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·12 décembre 2025

EXCLU - Kysha Sylla : « Ce que je veux, c’est repousser mes limites »

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Du haut de ses 21 ans, Kysha Sylla a déjà vécu 1 000 vies. Des débuts à l'OM, le pôle France, Dijon, l'Olympique Lyonnais, les États-Unis et désormais l'équipe de France, celle qui a toujours été surclassée vit sa meilleure vie. Rencontre avec une défenseuse qui se rêve en future patronne des Bleues.


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Comment le football est arrivé dans ta vie ? 

C’est une histoire un peu particulière, un peu marrante. Je n’ai pas commencé comme beaucoup de personnes grâce à quelqu’un de ma famille. Oui, mon grand frère faisait du football. Mais en école primaire, on avait différents groupes de cantine. Le premier groupe qui mangeait à la cantine, c’était celui qui faisait du sport juste après manger. C’était souvent du futsal. Si tu ne faisais pas de sport, tu devais attendre longtemps pour manger. Avec ma soeur jumelle et des copines, on s’est inscrites pour manger parmi les premiers. Tout part d’une gourmandise ! En plus, on avait les premiers choix à la cantine !

Du coup, comment étaient les premiers entraînements ?

À la base, on restait sur le banc pour discuter entre copines, c’était l’instant « potins ». Mais un jour, le coach nous a forcées à jouer (rires). Il était content de nous voir car on était sûrement les seules filles. Il voulait que l’on joue car on avait pris les places de certains garçons. Ma soeur a vite abandonné avec certaines de mes copines, et moi, j’ai continué !

Tu peux remercier ta gourmandise, n’est-ce pas ? 

Oui ! Et aussi le personnel de la cantine. Franchement, je n’étais pas la personne qui voulait devenir professionnelle, je voulais juste manger en première.

Mais tu as quand même ton grand frère qui t’a un peu éduqué au football ?

Oui, il était attaquant, très rapide ! Mais je n’étais pas forcément intéressée. J’allais le voir car ma mère nous a élevés seule. Donc on allait tous supporter mon frère. On était là pour sortir et s’amuser.

Ta soeur a abandonné ?

Elle a arrêté à l’école. Mais quand je me suis inscrite en club, elle jouait parfois comme gardien. Quand je jouais souvent à côté du club, il me fallait une gardienne ! C’était ma soeur. Et franchement, c’était une super gardienne pendant deux-trois ans. Elle était super forte, elle n’avait pas peur de la puissance. Moi, je mettais des sacoches ! Des vraies sacoches. Quand on jouait au quartier avec les grands, personne ne voulait aller au goal, c’est ma soeur qui s’y collait. Ça lui envoyait des sacoches et elle n’avait pas froid aux yeux.

Elle n’est pas devenue professionnelle ?

Non, elle est allée à l’armée, elle n’a pas froid aux yeux je t’ai dit.

Comment c’était de jouer avec les grands ?

Quand je jouais au quartier, je jouais toujours avec les plus grands, les garçons. Je pouvais leur rentrer dedans, je n’avais pas peur, ils faisaient quand même attention à moi, sauf quand c’était ceux de mon âge. Commencer avec les garçons, c’est la meilleure chose qui puisse arriver à une fille. Ça m’a renforcée. Aujourd’hui, une de mes qualités, c’est le physique. C’est lié à ça.

Tu te rappelles de ton premier entraînement avec les garçons ? 

Je n’oublierai jamais. C’était au CA Croix Sainte, un petit quartier à Martigues. Pendant longtemps, je demandais à ma mère de m’inscrire au football. Elle ne me prenait pas au sérieux. Le football féminin n’était pas connu, il n’y avait pas d’équipes de filles. Quand je faisais du futsal, le coach me disait que j’avais du potentiel, je voulais en faire plus. Quand mon frère était revenu à la maison, on était allés jouer ensemble et il avait vu qu’il y avait quelque chose. Il a appuyé la candidature avec ma mère pour que je m’inscrive. On est allés à Décathlon. On a acheté des protège-tibias, ils étaient énormes. Je jouais avec un survêtement Marshall, des crampons et des protèges. Je n’avais même pas de chaussettes, c’est le survet' qui cachait cela. À Croix Sainte, j’ai débuté avec l’équipe 1 car les deux autres équipes étaient en stage. C’était le haut niveau. Je devais avoir 10 ans à l’époque. Il n’y avait que des garçons, mais je ressemblais aussi à un petit garçon. J’avais un dégradé, je me fondais dans la masse. Ma mère m’avait regardé en cachette pour le premier entraînement.

Et ça a donné quoi ?

C’est là que j’ai découvert que l’on faisait des passes (rires). C’était un choc pour moi. Avant, on allait juste tout droit pour se rentrer dedans. J’étais impressionnée. J’avais un peu peur en étant la seule fille dans une équipe de garçons. Ils peuvent être un peu méchants en plus. Après, je n’avais pas froid aux yeux donc ça allait. À la fin de l’entraînement, le coach était surpris et il me voyait bien intégrer l’équipe 2 ou 3.

Tu as su te faire une place ?

Oui, grâce notamment à mon premier coach, Yanis Djouder. C’était du football loisir, on prenait beaucoup de plaisir. C’est ce qui a fait que j’ai eu ma place assez rapidement. J’étais jeune, je parlais beaucoup, je n’étais pas timide, j’étais marrante, je pense. Dès les premiers entraînements, les coachs sentaient qu’il y avait quelque chose à faire. Ils voyaient beaucoup de potentiel en moi.

À l’époque, tu regardais le football à la télévision ?

Pas du tout. Ce n’était vraiment que du loisir à l’époque. Quand je jouais à Martigues, mon coach me disait qu’un jour, j’allais jouer à l’Olympique Lyonnais. Mais moi, je suis née à Marseille, je ne comprenais pas pourquoi il me disait cela. À l’époque, l’OL était déjà le meilleur club féminin, je ne le savais pas. Pareil, il me disait que j’allais être la nouvelle Wendie Renard, je ne savais pas qui c’était (rires).

Finalement, tu as quand même signé à l’OM avant l’OL… 

Je suis rentrée avec un an d’avance au centre de formation de l’OM. Tu es censée être au lycée, mais moi, c’était en troisième. J’étais la seule. C’était compliqué pour moi. Après Croix Sainte, je suis passée par le FC Martigues et donc l’OM. Le problème, c’est que j’étais trop jeune. À l’époque, j’habitais à Martigues et ma mère ne pouvait pas m’amener tout le temps à Marseille pour les entraînements car elle nous a élevés seule. Il fallait trouver une solution pour mon année de troisième. Finalement, l’OM n’a pas voulu me laisser filer et ils ont fait une petite exception pour que je rentre avec un an d’avance. En U19, j’étais la plus jeune, je ne connaissais pas les filles de l’équipe, ça n’était pas facile. J’ai fait ma troisième dans un quartier sud à Marseille. Les filles étaient plus en mode sac à main, elles prenaient soin d’elles. Moi, j’étais un petit garçon manqué. C’était foot, foot, foot !

Comment s’est passée cette aventure à l’OM ? C’est à ce moment que tu as été détectée ?

Bien. Je jouais avec l’OM, mais aussi avec la Ligue Méditerranée - Corse. C’est là que j’ai pu faire les détections. À l’époque, je ne savais même pas qu’on pouvait accéder au pôle. Une fois, après le collège, je n’avais pas de téléphone, toutes les filles venaient me voir pour me féliciter. Je ne comprenais pas, c’est là que j’ai découvert que j’étais sélectionnée pour faire les essais à l’INSEP. C’était super, mais je ne savais même pas vraiment ce que c’était. J’étais contente, mais je ne savais pas pourquoi.

Tes premiers pas à l’INSEP, ça a dû être une sacrée surprise, non ?

Complètement. Je voyais des stars, Teddy Riner, des basketteurs, des gymnastes. Ça n’était pas rien. Avant ça, je ne réalisais pas. On était 12 pour les tests, et on a été 8 à rester. Moi, avec mon nom de famille (Sylla), j’ai été la dernière appelée. Le gros stress.

Et c’est là que ça a posé problème à l’OM ?

Oui, la politique du club ne voulait pas que l’on soit à l’INSEP et à l’OM. Il fallait faire un choix, l’OM n’acceptait plus les joueuses de pôle. C’est comme cela que ça s’est terminé. Moi, j’ai grandi à Marseille, je suis Marseillaise, je ne voulais pas partir, c’était comme trahir ! Heureusement, Yanis Djouder m’a convaincue en m’expliquant qu’il ne fallait pas que je rate l’INSEP, c’était une opportunité en or. Il fallait que j’aille à Paris, c’était un changement de vie pour moi et ma famille. Quitter ma mère, ma soeur jumelle… ça n’était pas facile. Mais j’ai foncé.

Il fallait retrouver un club !

Oui, Lyon, Montpellier et Saint-Étienne me voulaient. Mais dès qu’on a visité l’OL, on a décidé de ne pas faire d’autres visites. C’est comme ça que j’ai rejoint l’OL à 15 ans. Ma première année à l’OL, j’étais au pôle la semaine et je jouais avec les U15 contre les garçons. Mais dès ma deuxième année, je me suis retrouvée en U19, en étant la plus jeune de l’équipe.

Tu as dû voir une sacrée différence de niveau ?

Ça n’avait rien à voir. J’ai vu qu’il y avait de la qualité à l’OL, au centre de formation, c’était dingue. Le niveau à Lyon était très bien, à l’INSEP pareil. Mais je venais juste le week-end pour le match, c’était compliqué de s’intégrer, je n’avais pas les entraînements avec les joueuses, je n’avais pas les mêmes automatismes. Il a fallu se faire une place. Mais tout a changé juste avant que je fasse ma troisième année de pôle. Au retour du Covid, Sonia Bompastor, la coach de l’OL m’appelle pour me dire que je vais faire la préparation avec les professionnelles.

C’était inattendu pour toi ?

Complètement, j’étais à l’INSEP, pas souvent sur Lyon, je ne jouais pas beaucoup avec les U19, mais je me suis rendue compte que Sonia Bompastor regardait tous les matchs, toutes les entrées. C’était tellement de sentiments différents : du stress, de l’excitation, prouver que j’ai ma place.

Finalement, c’est là que tu joues avec Wendie Renard que tu ne connaissais pas quelques années auparavant…

Oui (rires). Wendie Renard, Mbock, Le Sommer, Henry… j’avais commencé à regarder plus le football féminin à la télévision, donc je me rendais compte avec qui je m’entraînais. C’est drôle car quelques années plus tôt, lors d’un match entre l’OM et l’OL à Martigues, j’ai tenu la main à Wendie Renard pour rentrer sur la pelouse. Tout ça pour jouer avec elles quelques années plus tard, c’est incroyable.

C’est à ce moment-là que tu as découvert l’équipe de France chez les jeunes. Tu t’en rappelles ?

Oui, j’ai fait quelques sélections lorsque j’étais à l’INSEP, mais avec le Covid, beaucoup de compétitions et de stages ont été annulés. On était un peu une génération sacrifiée. Il y a notamment eu la Coupe du Monde U20 (défaite en quart de finale contre le Japon). Moi, je devais être en U18 mais j’ai été doublement surclassée pour jouer avec les U20.

Tu as passé ta vie à être surclassée. Mine de rien, ça te pousse à avoir un caractère fort, mûrir plus vite ?

Ça a toujours été comme ça. Quand j’ai signé mon premier contrat professionnel avec l’OL, j’étais la plus jeune. J’ai découvert un monde d’adultes. Il faut mûrir rapidement. Tu n’as pas la même jeunesse que les autres. Je n’ai jamais vraiment joué avec des filles de mon âge. Tu prends en maturité rapidement, mais aussi tu progresses rapidement. Tu es obligée pour suivre le rythme.

Ça t’a notamment permis de porter le brassard de capitaine à plusieurs reprises.

Oui, tu apprends rapidement à trouver ta place dans le groupe. Savoir être un leader, prendre la parole au bon moment. Je suis assez extravertie, on peut me qualifier de leader social dans un vestiaire. Je n’ai pas peur d’aller vers les autres, j’aime intégrer les nouvelles car j’ai toujours été la plus jeune. Donc j’ai aimé qu’on m’intègre à chaque fois. Je sais ce que c’est d’être jeune et nouvelle, donc je fais tout pour aider les gens.

À quel moment as-tu compris que le football pouvait devenir ton métier ?

Je pense que c’est quand j’ai commencé les entraînements avec les professionnelles à l’Olympique Lyonnais. Je me suis dit que c’était « professionnel », que c’était du sérieux. Non pas que ça ne l’était pas avant, mais c’était un autre level. À l’époque, les filles qui étaient sponsorisées nous donnaient les crampons, car elles en avaient en plus, des équipements… Elles nous déposaient en voiture. Je me suis dit : « Moi aussi, je veux cette vie-là, je veux réussir, je veux aider les jeunes, je veux donner des crampons ».

Comment as-tu vécu tes débuts professionnels ?

C’était un peu le grand saut, mais je considérais que c’était le fruit de mon travail. C’est une fierté de voir que le travail paye. Il faut savoir se dire qu’il faut toujours en donner un peu plus. Il ne faut pas attendre que ça te tombe dessus, car ça n’arrivera jamais. Quand j’ai eu les premières minutes, ça m’a poussé à donner encore plus. Tu passes encore plus en mode bosseuse !

Tu es quelqu’un de stressée, d’excitée avant ces moments ?

C’était énormément de stress, car ça n’est pas n’importe quelle équipe ! C’est une des meilleures équipes du monde. Tout le monde regarde l’OL, tout le monde veut jouer pour cette équipe. Donc, il y a beaucoup de pression. C'est là que le mental est important. Il ne faut pas se laisser envahir par le stress. C’est une chance à saisir qui peut ne pas se représenter. Si le stress prend le dessus sur toi, que tu n’es plus actrice de ton corps, tu peux échouer.

Pour s’installer au plus haut niveau, il est important de savoir se fixer à un poste. Toi, tu as joué à la fois au milieu plus jeune et défenseuse centrale maintenant. Comment tu te vois évoluer ?

J’essaie de pouvoir tout faire. Défenseuse, ça fait longtemps que je joue à ce poste. J’ai plus d’expérience dans ce rôle. Mais numéro 6, pour moi, c’est hors de ma zone de confort. J’ai les qualités pour jouer à ce poste, et si jamais je dois jouer dans cette position, ça sera une nouvelle arme. C’est important d’être polyvalente, ça te fait progresser. Jouer au milieu, ça me pousse à sortir de ma zone de confort. Ce que je veux, c’est repousser mes limites !

Justement, quels sont tes qualités et tes défauts pour ces postes ? 

Je suis une joueuse au top physiquement, je mets beaucoup d’impact. Je n’ai pas peur des autres, pas peur de mettre le pied. Sur le plan athlétique aussi, je suis solide, j’ai un gros volume de jeu. Après, il y a forcément quelques défauts. Mon talon d’Achille, c’est mon pied gauche. Il faut que je le travaille plus, tout comme mon jeu de tête. Je fais 1m73 mais je ne l’utilise pas assez.

Quelles sont les joueuses qui t’inspirent à ton poste ?

Dans mon club, j’ai la chance d’avoir des joueuses de grand talent pour m’inspirer. Il y a tout d'abord l’internationale anglaise Esme Morgan qui vient de gagner l’Euro avec son pays. Ensuite, il y Tara McKeown, une Américaine. Ce sont les deux joueuses qui m’inspirent. Esme Morgan, techniquement, c’est le haut niveau, la vision de jeu, ses choix… Tara McKeown, défensivement, elle est très intelligente. Elle sent le ballon, et en plus, elle n’a pas peur de se projeter. Elle marque régulièrement, ça m’impressionne. Comme ce sont une Américaine et une Anglaise, c’est complètement différent de ce que l’on peut voir en France. Ça m’apporte une touche différente que je n’avais pas forcément vue auparavant. C’est vraiment top pour progresser.

Tu parles d’inspiration, tu essaies aussi d’être inspirante. Après tes premiers matchs à l’OL, tu étais revenue chez toi pour donner quelques maillots.

Oui, j’ai profité d’une trêve pour faire une grande commande à l’OL et ramener beaucoup de maillots pour les distribuer dans le quartier où j’ai grandi. C’est important de ne pas oublier d’où l’on vient, où ça a commencé. Ce sont des personnes qui m’ont aidée à devenir qui je suis aujourd’hui. C’est ça, l’humilité. Je voulais donner à tout le monde.

Dans le sud, il y a surtout des supporters de l’OM, ils ont quand même accepté les maillots de l’OL ?

Oui, ils sont pour l’OM, mais pour moi, ils ont fait exception, je suis un peu la chouchoute.

Jouer à l’OL, c’est une chance, mais c’est aussi compliqué, car il y a une concurrence XXL. Tu as notamment dû partir en prêt à Dijon pour avoir du temps de jeu…

Il y a de la concurrence dans tous les clubs, mais à l’OL, c’est un autre niveau. En plus, au poste où je joue, il y a de gros noms, ça n’est pas évident. J’étais jeune, j’avais besoin de temps de jeu, besoin de prendre de l’expérience. C’est pour cela que je suis partie en prêt en D1. Me mesurer, savoir où je me situais. Le fait d’avoir cette concurrence nous pousse à toujours être au top à l’entraînement. On apprend énormément car on côtoie les plus grandes qui ont énormément d’expérience. On n’a pas le droit de baisser le rythme. Parfois, des jours, tu peux être fatigué, mais mentalement, à Lyon, tu es obligé de passer outre.

Depuis quelques mois, tu t’es installée aux États-Unis avec un prêt du côté des Spirit de Washington. Tu peux nous en parler ?

Quand je suis arrivée à Washington en janvier, j’étais blessée. J’avais une entorse au genou. J’ai terminé ma réathlétisation aux États-Unis. Ici, c’est très différent. Il y a énormément de musculation. Mon corps n’était pas habitué. J’ai pris en masse musculaire. Quand je suis revenue sur les terrains en mars, j’ai été embêtée par le syndrome des loges du fait de ma prise de muscles. Ensuite, il y a un temps d’adaptation. Le championnat est très athlétique, vraiment très athlétique. Ça court énormément. Quand tu reviens de blessure et que tu as pris en muscles, tu es plus lente sur les appuis. Le temps d’adaptation a été un peu long sur le terrain, mais pas à l’extérieur.

Tu maîtrises l’anglais ?

Au début, ça n’était pas évident, mais j’ai vite appris. En quelques mois, je suis traductrice (rires). Ma coéquipière Rosemonde Kouassi avait une conférence de presse. Le traducteur n’était pas là et c’est moi qui ai dû traduire pour elle (rires).

On sait que le football féminin est installé depuis longtemps là-bas. Tu as vu des différences au quotidien ?

À l’OL, on a déjà des infrastructures très bonnes. Sur ce point, je n’ai pas vu de différence. Pour autant, sur la considération, sur les terrains où l’on joue, c’est différent. On joue toujours dans des grands stades. En plus, on remplit les stades. À Washington, on fait des 20 000 personnes, 25 000. Tous les matchs, ce sont des grands stades.

Comment vis-tu le fait d’être loin de ta famille ?

J’ai la chance d’avoir une famille qui me soutient. J’ai ma mère qui est toujours là pour moi. Je ne sais pas si elle s’y connaît très bien niveau football, mais elle a des conseils en or. Elle regarde tous les matchs et elle voit dans mon comportement quand je ne suis pas bien. Elle sait quand je suis stressée. Surtout à mes débuts, j’étais nerveuse. Dans ce championnat, il n’y a pas beaucoup de jeunes. La plupart signent professionnelles vers 23-24 ans. Encore une fois, je suis une des plus jeunes. Après, j’ai ma jumelle dont je suis très proche. Elle est à l’armée. On prend des nouvelles, elle me dit que c’est dur, moi je lui dis que c’est dur (rires). J’ai aussi deux petites soeurs qui jouent au football, je dois être leur exemple. Quand je suis dans le down, je me dis que mes soeurs me regardent, que je dois continuer pour elles.

Quand tu es partie aux USA, tu n’as pas eu peur de disparaître des radars, notamment pour l’équipe de France ?

Si. C’est un championnat différent. Je me suis dit que j’allais peut-être un peu disparaître. C’était une appréhension, mais je me suis dit aussi que j’allais beaucoup progresser ici. Qu’importe que je disparaisse des radars ou pas. Je voulais voir le bon côté des choses.

Et finalement, l’équipe de France est arrivée plus tôt que prévu. Comment as-tu appris cette nouvelle ?

Je ne m’y attendais pas du tout. C’était une surprise totale. Je pense que c’était mon plus beau réveil. La liste était en plein pendant la nuit, donc je dormais. La nuit de la liste, j’ai vu que mon téléphone vibrait. Je me suis mise en mode « ne pas déranger ». Mais quand je me suis réveillée, j’ai vu des dizaines de notifications. Comme je venais tout juste d’ouvrir les yeux, je n’ai pas compris sur le moment. Mais après, j’ai vu les appels manqués, les messages de félicitations. Et en ouvrant Instagram, j’ai constaté que j’étais dans la liste, incroyable !

Comment se sont passés tes débuts avec les A ?

Comme j’ai fait les catégories de jeunes, j’ai retrouvé certaines de mes coéquipières avec l’équipe de France. Des filles que je connais aussi de Lyon, de par chez moi… Ce n’était pas un saut dans l’inconnu. C’est bien pour s’adapter. Par contre, j’ai été étonnée par le niveau à l’entraînement. Je savais que c’était le haut niveau, mais à ce point, c’est magnifique. Tout va super vite, les prises d’information, les transmissions, tu n’as pas le temps de réaliser. En plus, on joue les demi-finales contre l’Allemagne en Ligue des Nations. On n’a pas le temps pour de s’émerveiller. Il faut être dedans. Le fait d’avoir toujours été surclassée chez les jeunes m’a aidée à tout de suite être focalisée sur l’objectif. Tout de suite, j’étais dans la dynamique.

Ça donne envie de se fixer des objectifs encore plus grands non ?

Forcément. Maintenant que j’ai pu goûter à l’équipe de France, je n’ai pas forcément envie de retourner en U23 (rires). C’est ça le plus dur. Être appelée, c’est une grosse étape, mais l’être à nouveau, c’est encore plus dur. Je vais continuer en club pour rester dans cette dynamique. Je sais que le sélectionneur suit les États-Unis. Je rêve de remporter un titre. Il y a un peu une nouvelle génération en équipe de France. Je veux faire partie de cette nouvelle ère. Le coach Laurent Bonadei n’a pas peur de lancer de nouvelles joueuses. Il est là pour faire jouer les meilleures. Donc tout est entre nos mains.

Tu es à Washington, mais c’est un prêt. L’OL, c’est toujours dans ton esprit ?

Quand je suis partie de l’Olympique Lyonnais, j’avais encore un peu le statut de jeune dans le Rhône. En allant aux États-Unis, j’ai pris mes responsabilités, j’ai pu parler avec le coach quand ça n’allait pas. Dans le groupe, je ne suis pas perçue comme une jeune joueuse. Ça me fait encore passer un cap. Quand je reviendrai à Lyon, ma mentalité aura évolué. Je reviendrai avec l’envie de m’imposer, d’avoir du temps de jeu. Je sais comment fonctionne le coach Jonatan Giráldez. Il marche aux performances. Si tu es forte, tu joues. J’ai une carte à jouer à l’OL !

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