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·24 décembre 2024
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Recruté par la Juventus à 16 ans, révélé au Genoa où il a bouclé une excellente saison, nouvel international belge, le défenseur central s’est imposé comme l’un des tout meilleurs défenseurs de Serie A. S’il attise les convoitises, le natif d’Anvers a surtout profité d’un moment calme pour nous accorder une longue interview.
Voici quelques extraits de notre interview Koni De Winter. L’intégralité de cet interview de 6 pages est à retrouver dans le magazine n°366 de Onze Mondial disponible en kiosque et sur notre eshop depuis le 12 septembre.
Koni, comment s'est déroulée ton enfance ?
Je suis né à Anvers en Belgique. J'ai un grand frère et une petite sœur, et toute ma vie, je suis resté à Anvers. J’étais l'école là-bas et j'ai toujours suivi mon grand frère. J'ai commencé à jouer avec lui dehors avec ses amis. En club, j’ai commencé tard, vers mes 11 ans parce que ma mère voulait que j'étudie, que je privilégie l’école. Pour elle, le foot, c’était juste pour se défouler. Sinon, je n’ai pas changé, j'étais celui que je suis aujourd'hui, un gars sociable qui veut toujours s'amuser, rigoler, jouer et partager des choses avec ses copains.
Et à l'école, tu étais comment ?
J'étais un bon élève parce que ma mère était très dure avec nous sur l’école. Elle insistait beaucoup là-dessus donc j'étais un bon élève même si je n'aimais pas trop faire mes devoirs, étudier à la maison. Bon, j’obtenais quand même de bons résultats.
Comment le foot est venu à toi ? J'imagine que tu jouais beaucoup avec ton grand frère…
C’est clair. Quand tu es petit, tout le monde joue au foot. Et moi, j’avais la chance de jouer avec mon frère qui a quatre ans de plus que moi. Quand on jouait en bas de la maison avec ses potes, je voyais que j'étais fort, j’étais au niveau malgré l’écart d’âge. Et il me disaient tous : « Tu es vraiment fort, inscris-toi en club ». Ça a commencé de cette manière et je n’ai jamais arrêté.
Comment es-tu devenu défenseur ?
J'ai toujours joué en défense, ça a commencé ainsi parce que j'étais toujours le plus grand de mon équipe et je jouais toujours dans des équipes d'un niveau bas. Donc ils me mettaient derrière et grâce à ma taille, je pouvais non seulement défendre et rattraper les coups derrière, mais en plus, je m’amusais à dribbler l’équipe adverse et à marquer. Je n’ai jamais changé de poste.
En Belgique, il y a une grosse concurrence parce que beaucoup de jeunes talents émergent chaque année. Comment fait-on pour sortir du lot ?
Comment on fait pour sortir du lot ? Hummmm, bonne question. Je pense qu’en Belgique, quand techniquement t'es doué, tu as déjà un avantage sur les autres. Tu te retrouves en bonne position pour attirer les recruteurs et avoir des opportunités. Lorsque tu es convoqué en sélection de jeunes par exemple, tu dois saisir ta chance en jouant bien pour envoyer un message à tous les observateurs.
Est-ce que tu te souviens de ton premier match en professionnel ?
Mon premier match, c'était contre Chelsea, en Champions League (23/11/2021, défaite 4-0 à Stamford Bridge). En fait, sur le moment, je n’ai pas réalisé. J’étais assis sur le banc et je ne m’imaginais vraiment pas participer à cette rencontre. D’ailleurs, on perdait 3-0 et le coach, Andrea Pirlo, m’a envoyé à l’échauffement, mais dans mon esprit, c’était juste une sorte de décrassage. J’étais là tranquille, et d’un coup, il m’appelle et me dit de venir. À ce moment-là, quand j’entre sur la pelouse, on dirait que ce n’était pas moi qui étais sur la pelouse. Le terrain me paraissait si grand (sourire). J’étais… Comment dire ?
Stressé ?
Non, je n'étais pas stressé du tout, mais j’ai réalisé seulement après le match, en rentrant à l’hôtel. Là, j’ai vraiment compris ce que je venais de vivre au stade.
C’était une consécration pour toi qui n’avais jamais évolué en pro dans ton pays…
Oui, la Juventus m’a recruté comme ça, à 16 ans, sans la moindre expérience professionnelle avec Zulte-Waregem. Je me souviens, il y avait deux joueurs appartenant à la Juve qui étaient prêtés à Zulte. Du coup, les dirigeants des deux clubs étaient en contact, alors la connexion s’est opérée facilement. J’étais considéré comme un jeune espoir de Zulte et j’ai rejoint Turin dans la foulée à seulement 16 ans. Même si mes deux premières années se sont révélées compliquées, j’ai beaucoup appris et ça m’a aidé à devenir un homme.
Est-ce que la Belgique et ta famille te manquaient au début ?
Non, pas vraiment, parce que même en Belgique, je vivais déjà dans un internat donc j'étais déjà habitué à ne pas rester avec ma famille. Je suis quelqu’un d’assez sociable, donc ça ne me pose pas de souci de me faire de nouveaux amis, de rencontres de nouvelles personnes. En peu de temps, j’ai appris l’italien, j’ai trouvé des amis, découvert des activités, tout s'est bien passé.
Tu as eu du mal à t’imposer à la Juve qui t’a prêté à Empoli dans un premier temps. Que retiens-tu de cette expérience ?
J'ai beaucoup appris et progressé à Empoli, je suis rentré dans le monde des « joueurs de Serie A ». À Empoli, il y a beaucoup de place pour les jeunes, c’était un choix logique autant pour la Juve que pour moi. Ça m’a permis de franchir un palier, d’enchaîner quelques matches et de me montrer en Serie A. Cette expérience m’a beaucoup aidé pour lancer ma carrière.
En revenant à la Juve à l'été 2023, le club a choisi de te prêter encore une saison au Genoa. Pas trop déçu ?
Non, je n'étais pas déçu, car je voulais soit rester à la Juve et jouer ou être vendu. Je ne voulais pas enchaîner les prêts. À l’intersaison, ils m’ont dit : « On va voir, on va voir ». Moi, je n'ai pas aimé qu'ils me disent on va voir, moi, je voulais connaître ma situation, c'est ma vie. Je leur ai dit que je souhaitais partir et on a trouvé le Genoa sous forme de prêt avec option d'achat, c'était la meilleure possibilité.
Tu n’es pas loin d’être le meilleur défenseur de Serie A, tu t'attendais à réaliser une saison comme celle-ci ?
Bah j'ai toujours cru en moi, mais je suis très content d’avoir trouvé cette équipe qui m’a accordé beaucoup de confiance. Avec le coach, Alberto Gilardino, ça se passe super bien. Il donne beaucoup de liberté aux joueurs, un peu dans le style Ancelotti, il met en confiance ses joueurs, et moi, j'aime bien ça.
À la Juve, tu as côtoyé deux légendes comme Bonucci et Chiellini, qu’as-tu appris à leurs côtés ?
S'entraîner avec de tels joueurs, ça t'apprend vraiment beaucoup. J'ai croisé Ronaldo, Douglas Costa, Matuidi, Chiellini, j'ai vu beaucoup de joueurs donc je pense que mes 5-6 années à la Juve, c’était vraiment un truc incroyable. Je n’oublierai jamais cette expérience parce que je suis arrivé à 16 ans, j’étais un gamin, et j’ai énormément appris là-bas.
On parle de plus en plus de Koni de Winter dans la presse, comment vis-tu les éloges à ton égard ?
Le plus normalement possible parce que je sais aussi que, demain, ils pourront dire que je suis nul et me critiquer. C’est le monde du foot qui est comme ça, j’y suis préparé, ça ne me fera rien. Quand tu vois que Messi et Ronaldo aussi sont critiqués, tu te doutes bien Koni de Winter ne sera pas épargné non plus (sourire).
Qui est vraiment Koni de Winter ?
Il y a deux Koni. Avec ses amis et sa famille, c'est un autre Koni que celui que tu peux croiser dans la rue. Koni, avec ses amis, sa famille, c'est quelqu'un qui aime bien rigoler, qui aime rester avec les gens qu'il aime bien, prendre du plaisir, manger un bout, faire des trucs ensemble. Ça, c'est moi, en revanche, si tu me croises dehors, tu peux penser que je suis un peu timide, un peu replié sur moi-même, c’est pour ça que je dis qu’il y en a deux.
Je n'ai pas l'impression de voir une personne stressée en face de moi. Je me trompe ?
Non, là, maintenant, je ne suis pas stressé. Et je ne suis pas inquiet non plus au quotidien. Je ne ressens pas la pression. Ce que les autres disent de moi, ça ne m'intéresse pas vraiment. Ce qui compte, c’est la pression que je m’inflige à moi-même.
Comment résistes-tu aux tentations comme les filles, les sorties, la mauvaise nourriture ?
C'est difficile, mais ça finit par devenir normal. Il suffit de penser à ce qu'il se passe après… C'est bien de sortir une soirée, mais le jour après, c'est toujours le jour d’après où tu te sens mal. Pareil quand tu manges un hamburger, le jour d'après, tu te sens mal, t'as envie de rien faire. Avec les années, tu comprends ce qui est mieux pour toi, ce qui te fait du bien, ce qui te fait du mal. Et dans mon cas, je pense avoir vite compris ça, à un jeune âge.
Comment on se sent quand on commet une grosse erreur ?
Tu te sens mal, mais il faut aussi comprendre que c'est la vie. Il y a toujours des moments où tu vas rater certains gestes. L’essentiel, c’est de chercher à s’améliorer pour ne pas reproduire la même erreur dans le futur. Sinon, l’erreur est humaine. Tout le monde rate, même les plus grands, même les plus intelligents. L’apprentissage passe par là.
Qui étaient tes exemples quand tu étais jeune ?
Comme défenseurs ? Bah, je pense à Vincent Kompany bien sûr, parce qu’il est Belge, il portait le brassard de capitaine chez nous. Après, il y a aussi Antonio Rüdiger, j'aimais beaucoup et j'aime vraiment beaucoup. Ça, c’est pour les contemporains. Parmi les anciens, je dirais John Terry et Carles Puyol, c'est un peu les grands noms avec lesquels j'ai grandi, donc pour moi, ils étaient les meilleurs. Plus haut sur le terrain, je kiffais Pogba, Messi et Neymar, mais pour moi, le top, c’était Pogba, c'était le meilleur.
Tu t'es retrouvé avec lui à la Juve d’ailleurs…
Ouais. C’est marrant parce que je lui ai montré une photo de nous deux quand j’étais plus jeune, il s’est marré. J’avais pris une photo avec lui quand j’étais gamin parce que j’étais déjà fan de lui.
Si tu devais parler de tes points forts et de tes points faibles, que dirais-tu ?
Je parlerais plutôt de ce que je dois améliorer. Les gens disent toujours je suis nonchalant, mais ce n’est pas le cas. Ça ressemble à de la nonchalance, mais c'est juste ma façon d'être. J’ai une grande confiance en moi donc les gens assimilent ça à de la nonchalance ou de la prétention, alors que non. Pour le reste, je dois m’améliorer dans tous les compartiments et perdre 2-3 kilos. Cet été, on va régler ça.
Si tu n'avais pas été footballeur, qu’aurais-tu fait comme métier ?
C'est une belle question, j'ai toujours des difficultés à répondre. Je ne sais vraiment pas parce que dans ma tête, quand j'ai commencé le foot, c'était avec l’objectif de devenir footballeur. Je n’ai jamais envisagé autre chose que footballeur…
Si tu devais finir l'interview par une phrase qui te représente, ce serait quoi ?
Je vais dire « Enjoy every moment » (profite de chaque instant). Que ce soit un bon moment, un moment plus difficile, « enjoy » parce que tu vas le vivre une seule fois donc prends le du bon côté.
Quelle note tu te mettrais pour cette interview ?
En général, j’ai du mal avec les interviews, et là, on a eu une bonne conversation donc je vais dire 7,5 sur 10. En plus, c'était en français et moi, mon français n’est pas top donc oui 7,5. Le flamand, c'est ma première langue, le français, c’est la langue de ma mère donc j’ai appris le français grâce à elle, mais c’est la langue la plus difficile de toutes (rires).
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