OnzeMondial
·5 novembre 2025
EXCLU - Danilo Pereira : « Mon rôle n’a pas changé depuis Paris »

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·5 novembre 2025

La nouvelle vie de Danilo Pereira. Après trois années intenses et riches au Paris Saint-Germain, le Portugais de 34 ans s’est envolé en septembre 2024 vers l’Arabie Saoudite. Sous les couleurs d’Al-Ittihad, le coéquipier de Karim Benzema, N’Golo Kanté ou encore Moussa Diaby s’éclate et compte déjà un doublé coupe-championnat à son palmarès. Dans un français maîtrisé, le polyglotte Danilo Pereira se confie sur son expérience en Saudi Pro League, son passage dans la capitale française, sa polyvalence au milieu de terrain et en défense ainsi que la sélection portugaise. Le tout, comme il aborde un match de football : avec calme et tranquillité. Entretien.
Danilo, comment analyses-tu l’évolution de ton poste de milieu défensif ?
J’ai débuté comme défenseur central au centre de formation, ensuite comme numéro 8, puis plus tard comme 6. C’est un poste très important dans le jeu de chaque équipe. Tu as besoin de pouvoir compter sur ce genre de joueur, tant défensivement qu’offensivement. Tu dois être intelligent, savoir bien occuper les espaces et être un leader. Ces dix dernières années, le poste a très fortement évolué. Je prends le cas de Vitinha (Paris Saint-Germain) qui est un profil totalement différent de ce qu’on a l’habitude de voir à ce poste.
En tant que milieu défensif, tu es souvent l’homme de l’ombre. Y a-t-il un moment de ta carrière où tu t’es dit : "Là, on a vraiment reconnu mon travail" ?
Je suis très attaché à mon rôle, à ce que mon équipe et mon entraîneur me demandent de faire. J’essaye toujours de le faire bien. Il faut être bien placé et faire des choses simples, car tu as des joueurs devant toi qui ont plus de qualités pour être performant offensivement. Moi, j’essaye de donner cette opportunité aux autres de s’exprimer plus librement offensivement.
Depuis tes débuts, tu es parfois utilisé en défense centrale. Comment adaptes-tu ta lecture du jeu et tes repères selon que tu joues milieu ou défenseur ?
Mes caractéristiques physiques et mentales me permettent de basculer de milieu défensif à défenseur central. Ce n’est pas facile de changer de poste en plein match mais je me trouve très bien à faire ça. Ça provient de ma mentalité, de mon profil, de ma manière de jouer. Pendant ces deux dernières années, j’ai souvent permuté entre les deux postes donc ça devient de plus en plus facile pour moi de le faire.
Si tu devais donner un conseil à un jeune joueur voulant exceller au poste de milieu défensif, sur quoi devrait-il concentrer ses efforts à l’entraînement ?
La première chose, c’est de regarder qui joue devant toi, s’il s’agit d’un joueur expérimenté ou non. Durant l’entraînement, je dirais que la session de passes est très importante. Le placement est très important aussi, pour pouvoir recevoir le ballon et pour aider l’équipe à couper les attaques adverses.
Quels types de joueurs sont les plus difficiles à neutraliser pour toi : les créateurs techniques qui se placent entre les lignes ou les joueurs physiques qui attaquent l’espace ?
Les plus techniques ! Ils sont les plus compliqués car ils vont beaucoup bouger et chercher des espaces. Là encore, il faut être intelligent pour neutraliser ce genre de joueurs. Ils vont poser d’autres problèmes que les plus costauds. Pour moi, c’est plus facile de jouer face à un gabarit plus physique, car je peux le bousculer aussi (rires).
Dans une équipe avec beaucoup de stars offensives, ton rôle est aussi de donner un équilibre. Comment gère-t-on la discipline tactique dans un collectif porté vers l’attaque ?
Si je prends mon expérience à Paris, ce n’est pas quelque chose de facile. Quand tu as des joueurs offensifs qui vont manquer d’organisation ou de rigueur défensive, tu dois être encore plus généreux et efficace dans les efforts défensifs. Je me trouve bien à ce poste-là car j’estime bien me placer et être généreux. C’était une bonne expérience à Paris (sourire).
Beaucoup d’observateurs t’associent à ta solidité et ton calme. Y a-t-il un aspect de ton jeu que tu aimerais que les gens remarquent davantage ?
La façon dont je communique avec tous les joueurs pour donner des consignes tactiques. Parfois, des joueurs offensifs pensent qu’ils peuvent tricher un peu grâce à leurs qualités exceptionnelles. Mais je suis toujours là pour les rappeler à l’ordre et leur dire que chaque match est différent, que ce n’est jamais fini.
« En Arabie saoudite, les gens aiment et vivent le foot »
En Arabie saoudite, tu évolues dans un championnat en pleine évolution. Qu’est-ce qui progresse le plus vite depuis que tu es là-bas : la vitesse du jeu, l’organisation tactique ou la qualité individuelle ?
Il y a beaucoup de qualité individuelle ici. Les joueurs progressent sur les plans technique et tactique. Il y a de nombreux entraîneurs et observateurs qui viennent pour aider le championnat et les joueurs locaux à être plus efficaces défensivement et tactiquement. Il y a déjà une base, des entraîneurs bien formés mais l’apport de l’Europe, où le football est plus évolué, se constate. Un peu d’aide ne fait jamais de mal (sourire).
Avec Al-Ittihad, tu as remporté le doublé Coupe-championnat l’an dernier. Comment repartir de l’avant après une telle saison ?
À Paris, j’ai déjà gagné beaucoup de trophées. Je suis heureux d’être arrivé ici et d’avoir gagné d’autres titres comme le championnat et la Coupe. En Arabie Saoudite, ce n’est pas facile de remporter ces deux compétitions en même temps, car le niveau est relevé et plusieurs équipes sont parfaitement préparées, avec de bons joueurs. Le travail de tout le groupe, de mes coéquipiers en passant par l’entraîneur et le staff technique, a été récompensé.
Tu côtoies beaucoup de stars comme Karim Benzema, N’Golo Kanté, Fabinho... Ton rôle consiste en quoi dans le vestiaire ? Encadrer les jeunes, mettre un peu d’humilité ?
Mon rôle n’a pas changé depuis Paris. J’essaye de toujours rester moi-même, d’apporter mon calme et mon aide à tout le monde. D’être un leader. J’essaye de parler mais aussi de crier s’il faut (rires). C’est ça mon rôle. J’apporte mon expérience aux plus jeunes, c’est important. Quand tu es jeune, tu penses toujours que tu as du temps, que dans deux ou trois ans tu vas être au Real Madrid ou au Paris Saint-Germain. C’est facile de penser comme ça. Mais je suis là pour leur rappeler que même s’ils ont des qualités, ce sera plus difficile d’y parvenir sans du travail et de l’ambition. Si tu ne travailles pas, c’est toujours dur. Je m’évertue à leur dire que le foot, ce n’est pas mathématique.
Ton expérience en Arabie saoudite est encore récente. Quelles différences frappantes as-tu remarquées dans la préparation ou la culture autour du football là-bas, à une dizaine d’années de la Coupe du Monde organisée au pays ?
Les gens aiment et vivent le foot ici. Il y a des stades remplis de supporters. À Al-Ittihad, notre stade a une capacité de 62 000 places et c’est toujours plein. Je ne savais pas que les gens avaient cette culture du foot, je l’ai découvert. C’est cool à voir. Le football a évolué et évolue encore en Arabie saoudite. D’ici à la Coupe du Monde 2034 au pays, il va y avoir encore de grandes évolutions. C’est un championnat qui va s’améliorer.
« PSG – Inter ? On parlera encore très longtemps de cette finale »
La saison dernière, le Paris Saint-Germain a tout raflé : Ligue 1, Trophée des Champions, Coupe de France et surtout Ligue des champions. Comment expliques-tu cette réussite ?
Le PSG cherchait une saison comme ça depuis longtemps. Luis Enrique a fait un très gros travail avec les joueurs, son staff et sa direction. C’est important qu’il y ait cette symbiose. Pour gagner des titres, ça ne passe pas uniquement par les joueurs ou l’entraîneur. Tu dois apporter de l’expérience autour du groupe. C’est primordial de créer un esprit de famille dans le groupe. Actuellement, Paris est une vraie équipe. Tout le monde marche ensemble vers la même direction. C’est ça qui a permis au club de remporter autant de titres.
Comment as-tu vécu la soirée du 31 mai, jour de la finale de la Ligue des champions remportée contre l’Inter Milan (5-0) ?
J’étais chez moi, et avant le match, je disais que cette année, c’était la bonne pour Paris ! Il n’y a eu aucune erreur et je pense qu’on parlera encore très longtemps de cette finale.
Tu es parti à l’entame de cette saison historique. Ça t’a laissé des regrets ?
Non, jamais. Je suis content d’avoir vu le PSG remporter la première Ligue des Champions de son histoire. Je suis aussi content d’avoir vu des anciens coéquipiers heureux. Notamment les Portugais Vitinha, Nuno Mendes, Gonçalo Ramos et João Neves, parce que je sais à quel point c’est compliqué d’arriver dans un grand club comme le Paris Saint-Germain depuis le Portugal et de faire le taf comme ils ont pu le faire. C’est avec beaucoup de fierté que j’ai assisté à ça (sourire).
Luis Enrique a toujours prôné que les journalistes ne pouvaient pas comprendre sa philosophie. Toi qui l’as côtoyé, comment est-il avec son groupe ?
Luis Enrique a une philosophie bien établie. Il parvient à inculquer à ses joueurs que sa philosophie est la meilleure. Une fois que c’est fait, tu peux battre tout le monde, gagner des titres et dominer. Quand les joueurs sont avec et derrière lui, il n’y a pas beaucoup d’équipes qui peuvent rivaliser. La plus grosse arme de Luis Enrique, c’est ça. Au quotidien, il travaille tellement bien que ça devient plus facile à mettre les choses en place sur le terrain.
Après avoir remporté le Onze d’Or, Ousmane Dembélé a été sacré Ballon d’Or le 22 septembre dernier. Est-ce une surprise pour toi ?
Je ne suis pas surpris ! Durant notre saison commune, Ousmane était déjà très bien. Mais ensuite, il a fait ce qu’il n’avait pas fait précédemment : être efficace, marquer des buts et donner des passes décisives. Qu’il soit décisif en Ligue des Champions, ça fait la différence. Après, que ce soit avec ou sans ballon, on savait déjà qu’il était très fort. Il presse très bien et avec le ballon il sait tout faire. Ça me fait plaisir de voir un ex-coéquipier remporter ces magnifiques trophées. Ousmane le mérite.
Au PSG, tu as côtoyé certains des plus grands joueurs du monde. Quel est celui qui t’a le plus marqué à l’entraînement ?
En premier, je le dis tous les jours : c’est (Marco) Verratti. Avec le ballon, sans ballon… c’était incroyable ! La façon qu’il a aussi de parler avec les gens… C’est un milieu de terrain que je n’avais jamais vu avant, un joueur complet. Ensuite, je dirais Warren (Zaïre-Emery). À 16 ou 17 ans, il faisait des choses incroyables. Il joue moins depuis un moment, mais je pense qu’il a encore une marge de progression et qu’il peut aller loin. C’est un jeune très gentil, que j’aime bien.
Tu as joué dans plusieurs championnats différents. Lequel t’a le plus surpris par son intensité ou son style de jeu, et pourquoi ?
La Ligue 1 ! Certains disent que c’est un championnat facile, qu’il n’y a pas de concurrence ou de joueurs capables de faire la différence. Mais chaque saison qui passe prouve le contraire. Il y a de gros transferts, Ousmane Dembélé y a remporté le Ballon d’Or, il y a de bonnes équipes comme Lyon et Monaco… La Ligue 1, c’est difficile, il y a beaucoup d’intensité. Il y a plusieurs profils de joueurs aussi : des rapides, des costauds, des techniques…
« Le Portugal, la sélection la plus forte du moment »
Tu n’as plus été appelé en sélection portugaise depuis l’Euro 2024. À quelques mois de la Coupe du Monde 2026 en Amérique du Sud, réintégrer le groupe reste un objectif ?
C’est quelque chose auquel je ne pense pas trop. Je pense seulement à faire le taf ici. Après, si le coach (Roberto Martinez, ndlr) veut me rappeler et pense que je peux apporter quelque chose au groupe, ce sera avec grand plaisir. Mais je reste d’abord concentré sur mon travail à Al-Ittihad.
On attend toujours beaucoup du Portugal lors des grandes compétitions et encore plus lors d’une Coupe du Monde que le pays n’a jamais encore remportée. 2026, c’est enfin la bonne ?
Je pense que le Portugal est la sélection nationale la plus forte actuellement. On peut rêver à remporter cette Coupe du Monde parce qu’on a des joueurs très forts. L’équipe a d’énormes qualités, tant offensivement que défensivement. Et on a toujours Cristiano Ronaldo qui a contribué à ramener les premiers trophées du Portugal. On peut rêver !
Si tu pouvais rejouer un seul match de ta carrière, pour le revivre pleinement, lequel choisirais-tu ?
J’aimerais rejouer un Classique contre Marseille. C’est toujours spécial, c’est une ambiance incroyable. Des matchs comme ça procurent beaucoup d’émotions et de sensations. Celui qui m’a le plus marqué et que j’aimerais revivre, c’est notre victoire 2-0 à dix contre onze (au Vélodrome, le 31 mars 2024). (Lucas) Beraldo avait été expulsé en première mi-temps. Ça avait été difficile de jouer dans ces conditions mais nous avions fait le taf.
Tu as évolué au Parc des Princes devant un public unique. Quel souvenir de supporter ou d’ambiance t’a le plus marqué ?
Au Parc, c’est toujours une bonne ambiance. Les supporters sont attachés au club et sont toujours derrière l’équipe. Un match contre Nantes m’a marqué (4 mars 2023, victoire 4-2). J’avais inscrit un but et ils avaient chanté mon nom ensuite. C’était incroyable pour moi.
En dehors du terrain : quel est ton rituel avant un match important que peu de gens connaissent ?
Je fais toujours la même chose : écouter de la musique et parler avec ma mère et ma femme. C’est tout ! (Sourire) Ça me met en confiance, car ce sont deux personnes qui m’ont toujours supporté et soutenu. Ce sont elles que j’appelle avant chaque match.
Si tu devais composer ton "onze idéal" avec uniquement des coéquipiers que tu as eus dans ta carrière, quel serait ton choix incontournable ?
Ouh… Au gardien, je dirais Iker Casillas. En défense, Achraf Hakimi à droite, à gauche Nuno Mendes, Marquinhos et Pepe dans l’axe. Au milieu de terrain, Marco Verratti, Vitinha et Neymar. En attaque, Lionel Messi à droite, Kylian Mbappé à gauche et Cristiano Ronaldo dans l’axe.
Et pas Danilo Pereira ?
Non, non, Danilo Pereira n’a pas de place dans cette équipe (rires).
Imagine que tu doives te reconvertir dans un autre sport : lequel choisirais-tu et pourquoi ?
Oh … J’aime bien le basket, j’aime regarder des matchs mais je ne me vois pas y jouer. Je peux jouer un peu mais… la NBA, ce serait trop difficile (rires). J’aime bien aussi l’athlétisme. Quand j’étais jeune, je faisais de l’athlétisme, c’est un sport que j’aime bien.
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