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·15 septembre 2023
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D’abord réservé et méfiant, Carlos Baleba s’est rapidement mis dans le bain. Malicieux, le milieu de terrain du LOSC (transféré à Brighton durant le mercato) a pris le temps d’observer ses interlocuteurs avant de démarrer le « show ». Avec une fraîcheur et un naturel déconcertants, le Camerounais a répondu « sans se prendre la tête ». Le résultat est saisissant. Discussion avec un authentique crack.
Voici quelques extraits de notre interview de Carlos Baleba. L’intégralité de cet interview de 8 pages est à retrouver dans le magazine n°361 de Onze Mondial disponible en kiosque et sur notre eshop depuis le 3 août.
Carlos, tu es l’une des révélations de la saison de Ligue 1, quel sentiment prédomine ?
Ça me fait plaisir. Je ne vais pas mentir, je ne m’attendais pas à être autant mis en valeur par les gens. Je sais où je veux aller. Je peux expliquer cette situation par mon travail. J’ai tout mis en œuvre pour en être là. Ce n’est que le début, l’histoire est en train de s’écrire.
Comment s’est passée ton intégration au sein du groupe professionnel ?
Mon intégration s’est très bien passée, j’ai de très bons coéquipiers, ils m’ont aidé à me sentir bien. Et puis, quand tu es avec des joueurs de qualité, tout est plus simple. Encore plus quand c’est de bonnes personnes. Ils m’ont constamment tiré vers le haut.
Lors de ton arrivée dans le groupe professionnel, as-tu été choqué par certaines choses ?
À vrai dire, rien ne m’a vraiment choqué. Je n’avais pas de pression, pas d’appréhension. Il fallait tout simplement que je gagne ma place, que je montre de quoi je suis capable. J’ai prouvé que j’avais le niveau, c’est pour ça que je suis là où je suis aujourd’hui.
Avant ton premier entraînement avec les pros, tu n’avais vraiment aucune appréhension ?
Non, ça ne sert à rien de se tracasser. Je ne me faisais pas de souci puisque je connaissais mes qualités. Je savais qu’en allant de l’avant et en bossant, tout allait bien se passer pour moi.
Comment était le coach avec toi ?
Quand je suis arrivé, le coach ne me connaissait pas, j’étais un « jeune inconnu ». J’ai fait mon travail, j’ai montré mes qualités pendant la pré-saison, et il m’a remarqué. Il m’a ensuite fait confiance, il m’a donné ma chance et offert mes premières minutes en Ligue 1. Et c’était parti (sourire).
Te souviens-tu de ton premier match ?
Bien sûr, c’était contre Auxerre. Je ne m’attendais pas à une telle ambiance, j’ai été agréablement surpris. Quand je regardais les matchs à la télé, je ne me rendais pas compte. Il y avait une ambiance de fou, j’avais de l’adrénaline dans le corps lorsque j’étais sur la pelouse. Je n’avais qu’une envie : que le coach me lance. Pendant l’échauffement, j’étais trop pressé.
Qu’attendais-tu de ce premier match ?
Je n’y ai pas trop pensé, je ne me disais pas : « Je vais entrer » ou « Je ne vais pas entrer », j’étais seulement dans le groupe. C’était déjà une première victoire. Mais dans mon idéal, je voulais entrer en jeu et mettre un but (rires). Ça aurait été lé film parfait !
D’ailleurs, tu n’as pas encore inscrit ton premier but en professionnel. Comment ça se fait ?
Je ne sais pas, il faut que je travaille plus devant le but, que je me projette plus. La saison prochaine, ça va venir.
Quel match a marqué ta saison ?
Celui au Parc des Princes. Quand j’étais au Cameroun, j’étais un grand fan de Lionel Messi, c’était un plaisir de l’affronter. Le scénario du match était fou, malheureusement, il n’était pas en notre ma faveur…
Ça fait quoi d’affronter son idole ?
Messi n’était pas mon idole, non, c’est un joueur que j’ai toujours aimé, pas mon idole. Mais je suis fier d’avoir joué contre lui, d’avoir affronté celui que je regardais à la télé. C’est un rêve, je suis content. Mais ce n’est pas le seul rêve que j’ai (sourire).
Comment as-tu tapé dans l’œil de Paulo Fonseca alors qu’il ne te connaissait pas ?
J’ai fait mes preuves durant la préparation. Pendant les séances, les coachs me montraient comment me déplacer et comment toucher le ballon. Pendant les matchs, c’est mon intelligence de jeu qui parle, j’utilise mes capacités. Les matchs de préparation, surtout le dernier contre Cadix, ont fait la différence. Ce jour-là, le coach m’a titularisé et j’ai gagné sa confiance.
Lors de tes premiers entraînements, tu n’avais pas peur d’aller au contact ?
Non, comme je l’ai dit juste avant, je peux jouer contre tout le monde. Même si je joue contre mon petit frère, je le prends comme mon égal et je lui marche dessus (sourire). C’est la même chose pour tout le monde.
Avant d’intégrer le groupe professionnel, tu as découvert le football français avec la réserve, comment s’est passée cette découverte ?
Cette découverte, c’est le meilleur moment de mon début de carrière en tant que professionnel. J’ai rencontré plein de coéquipiers, on s’est bien amusés, on a joué ensemble. Certains sont partis, d’autres sont restés. J’ai vécu beaucoup de bons moments avec eux, je ne vais pas les oublier. Je suis resté six mois en réserve. J’ai joué de nombreux matchs avec la N3. Le niveau était bon, mais ce n’est pas comme la Ligue 1…
Tu es arrivé en janvier, en provenance du Cameroun…
Oui, il faisait trop froid ! Alors qu’au Cameroun, il faisait chaud, 35,36, 37 degrés, parfois 40. Chez nous, au Cameroun, quand il pleut ou qu’il fait froid, on court vite et beaucoup pour chasser le froid. C’est ce que j’ai fait pendant la préparation hivernale. Je me suis bien adapté, j’avais le coach de N3 près de moi. Mes coéquipiers m’ont aussi aidé. Mon adaptation s’est bien passée.
Comment était la vie au centre de formation ?
Elle était très bien ! J’y suis encore d’ailleurs, je vais prochainement quitter l’académie. Je grandis, je ne vais pas rester toute ma carrière là-bas quand même (rires). Je veux voler de mes propres ailes. J’avais une chambre, je restais seul avec mon Ipad, mon téléphone et ma baffe. De temps en temps, je m’amusais avec les petits du centre de formation dans les couloirs. J’étais un peu le grand frère du bâtiment (sourire). Je les invitais aussi dans ma chambre pour passer du temps.
Comment as-tu commencé le foot ?
C’est papa qui m’a mis au foot et qui a commencé à m’entraîner. Il était lui-même footballeur, il a joué en Afrique du sud. Mon premier club s’appelait Futur Soccer, ensuite j’ai signé à Grand Moulin. Et enfin, j’ai rejoint l’EF Brasseries du Cameroun. Je n’ai fait que du foot, mais j’ai toujours été attiré par le basket. De temps en temps, j’essaie de mettre des paniers, mais c’est dur, je ne suis pas très adroit (rires).
Comment ça se passait avec ton père ?
Il aimait me faire découvrir d’autres sports comme le volley-ball, le tennis et la natation. Il était mon entraîneur et mon préparateur physique. Il était dur avec moi, il était très dur même. Il a tout fait pour que je sois là où je suis aujourd’hui. Grâce à mon père mais aussi à ma mère, je joue en professionnel désormais. Je les remercie pour tout ce qu’ils ont fait pour moi. J’ai un petit frère aussi, il aime bien le football et il a 13 ans. Il joue avant-centre. Je ne l’ai pas vu sur un terrain depuis un moment, mais les gens aiment l’appeler Jesus ou Lewandowski parce que tous ce qu’il fait sur le terrain est bon et parce qu’il met beaucoup de buts. S’il va me rejoindre à Lille ? Je ne sais pas encore (rires).
As-tu une anecdote sur ta vie au Cameroun ?
À 13 ans, à l’EF Brasseries, j’ai inscrit un corner rentrant en fin de saison. Je ne pourrais pas oublier ce but. Aussi, quand j’étais petit, à Futur Soccer, on m’appelait Diego Maradona (rires). Parce que j’étais capable de traverser le terrain et marquer tout seul. À Grand Moulin, on me surnommait Diego Forlan, car je pouvais marquer des coups francs de n’importe quelle position. D’ailleurs, je n’ai pas perdu cette qualité. Je peux encore le faire aujourd’hui. On verra, si on me laisse tirer les coups francs la saison prochaine (sourire).
Tu as commencé le foot au poste d’ailier. C’est exact ?
Oui, j’étais ailier. Un jour, lors d’un match, j’allais au but et le gardien m’a percuté en sortant. Je me suis fait mal, je suis tombé, j’avais très mal à la fesse. Je n’arrivais plus à courir et à bien marcher, on m’a donc repositionné au milieu. J’étais à l’aise, j’avais de la liberté, je pouvais facilement éliminer les joueurs grâce à ma qualité technique. Et voilà, je n’ai plus bougé.
Quel était ton niveau lorsque tu étais ailier ?
Ailier, on m’appelait Maradona ! Je marquais beaucoup de buts. Mon geste technique à moi, ma spéciale, c’était la virgule. Je copiais sur Ronaldinho. Je maitrisais le geste quand j’étais au point de corner ou face au but, je faisais des dégâts. Je ne fais plus ce geste, mais je ne l’ai pas oublié. Je peux encore le faire, attention… (Sourire).
Tu portes encore le numéro 35, pourquoi ?
Je vais le changer prochainement. C’est mon premier numéro, il n’est pas définitif, j’ai commencé avec, je l’ai gardé pour finir la saison. J’ai mon nom dans le dos, c’est top aussi. Quand je peux, je donne mes maillots aux jeunes de l’académie, sinon, je l’échange contre des joueurs que j’ai connus au Cameroun. Le seul joueur avec qui je l’ai échangé, c’est Marco Verratti.
Tu n’as inscrit aucun but cette saison, comment expliques-tu ça ?
J’ai délivré deux passes décisives quand même (rires). Ok, je n’ai pas marqué, il faut que je travaille mes frappes et que j’arrive à les cadrer. Parce que jusqu’à maintenant, elles vont à droite, à gauche. À l’entraînement, je tire fort et je mets des beaux buts. Sur certains matchs, j’avais trop envie de marquer. Ça va venir… ne t’inquiète pas.
As-tu déjà préparé ta célébration ?
Ma célébration est déjà prête, évidemment, c’est une acrobatie. Elle est même dans mon téléphone. Je vais faire un salto, je n’ai pas besoin de m’entraîner pour ça, c’est dans le sang. Je fais des saltos depuis que je suis petit. Après mon premier but, je vais faire un salto direct.
Quel était le niveau de ton papa à l’époque ?
Mon père jouait avant-centre, c’était un bagarreur ! Les défenseurs avaient peur de lui. Il cognait tout le temps. Il voulait que je joue au même poste, mais j’ai refusé. Je ne l’ai jamais vu jouer à la télé, mais je l’ai déjà observé avec les vétérans. Il plantait beaucoup de buts.
Tu vas prochainement prendre un appartement tout seul, comment vas-tu faire pour manger ?
Je vais cuisiner, je sais faire les cordons bleus par exemple.
Quelle est ta spécialité ?
Je ne peux pas te dire. Je vais te demander une chose : est-ce qu’un magicien dévoile ses secrets ? Non, il ne dévoile jamais ses secrets, donc je ne te dirai pas (rires). Au niveau des plats, j’ai mon petit truc à moi.
Comment vas-tu faire pour aller aux entraînements ?
Je vais y aller en courant ou à vélo. C’est mon prochain objectif, avoir le permis (rires). J’y travaille. J’ai deux objectifs : le permis et le premier but en Ligue 1. Ça va venir avec le temps. J’ai déjà conduit un peu pendant mes heures de conduite, mais j’ai laissé ça de côté. J’ai d’autres objectifs aussi.
Comme quoi ?
Par exemple, j’ai une maison à construire, celle de ma maman au Cameroun (décédée le 14 avril 2023, ndlr). Je veux faire ça en son hommage. Elle a commencé le travail avant de partir, je me dois de finir. J’ai encore plein de trucs à acheter que j’ai cassés à la maison. Ma maman a fait une liste, elle a noté tout ce que je devais acheter. On peut y retrouver des seaux, des bassines, des fourchettes, des assiettes, un canapé et plein d’autres choses. Elle voulait une voiture aussi. Même si elle n’est plus là physiquement, je vais lui acheter la voiture qu’elle voulait. Ça me tient à cœur.
Comment occupes-tu ton temps libre ?
J’écoute beaucoup de musique camerounaise, notamment le Mbolé ! J’aime aussi Fally Ipupa, Damso, Ninho ou la samba brésilienne ! Tu sais, j’aime trop la danse. Souvent, je prends du temps chez moi et je danse. Je me prends en vidéo et je ne m’arrête pas. Je suis un très bon danseur de coupé-décalé (rires). Je suis un garçon joyeux, je suis heureux d’extérioriser ma joie à travers la danse.
As-tu d’autres délires ?
Les mangas mais aussi et surtout les films d’horreur ! Les films qui font bien peur où les gens se font couper la tête (rires). Certains ont vraiment peur devant les films d’horreur, moi, ça m’amuse. J’aime voir ça. Concernant les mangas, j’aime les supers héros, en plus, il y a de la bagarre et des rebondissements. Mon personnage préféré, c’est Ken le Survivant. Quand il a commencé, il se faisait taper par tout le monde, il a eu plein de cicatrices, ensuite, il est devenu fort ! Et après, c’est lui qui tapait tout le monde, il n’a rien lâché. J’aime cet état d’esprit.
Quel est ton état d’esprit lorsque tu entres sur le terrain ?
Quand j’entre sur le terrain, mon état d’esprit est le suivant : celui de tout arracher et de tout détruire sur mon passage. Je veux être le meilleur. Je me répète toujours : « Carlos, fait ce que tu sais faire ». Je n’ai pas spécialement de pression, parfois, j’en ai un peu avant le match, à l’hôtel. Mais une fois dans le bus, tout va bien.
Sens-tu que ton jeu a évolué cette saison ?
Bien sûr, notamment sur l’aspect tactique. Avant d’arriver, j’avais des carences à ce niveau, que ce soit offensivement ou défensivement. Je n’étais même pas bon. Le coach m’a aidé et désormais, je me positionne mieux. Mes proches m’ont toujours dit : « Travaille, bosse dur, casse tout et ça va aller ».
Quels sont les retours sur tes performances ?
Ils sont différents. Parfois, on me dit que j’ai été bon alors que je me suis trouvé mauvais. Parfois, je me trouve bon et on me dit que j’ai été mauvais. Dans tous les cas, je travaille pour être le meilleur sur le terrain.
Que se passe-t-il dans ta tête après un raté ?
Avant, quand je ratais une passe ou un tir, je m’énervais. Après on m’a dit : « Carlos, ce n’est pas grave, tu ne peux pas tout réussir ». Tout le monde perd des ballons et fait des erreurs. Maintenant, je passe plus facilement à autre chose, je maîtrise mieux mes émotions.
As-tu un rituel avant les matchs ?
J’écoute de la musique seulement. Je ne suis pas superstitieux. Seul le travail compte.
Qui sont les joueurs que tu aimes regarder ?
De Bruyne, Gündogan, Pogba, Xavi et Iniesta. J’aime leur qualité technique, leur façon d’éliminer et leur toucher de balle. J’espère me rapprocher de De Bruyne et Paul Pogba.
As-tu déjà été comparé à un joueur récemment ?
On ne me compare à personne, je n’aime pas les comparaisons. Je préfère travailler, avancer pour qu’on se compare à moi par la suite. Tu sais, je n’écoute pas tout ce qui se dit sur moi, je ne lis pas la presse. Je ne fais pas attention à tout ça. Si on me donne le journal, j’y jette juste un œil. Je regarde les images et je referme le journal. Du coup, je ne peux pas lire.
J’ai lu que Carlos Baleba était valorisé entre 30 et 40 millions d’euros.
Moi, je n’ai pas lu ça. Je regarde juste les photos, je ne lis pas les textes. Je feuillète seulement.
Si tu lisais vraiment, tu pourrais prendre la grosse tête ?
Tout le monde peut dire ce qu’il veut, moi je sais ce que je veux. Et je sais ce qu’il y a dans ma tête. Mon chemin est tracé. Si quelqu’un dit que j’ai la grosse tête, c’est qu’il ne me connaît pas.
Il est tracé comment ton chemin ?
Mon chemin, c’est de la lumière ! Je vois beaucoup de lumière sur mon passage. Évidemment, il y aura des obstacles, des embuscades, des pièges mais je suis fort, je suis un homme fort. Comme mon père dit : « Je suis sa machine, je suis son guerrier ». Personne ne va m’arrêter. Je garde les paroles de mon père en tête.
Et si ça ne se passe pas comme prévu ?
Si ça ne se passe pas comme prévu, c’est Dieu qui aura voulu ça. Mais ce n’est pas comme si j’allais mourir, je vais continuer à travailler. Et ensuite, ça ira mieux.
Quelles étaient tes conditions de vie au Cameroun ?
Je vivais dans une cabane faite de planches, avec mon père et ma mère. Devant ma porte, il y avait des pneus de camions. Ils me servaient à travailler ma détente et mon agilité. En France, les maisons sont délimitées par des murs ou des barrières, au Cameroun, on était entourés de taule avec de la peinture blanche ! Mais, j’étais déterminé à devenir professionnel. Je voulais changer tout ça. J’ai toujours voulu devenir un grand joueur. Quand je regardais les matchs de Ligue des Champions à la télé, je me disais : « Je veux jouer contre eux, me frotter à ces joueurs et ensuite, je veux les dépasser ! ».
Maintenant que tu as réussi, ton père n’habite plus dans la cabane…
Non, non, non. Pour moi, je n’ai pas encore réussi. Le chemin est encore long pour que je réussisse. Et oui, on a cassé cette maison, pour aller vivre dans un appartement.
Quel numéro souhaites-tu pour la saison prochaine ?
Le 17. J’ai commencé avec ce numéro à Futur Soccer. Il me tient à cœur, on me l’avait donné au hasard. Et maintenant, c’est mon numéro.
Quels étaient tes crampons à l’époque ?
Je jouais avec des vieux crampons, avec de vieilles marques, pas très connus. Pendant un moment, j’avais la paire de Zidane, elle était bien abimée par contre (rires). Tout ce qu’on me donnait, je le mettais. Je ne me plaignais pas, je n’étais pas difficile. Parfois, je jouais avec des crampons qui étaient trop grands… Avoir une paire de crampons au Cameroun, c’est toujours difficile. Quand les gens ont une paire, ils en prennent bien soin. L’outil de travail compte beaucoup.
Et désormais, tu reçois autant de paires que tu le souhaites.
Ça fait vraiment plaisir. Beaucoup aimeraient être à ma place. Je sais ce que c’est. Les crampons, c’est un accessoire important pour le footballeur. Je prends bien soin de mes crampons, parfois, même si elles sont trouées, je joue avec, c’est une question d’habitude. Quand je peux, j’envoie des paires au pays.
Pourquoi avoir choisi de porter la Puma King désormais ?
Par le passé, je jouais en Puma Future, mais désormais, je porte la Puma King, car je me sens hyper à l’aise à l’intérieur. La paire est légère, c’est agréable de jouer avec, je vais plus vite avec. En plus, peu de joueurs portent ce modèle, et moi, j’aime être différent. Je sais que Maradona portait cette chaussure aussi, j’aurais aimé porter le même modèle que lui, celui de l’époque (sourire). On fait avec ce qu’on a, on travaille avec.
Si tout se passe, tu auras le droit à ton modèle, « La King Baleba ».
(Instinctivement) Non, je préfère qu’on dise : « Baleba, le King ». J’aimerais bien qu’on dise ça. Ce serait tellement mieux. Bon après, c’est bien beau de parler avec la bouche, mais il faut travailler et faire les choses. Je n’ai pas réussi à marquer avec la Future, j’espère mettre mon premier but avec la King du coup. (Il coupe) Ah non, j’ai marqué un but avec la Future en réserve… (il laisse un silence). C’était un but de la tête (il se marre).
Tous les Camerounais souhaitent que tu rejoignes la sélection. Tu le sais ?
Je ne suis pas pressé de rejoindre la sélection. Je ne suis pas encore prêt. Ça va venir avec le temps. J’ai rencontré Samuel Eto’o. Il m’a dit : « La seule magie dans le foot, c’est le travail ». Il m’a aussi rappelé l’importance de mes parents dans la vie.
Si tu étais journaliste, quelle question poserais-tu à Carlos Baleba ?
Je ne lui demanderais rien, car je sais où je veux aller. Je sais ce que je vais faire, je sais d’où je viens, j’ai déjà tout enregistré pour faire carrière. Je ne me pose pas trop de questions. Quand tu te poses trop de questions, tu fais trop chauffer ta tête pour rien (rires).
Si tu n’étais pas footballeur, tu aurais fait quoi ?
Je n’aurais rien fait. Je n’avais que le foot dans la tête. Quand j’étais petit, je faisais tellement de choses pour le foot. Je me sauvais de l’école pour jouer au foot. Je n’aimais vraiment pas l’école, j’escaladais les barrières. Pourtant, j’étais bon en géographie et en latin (sourire). Quand j’ai dit à mes parents : « J’arrête l’école pour le foot », ils m’ont frappé (rires). J’ai toujours su ce que je voulais. On me disait : « Mais si une voiture t’écrase le pied, comment vas-tu faire ? ». Je répondais : « Aucune voiture ne va m’écraser, je vais jouer au foot ». Ce rêve était programmé dans ma tête depuis tout petit.
Si tu devais terminer l’interview par une phrase qui te représente que dirais-tu ?
« La machine de son père, le guerrier de son père. » Voilà ce qui me représente.
Comment te noterais-tu pour cette interview ?
Je me mets 1 sur 10, car je ne suis pas sûr que tout ce que j’ai dit soit bon. Même à l’école, c’était pareil. Même si je savais que je pouvais avoir 9, je disais que j’allais avoir 1 sur 10. Je suis comme ça.
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