possession du ballon. Elle a plus essayé de gérer en essayant de trouver une faille finalement. Et s'ils ne la trouvaient pas, ce n'était pas grave tant qu'ils conservaient la balle. C'est pour ça qu'ils ne nous ont pas mis énormément en danger après avoir mis ces deux buts. Mais d'un autre côté, nous, on ne nous sentait pas non plus en capacité d'égaliser. Il y a eu cette action de Mbappé en deuxième mi-temps. Mais sinon, on a très peu mis en danger cette équipe d'Espagne.

Défensivement, on a laissé leurs maîtres à jouer dans un fauteuil. Yamal, par exemple, pouvait se retourner sans être réellement inquiété, tout comme Rodri ou Williams. Est-ce que les Bleus ont manqué d'impact ?

"En fait, on a manqué d'agressivité et le fait de gagner les 1 contre 1. Et ça, c'était criant autant au milieu de terrain qu'au niveau défensif. Et puis aussi, on avait pas mal d'espaces entre nos lignes. Donc, ils ont réussi à trouver des joueurs dans les intervalles et ils nous ont mis en difficulté. Donc oui, défensivement, on n'a pas fait notre meilleur match. Les milieux de terrain étaient toujours loin du porteur du ballon. On a eu du mal à mettre la pression sur cette équipe. Et quand on connaît la qualité technique de l'Espagne, si on ne met pas de pression et s'il n'y a pas d'agressivité, on a fait le match à leur courir après..."

La position de Rodri, très reculé sur le terrain, a créé énormément d'espaces pour les autres milieux de terrain espagnols et même les ailiers. A-t-on perdu la bataille tactique sur la gestion du cas Rodri ?

"Oui, c'est ce qu'ils font habituellement avec Rodri un petit peu plus bas devant la défense. Et puis Fabian Ruiz, qui lui accompagne les actions et va plus haut. En fait, on a essayé de déformer notre triangle, nous aussi, en mettant N'Golo Kanté un peu sur Rodri mais ça a créé d'autres espaces ailleurs parce que nos joueurs de côté ne défendaient pas énormément non plus. Il y a eu énormément d'intervalles entre Rabiot et Mbappé. Et cette passe-là sur Yamal, on n'a jamais réussi à la couper finalement. C'était un match compliqué, autant avec le ballon que sans le ballon".

Finalement, ouvrir le score très tôt a desservi l'équipe de France car les Bleus ont défendu encore plus bas après le but de Randal Kolo Muani...

"Oui, ce qui faisait notre force était d'être très solides défensivement et de concéder peu d'occasions. Finalement, avec ces deux buts pris rapidement, on n'a pas su réagir. Et c'est la première fois dans cet Euro où on était menés. Malheureusement, on n'a pas réussi à renverser la tendance. Alors oui, il y a eu des changements en deuxième mi-temps. Mais c'est vrai qu'avec une équipe à vocation défensive, avec trois milieux défensifs, avec un Mbappé pas en grande forme et un Dembélé pas juste dans la dernière passe, c'était trop compliqué pour renverser ce match".

Est-ce que Didier Deschamps n'aurait pas dû faire entrer Barcola encore plus tôt dans le match, à la mi-temps par exemple ? Parce que Jesus Navas avait un carton jaune suite à sa faute sur Rabiot en première période...

"Oui, c'est sûr qu'il a fait encore une très bonne rentrée. C'est un gamin qui a montré au fur et à mesure de la compétition qu'il méritait de jouer. Il avait fait un très bon match contre la Pologne. Derrière, on l'a moins vu. Et puis hier, on l'a ressorti et on a vu que sur une demi-heure, il était capable de faire des grosses différences. Donc oui, avec le recul, on peut se demander pourquoi on ne l'a pas tenté dans un poste de titulaire. C'est facile de le dire après. C'est un jeune joueur aussi. Il ne faut pas oublier, il ne faut pas le cramer non plus. Mais il a montré, en tout cas pour le futur, qu'il est prêt et qu'il a le niveau pour cette compétition-là.

Si on fait un peu l'heure du bilan global de l'équipe de France sur cet Euro, qu'est-ce que tu as aimé ? J'imagine que c'est la charnière défensive et William Saliba qui explose au niveau international...

"Oui, c'est ça ! C'est plutôt l'aspect défensif qui était plutôt bon, avec Saliba, avec Maignan. Ils ont prouvé qu'ils avaient le niveau. Avec Koundé aussi, qui a été très régulier et très bon. Après, le reste, c'est compliqué de juger...  J'ai peut-être un doute aussi sur l'état d'esprit. Je n'ai pas senti non plus de révolte en deuxième mi-temps, quand il fallait arracher des choses. On ne sait sûrement pas tout ce qui s'est passé. Olivier Giroud, une gestion un petit peu surprenante, vue de l'extérieur. Griezmann aussi, avec des déclarations un petit peu bizarres. Oui, on fait une demi-finale, mais on n'a pas avancé..."

Est-ce que tout ce qu'il y a eu autour du cas Griezmann peut laisser des traces ?

"C'est une déclaration particulière quand on sait ce que Deschamps a fait pour Griezmann et vice-versa. L'aventure qu'ils ont eue ensemble, que ça s'arrête comme ça, c'est un peu bizarre. Ça me rappelle un petit peu Thierry Henry avec l'équipe de France, où pour ses dernières sélections, c'est un cadre qui joue moins. C'est difficile... Je pense que les deux auront besoin d'avoir une discussion si les deux continuent pour repartir vers l'avant. Ou sinon il faudra faire des choix".

Est-ce qu'on est quand même en droit de se poser la question de l'avenir de Didier Deschamps ?

"Par rapport aux performances sportives, par rapport à son vécu, Didier Deschamps est indiscutable. On n'en parlerait pas s'il n'y avait pas Zidane derrière. On va être clair. En fait, la question c'est : "est-ce qu'il faut mettre Zidane à la place de Deschamps ? C'est la question que tous les Français se posent."

Mais est-ce que l'équipe de France n'est pas arrivée au bout de quelque chose après dix ans sous Didier Deschamps ?

"Aujourd'hui il y a une nouvelle génération qui arrive. Est-ce qu'il faut repartir avec un nouveau sélectionneur pour accompagner cette jeune génération ? Oui, on est toujours en droit de se poser la question. Maintenant, Didier Deschamps, par rapport à tout ce qu'il a fait, à son vécu, je pense que c'est lui qui a les cartes en main. Est-ce qu'il se sent prêt à continuer ? Est-ce qu'il a envie d'arrêter ? Il y aura des discussions, mais aujourd'hui, les résultats parlent pour lui quand même."

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