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·20 décembre 2025
EXCLU - "Notre mission, faire douter l'OL", Clément Guillot, entraîneur du FC Saint-Cyr Collonges, se livre avant d'affronter Lyon

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·20 décembre 2025

Retrouvez notre interview exclusive réalisée avec Clément Guillot, l'entraîneur du FC Saint-Cyr Collonges, à quelques heures d'affronter l'OL en 32èmes de finales de la Coupe de France.
Il est supporter de l'OL, tout comme ses joueurs. Son club est géographiquement plus proche de Lyon que l'OL lui-même, qui évolue à Décines. Dimanche sera donc forcément un jour spécial pour Clément Guillot, l'entraîneur du FC Saint-Cyr Collonges, qui affronte les joueurs qu'il vient supporter chaque week-end au Groupama Stadium. Avant cette fête du football rhodanien, qui se tiendra à 21 heures, le tacticien saint-cyrôt s'est livré à MadeInFoot.
MadeInFoot : d’un point de vue personnel, à la fois en tant que coach et passionné de football, comment se sent on à la veille d’affronter l’un des plus grands clubs français dans un tel stade ?
Clément Guillot : c’est sûr que demain va être une journée assez spéciale. Là, la veille, je suis dans les préparatifs, on va dire qu’on a terminé la semaine d’entraînement. Je suis plus en train de finaliser la causerie, les derniers mots que je vais pouvoir dire à mes joueurs, les derniers petits détails. Après, en terme d’état d’esprit, c’est vrai qu’on a à la fois hâte d’être demain, parce que c’est un moment qu’on a envie de vivre ; Et à la fois on a envie de profiter de tout ce qu’il se passe avant, parce que ce sont des moments éphémères. Donc c’est un état d’esprit assez mitigé.
Vous, comme la plupart de vos joueurs, êtes supporters de l’OL. Vous connaissez par coeur cette équipe, j’imagine. Quel est votre lien personnel avec ce club ?
Moi, je suis né à Lyon. 90% des membres de ce club sont supporters de l’OL, que ce soient les joueurs, les supporters, le staff… Personnellement, je suis supporter lyonnais depuis tout petit. Là, j’ai 35 ans, mais l'épopée pendant laquelle on a enchaîné toutes les victoires, tous les championnats de France, c’était une période où j’étais tous les week-end au stade Gerland pour supporter l’équipe. À l’époque, il y avait Juninho, Cris, Caçapa, Essien, Diarra… La grosse équipe lyonnaise. J’ai baigné dans cette génération là, avec aussi les désillusions en coupes d’Europe. Et ducoup, je vais régulièrement au Groupama Stadium voir l’OL. J’ai le cœur complètement lyonnais, oui.
Que pensez-vous du début de saison de l’OL ?
Je nous trouve… Alors, ça fait bizarre de dire “nous” parce que je les affronte demain (rires). Mais effectivement, si on regarde d’un point de vue comptable au classement, c’est un très bon début de saison. Avec tout ce qu’il s’est passé cet été, la possible relégation, les départs de joueurs importants… Voilà, avec toutes ces choses là réunies, on n’aurait pas imaginé qu’on puisse se retrouver premier en Ligue Europa et à la cinquième place du championnat. Ce n’était pas imaginable, donc forcément c’est satisfaisant, on a très bien démarré le championnat. Après là, on ressent un petit peu un essoufflement ces derniers temps. On a pris des points sur le dernier match de championnat, mais dans le contenu, on est un peu moins intéressant. En tout cas, je dirais que la première partie de saison est satisfaisante, voire plus que satisfaisante, au vu de l’effectif, de la profondeur de banc, et de toutes ces choses là. Maintenant, il va falloir bien récupérer et pouvoir faire une aussi bonne deuxième partie de saison.
Quels sont les points forts du système Paulo Fonseca et qu’est ce qui vous impressionne le plus ?
Le point fort, c’est l’équipe, parce qu’on n’est plus dépendant de certaines individualités. Alors, il y a des joueurs qui sont plus impactant que d’autres, mais ce ne sont pas des “noms” comme il pouvait y avoir avant. Évidemment, l’importance de Corentin Tolisso, qui est le métronome. Mais sinon, à côté de lui, ce ne sont pas forcément des joueurs connus du grand public. Et je trouve qu’ils ont fait un gros travail sur le collectif. Moi c’est le collectif et l’état d’esprit qui m'impressionnent. Je mettrai vraiment l’équipe avant de cibler des joueurs de manière individuelle. On est capable de très bien jouer, de bien défendre, d’évoluer dans plusieurs systèmes. Donc, Paulo Fonseca s’est servi du collectif pour faire ce joli travail.
Contre les plus petites équipes du championnat, on a vu que l’OL était propice à une forme de relâchement, notamment en fin de match. Cela fait-il partie des failles que vous avez ciblées pour essayer de poser des problèmes à cette équipe ?
Effectivement, on a regardé les statistiques, on a vu que l’OL performait plus contre les grosses équipes que contre les équipes de bas de tableau. Après, ça reste des équipes de bas de tableau de Ligue 1, pas de bas de tableau de R1 (rires). Mais effectivement, on a ça en tête. On sait aussi que l’année dernière, ils se sont fait éliminer de manière assez précoce contre un club amateur, même si c’était dans un contexte différent parce que c’était en déplacement à Bourgoin-Jallieu, sur le terrain de Bourgoin, qui était en National 3. Alors que nous, on est en R1, et on va se déplacer au Groupama Stadium. Mais effectivement, ce sont des éléments qu’on ajoute dans la balance pour se dire “pourquoi pas” et jouer le coup à fond. Et on ne sait jamais ce qu’il peut se passer.
Vous êtes-vous appuyé sur ce qu’avait fait Bourgoin-Jallieu pour essayer d’embêter l’OL ?
Bourgoin, c’est plus le fait que ce soit un club amateur qui ait sorti l’OL. Nous, on s’est plus concentrés sur notre équipe. Mais, ce qui est sûr, c’est qu'on a envie d’être acteurs de ce match. On est supporters de l’OL, on est tous super contents de pouvoir jouer au Groupama Stadium, d’être proches des joueurs, de l’entraîneur, toutes ces choses là. Par contre, on n’a pas envie de passer à côté du match, on a vraiment envie de jouer le match à fond, de ne pas avoir de regrets et d’essayer de les faire douter.
Vous allez évidemment jouer votre va-tout et arriver avec un plan de jeu. Quels sont vos principes de jeu au quotidien ?
Nous, on inculque beaucoup de rigueur tactique. On est une équipe qui aime être disciplinée. On préfère faire un 0-0 qu’un 5-5, ça veut dire qu’on est plus portés sur une animation défensive bien organisée, bien structurée avec tout le monde qui travaille, des attaquants aux défenseurs. Mais c'est ça qui fait notre identité. Après, on se veut être une équipe un peu “caméléon”, c’est à dire qu’on peut prendre le jeu à notre compte en championnat quand on peut le prendre, et être capable de ne pas le faire dans des matchs pendant lesquels on estime que ce n’est pas le plan de jeu du jour. On essaie de s’adapter pour être le plus pragmatique possible.
Comment avez-vous préparé ce match face à l’OL cette semaine ? Des choses ont-elles changé pendant les séances ou avez-vous pris ce match comme un match de championnat ?
Les changements, c’est qu’on a beaucoup de choses à faire au club, il y a beaucoup de sollicitations, donc on est beaucoup pris. Après, si je parle purement de l’aspect sportif, on n’a rien changé, on est resté sur trois séances (mardi, mercredi et vendredi) avec du travail vidéo. Juste demain, on va passer la journée tous ensemble, mais on a souhaité garder le même format que ce qu’on fait depuis le début de saison.
Pour parler de la situation du FC Saint-Cyr Collonges, c’est un peu compliqué en championnat puisque vous êtes 12ème. Que pensez-vous de votre première partie de saison ?
Déjà on a renouvelé quasiment 70% de l'effectif cet été, on était en fin de cycle, donc il y a eu un gros turn-over avec des cadres qui sont partis. Ça a pris un peu plus de temps, et on s’y attendait. Quand on renouvelle l’effectif, il faut plus de temps pour travailler. On a passé plusieurs semaines à la dernière place du championnat, mais je trouve qu’elle n’était pas méritée. On a proposé des choses dans le contenu qui étaient très intéressantes. On n’a pas forcément été tout le temps payé, mais les garçons ont toujours gardé la même ligne de conduite, ils ont toujours bien travaillé. La Coupe de France, au milieu de ça, nous a donné une bouffée d’air. On était en difficulté en championnat, mais à côté de ça on se qualifiait quasiment un week-end sur deux en Coupe. Et je pense que même cette dernière place en championnat nous a aidés pour notre parcours en Coupe, parce que peut-être que les équipes précédentes nous ont pris un peu à la légère par rapport à notre classement. Alors que nous, dans notre état d’esprit, on savait qu’on ne méritait pas ce classement. Et la finalité, c’est que depuis le 8ème tour de Coupe de France contre Rhône Vallées, on a enchaîné deux victoires, alors qu’on aurait pu se dire, entre ce match et la rencontre face à l’OL, que les joueurs lèveraient le pied, ne voudraient pas prendre de cartons ou auraient la tête ailleurs. On a joué deux belles équipes du championnat contre lesquelles on a gagné et on a pris six points. Là, on se retrouve à un point du milieu de tableau, avec un match en retard. Je trouve qu’on est plus à notre place.
Vous êtes arrivé en 2019 au FC Saint-Cyr Collonges et vous avez fait monter ce club de trois échelons (D1 à R1). Un parcours dont vous êtes fier j’imagine ?
Oui tout à fait, c’est un peu le même parcours que j’avais eu avant d’arriver à Saint-Cyr, avec le club de MDA Chasselay. J’entraînais l’équipe réserve, on avait fait R3-R2-R1 et après j’avais terminé adjoint sur l’équipe de National 2. Mais Saint-Cyr, ça reste mon club de cœur parce que j'ai débuté le foot ici. Donc quand le président m’a contacté après mon départ de Chasselay, le souhait était de monter au plus haut niveau régional. On s’est donné les moyens de le faire, je suis content qu’on l’ait fait aussi rapidement, en y ajoutant des parcours de Coupe au milieu.
Vous, personnellement, vous avez affronté l’AS Monaco en 16ème de finale de Coupe de France avec Chasselay en 2014. En quoi cette expérience peut vous aider pour dimanche ?
Ça peut aider mes joueurs, je peux leur donner des indications pour qu’ils préparent le mieux possible mentalement le match. Après j’ai aussi le 7ème tour de Coupe de France il y a trois ans contre le Grenoble Foot 38, qui était en Ligue 2 et qu’on avait joué avec Saint-Cyr. On avait perdu 2-1 alors qu’on était en R3. On n’était pas forcément bien rentré dans le match, puisqu’on a vite été mené de deux buts sur les 20-25 premières minutes. On était un peu plus spectateurs qu’acteurs, c’est pour ça que je disais que j’aimerais qu’on soit acteurs dès le début face à l’OL. Ce sont des expériences, que ce soit dans ma carrière de joueur ou d’entraîneur, qui me permettent de préparer les matchs avec moins d’appréhensions et plus de certitudes.
Pour revenir sur la préparation du match de l’OL, comment avez-vous trouvé vos joueurs cette semaine ? Comment les sentez-vous ?
Ils sont joyeux, excités, toutes ces choses là. On ne peut pas leur en vouloir, il faut qu’ils profitent aussi. Le mot, c’est qu’on est en mission et notre mission c’est de faire douter l’Olympique lyonnais. Par contre, il ne faut pas oublier de profiter de ces moments qui sont magnifiques. Dans une saison, il n’y a pas que des bons moments. Ce n’est pas simple, ce sont des joueurs amateurs, ils travaillent, ils ont une vie de famille. On se retrouve trois fois par semaine le soir, on finit à 22 heures. L’hiver il fait froid, ils ont tous les soucis de la journée, donc là ils ont beaucoup de sollicitations, de médiatisation, il faut qu’ils en profitent parce que c’est mérité.
Quel est le programme de la journée de dimanche avant le match ?
On va se retrouver en fin de matinée au club, au Stade des Combes, pour prendre le café. On va se retrouver avec les dirigeants, le staff, les joueurs. Après on va aller déjeuner chez un de nos partenaires dans un restaurant à Saint-Cyr au Mont d’Or. On garde notre identité communale. Et on va passer l’après-midi là-bas où on fera une ou deux activités, avant de se faire escorter vers 18 heures pour pouvoir rejoindre le Groupama Stadium à 19 heures.
Un petit mot pour vos supporters, qui seront nombreux au Groupama Stadium pour vous encourager ?
Oui bien sûr, on compte sur eux depuis des semaines. Contre Évian, au 7ème tour, il y avait 800 supporters saint-cyrôts qui nous ont poussés. Au tour d’après, ils étaient 1000. Là, contre l’OL, on nous a proposé 2000 places à la vente et, en deux jours, tout était parti. Hier soir, au dernier entraînement, on a vu une cinquantaine de supporters arriver avec des fumigènes, des drapeaux, des tambours, sous une pluie abondante, pour venir nous soutenir. Il faut les remercier, on sait qu’ils ont préparé beaucoup de choses pour le match de demain et sont impliqués à 100%. Et en tant que saint-cyrôt de cœur, ça fait énormément plaisir donc on les remercie vraiment.
Et peut-être le maillot d’un joueur de l’OL à récupérer à la fin du match demain ?
J'imagine que mes joueurs vont déjà sauter sur les joueurs de l’OL pour récupérer les maillots (rires). Je vais essayer pour offrir un petit cadeau de Noël à un de mes neveux, et le mettre sous le sapin. Je vais essayer discrètement de m’en occuper.
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