OnzeMondial
·12 novembre 2021
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Faycal Fajr a de nouveau été appelé dans le groupe marocain pour le deuxième rassemblement de suite, après un an d’absence. Le milieu de Sivasspor a évoqué son amour pour la sélection, la méthode de Vahid Halilhozdic, la mise à l’écart d’Hakim Ziyech ainsi que son aventure en Turquie.
Tu entames ton deuxième rassemblement consécutifs après un an d’absence avec le Maroc, ça te fait quoi de retrouver la sélection, tu avais peur que le train soit passé ?
C’était une période difficile mais j’ai toujours été en contact avec l’équipe, avec les joueurs et quelques membres du staff. Dans ma tête c’était clair, j’ai toujours su que j’allais revenir, parce que je suis quelqu’un qui ne lâche jamais. L’équipe nationale, c’est quelque chose qui me tient à cœur depuis tout jeune. Je savais que j’avais encore mon mot à dire en sélection pour apporter mon expérience, en dehors et sûr le terrain. Ça a été un soulagement et une vraie fierté de retrouver le groupe. Même quand je n’étais pas appelé, j’essayais d’être au plus proche d’eux, pour ne pas perdre le contact.
Comment tu penses que tu as convaincu Vahid Halilhodzic de te reprendre ?
Je pense que c’est ma grosse saison en Turquie, avec Sivasspor. Justement j’avais été un peu déçu de pas avoir été appelé au rassemblement fin juin, alors qu’on avait fait une superbe saison, que l’on s’était qualifiés en Europe. Donc j’étais déçu, j’ai appelé Vahid Halilhodzic et on a pu discuter. Je me posais des questions, j’avais l’impression d’avoir été toujours irréprochable. Quand le coach m’a expliqué qu’il n’y avait aucun problème que c’était des choix tactiques…à partir de ce moment-là, je me suis dis qu’il fallait que je travaille encore plus.
Lors du prochain rassemblement, vous jouez deux matchs qui ne comptent plus (le Maroc est déjà qualifié pour les barrages), l’occasion pour toi de grappiller du temps de jeu ?
Exactement. La plupart des joueurs ont leur mot à dire, surtout ceux qui ont eu peu de temps de jeu lors de la trêve en octobre. Je vais essayer de tout donner aux entraînements pour aller chercher des minutes. Même si ce ne sont pas des matchs décisifs, il faut garder la continuité, notre bonne dynamique et cela nous servira pour la suite. On veut être prêt pour la CAN.
Vous tombez dans un groupe plutôt relevé en plus, avec le Ghana et le Gabon, l’idée c’est d’aller chercher la victoire pour cette CAN au Cameroun ?
L’objectif pour nous c’est surtout d’abord de passer la phase de poules, de bien commencer, parce que cela ne va pas être facile. On connait la difficulté en Afrique, on sait qu’il n’y a pas que la qualité qui compte. Je pense qu’on a notre mot à dire dans cette CAN, alors, on ne s’interdit rien. Si tu n’as pas d’objectifs dans la vie, ça ne sert à rien de te lever le matin. On a envie de faire quelque chose, on a une belle génération, avec du talent. J’ai encore la CAN 2019 en travers de la gorge et j’ai du mal à l’oublier. Il faut qu’elle nous serve de leçon, de nous dire que le talent ne suffit pas, mais qu’il faut être un vrai groupe.
Justement, on voit que plusieurs joueurs de grands talents sont écartés (Hakim Ziyech, Amine Harit) avec lui c’est comme cela que ça fonctionne, il faut un investissement total, peu importe le statut ?
C’est ce qui caractérise Vahid Halilhodzic, ce qu’il essaie de nous transmettre. Pour lui, aucun joueur n’est plus important que la sélection, la preuve avec Hakim. Evidemment on en discute entre joueurs, mais c’est positif. Il est axé sur le travail, sur le collectif et la notion de groupe. C’est là que des joueurs d’expérience comme je peux l’être ont leur mot à dire et doivent transmettre le message aux plus jeunes. C’est vrai que de l’extérieur, il a l’image de quelqu’un de dur, de difficile, mais au quotidien c’est quelqu’un qui aime le foot et qui est derrière son équipe. C’est ce qu’il nous faut pour espérer gagner quelque chose.
La Coupe du Monde au Qatar arrive l’année prochaine, maintenant que tu es revenu en sélection, c’est un objectif pour toi ?
Bien-sûr, j’ai eu la chance de la faire en 2018, c’est vraiment autre chose, j’ai vu la ferveur et la joie que ça procure pour la nation, c’est quelque chose de très fort, donc forcément. Je rêve de me qualifier pour cette édition et donner du bonheur à la nation.
En France, ta dernière saison s’est très mal passé avec Caen. Vous aviez connu une situation très particulière, avec deux coachs sur le banc (Rolland Courbis est arrivé en cours de saison pour épauler Fabien Mercadal), avec le recul qu’est ce qui a manqué ?
C’était une saison très particulière. J’avais le souhait de revenir en France donc j’ai tout de suite voulu signer à Caen, dans mon club formateur. Je voulais apporter mon expérience, on avait une équipe assez jeune, peu d’expérience en Ligue 1. On fait un bon début de saison, puis après, ça a été plus compliqué. Ensuite, il y a Rolland Courbis qui est arrivé, il nous a apporté quelque chose au niveau des jeunes. Parce que le discours de Fabien Mercadal ne passait plus. Je vais te dire, je pense que du fait qu’il arrive de Ligue 2, sans statut, il avait du mal à faire passer son discours auprès de certains. Pourtant, c’est un très bon coach, on avait de supers discussions autour du foot avec lui.
On a tout de même eu la chance de jouer le maintien jusqu’à la dernière journée, on avait toutes les cartes en main pour se maintenir en gagnant face à Bordeaux mais on ne l’a pas fait. C’est à l’image de notre saison. Il y a eu quelques soucis avec le coach, même entre joueurs.
Tu as senti un décalage entre les générations ?
Après cinq ans en Espagne, j’étais un peu choqué de la mentalité. J’ai vu une autre façon de voir le football, ça m’a marqué. J’ai eu la chance de signer pro à Caen, ce n’était pas comme ça à mon époque. On était à l’écoute des anciens, on voulait juste grappiller du temps de jeu avec l’équipe. Aujourd’hui c’est difficile de transmettre des messages aux plus jeunes.
Après la relégation avec Caen, tu as rebondi à Getafe et désormais tu es à Sivaspor en Turquie, comment cela se passe pour toi dans ce nouveau pays ?
Cela faisait trois ans que j’étais en contact avec le club. J’avais déjà de bons échos de mes anciens partenaires comme Nabil Dirar ou Younes Belhanda, donc j’avais envie de découvrir ce championnat et une autre culture. Maintenant, je me demande pourquoi je ne suis pas venu avant (rires). Certains parlent du côté financier, mais c’est fini tout ça, ce n’est plus la Turquie d’avant, ou tu venais pour prendre un chèque. Le niveau est vraiment bon. J’ai repris goût au football.
Là-bas on retrouve pas mal d’anciens joueurs de Ligue 1, cela t’a facilité l’intégration ?
Evidemment, l’intégration s’est faite super rapidement, avec des mecs comme Max Alain Gradel, Mustapha Yatabaré etc. Maintenant il y a aussi Pedro Henrique. Je n’avais que des bons échos de ce club et c’est une réelle fierté d’être avec ce club.
On voit que de plus en plus d’anciens joueurs de Ligue 1 s’y retrouvent, tu comprends ?
Bien-sûr. J’ai eu la chance de côtoyer le championnat français, espagnol et turc, et je ne la vois pas cette différence. Evidemment, il y a Paris en France et le Barça et le Real Madrid en Espagne, mais derrière, les équipes se valent. La Turquie est un championnat très relevé. Ce qui fait la différence, c’est la ferveur.
Comment tu envisages la suite ?
Je suis en fin de contrat cette saison. On discute pour une prolongation, je me sens bien donc j’aimerai rester, mais on verra ce qu’il en sera. Je me vois encore faire des années en Turquie. J’ai trouvé un pays et une culture qui me correspondent, la vie en dehors du football me plaît aussi. D’autant que maintenant, je vais avoir 33 ans, quand je vois les exemples de joueurs comme Cristiano Ronaldo ou Zlatan Ibrahimovic, je me dis, pourquoi je ne le ferai pas moi aussi, à mon niveau ?
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