EXCLU - Merveille Kanjinga - « Si je ne marque pas aux entraînements, je suis fâchée » | OneFootball

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·9 novembre 2025

EXCLU - Merveille Kanjinga - « Si je ne marque pas aux entraînements, je suis fâchée »

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Débarquée début 2025 au Paris Saint-Germain en provenance du TP Mazembe, Merveille Kanjinga était méconnue en France malgré un palmarès XXL en Afrique. Mais sa puissance et sa vitesse ont rapidement fait d’elle une incontournable de la D1. Grande timide, l’attaquante de 22 ans fend l’armure pour Onze Mondial. Découverte d’une acharnée de travail qui prend exemple sur Cristiano Ronaldo.

Quels sont tes premiers souvenirs avec un ballon ?


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Ça remonte à longtemps ! Je me souviens d’une anecdote avec mon grand frère quand j’étais petite. Il était à Kinshasa, je lui avais demandé de m’offrir un cadeau : un ballon et un maillot de football. Il m’avait envoyé cela. Ça a toujours été un moment marquant pour moi, je m’en rappelle très bien.

Tu te rappelles de la première fois où tu as joué ?

Oui, la première fois, c’était en famille. J’ai plusieurs frères et je jouais avec eux dans notre jardin. Au fur et à mesure, j’ai grandi et j’ai joué à Katanga. Ça m’a permis ensuite de passer un échelon en me retrouvant au TP Mazembe, puis au Paris Saint-Germain.

Comme beaucoup de filles, j’imagine que tu as dû te faire ta place avec les garçons, n’est-ce pas ?

C’est ça. Au quartier, je jouais avec les garçons. Il n’y avait pas beaucoup de filles qui jouaient au football à l’époque. Ensuite, j’ai intégré une équipe de filles avec le Bana Mukuba  (ex-Bana FJKK à Likasi), puis le TP Mazembe.

Comment étaient les relations avec les garçons ?

Franchement, c’était génial, c’était mes amis. Je fréquentais beaucoup de garçons grâce au football. Le courant est toujours bien passé.

Comment s’opère ton arrivée au TP Mazembe, un des plus grands clubs du continent africain ?

Je me suis fait remarquer à Mukuba, mon premier club. C’est sous ses couleurs que le TP Mazembe m’a repéré. La coach de l’époque, Maguy Safi, m’a contactée pour me faire venir. Elle a poussé pour que je rejoigne les U20 de la RDC. Mais quand je suis arrivée là-bas, elle ne voulait pas forcément que je rejoigne les U20, mais elle me voulait surtout au TP Mazemble. À l’époque, mon président ne souhaitait pas trop ça. Mais dès que j’ai débuté les entraînements, ça a bien marché. Elle a su être une bonne stratège.

Tu n’étais pas trop stressée de rejoindre un si grand club à tout juste 18 ans ?

Forcément, j’étais un peu stressée. Depuis toute petite, c’est mon rêve de jouer pour de grands clubs. J’ai tout mis en place pour que ça arrive. Donc quand je suis arrivée au TP Mazembe, c’était incroyable. Surtout que tout s’est parfaitement bien passé. Aux entraînements, j’ai rapidement pu m’améliorer. En plus, l’ambiance était top.

Et pour ta première saison, tu marques 23 buts en terminant meilleure buteuse. Tu réalises que ta carrière prend un tournant ?

Complètement. J’ai senti la différence. Mais c’est aussi tout un processus que je mets en place depuis de longues années. J’ai tendance à dire que je m’entraîne comme je joue. Si je m’entraîne mal, le match va mal se passer. À l’entraînement, je ne cherche qu’à marquer. Je me rappelle même que certaines gardiennes avaient peur de moi quand je frappais. Là-bas, tout le monde m’encourageait. Et du coup, ce qui se passait aux entraînements se reproduisait en match.

C’est là que tu te rends compte que ça peut devenir ton métier ?

Oui, ça a été un tournant dans ma carrière. Je me suis dit qu’il fallait que je prenne ma carrière au sérieux. On a commencé à parler de moi. Il fallait en faire plus qu’avant, car ça a été un vrai tournant dans ma vie.

Tu avais des idoles quand tu étais jeune ?

En Europe, mon idole, c’est Cristiano Ronaldo. J’ai toujours été fan de lui, sa manière de jouer, son caractère et son envie. Mais il y a aussi une joueuse que j’ai toujours adorée. Il s’agit d’Isabelle Diakiese. Elle joue désormais en Turquie, je crois. À chaque fois qu’elle rentre sur le terrain, c’est pour marquer. C’est une tueuse, elle veut toujours faire la différence. Ça fait partie des personnes qui m’ont marquée et donné envie de faire ce métier.

Tu parles de Cristiano Ronaldo. Comme toi, il est du style à compter son nombre de buts à l’entraînement ! 

Oui. Quand je regarde les vidéos de Cristiano Ronaldo, il est pareil à l’entraînement et en match. S’il ne marque pas pendant les entraînements, il est malheureux. Je suis pareil, si je ne marque pas aux entraînements, je suis fâchée, stressée. C’est mon caractère.

Avec le TP Mazembe, tu réalises le doublé Coupe - Championnat trois fois entre 2022 et 2024. Mais surtout, tu remportes la Ligue des Champions africaine féminine en 2024, une première pour un club d’Afrique central !

C’est un exploit tout d’abord. On avait une équipe solide, qui montait en puissance depuis des années. On était plus que motivées, on était concentrées. C’est comme cela que l’on construit de grandes choses. Au TP Mazembe, il y avait tout pour réussir. Tout pour remporter de nombreux trophées.

Tu t’attendais à remporter un si gros trophée aussi jeune ?

Pour dire la vérité, je ne m’attendais pas du tout à ce que ça aille aussi vite. Je ne m’attendais même pas à remporter un jour la Ligue des Champions. Après, comme je dis souvent, si tu crois en ton travail, tu vas faire de bonnes choses pour avancer.

C’est aussi grâce à ça que le Paris Saint-Germain t’a remarquée ! Comment s’est effectuée ton arrivée en France ?

Oui, je pense que cela m’a aidé à signer ici. Les débuts n’ont pas été faciles. Tout d’abord, je suis arrivée au coeur de l’hiver, un moment où il fait très froid. Je ne supportais pas ça au début. Cela m’a demandé un certain temps d’adaptation. Mais le club a été incroyable avec moi. Il m’a donné l’opportunité de m’adapter à cela, il m’a donné le temps nécessaire pour prendre mes marques et m’adapter. De plus, j’ai été super bien accueillie par les dirigeants, le staff, les coéquipières. On rigole tout le temps !

C’est toi qui mets l’ambiance ?

Oh non. Moi, je suis plutôt timide. Mais quand il y a de l’ambiance, ça ne me dérange pas !

Tu as dû pousser la chansonnette à ton arrivée ?

Non, pas à mes débuts. Mais plus récemment, j’ai dû me prêter à ce petit jeu. Ça a surpris tout le monde, ils m’ont chambrée car j'étais plutôt discrète. C’est mon caractère. Je prends tout doucement mes marques et désormais, je me sens intégrée.

Tu signes au PSG le 31 janvier, la veille de ton anniversaire, le 1er février. Un joli cadeau ! 

C’était un souvenir incroyable pour moi. Signer au Paris Saint-Germain en venant de RDC, encore plus la veille de mon anniversaire… quel souvenir !

Et puis l’aventure commence bien avec une passe décisive grâce à ta vitesse et un joli centre. Peux-tu nous parler de tes qualités ?

Sur le terrain, je suis une joueuse puissante qui possède une grosse vitesse. C’est comme ça que je fais la différence.

Et tes défauts ?

Techniquement, je peux m’améliorer, ça fait partie du travail de tous les jours.

Quel est ton poste préféré ?

Partout. Je me sens à l’aise dans l’axe ou sur le côté. Mais cela dépend aussi des adversaires. Si j’ai une grande défenseure devant moi, solide, je vais avoir tendance à m’excentrer pour jouer sur des adversaires moins costaudes. Cela va dépendre des matchs.

Pour ta première demi-saison, tu as inscrit deux buts et délivré quatre passes décisives en neuf matchs. Si tu devais te mettre une note sur 10, ça serait quoi ?

(Elle réfléchit). Je dirais 4/10, 5/10 maximum !

Tu es difficile avec toi-même, c’était quand même une période d’adaptation ?

Non ! J’ai joué combien de matchs ?

Neuf !

Quel est mon poste ?

Attaquante.

Et combien de buts ?

Deux.

Et bien voilà, ça n’est pas suffisant. Quand tu es attaquante, tu dois marquer plus de buts, c’est mon métier.

Bon, tu devrais pouvoir battre ce score cette saison, tu as marqué dès le premier match de l’année contre Lens.

Oui, je suis désormais au top ici. Grâce au temps que le club m’a donné pour m’adapter, je suis pleinement intégrée. Ça se passe super bien avec tout le monde. Avec les entraînements que l’on fait, je sens que j’ai déjà progressé et que je vais faire un grand championnat.

Quelles sont les différences au quotidien entre le TP Mazembe et le Paris Saint-Germain ?

Le Paris Saint-Germain est une grande équipe, tout comme le TP Mazembe, mais ce sont des dimensions différentes. En Europe, tout est plus grand j’ai l’impression. Il y a une exigence différente sur le professionnalisme. Je m’en suis rendue compte en signant ici. Au quotidien, c’est assez différent.

Tu as été impressionné par cela ?

Véritablement. Au Campus PSG, tout est là pour que l’on performe, que l’on progresse. Tout est mis en place pour que l’on réussisse. Du matériel aux entraîneurs, tout roule parfaitement. Si tu as des questions, il y a quelqu’un pour t’aider. C’est une grosse machine pour que l’on aille tous ensemble de l’avant.

Avant de signer au Paris Saint-Germain, il y avait des joueuses qui t’impressionnaient ?

Oui, je suivais déjà le championnat français à l’époque. Forcément, une attaquante comme Marie-Antoinette Katoto est impressionnante.

Et maintenant, joueur avec ou contre, ça te fait quoi ?

Je suis super heureuse d’être avec des joueuses comme Sakina Karchaoui. Partager le vestiaire, le terrain, le repas avec elles, c’est génial. Surtout qu’il y a une ambiance de dingue ici. De plus, elles font tout pour que je me sente bien. Les anciennes m’aident à m’intégrer.

Il y a de plus en plus de joueuses africaines au Paris Saint-Germain. C’est la preuve que le football africain se développe aussi chez les filles, non ?

Oui, les centres de formation travaillent très bien sur place. On sent que cela progresse, on a pu voir le niveau lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations. Il va y avoir encore plus de joueuses africaines dans les grands clubs.

Avec la RDC, quels sont tes objectifs ?   

Je veux que l’on se qualifie pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations. On doit jouer contre l’Afrique du Sud pour valider notre ticket une deuxième fois de suite. Mais cette fois, j’espère que l’on fera de meilleurs résultats.

Tu t’es fixée un nombre de buts cette saison avec le Paris Saint-Germain ?

Je ne peux pas vous le dire, mais oui, j’ai un objectif en tête. Je peux juste vous promettre que je vais marquer beaucoup de buts. J’ai le chiffre en tête, mais je préfère le garder pour moi. C’est mieux de le garder pour continuer à travailler. À la fin de la saison, je vous le révélerai peut-être ! Ça dépend si j’arrive à l’atteindre (rires).

Le premier match de la saison était à Bollaert. À domicile, vous jouez parfois au Parc des Princes. Ça fait quoi d’évoluer dans de grands stades ?

À Lens, c’était génial, une ambiance de dingue. Moi, ça me motive énormément de voir les supporters crier, chanter. C’est important que le football féminin aille de l’avant. C’est génial pour les clubs.

Tu imagines le Paris Saint-Germain pouvoir concurrencer l’Olympique Lyonnais ?

Oui, si on reste focalisées, que l’on continue de travailler, je pense que l’on peut aller les chercher.

Pour terminer, quelles sont tes petites habitudes en dehors du football ?

Quand j’ai un peu de temps, j’adore faire la sieste (rires). Sinon, j’aime passer du temps dans des endroits calmes comme des parcs ou la plage. Même si à Paris, il n’y a pas la plage, elle n’est pas très loin, on peut y aller en voiture.

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